Accueil > Financement > Finance alternative > Crowdequity : des freins fiscaux et un marché en consolidation Crowdequity : des freins fiscaux et un marché en consolidation L’equity crowdfunding a chuté de 19% en France en 2018. A son détriment : les évolutions fiscales, un statut inadéquat et la montée en puissance de l’immobilier. Par . Publié le 30 janvier 2019 à 13h16 - Mis à jour le 10 mars 2021 à 16h33 Ressources Après une première chute de 15% entre 2016 et 2017, voilà que l’investissement participatif en capital ou en royalties atteint un nouveau plancher de 47,1 millions d’euros sur l’année 2018, selon le Baromètre du crowdfunding établi par Financement Participatif France et KPMG. Outre-Manche, pourtant, l’equity crowdfunding rencontre une toute autre forme de succès : 333 millions de livres collectées en 2017 (384 millions d’euros) +22% par rapport au niveau de 2016), et, en 2018, un exercice record pour une plateforme comme Seedrs. Désavantages fiscaux Pour les acteurs du marché français, comme l’explique Stéphanie Savel, présidente de Wiseed et du conseil d’administration de Financement Participatif France, le retrait de l’ISF est le premier fautif. “Avec des tickets d’entrée entre 2000 et 5000 euros, certaines plateformes étaient très liées à l’ISF. La disparition des déductions fiscales qui y étaient liées a eu un effet visible dès le premier semestre 2018“. Autre problème : l’incertitude sur les déductions promises dans l’impôt sur le revenu. “La loi de Finances pour 2017 prévoyait que la déduction ‘Madelin’ passe de 18 à 25%, mais le décret d’application n’a pas été pris“. Comme elle représente une aide de l’Etat aux PME, la mesure doit d’abord être validée par la Commission Européenne, et la décision est toujours en suspens. “Pendant ce temps, au Royaume-Uni, ce taux de déduction s’élève à 50%. La logique d’incitation y est bien plus élevée qu’en France“, décrit Joachim Dupont, président d’Anaxago. À la liste de ces désavantages, Benoit Bazzocchi, CEO de SmartAngels, ajoute le statut de Conseiller en Investissement Participatif (CIP) : “créé pour nous en 2014, ce statut ne nous permettait pas de bien réaliser notre métier de plateforme“. Le conseil en investissement étant l’un des métiers des banques, SmartAngels et consorts se retrouvaient selon lui à faire doublon, “avec des coûts multipliés et un positionnement difficile par rapport aux partenaires bancaires“. Un constat que ne partage pas Joachim Dupont, pour qui le statut de CIP répond “à un vrai besoin de sécurité, d’autant plus utile que le seuil de collecte relevé à 8 millions d’euros nous permettra de conclure des deals plus importants“. Recul structurel Pour Stéphanie Savel, les 4 ou 5 années d’ancienneté du marché poussent naturellement au ralentissement. “On arrive à un moment dans le cycle de l’investisseur en capital où celui-ci fait une pause, attendant de voir comment ses produits évoluent“. Mécaniquement, la part de l’equity chuterait – elle représente 27% du total cumulé depuis la création de WiSeed, elle ne compte plus que pour 15% des 40,1 millions d’euros collectés en 2018 explique la dirigeante. “On constate que les gens qui ont pris ce type de produits se reportent désormais vers des produits plus courts, de 18 ou 24 mois par exemple“. Chez Anaxago toutefois, l’equity ne se porte pas trop mal : “nous sommes passés de 30 millions d’euros collectés en 2017 à 40 millions en 2018, calcule son président. Cela va à l’encontre des chiffres du marché, cela dit, il faut aussi compter avec la consolidation naturelle du secteur“, celle-là même qui a mené à la liquidation d’Unilend et au pivot de SmartAngels. “Sans oublier les évolutions de nos méthodes de calcul, qui ont séparé immobilier et investissement en obligations de celui en capital ou en royalties“. Car l’un des derniers éléments qui, selon tous ses acteurs, affaiblit le marché français du crowdequity, c’est le “traditionnel amour des français pour la pierre“, comme le décrit Benoit Bazzocchi. “C’est plus ou moins le corollaire d’une aversion au risque plus grande que dans les pays anglo-saxons“. Proposant des taux d’intérêts attractifs pour les particuliers (9,4% en décembre 2018 selon Hellocrowdfunding), et avec une profondeur de marché beaucoup plus large – en l’état, le crowdfunding immobilier ne représente que 3 à 5% du marché finançable selon le CEO de Fundimmo Jérémie Benmoussa -, le secteur est en pleine croissance. “Un dernier regret, conclut Stéphanie Savel, c’est que l’on pourrait réfléchir à d’autres outils pour promouvoir l’investissement participatif, notamment en matière d’amortissement de la perte. Les entreprises peuvent amortir, alors pourquoi pas les particuliers ? Cela leur permettrait de mieux gérer leur risque“. Avec, en sus, le besoin d’une meilleure éducation à la finance, que Financement Participatif France estime plus faible en France que dans les pays voisins, et, des mesures fiscales plus favorables. crowdequitycrowdfunding Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind