Accueil > Investissement > Bilal el Alamy (Equisafe) : “Nous avons choisi Tezos pour sa communauté, sa sécurité, sa scalabilité et son évolutivité” Bilal el Alamy (Equisafe) : “Nous avons choisi Tezos pour sa communauté, sa sécurité, sa scalabilité et son évolutivité” Equisafe est une fintech spécialisée dans la tokenisation d’actifs dont les solutions sont basées sur le protocole Tezos. Son président et co-fondateur, Bilal el Alamy, dévoile un partenariat avec la société de gestion d’actifs immobiliers Koytcha Immo et évoque la candidature de son entreprise à l’expérimentation de la Banque de France sur la MDBC. Par . Publié le 06 mai 2020 à 14h42 - Mis à jour le 28 janvier 2025 à 15h54 Ressources Quelle est l’activité d’Equisafe ? Equisafe est une société technologique spécialisée dans la numérisation des activités d’investissement et de gestion d’actifs. Nous offrons notamment une plateforme de services pour la tenue de registres : registres d’actionnaires, registres obligataires, registres de fonds…, tout ce qui nous permet de coïncider avec la définition d’un instrument monétaire et financier. Nos jetons correspondent à cette définition et en remplissent tous les critères ; ils donnent les droits de votes correspondant au montant de la transaction, les droits de dividendes, etc. Pourquoi utiliser la blockchain pour tenir de tels registres ? Dans les marchés du non-coté comme de l’immobilier, pour le moment, l’actionnariat est tenu dans un cahier Clairefontaine, à la main. Quand il y a cession de titres, on y note les détails de la transaction (nature du transfert, identité des parties prenantes, montant…), et un avocat signe pour apporter la preuve que la transaction est vérifiée et valide. C’est long, coûteux et archaïque, surtout comparé au marché coté, où tout est déjà numérisé. Or, grâce au “décret blockchain” du 24 décembre 2018, le droit français reconnaît désormais la valeur de preuve d’un smart contract [autrement dit, une transaction inscrite dans un “dispositif d’enregistrement électronique partagé” (DEPP) représente un contrat valide, NDLR]. En pratique, vous avez donc installé votre plateforme sur un registre distribué (DLT)… Cela nous a permis d’automatiser énormément de règles métier : des règles de cession, d’acquisition, de KYC, etc. Pour y parvenir, nous avons notamment participé à la construction du standard d’échange d’instruments financiers Nyx, qui est constitué de quatre smart contracts distincts dont l’un, par exemple, est dédié à la gestion de l’identité. Sur un legacy system, une cession de parts prendrait au minimum une semaine, mais avec la blockchain, nous sommes capables de la réaliser en une minute. Vous annoncez avoir signé un partenariat avec Koytcha Immo. Quels services lui proposez-vous ? Koytcha Immo est un cabinet spécialisé dans la gestion de biens locatifs. La société gère une vingtaine de foncières, et doit, lors des assemblées générales, faire voter quelques 560 personnes. Nous l’avons donc aider à numériser tous ces processus et à automatiser ce qui pouvait l’être. La tenue de son registre, la connaissance client ou encore la vérification de la conformité de la transaction se font automatiquement via notre plateforme. Cela permet ensuite de faciliter la gouvernance. Auparavant, Koytcha Immo demandait aux investisseurs de voter par mail, devait les relancer jusqu’à l’obtention d’une réponse, puis centraliser toutes les informations dans ses propres dossiers. Aujourd’hui, l’investisseur accède à l’espace dédié à la gestion d’actifs sur notre plateforme, prend part au vote, puis l’opération est automatiquement remontée à Koytcha. La totalité de votre clientèle est-elle spécialisée dans l’immobilier ? Pour le moment, c’est le créneau sur lequel nous avons souhaité nous spécialiser, car plusieurs membres de l’équipe ont une expérience dans l’immobilier. C’est aussi un secteur qui souffre d’un lourd déficit de numérisation et qui reste un vecteur d’investissement apprécié des Français, même si Koytcha Immo travaille aussi aux Etats-Unis, et, hors de France métropolitaine, à La Réunion. Un autre client, Masteos, nous a permis de travailler sur un cas d’usage intéressant avec Rent Token ; la création d’un marché secondaire de l’investissement locatif. L’investisseur primaire peut céder quelques parts de sa propriété contre des capitaux, et ceux qui étaient privés du marché de l’investissement locatif parce qu’ils sont en CDD, en freelance, ou dans d’autres situations qui ne leur permettent pas d’emprunter, obtiennent ainsi un accès à la propriété. Nous réfléchissons par ailleurs à nous ouvrir plus largement, à des acteurs tels que des PME, et au marché de l’art. Quel est votre business model ? À l’origine, nous envisagions une offre tripartite : l’onboarding des investisseurs d’un côté, la plateforme en SaaS de l’autre, et une plateforme en marque blanche. Mais nous avons fait évoluer notre positionnement pour ne plus proposer que du Software-as-a-Service. Quel est le modèle de facturation ? La facturation dépend de l’usage – différents packages sont proposés, avec plus ou moins de fonctionnalités – et de la consommation de transactions blockchain. Quel est le coût d’une transaction ? Sur la blockchain ? Probablement 5 centimes. Mais pour certifier une cession de titres chez un avocat, on avoisine les 500 euros, sans compter le temps nécessaire. Nous avons donc établi un prix dont la moyenne pondérée s’établit autour de 23 euros. À vos débuts, vous utilisiez Ethereum, puis vous êtes passé à Tezos, avec qui vous avez travaillé sur Nyx. Pourquoi ce changement ? On a débuté sur Ethereum parce que c’était la technologie sur laquelle il y avait le plus de documentation. Cela nous a permis de développer très vite ce que l’on voulait. Mais au fil du temps, nous avons eu des doutes sur certaines fonctionnalités et nous avons cherché ailleurs. Tezos montait en puissance et nous avons vu que le protocole répondait aux limites que l’on soupçonnait sur Ethereum, notamment en matière de sécurité des smart contracts. Nous avons trouvé une communauté forte, la sécurité que nous cherchions, une plus grande scalabilité, aussi – si Ethereum peut enregistrer 10 opérations par secondes, Tezos en est déjà à 100 -, et la possibilité de se mettre à jour elle-même, sans fork, ce qui n’est pas le cas de toutes les DLT. Après, comme un fournisseur de services en nuage permettrait à son client d’utiliser AWS ou Google Cloud selon sa préférence, nous avons gardé la possibilité de réaliser des transactions sur Ethereum. Si un investisseur souhaite un jour acquérir une action d’une entreprise qui a décidé de ne se baser que sur ce protocole, il ne se retrouvera pas bloqué. La Banque de France a publié un appel à candidature pour expérimenter sur la Monnaie digitale de banque centrale, allez-vous candidater ? Nous créons un consortium d’acteurs pour y répondre en groupe. L’appel propose d’expérimenter sur trois axes différents et nous souhaitons nous concentrer sur la question du règlement-livraison. Aujourd’hui, lorsque vous achetez une action, les fonds sont bloqués pendant un temps jusqu’à ce que vous receviez l’action. Avec la blockchain, nous souhaitons parvenir à un règlement-livraison instantané, pour réduire ce risque de contrepartie à zéro (ce que développe aussi LiquidShare, ndlr). Et puis, en termes d’usage des clients finaux, nous voulons rendre l’émission d’un ordre de vente dans le non-coté, son partage et la réalisation de la transaction aussi simple que lorsqu’on partage un article à un proche via son smartphone. Nous voudrions qu’il soit aussi simple d’investir dans le non-coté que d’acheter un livre sur Amazon. Quel impact a eu la crise du coronavirus sur vos activités ? La mobilisation que nous avons vu se créer nous a donné envie d’apporter notre pierre à l’édifice. Nous avons donc décidé de proposer une forme de levée de fonds pour plusieurs ONG à la fois, via notre plateforme. Par certains aspects, l’opération ressemblerait à une prise participation classique : certes, il s’agirait de dons et non pas d’investissements, mais les donateurs obtiendraient un droit de vote équivalent à leur contribution. Cela leur permettrait ensuite de se prononcer pour le ou les projets dans lesquels ils souhaitent voir l’argent investi. Nous avons rédigé un mémorandum qui détaille l’opération telle que nous l’imaginons, et avons déjà reçu des retours positifs. Trois associations se sont montrées particulièrement enthousiastes et nous attendons d’en avoir une dizaine pour lancer le projet. blockchaininvestissementinvestissement immobilierstablecointokenisation Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind À lire Le Gouverneur de la Banque de France envisage deux types de monnaies digitales de banque centrale Quelles perspectives pour les stablecoins ? La Banque de France retiendra au maximum dix dossiers pour son expérimentation sur la MDBC