Accueil > Investissement > Retour de Money20/20 : du KYC à profusion et des inquiétudes sur les valorisations Retour de Money20/20 : du KYC à profusion et des inquiétudes sur les valorisations Le salon Money20/20, qui s'est récemment tenu à Amsterdam, est un révélateur des grandes tendances du secteur. L'impact du contexte économique sur la valorisation des modèles et la digitalisation croissante des transactions à l'ère de la plateformisation étaient au cœur des échanges. Par Antoine Duroyon. Publié le 15 juin 2022 à 15h56 - Mis à jour le 03 novembre 2022 à 9h31 Ressources Revenu à sa pleine capacité après l’épisode du Covid, le plus grand salon européen de la fintech Money20/20, qui s’est déroulé du 7 au 9 juin à Amsterdam, a donné un aperçu du monde d’après, côté fintech. Signe que la digitalisation croissante des interactions et des transactions ces dernières années n’a pas eu que des effets bénéfiques, une foule de vendeurs proposait des solutions d’optimisation des vérifications KYC/AML. Le marché a également questionné les cas d’usage de l’open banking, en particulier de l’initiation de paiement, alors que des consultations viennent de s’ouvrir sur l’avenir de la DSP2. C’est d’ailleurs dans le cadre du salon que le challenger britannique Revolut a annoncé s’appuyer sur le Suédois Tink pour virer des fonds vers l’application. Toute puissance de Stripe Poids lourd du paiement dans ce nouveau monde, l’Américain Stripe a étalé sa toute puissance. Le prestataire de services de paiement (PSP) s’est offert le luxe d’annoncer deux contrats d’envergure avec des fintech allemandes : la plateforme de Banking-as-a-Service Solarisbank et le challenger N26. Stripe a par ailleurs dévoilé une fonction d’authentification déléguée qui permet d’effectuer des transactions conformes à l’authentification forte du client sans que les acheteurs ne soient redirigés vers une application bancaire ou n’aient à saisir un code d’accès unique. Wise est le premier acteur à s’être emparé de cette solution. Ce nouveau monde est aussi celui de la correction des valeurs technologiques et des licenciements en masse chez des acteurs de premier plan, surtout aux États-Unis (Klarna, Freetrade, Coinbase, Nuri…). Ce vent d’inquiétude, qui a gagné les acteurs du non coté, n’a pas ébranlé John Collisson, le président de Stripe. “À la fin de la journée, c’est la qualité de l’activité qui continue de primer“, a déclaré le dirigeant, qui a ajouté ne pas savoir si le PSP serait théoriquement en mesure de maintenir son niveau de valorisation (95 milliards de dollars lors d’un tour de table de 600 millions de dollars en mars 2021). Pour les plus gros acteurs, l’heure est surtout à la prudence et à l’arrêt d’une croissance “quoi qu’il en coûte“. “Il y a un gros changement sur le marché : avant l’accent était mis sur la croissance et sur les leviers de croissance. Désormais, il est porté sur la rentabilité et les leviers pour l’atteindre. C’est un vrai changement de paradigme“, abonde Joao Cardoso, cofondateur et CEO de l’insurtech Lovys. Starling en Bourse fin 2023, courant 2024 Compte tenu de sa situation financière bénéficiaire, la CEO de Starling Bank, Anne Boden, a estimé pouvoir fixer son “propre calendrier” pour une introduction en Bourse. “Vers la fin de 2023 à courant 2024 semble raisonnable“, a-t-elle esquissé, citée par Sifted. Quant à Alexandre Prot, cofondateur et CEO de la néobanque pour les pros Qonto, il s’est dit “pas du tout inquiet par notre runway après notre levée de février. Nous sommes en bonne voie pour doubler encore nos revenus cette année“. L’insurtech n’est pas morte, assure Balderton Malgré le parcours catastrophique d’insurtech cotées, Rob Moffat, partner de Balderton, a consacré un post sur Medium aux perspectives du secteur. L’investisseur, qui compte Zego dans son portefeuille, pointe une série de facteurs qui plombent cet univers : des ratios de sinistralité encore élevés, des coûts d’acquisitions importants et une rétention client trop faible, ainsi qu’une croissance récente timorée qui s’explique par la volonté d’améliorer les deux premiers points. “Difficile d’être valorisé comme une valeur de croissance si vous n’êtes pas en croissance“, souligne Rob Moffat. Le CEO de Lovys, Joao Cardoso, juge de son côté très intéressant le fait que toutes les insurtech américaines cotées ont été chahutées, quel que soit leur segment d’activité. “Cela prouve et démontre que le marché n’a pas encore la capacité de les distinguer les unes des autres. C’est l’insurtech en soi qui est remise en cause“. Rob Moffat relativise la noirceur du tableau en soulignant que ces difficultés sont propres aux insurtech cotées et que des acteurs positionnés sur des segments de niche (cyber, PME, indépendants) connaissent de très forts niveaux de croissance. Rob Moffat rappelle quelques éléments clés pour évoluer dans le contexte actuel : la souscription est cruciale, la télématique permet d’améliorer les ratios de sinistralité, la GWP (volume de primes brutes émises) n’est pas l’ARR, un agrément d’assureur ne convient pas à tous les acteurs, les courtiers sont difficiles à déloger et si les barrières à l’entrée sont limitées, la concurrence peut s’intensifier rapidement. Le partner de Balderton cite le cas de Luko, rejoint sur son marché par Lovys, Leocare ou encore Lemonade. Antoine Duroyon insurtechKYCmoney20/20open banking Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind