Accueil > Investissement > [Info mind Fintech] Paul Mizrahi, Julien Creuzé (BlackFin) : “Nous lançons un deuxième fonds tech, avec un objectif de 400 millions d’euros” [Info mind Fintech] Paul Mizrahi, Julien Creuzé (BlackFin) : “Nous lançons un deuxième fonds tech, avec un objectif de 400 millions d’euros” Après un premier fonds de 180 millions d'euros bouclé à l'été 2018, la société de capital-risque BlackFin Capital Partners a lancé un second fonds dédié à la tech. Objectif : collecter 400 millions d'euros. Paul Mizrahi, founding partner, et Julien Creuzé, partner, reviennent sur le modèle distinctif de BlackFin. Par Antoine Duroyon. Publié le 12 juillet 2021 à 14h34 - Mis à jour le 28 janvier 2025 à 15h52 Ressources Comment se déploient les stratégies d’investissement de BlackFin Capital Partners ? Paul Mizrahi : BlackFin Capital Partners gère deux stratégies. La première, initiée depuis le lancement de la société de gestion en 2009, est une stratégie de buyout. Elle consiste à investir exclusivement dans le secteur des services financiers en Europe continentale en se spécialisant sur les sociétés “asset light”, c’est-à-dire sans bilan. Nous avons levé en 2019 notre troisième fonds de buyout qui totalise 985 millions d’euros. Quelles performances enregistrez-vous ? PM : Avec le premier fonds de buyout, nous avons compté 12 sociétés dans le portefeuille. Nous en avons désinvesti 11 et la dernière participation devrait être cédée dans les douze prochains mois. Le TRI (taux de rendement interne, ndlr) net ressort à 17 % et nous obtenons un multiple nettement au dessus de deux. Au fil du temps, nous avons affiné notre stratégie et amélioré notre exécution. Si le deuxième fonds de buyout est encore jeune, avec 2 sorties sur les 10 sociétés en portefeuille, nous nous orientons vers des performances qui vont être très supérieures à celles du premier fonds. Ce qui est notable également, c’est l’élargissement progressif de notre base d’investisseurs, hors des frontières hexagonales. Si on prend la levée de notre troisième fonds de buyout, 40 % des investissements proviennent d’institutionnels français, 30 % d’autres pays européens (Royaume-Uni inclus) et 30 % des États-Unis. Parlez-nous de votre seconde stratégie d’investissement ? PM : Il y a un peu moins de 5 ans, nous avons décidé d’aller sur le marché de la tech. Les banquiers et les assureurs avaient mis en tête de leurs priorités la digitalisation, l’évolution de leur stack technologique, la création de nouveaux business models, etc. Nous avons donc créé une équipe dédiée au sein de BlackFin à cette thématique tech. Julien Creuzé : Notre marque de fabrique, c’est l’investissement dans des modèles BtoB. Nous couvrons quatre clusters : les logiciels métiers pour les assurances et les banques (Friss, Akur8, Hawk AI…), les services aux PME (Agicap, Epsor…), la reconstruction des back-end (Modularbank, Memo Bank…) et la finance embarquée. Notre premier fonds tech a été bouclé à l’été 2018, à hauteur de 180 millions d’euros. Nous comptons 16 sociétés en portefeuille, dont 15 sont publiques et la dernière sera dévoilée en septembre. Sur ces 16 dossiers, 7 sont en France et 9 à l’étranger (Allemagne, Benelux, Espagne, Estonie…). Plus de 40 % des opérations touchent le segment de l’insurtech, ce qui est supérieur au dealflow sur le marché. Comment est organisée l’équipe d’investissement ? JC : L’équipe d’investissement spécialisée sur la tech compte 9 personnes, réparties entre les bureaux de Paris, Francfort et Bruxelles. Nous ouvrirons un nouveau bureau à Londres, pour lequel nous avons recruté Loïc Fonteneau, un ancien de JPMorgan, et qui comptera trois personnes. Nous nous appuyons aussi sur la plateforme BlackFin pour les fonctions support et sur notre réseau européen de venture partners. Quels sont vos projets pour cette stratégie tech ? JC : Sur le premier fonds, il nous reste de l’argent pour accompagner la croissance des sociétés du portefeuille et nous avons encore quelques opérations à conclure cet été. La prochaine étape est la levée d’un deuxième fonds, de taille plus importante, puisqu’il visera 400 millions d’euros. PM : La levée du deuxième fonds tech a démarré. Notre objectif est de réaliser un premier closing vers la fin du mois de septembre, avec les investisseurs existants. Nous observons aussi un intérêt très fort d’investisseurs qui sont dans nos fonds de buyout et qui souhaiteraient aussi nous accompagner sur cette stratégie tech. Ce fonds bénéficie du label Tibi, ce qui est un élément intéressant pour des investisseurs français. Il y a aussi un appétit manifesté par des investisseurs aux Etats-Unis qui s’intéressent de plus en plus à la tech en Europe. De manière générale, les retours de nos investisseurs montrent qu’ils trouvent une proposition différenciée : ils bénéficient de “l’upside” d’un fonds venture avec la perception d’un portefeuille moins risqué grâce à notre stratégie BtoB. Ce deuxième fonds tech se veut-il orienté growth ? JC : Nous avons le sentiment que les stades de maturité sont en train de disparaître. Des investisseurs seed ont des opportunités pour traiter des dossiers late et inversement, des fonds late rentrent beaucoup plus tôt dans les dossiers. Notre conviction, c’est que le stade n’a pas tellement de sens puisque ce qui compte dans les services financiers, c’est l’expertise sectorielle, la capacité à comprendre les modèles et à aller vite pour concrétiser les bonnes opérations, puis accompagner les sociétés post-investissement. Nous renforçons notre approche multi-stade mais il est certain qu’avec 400 millions d’euros, nous serons mieux armés pour de gros deals. Quel regard portez-vous sur les valorisations en cours dans le secteur ? JC : La valorisation ne peut pas être décorrélée de la croissance et il n’est pas judicieux d’appliquer les modèles de valorisation habituels à des sociétés qui sont en croissance exponentielle. Nous sommes convaincus que ce qui se passe dans le paiement en ligne, où des acteurs sont capables de prendre des parts de marché significatives et de bâtir des business models solides, va s’étendre au reste des services financiers. Quelles sont les thématiques d’investissement qui émergent ? JC : Nous sommes en veille active sur ce qui passe dans le marché. Nous observons depuis quatre ans les développements du secteur crypto et ça fait 1 an qu’on se dit que le marché est en train de s’institutionnaliser. Nous avons identifié une belle opportunité avec Tesseract qui est un acteur qui permet aux institutionnels de s’exposer au marché crypto. On développera cette approche avec le prochain fonds. D’autres thèmes sont aussi sur la feuille de route, notamment l’ESG pour les marchés de capitaux et la gestion de patrimoine. Des acteurs du capital-risque, notamment Partech, prévoient de lancer un Spac. Comment analysez-vous ce phénomène ? PM : Nous regardons ce sujet avec attention. Le Spac est un outil intéressant pour permettre à des sociétés matures d’accéder aux marchés cotés dans des conditions plus efficaces. Cela pourrait créer de belles opportunités de sorties pour nos fonds tech. Nous voyons donc le Spac comme un facteur de liquidité supplémentaire pour nos participations. C’est une vraie tendance. Antoine Duroyon capital-risque Besoin d’informations complémentaires ? 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