Accueil > Investissement > Jean-Baptiste Graftieaux (Bitstamp) : “Nous souhaitons déployer le paiement en un clic pour faciliter l’accès aux cryptoactifs” Jean-Baptiste Graftieaux (Bitstamp) : “Nous souhaitons déployer le paiement en un clic pour faciliter l’accès aux cryptoactifs” La plateforme d’échange européenne Bitstamp est arrivée dès 2011 sur le marché des cryptoactifs. Au-delà des early-adopters sur le segment retail, la plateforme veut capter des profils moins experts. Son CEO Europe Jean-Baptiste Graftieaux revient sur l’offre de Bitstamp et ses axes de développement. Par Caroline Soutarson. Publié le 03 mai 2022 à 11h22 - Mis à jour le 28 janvier 2025 à 15h50 Ressources Quelle est la genèse de Bitstamp ? Bitstamp a été créée en 2011 en Slovénie. À l’époque, il fallait passer par le Japon pour détenir des cryptoactifs et une opération d’achat pouvait demander deux à trois jours. C’est cette difficulté que les cofondateurs ont souhaité surmonter en proposant d’acheter des cryptoactifs en passant par une banque européenne. Depuis 2016, Bitstamp est régulée en tant qu’institution de paiement au Luxembourg. Nous avons passeporté l’agrément afin de déployer notre activité dans toute l’Union européenne. Nous sommes également régulés dans 38 États des États-Unis, y compris dans l’État de New York [où Bitstamp a obtenu la BitLicense en 2019, NDLR]. Vous évoquez votre collaboration avec une banque alors que les acteurs du secteur semblent plutôt être persona non grata chez les acteurs bancaires. Comment persuadez-vous les banques de s’associer à votre activité ? Nous suivons des exigences strictes en termes de lutte contre le blanchiment et le financement du du terrorisme et nous avons mis en place un processus de KYC pour garantir que nos clients ne figurent pas sur des listes de sanctions. L’ensemble de ces dispositifs ainsi que nos agréments obtenus sont des preuves de confiance. Nous sommes la plateforme d’échange de cryptoactifs qui dénombre le plus grand nombre de partenaires bancaires. Nous en avions 3 en 2014, ils sont une quinzaine aujourd’hui répartis entre le Royaume-Uni, les États-Unis, l’Asie, l’Allemagne, la Slovénie et la Lituanie. Les banques permettent les virements sur Bitstamp dans le but d’acheter des crypto sur la plateforme. Dans quels pays êtes-vous présent ? Nous sommes basés à Londres, où se trouve la majorité de nos équipes. Nous réunissons 200 personnes réparties sur cinq bureaux en Slovénie, 60 à Luxembourg, entre 30 et 40 à New York et une vingtaine à Singapour. Nous sommes 850 au total. Le recrutement doit être compliqué sur ce nouveau secteur concurrentiel. Cherchez-vous forcément des profils expérimentés ? Nous proposons un programme de formation pour les nouveaux entrants, notamment sur les aspects juridiques, que leur rôle dans l’entreprise soit en rapport ou non avec les cryptoactifs. Il y a même un test pour évaluer ses compétences, qu’il est possible de passer plusieurs fois. Enfin, nous avons mis en place une newsletter hebdomadaire pour que les équipes soient toujours au fait des innovations du secteur. Quels sont les services proposés par Bitstamp ? Bitstamp fournit trois types de produits : l’achat et la vente de cryptoactifs, le staking, ainsi qu’une solution en marque blanche pour les institutionnels afin qu’ils proposent ces services à leurs utilisateurs. Ce dernier produit représente 70 % des revenus de Bitstamp. Revolut et Swissquote l’ont adopté. L’agrément d’établissement de paiement n’est pas suffisant pour proposer ce genre de services en France. Prévoyez-vous d’être enregistré en tant que prestataire de services en actifs numériques (PSAN) ? Nous avons entamé des démarches réglementaires dans huit pays importants au niveau de l’Europe, dont la France, en attendant de pouvoir être agréé au niveau européen [avec la future réglementation Markets in cryptoassets, NDLR]. Quel est le business model de Bitstamp ? En tant que plateforme d’échange, nous prenons une commission sur les transactions d’achat et de vente. Nous avons mis en place une grille tarifaire dégressive en fonction du montant d’actifs échangés dans le mois, à partir de 0,5 % pour moins de 10 000 dollars, puis 0,25 % en-dessous de 200 000, etc. La grille est la même pour nos clients retail que pour les institutionnels. Cela dit, le volume d’affaires des institutionnels s’élève à plusieurs millions, voire dizaines de millions de dollars, donc les commissions démarrent généralement à 0,03 %. Concernant l’activité en marque blanche, il n’y a pas de frais d’intégration de la solution. Nous contractualisons à partir d’un volume d’affaires anticipé puis l’entreprise définit son prix de revente par rapport à ses coûts marketing, de KYC… Sur l’offre de staking, nous prélevons une commission de 15 % sur les intérêts que le client va percevoir. Pour pouvoir staker, il faut pouvoir réunir 60 000 à 100 000 euros en fonction de la blockchain, ce qui exclut de fait nos clients particuliers. Quels sont vos indicateurs de performance ? En 2020, notre chiffre d’affaires s’élevait à 79 millions de dollars, pour un bénéfice avant impôts de 21,5 millions de dollars. Nous comptons 5 millions d’utilisateurs particuliers en direct, entre 10 et 15 millions de manière indirecte, via notre activité en marque blanche, et 2 000 clients institutionnels. Environ 65 % de notre activité se situe en Europe, 25 % aux États-Unis et 10 % en Asie. Nous gérons plus de 1 milliard de dollars de transactions en ligne par jour grâce à 77 cryptoactifs listés sur notre plateforme. Binance propose plus de 600 cryptoactifs à l’achat. Pourquoi n’en proposer “que” 77 ? Nous opérons une sélection dans les cryptoactifs ajoutés à notre plateforme. Il y a plus de 15 000 cryptoactifs au total et beaucoup sont basés sur des projets fantômes. Les ajouter ne serait pas bon pour notre réputation. Nous analysons donc les projets en fonction du business model, des investisseurs, de la sécurité informatique… En outre, nous souhaitons proposer à nos clients des actifs liquides. Vous êtes aujourd’hui un acteur installé dans le paysage crypto. Quels sont vos axes d’évolution ? Nous avons plusieurs chantiers en cours. Tout d’abord, nous travaillons à l’ajout de produits dérivés sur la plateforme, notamment pour nos clients early adopters. En parallèle, nous voulons aussi élargir notre clientèle retail. Notre plateforme peut aujourd’hui apparaître comme assez complexe, avec des fonctionnalités pensées pour les traders. C’est pourquoi nous souhaitons développer une application grand public, pour viser les jeunes et les personnes âgées, avec la mise en place du paiement en un clic pour faciliter l’accès aux crypto. Caroline Soutarson cryptoactif Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind À lire Les Français sont sceptiques envers les crypto Notes de synthèse gratuit Comprendre les crypto-actifs