Accueil > Investissement > Cryptoactifs > Stripe accélère sur les stablecoins avec des comptes crypto pour les entreprises Stripe accélère sur les stablecoins avec des comptes crypto pour les entreprises Le prestataire de services de paiement Stripe lance, en bêta privée, des comptes de paiement en stablecoins dans 101 pays. Adossée à l’acquisition de Bridge, l’offre cible les entreprises confrontées à l’instabilité monétaire et s’inscrit dans la dynamique croissante entre finance traditionnelle et cryptoactifs. Par Antoine Duroyon. Publié le 14 mai 2025 à 11h12 - Mis à jour le 14 mai 2025 à 11h13 Ressources Stripe a présenté, lors de son événement annuel Stripe Sessions à San Francisco, une série de nouveautés, dont l’une des plus emblématiques est le lancement de comptes basés sur des stablecoins. À peine trois mois après avoir finalisé l’acquisition, pour 1,1 milliard de dollars, de Bridge, une plateforme d’orchestration de stablecoins utilisée par des développeurs, ces comptes (stablecoin financial accounts), sont en cours de test auprès d’un nombre limité d’entreprises, dans 101 pays. Ils leur permettent “de détenir un solde en stablecoins, de recevoir des fonds via des rails crypto et fiat [en dollars, Ndlr] (comme ACH et Sepa), et d’envoyer des stablecoins presque partout dans le monde”, souligne Stripe. Le tout, depuis leur tableau de bord Stripe. Se couvrir contre l’inflation Dans un premier temps, deux stablecoins adossés au dollar seront pris en charge : l’USDC, émis par Circle, et l’USDB, un stablecoin émis par Bridge. Le prestataire de services de paiement américain met en avant l’intérêt de ces comptes pour des entrepreneurs dans des pays à monnaie volatile, cherchant à se couvrir contre l’inflation. Les pays concernés par ce service incluent, par exemple, l’Argentine, l’Angola, la Turquie ou encore la Colombie. Par ailleurs, les entreprises n’ont pas à se soucier de la conservation de leurs stablecoins – cette fonction est assurée par Bridge – ni à dépendre d’une plateforme d’échange pour détenir leurs cryptoactifs. Cette initiative s’inscrit dans un contexte de croissance explosive du marché des stablecoins, qui a atteint des sommets historiques en ce début 2025. La capitalisation totale du secteur a dépassé la barre des 233 milliards de dollars début avril, selon AMINA Bank (anciennement SEBA Bank), avec une progression de près de 10 % depuis janvier. Selon des données de CoinMarketCap, relayées par sa maison mère, Binance, le marché reste dominé par deux acteurs majeurs : Tether (USDT), avec plus de 150 milliards de dollars (61 % du marché), et USD Coin (USDC), avec 59 milliards (25 % du marché), ce dernier étant justement l’un des stablecoins proposés par Stripe. “Au cours de l’année écoulée, les volumes de transactions en stablecoins ont augmenté de plus de 50 %. Parce que les stablecoins permettent de transférer de l’argent plus rapidement et à moindre coût à l’échelle internationale, de nombreuses entreprises se tournent vers Stripe pour les aider à définir leur stratégie en la matière. Mais un défi demeure : rendre possible le paiement en stablecoins dans les entreprises qui n’acceptent que les monnaies fiduciaires”, explique Stripe. Cette croissance s’accompagne d’une adoption accélérée, avec le nombre d’utilisateurs actifs passant de 19,6 millions début 2024 à plus de 30 millions en février 2025, selon une étude d’Artemis et Dune, tandis que les volumes de transfert mensuels ont bondi de 115 % en glissement annuel, atteignant 4 100 milliards de dollars. Promesses et réalités du paiement en cryptoactifs Pour répondre à cet enjeu, Bridge a conclu un partenariat avec Visa. Celui-ci permet aux clients de Bridge de proposer des cartes Visa en stablecoins afin d’effectuer des achats du quotidien. Pour assurer le transfert et la conversion des stablecoins vers et depuis ces cartes, Bridge s’appuie sur son partenaire Lead Bank, une plateforme américaine de Banking-as-a-Service. Cet accord concerne dans un premier temps des pays d’Amérique du Sud : Argentine, Colombie, Équateur, Mexique, Pérou et Chili. Il sera étendu “dans les prochains mois” à l’Europe, à l’Afrique et à l’Asie. MoneyGram s’appuie sur l’USDC Stripe n’est pas le seul acteur à s’intéresser de près aux stablecoins. Les annonces se sont multipliées ces dernières semaines. Le service de transfert d’argent MoneyGram a présenté début mai une API à destination des développeurs, vouée à faciliter les échanges entre cash et cryptoactifs. Elle repose sur la blockchain Stellar, le stablecoin USDC et le réseau mondial de MoneyGram. Circle, l’émetteur de l’USDC, a pour sa part dévoilé le Circle Payments Network (CPN), un réseau reliant les institutions financières pour les paiements internationaux et les règlements en temps réel. Quant à Meta, la maison mère de Facebook, Instagram et WhatsApp, elle envisage d’adopter les stablecoins afin de rémunérer les créateurs de contenus à l’étranger, selon Fortune. Le groupe reviendrait ainsi à l’offensive, plus de trois ans après l’échec d’un projet de stablecoin baptisé Diem (anciennement Libra). Cette effervescence s’explique notamment par l’évolution du cadre réglementaire, particulièrement aux États-Unis, où plusieurs projets de loi ont été introduits au Congrès depuis février 2025, visant à établir un cadre juridique pour les “stablecoins de paiement” (Stable Act). Selon David Pakman, directeur associé chez CoinFund interrogé par Axios, l’offre mondiale de stablecoins pourrait même atteindre le seuil symbolique de 1 000 milliards de dollars d’ici la fin de l’année, représentant alors environ 1 % de la masse monétaire M2 des États-Unis.Les acteurs historiques du paiement commencent à bâtir des infrastructures permettant d’intégrer des stablecoins dans les systèmes existants. Ces avancées “permettront à un plus grand nombre de personnes d’utiliser directement les stablecoins. En facilitant et en rendant plus intuitive leur intégration, nous observerons également des effets de réseau accrus : davantage d’entrepreneurs développeront une nouvelle génération de produits fondés sur de l’argent programmable, quasiment instantané et presque gratuit”, anticipe Sam Broner, partner chez a16z crypto. Plus de soixante lancements annoncés à San Francisco Parmi les autres annonces faites à San Francisco, Stripe a dévoilé son premier modèle de fondation pour les paiements. Entraîné sur plusieurs dizaines de milliards de transactions, ce modèle vise à “capturer des centaines de signaux faibles sur chaque paiement” et sera déployé sur l’ensemble de la gamme de produits. Le PSP indique que ce nouveau modèle a déjà permis d’accroître son taux de détection d’attaques sur de grandes entreprises de 64 %, quasiment dès son application. Au total, Stripe a partagé plus de soixante lancements, dont la prise en charge de 25 nouvelles méthodes de paiement (dont UPI et PIX), une nouvelle offre de paiements gérés, le traitement des réclamations grâce à l’IA ou encore le déploiement plus large de son produit Stripe Tax, dédié aux obligations fiscales. Antoine Duroyon paiements internationauxstablecoin Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind À lire Coinbase va faciliter l'adoption du stablecoin de PayPal Circle dévoile son réseau de paiements internationaux aux standards des institutions financières Stablecoins : Coinbase accueille l'équipe d'Utopia Labs Stripe renforce sa présence dans les cryptoactifs avec l'acquisition de Bridge