Silvr lève 18 millions d’euros pour développer le modèle du RBF

Pionnier du revenue based financing en France, Silvr vient de boucler une augmentation de capital de 18 millions d’euros. Cette Série A, qui fait suite à un tour d’amorçage de 3 millions d’euros finalisé en mars 2021, a été pilotée par XAnge et Otium. Bpifrance, via son fonds Digital Venture, fait aussi son entrée au capital, tandis que des actionnaires existants confirment leur engagement, dont Eurazeo et ISAI.

Hormis ces spécialistes du capital-risque, plusieurs entrepreneurs de la finance numérique soutiennent le modèle : Alexandre Prot et Steve Anavi (Qonto), Raphaël Vullierme (Luko), Louis Chatriot (Alma) et Pierre Dutaret (Libeo). Ce financement en equity est complété par un apport en dette de 112 millions d’euros de la part d’un gestionnaire d’actifs français afin de financer l’activité des clients de Silvr.

Cet accord avec une société de gestion titulaire d’une licence d’octroi de prêt va permettre à Silvr (en cours d’enregistrement comme mandataire en opération de banque et en service de paiement) d’abandonner le mécanisme du prêt participatif auquel la société recourait jusqu’à présent. “En parallèle, nous sommes en train de créer notre propre fonds de dette qui devrait être opérationnel en septembre prochain“, annonce Nima Karimi, cofondateur et CEO de Silvr, qui précise qu’il ne s’agira pas d’un fonds commun de titrisation.

Depuis début 2020, la société creuse le sillon du revenue based financing (RBF), un mode de financement non dilutif pour les start-up. Après avoir ciblé à son lancement les acteurs de l’e-commerce, Silvr a élargi en 2021 son public cible aux sociétés SaaS. Ces deux activités évoluent aujourd’hui à parité, à hauteur de plusieurs millions d’euros financés par mois. Pour le scoring, Silvr récupère par API les données financières et opérationnelles de la société (PSP, solution de gestion des abonnements, comptes bancaires…). Une connexion à la source qui lui permet à la fois de limiter la fraude et de très bien connaître les clients. Résultat : 99 % d’entre eux viennent se refinancer sur la plateforme, assure le CEO.

“Notre plateforme est capable de s’adapter aux modèles économiques des entreprises du numérique et de répondre à divers cas d’usage en s’insérant dans leurs flux opérationnels : financement des campagnes d’acquisition et des stocks pour les e-commerçants, etc. Cette approche horizontale sur le RBF est très différente de l’approche verticale qu’on peut voir dans les pays anglo-saxons, par exemple“, souligne Nima Karimi.

Sur le volet produit, cet apport de capitaux frais doit ainsi permettre de continuer à intégrer à la plateforme générique des modules adaptés aux segments et besoins couverts. Silvr met en avant la grande variété des modes de mise à disposition des financements (carte bancaire virtuelle, virement bancaire, règlement de facture fournisseur) mais aussi des modes de remboursement (échéancier fixé, en fonction du chiffre d’affaires généré, etc.).

L’accent sera également mis sur l’équipe, forte d’une trentaine de collaborateurs. “Nous préparons une expansion européenne dès cette année, ainsi qu’une centaine de recrutements sur nos trois pôles : produit et tech, commerce et marketing, opérations et finance“, anticipe Nima Karimi. Les acteurs français du RBF font le plein de munitions avant d’aller attaquer un marché qui reste encore à évangéliser. Concurrents de Silvr, Karmen et Unlimitd ont respectivement levé 3,5 millions et 5 millions d’euros.