Accueil > Investissement > Alexandre Delidais (AXA REV) : “Nous menons une vingtaine de projets de tailles significatives” Alexandre Delidais (AXA REV) : “Nous menons une vingtaine de projets de tailles significatives” AXA a organisé sa stratégie d’innovation autour de plusieurs structures : AXA Next, dédiée au développement de nouveaux business models, et AXA REV, pour piloter la stratégie autour des données et des technologies innovantes pour les activités du groupe. Alexandre Delidais, directeur intelligence artificielle et innovation technologique d’AXA et directeur d’AXA REV Lausanne, détaille les principaux axes de travail. Par . Publié le 12 novembre 2019 à 11h15 - Mis à jour le 28 janvier 2025 à 15h57 Ressources Quelles sont les missions d’AXA REV ? AXA REV a pour mission d’accompagner les entités d’AXA et les pays autour des sujets de la transformation. Nous partons toujours du besoin métier et essayons de voir comment les technologies combinées avec une meilleure utilisation des data peuvent résoudre de vrais problèmes business. Nous sommes également responsables de la gouvernance data du groupe et bénéficions de l’expertise d’une équipe dédiée à la recherche fondamentale, qui travaille entre autres sur l’éthique de l’intelligence artificielle. Comment est organisée cette activité ? Nous travaillons en co-création avec les différentes entités d’AXA. Ce n’est pas nous mais elles qui qui expriment leurs besoins. Nous travaillons ensuite avec l’objectif commun d’amener cette innovation en production. Nous avons la conviction qu’il faut regarder d’un côté le business et de l’autre, la technologie pour trouver comment résoudre un problème avec un vrai impact. Pour faire émerger des projets, il faut souvent “faire du porte-à-porte” pour aller vers les entités et comprendre leurs besoins. À force de succès et de projets tangibles, de plus en plus d’équipes nous sollicitent. Comment êtes-vous déployés sur le terrain ? AXA REV compte environ 130 personnes dans quatre pays. Les équipes sont principalement à Paris mais aussi au sein de nos antennes à Singapour (un peu moins de 25 salariés), Lausanne (une vingtaine) et nous développons un pôle à San Francisco. Nos centres d’expertise sont très proches des campus universitaires les plus prestigieux. Nous voulons être à la source de l’innovation pour capturer les tendances, voir ce qui marche ou pas, pouvoir recruter des talents mais aussi être au plus près de nos marchés. Quelle est votre politique de recrutement ? Nous sommes toujours en recrutement. Nous recherchons beaucoup de data scientists, car l’exploitation de la donnée est très importante dans notre business, mais aussi des profils de développeurs full stack. Nous nous dotons de toutes les compétences nécessaires pour remplir notre mission d’innovation mais aussi de mise en production. Cela comprend également des profils commes des product owners et des project managers. Nous voulons créer des équipes pluridisciplinaires capables de gérer toutes les phases, de l’idéation à la mise en production. Les développements sont-ils fait exclusivement en interne ? Au sein d’AXA, nous avons la volonté de devenir une “tech-led company”. Quand il y a un besoin, nous évaluons s’il est préférable de prendre une solution existante sur le marché qui permet d’aller vite ou développer notre projet en interne. Nous comparons les solutions des grands acteurs et des start-up. S’il n’y a pas de solution sur le marché, il faut que nous soyons capables de les développer nous-même, afin de s’assurer un avantage compétitif et ne plus attendre que certaines sociétés le fassent. Quel est le budget consacré à AXA REV ? Les projets sont menés en co-création. Il y a donc un partage de ressources autant humaines que financières. Chaque projet est différent. Nous avons un budget de fonctionnement pour nos 130 personnes, ce qui nous assure la base de notre mission. Ensuite, comme dans toute situation entrepreneuriale, si nous avons besoin de plus, nous pouvons demander des fonds à notre management en présentant un business case. Combien de projets menez-vous au sein d’AXA REV ? Nous menons en parallèle une vingtaine de projets de tailles significatives. Ce sont des projets dont l’horizon de production est proche, de l’ordre de quelques mois. Et nous avons des petits projets qui gravitent autour avec un avancement plus lent. Il s’agit de 20 à 25 projets plus exploratoires. Sur quels thèmes travaillez-vous ? Nous avons des activités sur l’imagerie aérienne pour rassembler des données environnementales afin de comprendre nos risques, par exemple pour les catastrophes naturelles. Il y a tout un pan sur les technologies conversationnelles (bots) pour améliorer l’expérience utilisateur. Sur les objets connectés, nous avons des connexions avec les secteurs de la santé, de l’automobile, de la construction et même du transport maritime. Nous travaillons également sur des plateformes (APIs) qui faciliteront nos interactions avec nos partenaires et clients. Nous avons aussi des activités visant à améliorer l’expérience client dans nos centres d’appels pour la gestion des sinistres. Par exemple, nous développons une solution unique de contrat numérique pour rendre le traitement plus fiable, plus clair et plus rapide. Ce sont des techniques de la modélisation de la loi et en particulier des contrats d’assurance. Mais cela peut aussi être de la traduction instantanée pour des services accessibles aux étrangers. Pouvez-vous détailler vos travaux sur les technologies conversationnelles ? Les chatbots représentent un sujet phare. Dans un monde digital, nous avons besoin de rendre plus dynamiques les solutions que nous allons fournir. Nous avons mené un projet à Hong Kong dans le domaine de la santé. Il s’agit d’une application mobile avec un chatbot. Les métriques sur l’usage sont très encourageants. Nous nous appuyons sur les résultats de la première version pour développer une deuxième version. Plus nous nous approchons de besoins adaptés à chaque utilisateur, plus nous devons automatiser des processus. D’autre part, nous devons pouvoir communiquer avec nos clients dans les interfaces de tous les jours (chats, web…). Cela est rendu possible en intégrant de l’intelligence entre nos clients et leurs données. L’efficacité du chatbot dépend ainsi de la qualité de l’entraînement de l’IA utilisée. Vous travaillez également sur les objets connectés. C’est encore très émergent, mais de plus en plus d’usages voient le jour. Toutes les données venant de ces objets nous permettent de délivrer un bien meilleur service, que ce soit pour comprendre les risques de nos clients ou faire de la prévention. Nous devons développer des capacités dans ce domaine. Nous avons déjà des prototypes et des pilotes mais peu de choses en production qui viennent d’AXA REV. Je pense que ça devrait arriver en 2020. La santé est bien sûr un domaine qui nous intéresse, ces capteurs qui permettent de ce monitorier soit même permettent déjà de faire un premier niveau de prévention et permettront des services de santé beaucoup plus intégrés. Vous ne citez pas certaines technologies comme la blockchain. Les avez-vous écartées ? Depuis 5 ans que je travaille chez AXA, je constate qu’il y a assez peu de technologies qui ne s’appliquent pas au monde de l’assurance. Il n’y a donc jamais une technologie pour laquelle nous nous disons : ça ne sert à rien. La question est plutôt : est-ce le bon moment ? Pour les objets connectés, nous avons commencé il y a deux ans et demi. Nous sommes toujours dans une logique de “test and learn”. Sur la blockchain, nous n’avons pas trouvéde “killer application” Alexandre Delidais Directeur d’AXA REV Lausanne Sur la blockchain, nous avons fait un énorme travail fin 2018-début 2019, mais n’avons pas trouvé de “killer application”. Actuellement, la technologie redevient intéressante, car en se digitalisant, nos services deviennent de plus en plus connectés à nos partenaires et la blockchain a un rôle à jouer pour rendre ses interactions plus traçables et sures. Notre entité à Singapour est en train de se spécialiser sur ce sujet. Nous aurons surement des projets pilotes en 2020. Avez-vous déjà des projets en production ? Depuis la création d’AXA REV, au moins une dizaine de projets sont entrés en production et sont actuellement en opération à différents stades de maturité. Quels sont les ROI ? Lorsque l’on fait de l’innovation, il faut prendre des risques sur le long terme. La mesure est difficile car nous avons encore peu de recul sur nos projets. Nos déploiements montrent déjà des effets positifs, mais, il est aujourd’hui un peu tôt pour déterminer le ROI. Rappelons qu’il faut 3 à 5 ans avant de pouvoir démontrer la valeur d’une start-up. Ce contenu a été réalisé par la rédaction de mind Health, service d’information professionnelle consacré à la mutation des industries de santé. blockchaininnovationintelligence artificielleobjets connectés Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind À lire Entretien Cécile Wendling (AXA) : “La confiance devient endogame, et c’est un enjeu pour les assureurs” Entretien Sandrine Coulange : "80% des efforts d’AXA Next concernent la santé"