Euler Hermes lance une application open data sur le risque de crédit

C’est une première : alors que les plus grands acteurs rechignent à ouvrir leurs données, considérées comme le nouvel or noir, Euler Hermes s’engage dans une démarche d’open data. Le spécialiste de l’assurance-crédit a lancé fin 2017 une application baptisée “Mind Your Receivable”, en partenariat avec la start-up française de data-visualisation Toucan Toco. Cet outil permet d’identifier les tendances en matière de défaillances d’entreprises, d’impayés et de retards de paiement selon plusieurs critères : pays, région, secteur et au cours du temps.

La société a d’une part libéré en open data des données publiques : les faillites et défaillances d’entreprises, par exemple publiées au Bodacc en France, mais qu’Euler Hermes est allé chercher dans tous les pays du monde avant de les compiler et de les standardiser. Surtout, la société ouvre également des données propriétaires anonymisées sur les retards de paiement et les impayés. Euler Hermes suit plus de 83 millions d’entreprises dans le monde et couvre près de 900 milliards d’euros de transactions commerciales. Par ailleurs, si l’application réalisée par Toucan Toco permet de visualiser les données, il est aussi possible de les exporter pour les réutiliser.

“Certes, ces données pourraient aider des concurrents à vendre de l’assurance-crédit. Mais nous poussons pour expliquer que l’information est devenue une commodité et que nous sommes prêts à ouvrir notre base de données et à devenir contributeur. Nous avons la volonté de participer à un écosystème où la donnée devient un outil démocratique”, commente Ludovic Subran, chef économiste chez Euler Hermes.

Démocratiser l’usage des données

 La plateforme pourra être utilisée par “les entreprises, les universitaires et les journalistes”, explique Euler Hermes. Les vendeurs qui commercialisent l’assurance crédit d’Euler Hermes devraient aussi s’en emparer pour leur argumentaire auprès de prospects ou justifier des tarifications en leur montrant le nombre ou l’augmentation de délais de paiement et de faillites dans un pays ou un secteur donné. “Jusque-là, les données étaient très peu exploitées, assure Ludovic Subran. Cette application va nous aider à les démocratiser en interne.”

Depuis le lancement, l’application a été présentée à des clients, des courtiers et des prospects d’Euler Hermes. Ludovic Subran revendique 3 500 visiteurs depuis le début de l’année et 600 formulaires de lead remplis. Il envisage “d’aller plus loin en intégrant de nouveaux indicateurs et davantage de données brutes”.

Euler Hermes s’est engagé depuis quelques années dans un processus d’amélioration de la qualité de ses données et de leur valorisation. Un data lab a été créé il y a trois ans pour travailler sur le sujet et le groupe emploie 18 data scientists. En février 2017, Charles Ruelle, ancien d’Etalab ayant travaillé sur le lancement de la plateforme open data data.gouv.fr, a aussi rejoint le groupe pour prendre en charge l’innovation et la “digital agency” sous la responsabilité de Virginie Fauvel.