Accueil > Financement > Finance alternative > Crowdlending : Unilend ou l’échec d’un modèle centré sur la foule Crowdlending : Unilend ou l’échec d’un modèle centré sur la foule Unilend a engagé une procédure de liquidation judiciaire. Tournée vers le grand public et les TPE, la plateforme n'a pas réussi à démontrer la viabilité de son modèle et à l'exporter au-delà des frontières hexagonales. Par Antoine Duroyon. Publié le 23 octobre 2018 à 16h58 - Mis à jour le 23 octobre 2018 à 16h58 Ressources Le jeune secteur français du crowdlending vient de subir un deuxième accroc. Après les mésaventures de Finsquare, plateforme reprise par Lendix en avril 2016, c’est au tour du pionnier Unilend de constater l’échec de son modèle. La plateforme fondée par Nicolas Lesur et Nicolas Prioux en 2013, avant même la mise en place d’un cadre réglementaire propre au crowdfunding (la plateforme recourait alors aux bons de caisse), a été placée le 17 octobre en liquidation judiciaire. La société Fides, en la personne de Maître Pablo Castanon, a été désignée en tant que liquidateur judiciaire. Selon sa page statistiques, Unilend revendiquait un peu plus de 15 000 prêteurs actifs. Depuis son lancement, 427 projets ont été financés pour un montant cumulé de près de 33 millions d’euros. La société assure avoir été victime de la concurrence des banques. “Aidées par les liquidités très abondantes disponibles sur le marché et par les mécanismes de garantie mis à leur disposition, les banques ont fini par prêter de plus en plus aux entreprises à des taux d’intérêt toujours plus faibles. Ces taux d’intérêt anormalement bas constatés depuis 2015 ne nous permettent pas d’espérer rémunérer correctement le risque pris par les prêteurs tout en finançant suffisamment d’emprunteurs pour assurer notre rentabilité“, écrit la plateforme dans un courriel adressé aux prêteurs. En outre, la plateforme inscrite à l’Orias en tant qu’intermédiaire en financement participatif (IFP) et conseiller en investissement participatif (CIP) avait adopté un système d’enchères inversées L’échec d’Unilend révèle les difficultés inhérentes au secteur pour attirer des emprunteurs de qualité qui se financent déjà à bas coût chez les acteurs bancaires. Mais il dévoile aussi les failles, plus profondes, d’un modèle bâti sur le financement de TPE (avec un emprunt moyen de 77 230 euros contre 450 000 euros chez Lendix), tourné majoritairement vers le commerce de proximité (à près de 38%), reposant quasi-exclusivement sur une base d’investisseurs particuliers et uniquement concentré sur la France. En janvier 2015, Groupama Banque (devenue Orange Bank) avait annoncé vouloir contribuer au financement des projets présentés sur Unilend à hauteur de 100 millions d’euros sur quatre ans. L’établissement s’étant engagé à ne pas financer plus de 20% de chaque projet, il aurait fallu que la plateforme intermédie 500 millions d’euros de prêts pour assécher cette enveloppe… La conjonction emprunteurs TPE (plus risqués), prêteurs particuliers (coûteux à recruter), revenus ne dépassant pas 4 000 à 5 000 euros par dossier financé a été explosive pour Unilend. Sur ses premiers exercices, la plateforme a connu des taux de défaut élevés (plus de 18% en nombre d’entreprises en 2013-2014 et 2015, et encore 7% en 2016). Elle avait recuté Alain Elkaim (ex-GE Capital, Isodev) comme directeur des risques en juillet 2015. Comme l’a souligné Cyril Tramon, président et fondateur de WeShareBonds, “si être le premier présente des avantages – imposer sa marque et sa façon de fonctionner – cela peut présenter également un gros inconvénient dans le cas d’un business model de financement “100% foule”, fortement consommateur de cash nécessaire au recrutement de prêteurs particuliers, en plus des emprunteurs qu’il faut évangéliser“. Selon le dirigeant, “chaque million dépensé exige de l’ordre de 20 millions d’euros de production de crédit pour équilibrer ses comptes“. Tous les chefs de file du secteur – à l’exception d’Unilend – ont ainsi cherché des relais de financement solides et diversifiés auprès des institutionnels : WeShareBonds avec La Banque Postale, Credit.fr avec Tikehau Capital (qui en est le propriétaire depuis 2017), Lendix avec la BEI, Eiffel IM, CNP Assurances… Pour sa part, Unilend a privilégié le volet capitalistique. La plateforme avait levé 10,5 millions d’euros en deux tours de financement, auprès de 360 Capital Partners, Ventech, Bpifrance et la société de gestion NewAlpha AM. Cette dernière avait injecté 2,5 millions d’euros via son fonds fintech en septembre 2016 avec la volonté d’apporter son expertise dans l’industrie financière entrepreneuriale et institutionnelle. Antoine Duroyon crowdlendingfinancement des entreprises Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind