Accueil > Financement > Tokenisation d’actifs financiers : les banques françaises se tiennent prêtes Tokenisation d’actifs financiers : les banques françaises se tiennent prêtes Les grands groupes bancaires français ont multiplié les expérimentations autour de la tokenisation ces dernières années. Convaincus que les marchés financiers finiront sur la DLT, les banques se préparent, proactivement ou de manière défensive, à cette échéance de long terme. Prochaine étape : l’arrivée d’une première MNBC de gros en 2026 pour le règlement. Par Caroline Soutarson. Publié le 09 octobre 2025 à 6h30 - Mis à jour le 10 octobre 2025 à 15h51 Ressources “Outre son potentiel largement reconnu d’amélioration de la transparence, avec un meilleur suivi des transactions et des droits de propriété, la DLT [technologie de registre distribué, Ndlr] présente également un bon rapport coût-efficacité et une disponibilité 24 heures sur 24”, affirmait en janvier 2023 Denis Beau, premier sous-gouverneur de la Banque de France, dans un discours sur les opportunités et les défis de la tokenisation de la finance. Conscients de ces avantages, les grands groupes bancaires français se sont tous lancés, à des rythmes et degrés différents, dans des expérimentations de tokenisation au cours des dernières années. Trade finance et dette tokenisés Le point de départ se situe en 2017, lorsque l’ordonnance dite blockchain (l’ordonnance n°2017-1674 relative à l’utilisation d’un dispositif d’enregistrement électronique partagé pour la représentation et la transmission de titres financiers) est publiée. Elle autorise le recours à la DLT pour le transfert des titres non cotés et des parts de fonds. Après une phase d’acculturation à la technologie, “le marché s’est d’abord tourné vers le trade finance à partir de 2018, mais les premiers cas d’usage n’ont pas réussi à passer à l’échelle”, se souvient Guénolé de Cadoudal, responsable de la division digital assets chez Crédit Agricole CIB. Puis, sur les cendres du trade finance, sont apparus “les premières émissions souveraines de dettes tokénisées en 2020”, poursuit Guénolé de Cadoudal. Les résultats se sont montrés plus concluants. “La tokenisation d’obligations est pertinente en termes de chaîne de valeur, d’opportunités métiers et de gestion du risque”, confirme Julien Clausse, responsable d’AssetFoundry, l’une des plateformes de tokenisation de BNP Paribas CIB. Trade finance : les plateformes blockchain entrent progressivement en production Qu’est-ce que la tokenisation d’actifs ? En février 2025, le groupe de travail dédié à la tokenisation au sein de l’Association pour le développement des actifs numériques (Adan) a défini la tokenisation comme “l’opération qui consiste à transformer un actif en un ou plusieurs titres librement négociables sur une DLT” (technologie de registre distribué). Dans le domaine financier plus précisément, la tokenisation “couvre l’émission, l’échange et le stockage de représentations numériques et programmables d’actifs financiers, d’actifs réels ou de dépôts bancaires sur des registres distribués”, présentait Agnès Bénassy-Quéré, seconde sous-gouverneure de la Banque de France, en septembre 2025. Tokenisation de parts de fonds Mais les instruments financiers qui captent le plus d’attention actuellement sont les parts de fonds, et plus particulièrement les fonds monétaires (MMF) tokenisés, ainsi que les fonds d’investissement alternatifs (FIA). La tokenisation des fonds monétaires (MMF) s’illustre notamment par le fonds tokenisé de BlackRock, BUIDL, lancé en mars 2024 sur Ethereum. Depuis étendu à plusieurs blockchains, le MMF tokenisé cumule plus de 2 milliards de dollars d’actifs, selon le fournisseur de données RWA.xyz. “Avec une adoption grandissante et des avantages clairs dans des domaines tels que l’optimisation du capital, la simplification et l’instantanéité des procédures de souscription et de rédemption, ou encore la distribution de rendement automatisée, les MMF tokenisés affichent un succès et un retour sur investissement précoces”, évalue KPMG fin 2024. Spiko lève 18,5 millions d’euros pour développer ses fonds monétaires tokenisés “Chez Caceis, nous travaillons sur un PoC pour tokeniser un fonds monétaire linéaire. L’objectif est que chaque ordre de souscription ou de rachat initié par un investisseur déclenche un calcul de NAV [net asset value ou valeur interne d’une part de fonds, Ndlr] et une exécution instantanée”, expose Sorin Jitaru, manager produit de la division digital assets de Caceis. Tests d’une MNBC interbancaire En parallèle, les expérimentations se poursuivent du côté des actifs de règlement tokenisés. Pas encore lancée, la monnaie numérique de banque centrale (MNBC) interbancaire (aussi dite de gros ou wholesale ou wCeBM pour wholesale central bank money) européenne n’est pas pour autant absente des expérimentations. En 2024, Société Générale a déposé en garantie des titres obligataires auprès de la Banque de France en échange de jetons de MNBC. La banque centrale française a également acheté un titre tokenisé auprès de BNP Paribas. Le groupe Crédit Agricole, quant à lui, a participé au test d’un modèle de correspondance bancaire tokenisé en collaboration avec la Banque centrale européenne (BCE). Guénolé de Cadoudal (Crédit Agricole CIB) résume : “nous avons développé, avec Caceis et d’autres banques, le protocole blockchain so|cash, qui permet notamment de gérer les comptes en banque de nos clients dans la blockchain, de répliquer les chaînes de correspondance bancaire et de régler avec de la monnaie de banque centrale. Nous y avons expérimenté la vente de parts de fonds”. Une monnaie numérique de banque centrale, pour quoi faire ? Le communiqué de Crédit Agricole CIB souligne par ailleurs la participation à titre ”d’observateurs” d’autres acteurs tels que “BNP Paribas, Santander, SEB et Société Générale, qui ont partagé leurs points de vue et manifesté leur intérêt pour un standard commun au sein du secteur”. Construire des rails partagés Les expérimentations menées conjointement avec les banques centrales traduisent en effet le besoin d’un système interbancaire repensé avec l’ensemble des parties prenantes. “Ces cinq dernières années, BNP Paribas a travaillé sur l’ensemble des dimensions de la tokenisation : la connectivité aux principales blockchains, la création de tokens et les cas d’usage. Nous entrons aujourd’hui dans une nouvelle étape, qui consiste à construire une infrastructure commune et sécurisée pour l’ensemble de l’écosystème (émetteurs, investisseurs, conservateurs, banques centrales, infrastructures de marchés, etc.). Il s’agit de garantir l’efficacité et la sécurité des transactions sur ces nouveaux réseaux et la bonne interaction entre les jetons, mais aussi de fournir un euro numérique de gros, afin de gérer la partie règlement de manière efficace, et tirer les bénéfices de cette technologie blockchain. Sur ces rails partagés, chacun développera de nouveaux services”, estime Julien Clausse. Des infrastructures communes permettraient en effet de dépasser “le problème d’interopérabilité présent aujourd’hui, concède Sandra Joly, responsable de la trésorerie, du refinancement et du change chez Crédit Mutuel Arkéa. Tous les tests qui ont eu lieu jusqu’à présent, effectués par les banques, ont été réalisés sur le marché primaire [des expérimentations en secondaire ont pu être réalisées mais de gré à gré, pas sur un marché organisé, Ndlr]. Ensuite, soit le titre est directement changé en titre classique et repart dans le circuit classique, soit il reste sous son format tokenisé. Il y a un certain nombre d’étapes à valider avant d’en arriver là, la première étant le déploiement d’une MNBC wholesale”. Une MNBC de gros prévue pour 2026 La BCE partage ce constat concernant le besoin de passer à l’étape suivante, après une période de tests qui a validé la pertinence d’une wCeBM. “Près de 1,6 milliard d’euros en monnaie de banque centrale ont été réglés dans le cadre de ces travaux” auxquels ont participé 64 entreprises aux côtés de l’Eurosystème, dénombrait la BCE en juillet 2025. L’entité francfortoise, en concertation avec les participants aux expérimentations, s’est ainsi engagée sur un planning à deux vitesses. La BCE doit d’abord livrer une solution interopérable transitoire à court terme (Pontes) avant le développement d’un système plus long termiste (Appia). En septembre 2025, Agnès Bénassy-Quéré précisait : “d’ici la fin du troisième trimestre 2026, une solution pilote permettra aux intermédiaires financiers de régler leurs actifs tokenisés en monnaie de banque centrale, soit par le biais des services Target, soit via un registre distribué de l’Eurosystème ; ce “projet Pontes” sera ensuite amélioré en ligne avec les services Target. À plus long terme, l’Eurosystème entend proposer un registre partagé où la monnaie de banque centrale tokenisée, les dépôts bancaires tokenisés et les actifs tokenisés pourraient être échangés sur la même plateforme (“projet Appia”)”. “Les banques disposeront de wallets et de jetons qu’elles pourront alimenter avec leurs comptes T2 [système de paiement de l’Eurosystème qui permet les transferts de fonds entre banques en temps réel, Ndlr]”, précisait Timothée Fluteau, adjoint à la cheffe du service innovation pour les infrastructures de marché de la Banque de France, au cours d’un événement de Finance Innovation dédié à la tokenisation le 25 septembre 2025. Quelle place pour les stablecoins au sein des banques ? Mais la wCeBM n’est pas le seul actif de règlement possible. En l’absence de MNBC interbancaire pour le moment, “nous travaillons sur l’intégration des stablecoins pour des cas d’usage de souscriptions-rachats de parts de fonds tokenisés en vue d’effectuer le règlement-livraison via la blockchain”, évoque par exemple Sorin Jitaru, de Caceis. De son côté, Société Générale, via SG-Forge, a lancé son premier stablecoin en 2023, l’EURCV, adossé à l’euro, et un second à l’été 2025, l’USDCV, adossé au dollar. Autorisés dans le cadre du règlement européen sur les marchés de cryptoactifs (MiCA), ils servent déjà d’actifs de règlement dans les activités de tokenisation de la filiale. Les stablecoins conformes au règlement européen MiCA BNP Paribas, quant à elle, n’a pas retenu cette stratégie. À l’occasion de l’événement Finance Innovation, Stefan Brinaru, responsable des actifs numériques chez BNP Paribas Asset Management, a indiqué “ne pas travailler sur les stablecoins pour le règlement tokenisé [toutefois, selon Les Echos, BNP Paribas travaille sur un projet de stablecoin dollar avec d’autres banques européennes et étrangères, Ndlr]”. Peu de demande pour des instruments financiers tokenisés Mais la disponibilité d’actifs de règlement ne sont pas les seuls freins à l’adoption de la tokenisation. Le réglementaire a également un rôle à jouer. “Le premier blocage est que les titres tokenisés ne sont pas éligibles aux opérations de refinancement de politique monétaire de l’Eurosystème. Et sans cette éligibilité, il n’y aura ni assez de demande ni suffisamment de flux interbancaires entre les investisseurs institutionnels pour créer un vrai marché”, affirme Sandra Joly, du Crédit Mutuel Arkéa. La demande d’actifs tokenisés auprès des banques n’a en effet pas explosé à ce jour. “Nous avons reçu quelques demandes pour des émissions obligataires tokenisées entre 2021 et 2024. En 2025, le marché s’est plutôt focalisé sur le cash et les offres de gestion de trésorerie”, observe Guénolé de Cadoudal. De son côté, Julien Clausse indique servir le marché à sa hauteur, avec une demande plutôt tirée par les émetteurs. “Les investisseurs ne s’intéressent pas tant au fait que le titre soit émis sur une blockchain. Ils achètent l’obligation ou la part de fonds et sont intéressés par l’instantanéité, potentiellement de pouvoir demander des dividendes à la fréquence souhaitée ou encore, par l’accès aux données ESG du sous-jacent enregistrées dans les tokens…” Chez Crédit Agricole CIB, on sert quelques pionniers intéressés. “Les trésoriers demandeurs sont en général les plus technophiles, qui ont besoin de déplacer leurs fonds rapidement et à tout moment entre leurs différents centres de trésorerie. Ils pâtissent aujourd’hui des limites liées aux périodes d’interruption des services des banques et au traitement des paiements par messages, des difficultés de suivi en temps réel d’un paiement (délai entre l’instruction du paiement et la réception des fonds) ou encore, les enjeux de change”, estime Guénolé de Cadoudal. Des sociétés d’e-commerce sont aussi positionnées, assure-t-il. “Elles sont à la recherche d’offres de paiement efficientes entre vendeurs et acheteurs et sont prêtes à payer un peu plus cher pour proposer des solutions de paiement instantané, des stablecoins ou encore des tokenised deposits. Des concurrents, notamment américains, disposent déjà de ce type d’offres”, analyse Guénolé de Cadoudal. L’objectif est donc de pouvoir les concurrencer. Ne pas se laisser distancer par les États-Unis Plusieurs groupes bancaires français cherchent aussi à rester au niveau des autres banques dans le monde, notamment celles états-uniennes, données gagnantes à ce jour : “les États-Unis sont effectivement en avance sur la tokenisation des actifs, mais aussi sur les stablecoins et, dans leur ensemble, les cryptoactifs”, constate Sandra Joly. Les superviseurs financiers vont dans le même sens. “La BCE et la Banque de France souhaitent avancer sur le sujet de la tokenisation, approuve Sandra Joly. C’est bien car elles entraînent leur écosystème. Car à la fin, ce qui comptera, c’est d’avoir le système sur lequel tout le monde se connectera. Et l’Europe veut être dans la course”. Ressources humaines dédiées à la tokenisation Les ressources humaines allouées sont notamment en cause. Alors que certaines banques américaines comptent jusqu’à “400, voire 500 personnes, dédiées à la tokenisation”, indique un responsable, BNP Paribas en dénombre “plusieurs dizaines qui avancent de manière structurée sur la tokenisation”, évoque Julien Clausse. D’ailleurs, “avant les récentes évolutions sur le sujet outre-Atlantique, les banques américaines ont investi et sont venues en Europe pour les tests avec la BCE [comme JPMorgan et Goldman Sachs, Ndlr], ajoute-t-il. L’Asie est aussi très active avec Hong Kong et Singapour”. Chez SG-Forge, une filiale d’un groupe bancaire pourtant dédiée à la tokenisation, l’effectif moyen a progressé de 14,85 personnes en 2023 à 19,55 en 2024 (+32 %). “Société Générale-Forge fait également appel à des salariés détachés provenant de Société Générale France et Société Générale US”, précise la société dans ses comptes annuels 2024. Concernant la filiale CIB de Crédit Agricole, “un noyau de personnes est dédié au sujet. Une cinquantaine y participent au total, tous métiers confondus (finance, comptabilité, back-office, juridique, vendeurs, syndicat de dettes, traders, communication…)”. Chez Caceis, les services sur actifs numériques ont, depuis fin 2024, leur propre ligne métier. Elle inclut notamment “la mise à disposition d’un service de tokenisation de parts de fonds et de distribution via la blockchain”, précise Sorin Jitaru. Chez Crédit Mutuel Arkéa, seulement “deux à trois personnes travaillent sur les sujets de tokenisation mais pas à temps plein. Nous fonctionnons en mode projet et nous embarquons les fonctions support avec nous”, détaille Sandra Joly. Coûts financiers de la tokenisation S’emparer de l’innovation a aussi un coût. “Il faut prendre en compte les coûts de développement mais aussi, pour l’instant, le maintien de deux mécanismes différents de transfert et d’échange d’actifs financiers”, explicite Thibault Leboucher, consultant Web3 et cryptoactifs interne chez Crédit Mutuel Arkéa. Des budgets que les banques françaises ne sont pas toutes prêtes à consentir, contrairement à leurs homologues états-uniennes notamment. “Les banques américaines ont par exemple beaucoup plus investi, en proportion de leur bilan, que ce soit sur les monnaies numériques ou les titres tokenisés, sans compter les budgets marketing et de démarchage”, affirme l’un de nos interlocuteurs. Thibault Leboucher, du Crédit Mutuel Arkéa, justifie : “en tant que banque de taille intermédiaire, nous misons plutôt sur une approche partenariale aux côtés d’infrastructures existantes”. “Nous essayons d’avancer avec des partenaires d’infrastructure si possible français, voire européens, c’est l’un de nos critères”, complète Sandra Joly. De son côté, SG-Forge dispose d’un capital social supérieur à 28 millions d’euros à fin septembre 2025. La société avait réalisé une augmentation de capital de près de 7,8 millions d’euros auprès de Société Générale Ventures, la filiale de corporate venture du groupe bancaire, en 2024. Au titre de l’exercice 2024 justement, la filiale de Société Générale a essuyé une perte nette comptable de 8,6 millions d’euros en 2024, pour un report à nouveau de -16,7 millions d’euros. [Info mind Fintech] SG-Forge a enregistré un PNB en baisse en 2024 La tokenisation des marchés financiers adviendra L’attribution d’un budget, plus ou moins élevé, aux projets de tokenisation implique tout de même que les banques croient en son avènement. “La tokenisation d’actifs financiers est un sujet stratégique pour la banque, revu au plus haut niveau, car il peut transformer le marché et la chaîne de valeur”, observe Julien Clausse. “L’objectif de toutes les banques est d’être au rendez-vous si la demande, un jour, arrive. Donc nous testons même si le marché n’est pas là actuellement”, avoue Sandra Joly. Son de cloche similaire chez Crédit Agricole : “la banque est parfaitement consciente de la transformation numérique significative en cours et l’aborde prudemment. L’objectif est de participer à cette transition et d’être en capacité de répondre aux demandes de nos clients en avance de phase”, clarifie Guénolé de Cadoudal. “Il y a une sorte de cercle vertueux : tous les grands acteurs (banques et infrastructures de marché) travaillent sur la tokenisation d’actifs depuis plusieurs années déjà, ils vont donc poursuivre leurs efforts malgré la complexité du sujet jusqu’à ce que cela advienne”, prévoit Julien Clausse. Mais l’évolution sera lente : “il est peu probable que le basculement vers des marchés financiers complètement tokenisés s’effectue dans les dix prochaines années, admet le responsable de BNP Paribas. Et nous aurons probablement un monde hybride pendant longtemps”. [Mise à jour de l’article le 10 octobre pour ajouter une précision concernant la stratégie de BNP Paribas dans les stablecoins] Caroline Soutarson blockchainDLTfinancementMNBCtokenisationtrade finance Besoin d’informations complémentaires ? 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