Accueil > Financement > Quel est le profil des 195 plateformes de crowdfunding françaises ? Quel est le profil des 195 plateformes de crowdfunding françaises ? Montants collectés, cibles des investissements, spécialités, statuts réglementaires… Pour la troisième année, mind Fintech dresse le portrait des plateformes de crowdfunding autorisées à exercer en France. Leetchi, October et ClubFunding se sont particulièrement illustrées en 2020, malgré la pandémie, avec plus de 100 millions d’euros intermédiés. Par Aymeric Marolleau avec Antoine Duroyon et Sara Chaouki. Publié le 08 novembre 2021 à 10h05 - Mis à jour le 11 février 2022 à 10h31 Ressources En septembre 2021, 195 plateformes de crowdfunding étaient enregistrées auprès de l’Orias, l’organisme pour le registre unique des intermédiaires en assurance, banque et finance. 46 d’entre elles jouent la transparence jusqu’à préciser les montants qu’elles ont prêté, investi ou collecté au cours de l’année 2020. Leur total s’élève à 1,017 milliard d’euros, soit une moyenne de 22 millions d’euros chacune, avec toutefois d’importantes disparités (voir encadré “Trois grandes catégories de plateformes”). De nombreuses plateformes, dont le nombre exact reste toutefois difficile à quantifier, conservent un enregistrement auprès de l’Orias mais ne génèrent plus d’activité opérationnelle. Étude annuelle Depuis 2019, mind Fintech analyse une fois par an les plateformes enregistrées comme Intermédiaire en financement participatif (IFP), comme Conseiller en investissement participatif (CIP) et Prestataires de services d’investissement (PSI) auprès de l’Orias, l’association chargée de délivrer leur “permis de travail”, sous la tutelle de la Direction du Trésor. Quels statuts adoptent-elles ? Quelles sont leurs spécialités ? Quels sont les instruments utilisés ? A qui profitent les financements ? Quelle est leur répartition sur le territoire ? Consultez nos précédents dossiers : octobre 2020 : Le profil des 216 plateformes de crowdfunding françaises mars 2019 : Portrait des 188 plateformes françaises Et dans notre rubrique Data : La liste des plateformes de crowdfunding inscrites à l’Orias C’est le service de cagnotte Leetchi qui a intermédié le plus en montants, avec 208 millions d’euros pour 410 405 projets, soit 20 % du total, devant un acteur d’un type radicalement différent : la plateforme de prêts aux entreprises October, avec 121 millions d’euros pour 398 projets. Il est à noter que 51 % du financement des projets retenus par le comité de crédit de la plateforme provient automatiquement d’investisseurs institutionnels, une proportion qui peut augmenter si les investisseurs privés ne financent pas la totalité des 49 % restants. [Data] La liste des plateformes de crowdfunding inscrites à l'Orias Avec 3,3 millions d’euros collectés en moyenne par projet (29,7 millions d’euros au total pour neuf projets), Enerfip (financement participatif pour la transition énergétique) devance Anaxago (3,1 millions par projet). ClubFunding talonne désormais October 38 plateformes ont précisé les montants qu'elles ont collectés ou financés à la fois pour 2019 et 2020. C'est sur cette base que nous avons observé celles qui ont le plus progressé et celles qui ont reculé entre les deux années.Malgré la pandémie, l’année a été favorable à ClubFunding (+38,9 millions d’euros), Raizers (+21,2 millions), Anaxago (+19,9 millions) et Fundimmo (+16,7 millions). À l’inverse, WiSEED n’a collecté que 33,7 millions d’euros, contre 47,5 millions en 2019. “Nous avons délibérément choisi de ne pas s’engager dans une course aux volumes. Ainsi, le comité d’engagement a préféré renoncer à 20 millions d’euros de projets plutôt que de sélectionner des dossiers dont nous n’étions pas pleinement convaincus de la fiabilité”, indique à mind Fintech Mathilde Iclanzan, directrice générale de WiSEED. De son côté, October affiche 121 millions d’euros de projets financés contre 130,6 millions l’année précédente, et Credit.fr 20,1 millions contre 25,7 millions 12 mois plus tôt. Les Entreprêteurs ont financé sous forme de dette des projets à hauteur de 5,3 millions d'euros, auxquels s'ajoutent des offres de défiscalisation (Girardin Agricole, pour 1,3 million d'euros) et à destination des acteurs de la gestion privée. Les entreprises restent la cible privilégiée des collectes Les données que nous avons rassemblées et analysées témoignent de la grande diversité du crowdfunding en France. Ces plateformes se distinguent par leurs spécialités, leurs cibles et les instruments qu’elles proposent. Certaines ne collectent que pour un seul type d’acteurs (entreprises, associations, particuliers, promoteurs immobiliers ou collectivités locales), d’autres pour plusieurs à la fois. En 2021, 47 % d'entre elles s'adressent aux entreprises (92), devant les particuliers, ciblés par 38 % des plateformes et les associations, par 30 % d'entre elles. Trois plateformes soutiennent les projets des collectivités locales : Cofonder (permet aux communes ou communautés de communes de collecter des dons), Urbanis Finance (financement participatif des projets publics) et Villiz (financement participatif à destination des collectivités locales). Nous n’avons pas pu déterminer la cible de 15 plateformes (ND), souvent parce que leur site n’est pas accessible. Une myriade de spécialités Un tiers des plateformes inscrites à l'Orias sont généralistes, c'est-à-dire qu'elles acceptent de présenter à leurs clients tous types de projets. Ainsi, nous avons classé comme généraliste une plateforme dont les cibles des dons ou des prêts sont des entreprises et qu’elle soumet à ses utilisateurs les projets portés par des entreprises de tous secteurs ou de toutes tailles. La deuxième catégorie la plus représentée est l'immobilier, avec 32 sociétés, suivie de l'écologie, avec 22 sociétés. Nous avons attribué plusieurs spécialités à certaines plateformes. Certaines spécialités ne concernent qu’une ou deux sociétés, comme les tontines, la santé, le handicap, le mécénat, les mariages, l’éducation, la religion… L'immobilier reste la spécialité la plus fructueuse du crowdfunding français 32 acteurs comptent l'immobilier parmi leurs spécialités. Celles qui précisent sur leur site les montants qu'elles ont intermédiés en 2020 permettent d'établir le total à 465 millions d'euros, soit 46 % de l'ensemble des fonds des plateformes pour lesquelles nous disposons des chiffres. Clubfunding SAS arrive en tête avec 115,7 millions d'euros, devant Anaxago, avec 84,9 millions et Homunity (Credit.fr), avec 81,5 millions. Le financement des infrastructures d'énergies renouvelables reste un élément important du crowdfunding français, puisque 13 plateformes inscrites à l'Orias le comptent parmi leurs spécialités. Celles qui précisent sur leur site les montants qu'elles ont intermédiés en 2020 permettent d'établir le total à 78 millions d'euros, soit 8 % de l'ensemble des fonds intermédiés par les plateformes de crowdfunding dont nous disposons des chiffres. Enerfip arrive en tête avec 29,7 millions d'euros, devant Lendopolis (La Banque Postale), avec 26,2 millions et LITA.co (ex-1001Pact), avec 12,4 millions. 17 plateformes à vocation régionale Parmi les 195 plateformes inscrites à l'Orias en septembre 2021, 17 ont une vocation régionale, qui représentent 13 régions ou départements différents. La région la plus représentée est Auvergne-Rhône-Alpes avec trois sociétés, devant la Bretagne qui en a deux. Quatre plateformes régionales précisent les montants qu'elles ont intermédié en 2020, dont Monego - Auvergne-Rhône-Alpes, 7,6 millions d'euros - et Gwenneg - Bretagne, 4,6 millions d'euros. 53.8 % des acteurs inscrits à l'Orias sont installés en Ile-de-France (105), tandis que 19 le sont en Auvergne-Rhône-Alpes et 16 en Nouvelle-Aquitaine. Quel statut réglementaire ? 156 plateformes sont inscrites en tant qu'intermédiaires en financement participatif (IFP), soit 80 % des plateforme, contre 63 plateformes inscrites comme conseillers en investissement participatif (CIP) et trois en tant que prestataires de service d'investissement (PSI) - Wiseed, EOS Venture (Tylia, ex Letitseed) et Fundimmo. Par ailleurs, 24 plateformes sont enregistrées à la fois comme IFP et CIP, dont ClubFunding, Miimosa et Bulb in Town. S’il y a près de trois fois plus d’IFP en France que de CIP, c’est parce que les obligations liées au second statut sont plus lourdes. Les CIP conseillent leurs utilisateurs dans la souscription de titres financiers (actions, obligations, minibons et titres participatifs), tandis que les IFP proposent de contribuer à des projets sous la forme de prêts ou de dons (voir encadré). Fundimmo, qui a obtenu le statut de PSI en mai 2021, l’a cumulé avec celui d’IFP jusqu’à sa suppression mi-octobre. L’évolution des agréments IFP et CIP à l’Orias QUELLES DIFFÉRENCES ENTRE CIP, IFP ET PSI ? En France, le statut juridique des plateformes de crowdfunding dépend de la nature du financement qu’elles proposent. CIP : Si elles permettent aux internautes de souscrire des titres financiers (actions, obligations, minibons, titres participatifs) émis par une société non cotée, elles doivent alors s’inscrire auprès du registre de l’Orias en tant que Conseiller en investissement participatif (CIP). Parmi leurs obligations figure par exemple le fait que leur site internet doit être d’accès progressif, c’est-à-dire qu’il doit comprendre plusieurs étapes avant de permettre à l’investisseur potentiel de souscrire à l’offre. Ces sociétés doivent par exemple s’assurer que l’internaute comprend la nature de son investissement et les risques et lui faire passer un test d’adéquation. L’Orias vérifie notamment que ces plateformes remplissent des conditions d’honorabilité et de compétence professionnelle. Une minorité d’acteurs ont ce statut. IPF : Si les plateformes permettent de financer des projets sous la forme d’un prêt (avec ou sans intérêt), ou d’un don (avec ou sans contrepartie), elles doivent s’immatriculer auprès du même organisme en tant qu’Intermédiaire en financement participatif (IFP). Comme pour les CIP, l’Orias vérifie que ces plateformes remplissent des conditions d’honorabilité et de compétence professionnelle. Ce statut, moins contraignant que les deux autres, a été choisi par la grande majorité des plateformes de crowdfunding. PSI :Les plateformes qui souhaitent permettre aux internautes de souscrire des titres financiers émis par une société non cotée peuvent également opter pour le statut de Prestataire de services d’investissement (PSI), qui leur permet de proposer toutes les catégories de titres financiers, des minibons, et d’obtenir un passeport pour fournir leurs services d’investissement dans l’espace économique européen. Seules trois plateformes inscrites à l’Orias disposent de ce statut : Tylia, WiSEED et Fundimmo. Plus de détails sur le site de l’Orias. Quels instruments financiers ? Sans surprise, comme les années précédentes, les CIP proposent majoritairement des obligations et des actions, et 70 IFP proposent des dons avec ou sans contreparties ou des préventes. Trois grandes catégories de plateformes Parmi les 195 plateformes de crowdfunding enregistrées auprès de l'Orias en septembre 2021, 88 précisent les montants qu'elles ont intermédiés depuis leur création. La médiane se situe à 7 millions d’euros, avec toutefois de grandes disparités. Comparer les montants financés par projet et le nombre de projets accompagnés permet de distinguer trois grandes catégories parmi les plateformes de crowdfunding françaises. Plus de 10 000 projets La première regroupe cinq acteurs qui ont accompagné plus de 10 000 initiatives depuis leur création, dont la cagnotte Leetchi, créée en 2009 par Céline Lazorthes et dont le Crédit Mutuel Arkéa a acquis 86 % du capital en 2015 pour 50 millions d'euros, qui a collecté 1 milliard d'euros pour 2,6 millions de projets. La banque mutualiste a par ailleurs mandaté Deutsche Bank pour lui trouver un repreneur, selon Les Echos. On y trouve aussi les plateformes spécialisées dans les dons avec contrepartie Ulule et KissKissBankBank, qui soutiennent des projets créatifs, solidaires et innovants, ainsi que FinFrog (plateforme de prêts entre particuliers, fondée en 2016) et Babyloan (ABC Microfinance, plateforme de prêts solidaires à destination des micro-entrepreneurs, fondée en 2008). Parmi ces cinq-là, Leetchi est donc la seule à avoir le positionnement de cagnotte. Au total, on dénombre 22 cagnottes inscrites à l’Orias, mais seule quatre précisent les montants collectés en 2020 : 208 millions d’euros pour Leetchi, 1,4 million pour On Participe, 900 000 euros pour La Cagnotte des Proches et 50 000 euros pour K’Gnote. Plus de 100 000 euros par projet Outre le nombre de projets qu’elles ont accompagnés, les plateformes se distinguent aussi par les montants moyens qu'elles ont réunis pour chacun. Ce critère met particulièrement en évidence les plateformes spécialisées dans l’immobilier, à l’instar de ClubFunding ( 1,3 million d’euros en moyenne par projet), Anaxago (1,3 million d’euros) ou encore Upstone (840 000 euros en moyenne par projet). Nous pouvons aussi noter la présence de Sowefund (930 000 euros en moyenne par projet), qui propose aux particuliers de prendre des parts dans des “entreprises qui proposent une innovation fondamentalement responsable”. Moins de 10 000 projets Le troisième groupe, composé de plateformes qui ont accompagné moins de 10 000 projets et dont les montants moyens ne dépassent pas 100 000 euros, est plus hétérogène. On y trouve par exemple des plateformes spécialisées dans les prêts aux TPE-PME, comme Les Entreprêteurs, Unitup (Unilend) et Prexem, We Do Good, spécialisé dans les levées de fonds en royalties et crowdinvesting, Credofunding (financement participatif pour la communauté chrétienne), Dartagnans (préservation et rayonnement du patrimoins culturel), ou encore Miimosa (don contre don pour l’agriculture et l’alimentation). Méthodologie Notre étude se fonde sur la liste des sociétés enregistrées à l’Orias en septembre 2021 en tant qu’IFP ou CIP, auxquelles nous avons ajouté les plateformes qui ont le statut de PSI. mind Fintech a ensuite qualifié ces plateformes selon plusieurs critères : – La cible des dons / prêts / investissement (entreprises, promoteurs immobiliers, particuliers, associations, collectivités locales, ONG). – La spécialité (types de projets soutenus) : immobilier, solidarité, culturel, etc. Ou bien généraliste lorsque la plateforme n’est pas ouvertement spécialisée. – La plateforme finance-t-elle des produits régionaux, et dans quelle région ? Concernant les montants financés en 2020 et le nombre de projets accompagnés cette année-là, nous nous sommes appuyés sur les pages statistiques disponibles en ligne. Nous avons suivi la même méthode pour les montants investis depuis la création, en relevant les chiffres en mai 2021, et avons contacté une vingtaine de plateformes qui ne communiquent pas publiquement ces chiffres - toutes n’ont pas répondu. Nous ne pouvons pas prétendre à l’exhaustivité ni à une exactitude parfaite dans la mesure où ces données sont déclaratives. Pour toute remarque ou question, contactez-nous : datalab@mind.eu.com Crédits Récupération des données : Sara ChaoukiAnalyse : Aymeric Marolleau et Sara ChaoukiRédaction et dataviz : Aymeric MarolleauSupervision éditoriale et interview : Antoine Duroyon Aymeric Marolleau avec Antoine Duroyon et Sara Chaouki crowdfundingcrowdfunding immobiliercrowdlending Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind À lire La liste des plateformes de crowdfunding européennes agréées comme prestataires de services de financement participatif (PSFP) L'évolution des agréments IFP et CIP à l'Orias