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Accueil > Investissement > Cryptoactifs > Trade finance : le recours à la blockchain redistribue les cartes

Trade finance : le recours à la blockchain redistribue les cartes

Des consortiums régionaux et internationaux travaillent sur des plateformes DLT pour simplifier les mécanismes de trade finance, dont les premières seront commercialisées en 2018. Alors que certaines tentent de transcrire les mécanismes existants sur la blockchain, d’autres inventent de nouveaux modèles.

Par Aude Fredouelle. Publié le 08 décembre 2017 à 9h04 - Mis à jour le 08 décembre 2017 à 9h04
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Le marché du financement du commerce international, ou trade finance, fait l’objet de multiples projets liés à la blockchain. Le consortium R3 en a fait dès sa création l’un de ses trois axes phares. Depuis, d’autres groupes d’acteurs se sont formés dans toutes les régions du monde, pour créer des produits concurrents. 2018 devrait voir émerger plusieurs plateformes à la technologie, au business model et au protocole différents.

Remplacer les lettres de crédit

Plusieurs des projets montés en 2016 visent à remplacer le processus actuel des lettres de crédit (ou crédits documentaires), cet instrument utilisé par les grandes entreprises pour sécuriser un paiement entre un importateur et un exportateur. Les banques garantissent au fournisseur d’être payé si la marchandise est conforme et à l’acheteur qu’il n’aura à payer que si la prestation est bien effectuée. Ces lettres de crédit sont régies par des règles édictées par la Chambre de commerce internationale. Elles nécessitent la vérification de l’authenticité par les banques d’une longue liste de documents, du bon d’expédition à la liste de colis en passant par des certificats d’origine ou des certificats sanitaires.

Les documents transitent de l’exportateur vers sa banque puis vers la banque de l’importateur. Ces vérifications manuelles et basées sur un traitement papier prennent du temps, coûtent cher et mobilisent de nombreuses ressources humaines au sein des banques. Surtout, “80% des lettres de crédit contiennent des erreurs et 70% d’entre elles sont rejetées pendant le process à cause d’erreurs de données”, commente David Nicol, chef de projet chez R3, qui s’est attaqué au sujet.

Les recherches de cas d’usage de la blockchain se sont donc naturellement portées sur l’adaptation de ces lettres de crédit vers un service permettant de digitaliser les documents (comme le font déjà certains acteurs comme Bolero avec des services de messageries électroniques) mais aussi de les sécuriser via une technologie de registre distribué. Les documents seront toujours vérifiés par des humains, mais ils seront alors certifiés sur la blockchain et y transiteront plus rapidement.

BBVA a ainsi annoncé ce 27 novembre avoir effectué un pilote avec la start-up Wave en réalisant une transaction utilisant une lettre de crédit entre BBVA Espagne et BBVA Bancomer au Mexique. La start-up avait déjà effectué un test similaire avec Barclays en 2016. BBVA explique que l’opération a été réduite de 7 à 10 jours en moyenne à 2 heures et demie. Les deux acteurs n’ont pas encore annoncé leurs projets pour la suite mais “BBVA est très satisfait et nous continuons de travailler”, assure le CEO de Wave, Gadi Ruschin.

Chez R3, un projet a été lancé dès la création du consortium, fin 2015. Le groupe de travail, baptisé Voltron, comptait notamment parmi ses membres Société Générale mais la banque a quitté le projet, trop lent à son goût, fin 2016, pour s’investir davantage dans une autre initiative. Voltron est désormais composé d’un groupe de 13 banques, dont BNP Paribas et BBVA, et a annoncé un pilote pour 2017 et une mise en production pour 2018. “Les documents sont uploadés et approuvés par tous les participants pour réduire les erreurs et le temps nécessaire pour l’approbation de la lettre de crédit”, détaille David Nicol, chef de projet R3 de Voltron. Une entité juridique devra être créée par les banques pour gérer le service, révèle-t-il, mais rien n’a encore été annoncé.

Cadre juridique problématique

Reste que ces plateformes se confrontent à un problème : les règles de la Chambre de commerce international ne reconnaissent pas la valeur légale de la copie numérique d’un document. La numérisation des documents émis par des tiers pose donc des problèmes juridiques. La commission bancaire de la chambre de commerce internationale a créé en avril 2017 des groupes de travail réunissant un certain nombre de banques dont le français Société Générale pour travailler sur le sujet, révèle Anne-Claire Gorge (photo ci-contre), responsable des produits d’innovation pour la ligne métier commerce international du groupe Société Générale, mais “cela prendra du temps”. En attendant, les projets s’adaptent : “toute l’interaction n’est pas digitalisée, reconnaît David Nicol, de R3. C’est le processus d’approbation qui est facilité et une fois les termes de la lettre de crédit acceptés, des versions papiers sont imprimées par les banques.”

Autre obstacle : la nécessité de faire intervenir de multiples acteurs pour que le produit soit viable. Afin de transposer la lettre de crédit sur la blockchain, toutes les parties prenantes de la transaction devront être intégrées. Un chantier colossal. Les plateformes devraient se concentrer dans un premier temps sur des niches pour un déploiement progressif.

C’est la voie que semble emprunter le consortium d’acteurs japonais (banques, assurance, logistique…) formé autour de l’acteur technologique NTT Data. Trois PoC seront finalisés d’ici mars 2018, dont deux visant à sécuriser l’échange de documents de la lettre de crédit et un concernant l’assurance cargo.

Financer la supply chain

Les lettres documentaires ne sont utilisées que dans une minorité des transactions de commerce international – 10%, selon la Chambre de commerce international. Le reste des transactions sont financées la plupart du temps en “open account” (comptes ouverts), sans sécurité de paiement… sauf si les entreprises décident de recourir au mécanisme du BPO (Obligation Bancaire de Paiement), engagement donné par une banque à une autre de la payer. Le BPO offre des possibilités de “financement de la supply chain”, c’est-à-dire des financements pré ou post-expédition (affacturage, reverse factoring…) . Des processus qui pourraient aussi être simplifiés par le recours à un DLT.

Au sein de R3, deux groupes de travail sont consacrés au trade finance. Outre Voltron, qui se consacre donc à créer une alternative à la lettre de crédit, le projet Marco Polo travaille sur le volet “open account” et le financement de la supply chain. Vingt banques ont adhéré, dont Barclays, BBVA, ING, Wells Fargo et BNP Paribas. “Nous avons décidé de nous arrêter à 20 participants pour avancer de manière agile mais le projet a vocation à s’ouvrir beaucoup plus par la suite”, décrit Jacques Levet (photo ci-contre), responsable transaction banking EMEA chez BNP Paribas.

L’enjeu est de lutter contre la fraude et de gagner en efficacité, transparence et rapidité
Jacques Levet
Responsable Transaction Banking EMEA, BNP Paribas

L’objectif : créer une plateforme qui “peut gérer l’ensemble des formes de financement de la supply chain, les payables et les recevables, aussi bien pour les PME que pour des multinationales”, souligne le responsable. “Nous voulons simplifier tous les processus de trade qui sont aujourd’hui très manuels et surtout réconcilier toutes les informations entre les banques, les fournisseurs, le transporteur… L’enjeu est de lutter contre la fraude et de gagner en efficacité, en transparence et en rapidité.” Le paiement ne sera par contre pas géré sur la plateforme. R3 a choisi le partenaire technologique TradeIX pour développer la plateforme. Un PoC sortira avant la fin de l’année, dévoile Jacques Levet. “L’objectif est d’entrer en production d’ici fin 2018.”

Les éditeurs lancent d’ailleurs aussi leurs propres initiatives. Le 4 décembre, Infosys Finacle a annoncé le lancement d’une solution blockchain à destination des banques, baptisée Finacle Trade Connect, qui “aidera dans la numérisation des processus de financements commerciaux, incluant la validation de propriété, la certification des documents et les actions de paiements.” La solution vise non seulement les lettres de crédit mais aussi le compte ouvert et le financement de commandes et de factures.

We.trade : un projet hybride et original

En Europe, un consortium est aussi en train de monter un projet hybride. Sept banques (Natixis, Société Générale, Deutsche Bank, HSBC, KBC, Rabobank et UniCredit) ont signé en janvier une convention multilatérale à Bruxelles dans laquelle elles se sont engagées à développer et commercialiser une plateforme pour le trade finance et la supply chain destinée aux PME. Le 17 octobre dernier, le projet baptisé Digital Trade Chain a été renommé “we.trade” et a accueilli Banco Santander parmi ses membres. Le suédois Nordea a annoncé le 5 décembre avoir rejoint le consortium -sans précise s’il fera partie des actionnaires du joint-venture.

La plateforme travaille d’abord sur une solution de sécurisation financière, proche de  la lettre de crédit mais qui n’est pas soumise aux règles de la Chambre de commerce internationale. “Le crédit documentaire est très peu utilisé en intra-européen, sauf sur de grosses transactions en matières premières, explique Anne-Claire Gorge. we.trade va offrir une solution qui y ressemble pour les entreprises dont le besoin de sécurisation et de financement n’était pas couvert jusqu’ici. Elle permettra à l’acheteur et au vendeur de se mettre d’accord sur les termes de la transaction commerciale et sur les conditions de déclenchement automatique du paiement en créant un smart contract.” Une fois les conditions du smart contract réunies, le paiement est déclenché automatiquement (mais il passe toujours par les réseaux traditionnels et pas par la plateforme). Il ne s’agit pas de crédit documentaire et les banques s’engagent à payer à réalisation d’un événement numérique, et non après avoir authentifié des documents.

Le crédit documentaire est très peu utilisé en intra-européen
Anne-Claire Gorge
Responsable des produits commerce international, Société Générale Global Transaction Banking

Dans un premier temps, seules les banques participeront et le numéro de tracking des sociétés de transport sera utilisé pour suivre le transport. La qualité de la marchandise ou le nombre de colis ne pourront donc être garantis. “Mais à terme, l’objectif est de permettre à d’autres acteurs comme les sociétés d’assurance, d’inspection et de transport de se brancher sur la plateforme”, prévoit Anne-Claire Gorge.

We.trade prépare deux autres services qui seront disponibles dans le MVP : une garantie de paiement (même en cas de faillite ou d’insolvabilité) et le financement d’un différé éventuel de paiement. Dans le futur, d’autres financements pourront être intégrés, notamment en pré-expédition. “Ils pourront être développés par les banques ou fournis par d’autres acteurs du marché”, note Anne-Claire Gorge.

We.trade a créé un joint-venture en Irlande et le calendrier a été défini : la commercialisation est prévue pour le deuxième semestre 2018 et les entreprises clientes des banques fondatrices pourront commencer à tester la plateforme dès février 2018. “De nombreuses banques se sont déjà montrées intéressées à offrir we.trade à leurs clients, et l’objectif est de permettre à de nouvelles banques en dehors d’Europe d’utiliser la plateforme au plus vite”, ajoute Anne-Claire Gorge. 150 personnes sont impliquées sur le projet au total, avec des équipes multicompétences au sein de chaque banque (trade finance, IT, juristes…). Le comité de pilotage est composé d’un représentant par banque.

Les services seront tarifés par chaque banque et seule la plateforme technique sera mise en commun. Toutes les banques, actionnaires ou non, devront souscrire une licence pour l’utiliser. “L’objectif de la société n’est pas de gagner de l’argent et distribuer des dividendes à ses actionnaires. Si l’on marge, c’est pour enrichir le produit et payer des développements informatiques”, pointe Anne-Claire Gorge. Un cadre juridique commun est en train d’être défini.

IBM derrière deux projets majeurs

À la suite d’un appel d’offres, IBM a été choisi pour développer le projet de We.trade avec son protocole de DLT, Hyperledger fabric. “La technologie Hyperledger fabric nous a semblé être la plus mûre car Corda n’était pas encore complètement disponible au moment de l’appel d’offres et Ethereum ne présentait pas encore les garanties de gestion de confidentialité de données, déclare Anne-Claire Gorge. Par ailleurs, IBM est un partenaire puissant, capable d’apporter l’intégralité de la solution.” Récemment, we.trade aurait aussi fait appel à R3 pour travailler sur Corda, relate David Nicol – six des huit membres de We.trade sont aussi membres de R3.

Le choix d’IBM en tant que partenaire technologique peut en tout cas sembler étonnant puisque le géant travaille en parallèle sur un projet similaire avec un autre consortium. Le projet Batavia, fondé par IBM et UBS et rejoint par quatre autres banques, cherche lui aussi “à combiner la simplicité du compte courant avec la sécurité de la lettre de crédit mais sans utiliser de papier.” Le paiement est déclenché automatiquement via un smart contract après que les conditions édictées par les deux parties aient été réalisées, indique Fabio Keller, d’IBM Global Markets. Le MVP sera terminé au premier trimestre 2018 et la commercialisation est prévue pour la même année. Le consortium n’a cependant pas encore défini de structure juridique et de gouvernance.

Une muraille de Chine a été dressée entre les deux projets et les équipes travaillant sur Batavia et We.trade ne sont pas les mêmes. Mais les développeurs d’IBM échangent au sein du centre de compétences blockchain créé par l’éditeur. “Cela permet de progresser plus vite”, se félicite Fabio Keller. Les deux projets envisageraient à terme une fusion ou du moins une interopérabilité.

Bataille de protocoles et interopérabilité

Ces plateformes ne pourront être utilisées que pour les transactions où la banque de l’importateur et celle de l’exportateur sont toutes deux membres du consortium. Toutes misent sur un effet d’entraînement pour attirer de plus en plus de membres et gagner des parts de marché mais la perspective d’un acteur unique semble peu probable. D’autant que les banques seront peut-être frileuses à l’idée d’entrer sous licence sur une plateforme appartenant à des concurrentes et dont les données sont stockées, dans le cas de We.trade, dans le cloud d’IBM.

Très vite se posera donc la question de l’interopérabilité entre les différentes plateformes. Pour deux technologies utilisant le même protocole, comme We.trade et Batavia avec Hyperledger fabric, cela sera possible. Marco Polo et Voltron, tous deux basés sur le protocole Corda, envisagent aussi une fusion dans le futur, révèle à mind Fintech David Nicol, de R3.

Mais d’autres acteurs, comme Wave ou la start-up française Trade Quorum, qui commercialisent leur technologie en marque blanche, travaillent sur les blockchains publiques. Chez Trade Quorum, le choix s’est porté sur Ethereum. “Nous ne voulons pas entrer dans la guerre des plateformes, soutient Guillaume Dechaux, CEO. Nous voulons être interopérables et nous proposerons notre plateforme sous forme de Web app ou d’API, pour que ceux qui utilisent Hyperledger ou Corda puissent s’y connecter.” Reste que l’utilisation de technologies concurrentes aux principes d’architecture totalement différents compliquera l’interopérabilité.

des plateformes pour le marche secondaire
 
De nombreux acteurs technologiques travaillent sur le sujet du trade finance, souvent en collaboration avec les consortiums. Concurrent de Wave et TradeIX ou encore TradeCloud, le français Trade Quorum accéléré chez Level39 à Londres a développé une plateforme DLT pour permettre aux acteurs de la supply chain de s’échanger des documents de façon sécurisée et en temps réel, soit pour la lettre de crédit ou bien pour du financement.
 
Là aussi, les plateformes nécessitent d’atteindre une masse critique d’intervenants. “Nous vendons notre technologie en SaaS à des consortiums, révèle le CEO Guillaume Dechaux, et nous visons des supply chain de niches, des chaînes pas trop longues avec un nombre limité d’intervenants.”  La société espère en signer trois ou quatre d’ici la fin de l’année.
 
Mais l’objectif de la start-up est de lancer au second semestre 2018 une marketplace qui permettra aux investisseurs (family offices, fonds alternatifs), et “pourquoi pas les banques”, assure Guillaume Dechaux, de financer des transactions et pré-expédition. Un projet similaire à celui monté par CCRManager, consortium de banques (principalement asiatiques) qui travaille sur une plateforme de distribution pour le marché secondaire.

 


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Aude Fredouelle
  • blockchain
  • DLT
  • trade finance

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