Accueil > Financement > Crédit > Comment BPCE recourt à Yseop pour automatiser la création de ses dossiers de crédit aux entreprises Comment BPCE recourt à Yseop pour automatiser la création de ses dossiers de crédit aux entreprises Le groupe BPCE recourt depuis début 2021 à la plateforme Yseop, qui analyse des bases de données chiffrées pour produire automatiquement des rapports écrits en langage naturel. Plusieurs cas d’usage sont en cours de déploiement, parmi lesquels la production des dossiers de demande de financement des TPE et PME. Yseop et BPCE reviennent sur leur collaboration. Par Aude Fredouelle. Publié le 07 décembre 2021 à 16h19 - Mis à jour le 26 juillet 2022 à 10h31 Ressources Yseop, créée en 2007, propose une plateforme permettant “d’automatiser la création de rapports en faisant parler des bases de données chiffrées et structurées et en les retranscrivant dans un langage écrit”, explique Pierre-Louis Durel, vice-président applications. En 2017, la société a entamé un pivot pour proposer une plateforme SaaS clé en main pouvant être maniée facilement par les équipes de ses clients (voir encadré). Parmi les acteurs séduits par cette nouvelle formule : le groupe BPCE, et plus particulièrement sa direction financière. “Dans le cadre de notre démarche d’innovation, nous souhaitions tester des outils pour divers cas d’usage, sur des segments sur lesquels nous n’étions pas encore assez expérimentés, et la NLG (natural language generation) en faisait partie, se souvient Vincent Schricke, responsable data de l’équipe finance et risque. Nous avons rencontré Yseop dans ce cadre.” Yseop : un pivot vers une plateforme SaaS no code Yseop a franchi une étape majeure en 2017 en entamant un pivot vers sa nouvelle plateforme SaaS, baptisée Yseop augmented analyst. “Nous avons levé des fonds pour la première fois, et ils nous ont permis d’investir massivement sur le produit [auparavant, la société était auto-financée, ndlr], raconte Pierre-Louis Durel. L’objectif était de démocratiser l’accès au produit et l’usage de la NLG et la production automatique de rapports en proposant une plateforme SaaS, verticalisée et clé en main pour automatiser la création de rapports en “no code”, en quelques jours, sans avoir besoin de développements.” Auparavant, la plateforme on-premise nécessitait “un build assez important” avec des coûts associés représentant un frein. “Le lancement de l’offre packagée a permis de réduire le coût d’entrée de notre solution de près de moitié, car les coûts de prestation de services ont été drastiquement réduits”, ajoute le vice-président applications. Désormais, les équipes “customer success” d’Yseop n’ont plus un rôle de gestion de projet mais ont pour but d’accompagner le client dans la prise en main de la plateforme, afin qu’il se lance en toute autonomie dans des projets d’automatisation de rapports. Pour l’y aider, la nouvelle plateforme SaaS et le studio “no code” embarquent des textes et analyses clé en main. “La création des rapports et leur partage ont aussi été simplifiés, avec une interface web également intégrable par API dans les outils du quotidien des analystes comme leurs outils de BI Power BI ou Tableau. Nous sommes aussi intégrés en natif dans l’outil BI Oracle Analytics cloud.” En parallèle, Yseop a aussi “verticalisé” la plateforme : “nous avons créé du contenu et de l’intelligence métier embarquée, explique Pierre-Louis Durel. Par exemple, pour le cas d’usage de l’analyse du risque de crédit utilisé par BPCE, mais aussi pour de l’analyse financière et de la performance (en ciblant les directions financières de tous secteurs), pour accélérer la mise en marché de médicaments dans l’industrie pharmaceutique…” À terme, l’objectif est d’étendre progressivement le périmètre de la plateforme. Pour autant, Yseop a conservé des clients sur son produit historique, “qui continue à évoluer”. Yseop est notamment utilisée par des banques, pour la création automatique de fiches d’entretien client destinées aux collaborateurs. “Mais nous nous concentrons avant tout sur la démocratisation de notre plateforme et de nombreux anciens clients migrent sur elle”, souligne Pierre-Louis Durel. La société, qui compte 80 collaborateurs, revendique une cinquantaine d’applications en production, à la fois en Europe et aux États-Unis (elle réalise plus de 30 % de son chiffre d’affaires à l’international). Parmi ses clients : des banques, des assureurs, des directions financières de tous secteurs et des laboratoires pharmaceutiques. Reporting des directions financières En février 2021, BPCE a testé un premier cas d’usage au sein de la direction financière : le reporting mensuel du crédit habitat envoyé aux réseaux Caisse d’Épargne et Banque Populaire. “L’objectif, en produisant ce reporting automatiquement avec Yseop, était de le faire régulièrement alors qu’il était jusqu’ici réalisé de façon plus dilettante, mais aussi de réaliser une analyse fine au niveau de chaque établissement, région et agence, et non plus seulement au niveau du groupe”, raconte Vincent Schricke. BPCE a fait face à plusieurs difficultés au cours de son élaboration. D’abord, “la nécessité d’intégrer l’évolution réglementaire importante de la Banque de France, qui impose une surveillance accrue lors de l’attribution des crédits, énumère le directeur data. Nous avons profité de ce projet pour faire connaître les nouvelles règles un peu touffues”. Ensuite, la conduite du changement : “il a fallu convaincre l’équipe de production, constituée d’une dizaine de personnes, de l’intérêt de la plateforme, car certains doutaient qu’un robot puisse remplacer leur compétence métier. Nous avons multiplié les communications, pour expliquer que cela allait permettre d’apporter des informations plus fines, au niveau des caisses et régions, pour une communication moins générique”. Essentiel : Le crédit, la grande transformation Finalement, le cas d’usage a convaincu et “a permis de valider la valeur de notre plateforme”, se réjouit Pierre-Louis Durel, d’Yseop. “Ces cas d’usage d’analyse de la performance et de l’activité permettent de libérer du temps aux analystes et est donc souvent un levier de satisfaction collaborateurs”, assure-t-il. “Sans compter le bénéfice lié à la standardisation et la suppression du risque d’erreur”. Analyse crédit pour les TPE et PME Le responsable de la direction data, finance et risques de BPCE a ensuite décidé de rebondir sur le sujet du crédit des TPE et PME. “Actuellement, dans tous les établissements de BPCE, les chargés d’affaires rédigent des dossiers pour décrire les projets à financer et analyser la santé de l’entreprise, raconte Vincent Schricke. L’objectif est dans un premier temps de constituer une base avec tous les bilans et comptes de résultats des clients du groupe, avec un intérêt de mutualisation des sources et d’homogénéisation des informations – sachant que certains clients sont à la fois clients de la Banque Populaire et de la Caisse d’Épargne.” Ensuite, en utilisant la plateforme Yseop, BPCE automatise une partie des rapports : la description de la structure de l’entreprise, de sa trésorerie, de son chiffre d’affaires et sa santé financière… Yseop rédige automatiquement le rapport et signale des alertes : par exemple, si les stocks montent, si la marge brute a tendance a baissé, ou encore si la rentabilité est décalée par rapport aux autres entreprises du secteur “En amont, nous mettons en place un calcul des moyennes sectorielles grâce à notre base de clients”, explique Vincent Schricke. “Le chargé d’affaires n’a ensuite plus qu’à relire la trame du rapport et creuser les sujets sur lesquels Yseop a positionné des alertes.” Il peut aussi ajouter des informations grâce à sa connaissance du client. Le cas d’usage, déjà éprouvé par Yseop avec BNP Paribas, fait désormais partie des cas packagés proposés par la plateforme : elle propose donc des analyses crédit pré-assemblées, des modèles de rapport type en fonction des entreprises analysées, du vocabulaire, des intentions… “Ce sont des accélérateurs qui viennent faciliter la création des rapports et tiennent la promesse de simplification de la plateforme”, assure Pierre-Louis Durel. Le projet, débuté chez BPCE en juillet 2021, a en effet été facilité par les déploiements similaires déjà effectués par Yseop avec BNP Paribas, confirme Vincent Schricke. “Nous avons cependant travaillé avec Yseop pour faire évoluer la façon de fonctionner, notamment pour ingurgiter par batch un très gros volume de dossiers à la fois, pour une banque régionale par exemple.” Et en parallèle, BPCE met en œuvre “un travail de fiabilisation, d’amélioration et d’homogénéisation des données”. Six mois après le début du projet, le produit d’automatisation des rapports est désormais prêt. Exemple d’une analyse crédit d’une PME avec Yseop Homogénéiser et gagner du temps sur les dossiers solides Objectif principal de ce cas d’usage, expose le directeur data : “adapter le temps passé sur les demandes de financement, selon la complexité bancaire qu’ils représentent, et gagner du temps sur les dossiers très solides – les entreprises très solides à qui l’on prête régulièrement des petits montants, par exemple.” Autre objectif poursuivi : diminuer l’hétérogénéité des dossiers. “Les rapports sont très liés aux chargés d’affaires qui les rédigent, et qui se concentrent souvent sur les points qu’ils connaissent le mieux : l’évolution des fonds propres pour certains, la rentabilité ou la trésorerie pour d’autres… Et les longueurs sont inégales”, constate Vincent Schricke. Avec Yseop, BPCE souhaite donc “standardiser, professionnaliser, s’assurer que tous les thèmes soient étudiés, et que des alertes soient émises sur des évolutions d’inducateurs que le chargé d’affaires n’a pas forcément vues…” Pierre-Louis Durel confirme : “dans le cas de l’analyse crédit, les bénéfices résident principalement dans la standardisation des analyses et des rapports rédigés. Cela permet d’améliorer la qualité et d’éviter les retours entre les réseaux et les directions des risques pour compléter les dossiers. Et cela accélère ainsi les octrois.” Il évoque également des “enjeux de conformité” et le temps libéré pour les analystes – selon lui, 1 à 2 heures gagnées en moyenne à chaque analyse crédit générée. Déploiement progressif Cette fois, les équipes concernées par le projet chez BPCE sont massives. “Cela concerne trois populations différentes dans chaque établissement : risques, engagements (qui font l’intermédiaire entre les chargés d’affaires et les équipes risques puisqu’ils peuvent parfois recevoir des dossiers hétérogènes et les reformulent souvent avant de les présenter), et les chargés de clientèles entreprises”, décrit le directeur. “Dans le domaine du crédit, nous travaillons habituellement avec les directions des opérations, des risques et avec le réseau, confirme Pierre-Louis Durel, d’Yseop. En fonction des clients, l’utilisation de la plateforme est à la main soit d’une équipe centralisée qui opère la plateforme et gère les rapports (chez BPCE, la direction financière ; chez BNP Paribas, la direction des risques), puis ils se coordonnent avec les autres directions pour centraliser les demandes et rassembler les feedbacks sur les rapports afin de les faire évoluer”. Le cas d’usage va désormais être mis en production avec deux établissements “pour vérifier que cela s’insère bien dans les processus” puis il sera proposé à toutes les entités du groupe. Le ROI sera calculé ensuite, en mai 2022. “Nous voulons dans un premier temps rassurer les équipes sur le fait que l’objectif est avant tout d’orienter vers le bon degré d’analyse en fonction de la difficulté des dossiers.” Il assure tout de même que le déploiement devrait permettre de gagner du temps sur l’analyse des dossiers. Prise en main d’Yseop au sein du groupe Désormais, BPCE espère faire adopter la plateforme plus largement au sein du groupe, assure Vincent Schricke. “La direction financière a été été sponsor en trouvant des cas d’usage d’Yseop, mais l’objectif est de créer les conditions pour que les collaborateurs du groupe puissent s’en saisir également.” Selon lui, la plateforme permet en effet un usage en autonomie. “Sur la partie crédit, nous avons travaillé main dans la main avec Yseop, car le sujet est complexe. Mais nous avons aussi créé un cas d’usage de manière autonome, pour un rapport hebdomadaire commentant les zones de risque du groupe, avec un premier jet réalisé en quatre jours en interne.” Les Caisses d’Épargne et Banques Populaires ont également déjà réfléchi à des cas d’usage, en cours de développement. “BPCE s’est rendu de plus en plus autonome en créant une petite équipe architecture et reporting qui a la maîtrise de la technologie et sait développer de nouveaux cas d’usage, confirme Pierre-Louis Durel. L’accompagnement est désormais assez limité de notre côté. Le customer success manager s’assure simplement qu’ils aient tous les éléments en main et peut solliciter ponctuellement des collaborateurs côté produit et développement pour répondre à une question ou un besoin.” Licence annuelle Yseop facture une licence annuelle pour ouvrir l’accès à sa plateforme. Le prix diffère selon l’usage : nombre d’utilisateurs, cas d’usages traités et rapports automatisés. “La licence débute aux alentours de 45 000 euros par an, pour automatiser quelques rapports”, révèle Pierre-Louis Durel. BPCE a justement été facturé de ce montant pour six cas d’usage. “Cela va désormais évoluer, car les cas d’usage peuvent varier d’une simple création de rapport envoyé à trente personnes au cas où l’on traite tous les dossiers entreprises du groupe, prévoit Vincent Schricke. Les modèles de tarification seront probablement adaptés en fonction du nombre de mots générés par exemple. Et nous étudierons fin 2022 la possibilité de passer en licence illimitée.” Pour Yseop, ce segment représente un fort levier de croissance. “Les banques et assureurs représentent près de la moitié de notre base de clients, dévoile Pierre-Louis Durel. Nous observons notamment une forte accélération de notre croissance sur l’automatisation des services financiers et des rapports, pour des enjeux d’efficacité et de conformité réglementaire.” Selon lui, Yseop permet à ces acteurs de “valoriser les investissements effectués sur la qualité de leurs données, le passage dans le cloud…” Yseop affirme travailler avec “toutes les grandes banques françaises, de grands assureurs européens, les trois agences de notation internationales”. Aude Fredouelle conformitéintelligence artificiellepartenariat Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind