Accueil > Investissement > Cryptoactifs > Comment Utocat a pivoté vers sa solution de gestion de titres non cotés Catalizr Comment Utocat a pivoté vers sa solution de gestion de titres non cotés Catalizr Utocat vient d’annoncer une levée de 1,6 million d’euros destinée à financer son expansion européenne. Décryptage de la stratégie et de l’évolution de la société, lancée en 2014 comme une solution de paiement pour e-commerçants et qui se positionne désormais sur un logiciel blockchain de gestion des titres non cotés. Par Aude Fredouelle. Publié le 04 octobre 2018 à 15h58 - Mis à jour le 04 octobre 2018 à 15h58 Ressources Utocat a levé 1,6 million d’euros pour améliorer son produit de gestion de titres non cotés Catalizr mais surtout pour le commercialiser à l’international, a révélé l’Agefi le 4 octobre. Cette annonce vient confirmer la nouvelle stratégie d’Utocat : longtemps positionnée sur une solution généraliste permettant de réaliser des transactions blockchain, la société s’affirme désormais sur une application financière ciblée. Lors de sa création en 2014, Utocat met au point un processeur de paiement permettant aux commerçants d’accepter les bitcoins tout en recevant les sommes en euros. Pour le change, Utocat s’appuie sur la plateforme française Paymium. Mais l’achat en bitcoins ne se popularise pas et n’intéresse qu’une infime minorité de passionnés. Surtout, se souvient le fondateur et CEO Clément Francomme, “nous nous sommes rendus compte qu’il nous fallait des ressources bien plus importantes que ce que nous avions pour s’implanter sur le marché français”. Utocat décide alors de pivoter. L’équipe composée de trois collaborateurs est embauchée fin 2014 par Banque Accord pour réaliser une étude sur l’utilisation de la blockchain, puis par AXA et BNP Paribas fin 2015 pour les aider à mettre en oeuvre des projets concrets basés sur la blockchain. Chez AXA, le but est de réfléchir à de nouveaux produits – c’est finalement Fizzy, plateforme automatisée d’assurance de retards d’avion, qui en découlera en septembre 2017. Chez BNP Paribas, l’objectif est de déployer un projet d’optimisation interne sur la distribution de fonds pour fluidifier le traitement des opérations de trésorerie interne de la banque et améliorer l’expérience client. Baptisé Planet Funds, le projet a réalisé avec succès une première transaction de souscription dans un fonds fin 2017. Début 2016, se remémore Clément Francomme, “nous avons donc cherché à nous orienter vers un type d’activité plus en accord avec les besoins de nos clients”. Utocat nourrit alors l’idée de créer une plateforme “permettant d’aller plus vite dans l’objectif de mise en production”. En parallèle du travail effectué pour les deux acteurs financiers, la société développe son premier produit, Blockchainiz. Blockchainiz exécute les transactions blockchain “Puisque les blockchains sont des technologies qui évoluent très vite, nous voulions créer une plateforme SaaS stable hébergée par Utocat qui garantirait la disponibilité des opérations basées sur la blockchain, explique le CEO. Si les technologies évoluent, nous modifions Blockchainiz et l’application métier créée au-dessus fonctionne toujours de la même façon.” Les clients d’Utocat se connectent à l’outil via une API. Blockchainiz exécute les ordres d’opérations passés par les clients sur la blockchain. “De la même manière qu’un commerçant utilise Stripe ou PayPal pour gérer ses paiements en ligne, nos clients passent par Blockchainiz pour assurer leurs transactions blockchain, maintenir l’accès, s’assurer que les transactions passent bien… “, décrit Clément Francomme. Blockchainiz supporte les Blockchains Bitcoin et Ethereum, à la fois en mainnet, testnet et privatenet. Fizzy, par exemple, passe sur la mainnet Ethereum. Outre Planet Funds, le projet de BNP Paribas sur les parts de fonds, d’autres entités du groupe travaillent sur Blockchainiz. BNP Personal Finance et BNP Paribas CIB ont réalisé des PoCs. Le consortium Labchain a aussi réalisé son PoC sur l’identité numérique en passant par Blockchainiz. Avec Blockchainiz, Utocat propose un premier produit technologique qui pourrait être utilisé en self-service par des clients “qui ont déjà très bien compris à quoi la blockchain peut servir”, analyse Clément Francomme. Mais dans les faits, la société doit systématiquement accompagner ses clients sur le développement de l’application devant passer par Blockchainiz. “Nous avons dû apporter un accompagnement type ESN (entreprise de services du numérique, ndlr) et développer les cas d’usage pour commercialiser Blockchainiz.” Une partie de l’équipe du client travaille à la réalisation du prototype en co-construction avec l’équipe Utocat, qui se concentre sur la partie blockchain et back-end. La société signe dans ce cas deux contrats : un contrat de licence SaaS et un contrat de prestataires de services. Catalizr : développer un cas d’usage pour se positionner en éditeur De ce constat est né le second produit d’Utocat. Objectif : se positionner en éditeur de logiciels et de se détacher des missions d’ESN. “Nous nous sommes demandé quelle application métier nous pourrions développer pour intéresser nos clients, sur un usage qui ne soit pas assez stratégique pour les pousser à le développer tout de suite et en interne mais qui soit en même temps une technologie de place très utile”, décrit Clément Francomme. Utocat s’attaque donc aux titres non cotés, traité de manière inefficace. “Les plateformes de crowdfunding ont un problème de dialogue avec les banques pour insérer les titres dans le PEA. Il faut connaître les pré-requis exhaustifs pour l’achat de titres via un PEA. Les banques, elles, ont un problème organisationnel sur le sujet : le métier du titre non coté est occupé par le pôle titres, qui est un back-office et dont les compétences métier ne remontent pas au middle et front offices qui sont en contact avec les clients finaux”, résume Clément Francomme. Catalizr, lancé en juin 2017, permet aux banques ou plateformes de crowdfunding de traiter les titres non cotés automatiquement sur la Blockchain Ethereum et de faire circuler les informations requises de façon dématérialisée. Catalizr “permet de mettre les compétences de back-office des banques en temps réel sur une plateforme ; de proposer une interface intuitive et fluide aux investisseurs et de créer un circuit court de mouvement de l’information”, explique Clément Francomme. La blockchain permet “d’être l’auditeur indépendant qui valide les opérations et prouve que les documents n’ont pas été modifiés”. Les documents sont certifiés sur la blockchain mais hébergés chez le client bancaire ou chez Utocat. Un premier client bancaire, l’un des leaders sur les titres non cotés, est passé en production sur Catalizr cet été, révèle le CEO. Les plateformes ClubFunding, Raizers et Les Entreprêteurs sont également utilisateurs. Depuis cet été, Utocat participe aussi à un appel d’offre de l’AFTI (association française des professionnels des titres). La société espère signer quatre clients supplémentaires en France d’ici la fin de l’année, à la fois banques et plateformes de crowdfunding. Avec les clients du secteur financier, Utocat doit miser sur un cycle de conversion de deux ans pour signer un contrat en vue d’une mise en production (4 à 9 mois pour un PoC). Utocat facture en SaaS, avec des coûts de set-up. Le prix est “basé sur le niveau de collaboration requis par le client”, indique le CEO. Un notaire qui se contente de certifier ou valider un document ponctuellement à la demande d’un client n’est par exemple pas facturé, mais une équipe de notaires utilisant la solution au quotidien devra payer une licence collaborative. Les grands groupes bancaires, qui ont besoin de coordonner plusieurs back-offices et d’un niveau de personnalisation important, s’acquittent des plus fortes licences via un coût d’abonnement prédéterminé. Les plateformes de crowdfunding, elles, payent au pourcentage des transactions passant sur Catalizr. CA de 650 000 euros en 2018 C’est de ce produit qu’Utocat souhaite désormais tirer sa croissance. “Nous voulons devenir le leader européen sur les titres non cotés”, assure Clément Francomme. Actuellement, chacune des deux solutions représente environ la moitié du chiffre d’affaires (650 000 euros prévus en 2018), mais l’objectif à terme est plutôt de pousser Catalizr à 80%, indique le CEO. Sans pour autant abandonner Blockchainiz. “Cela dépend de la maturité du client et de sa volonté de développer le cas d’usage en interne.” Pour développer Catalizr, la société mise notamment sur une disposition de la loi Pacte qui doit permettre d’intégrer des titres non cotés aux contrats d’assurance-vie. “L’assurance-vie pèse 1700 milliards d’euros en France, et le non coté 14 milliards d’euros par an, égrène Clément Francomme. Si une toute petite partie de l’épargne française bascule dans les titres non cotés, le marché peut rapidement doubler.” Le marché européen des titres non cotés pèse 2 000 milliards de dollars et Utocat estime son segment précis à un milliard d’euros. Internationalisation L’annonce le 4 octobre d’une levée de fonds de 1,6 million d’euros auprès de business angels, de Bpifrance et de la métropole lilloise doit en effet permettre à Utocat d’accélérer ses efforts au niveau commercial (un tiers de la levée) et d’améliorer le produit Catalizr. “Nous voulons supporter tous les produits d’épargne français qui utilisent des titres non cotés”, indique notamment le CEO. Utocat compte 18 collaborateurs, soutenus par 4 ou 5 intégrateurs externes (notamment de chez Ineat). Parmi eux, outre le CEO et le CTO, une responsable communication, deux responsables produits, une assistante de direction, un juriste lobbyiste, et deux commerciaux. Les autres sont des profils techniques (développeur front, back, full stack, scrum master, lead dev, architecte…). Grâce aux fonds levés, d’autres profils tech rejoindront bientôt l’équipe, qui devrait compter une trentaine de collaborateurs d’ici la fin de l’année. Utocat vise aussi l’international. Business France a été chargé de réaliser une étude sur les pratiques d’investissement et les législations en vigueur sur les titres non cotés en Italie, Pologne, Allemagne, Pays-bas, Autriche, Estonie, Suisse et Portugal. Les conclusions détermineront la feuille de route de l’éditeur. utocat Création : 2014 Fonds levés : 2,1 millions d’euros Investisseurs : business angels, Leap Ventures, Bpifrance, Métropole Européenne de Lille Effectifs : 18 Chiffre d’affaires : 650 000 euros estimés en 2018 Aude Fredouelle blockchainfinancement des entrepriseslevée de fonds Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind