Be-bunk se pose en alternative numérique aux réseaux bancaires traditionnels ultramarins

Les néobanques pour les mineurs, les pros, ainsi que les néobanques vertes, ont essaimé ces dernières années afin de répondre à des besoins précis. Une nouvelle approche est ouverte par Be-bunk : la néobanque à vocation régionale. Disponible depuis juillet 2022 en Nouvelle-Calédonie, en Polynésie française et à Wallis-et-Futuna, Be-bunk propose un compte de paiement en euros avec un IBAN français, une carte de paiement Visa et une application mobile. 

Si la solution peut sembler basique dans l’étendue de ses fonctionnalités, elle représente une véritable avancée par rapport à l’offre des réseaux traditionnels, filiales de groupes bancaires métropolitains. A la manière d’un Nickel en France, Be-bunk se veut d’abord un vecteur d’inclusion financière et sociale. “Nous permettons à des exclus du système bancaire d’accéder à un compte. Certains obtiennent pour la première fois de leur vie une carte de paiement”, explique Leila Solomita, cofondatrice et présidente de Be-bunk. 

Particularités locales

Cette situation tient parfois de spécificités locales. Ainsi, à Wallis-et-Futuna, une collectivité d’outre-mer française composée de de trois royaumes coutumiers, il n’y a pas de fiscalité sur les revenus. L’absence d’avis d’imposition et de concurrence – avec un seul acteur privé représenté par Banque de Wallis et Futuna (filiale de BNP Paribas Nouvelle-Calédonie) et dont les pratiques sont pointées du doigt – compliquent l’accès à une offre bancaire. 

Pour opérer, Be-bunk s’appuie sur Xpollens, plateforme de Banking-as-a-Service du groupe BPCE. Désignée comme agent de service de paiement de l’établissement de monnaie électronique, la société lui confie la gestion des services de paiement (ouverture du compte, émission des cartes) et de la conformité et de la lutte contre la fraude. Comme nombre de nouveaux entrants, la néobanque a subi une vague d’attaques massive à son lancement de la part de fraudeurs métropolitains. Jusqu’à plus d’une dizaine de comptes ont été gelés chaque jour. 

Pour juguler l’hémorragie, Be-bunk a décidé de fermer l’accès à son service aux métropolitains et les mesures de surveillance ont été renforcées. “Six collaborateurs du service client ont été formés à la lutte contre la fraude et à au traitement des fraudeurs”, souligne Laurent de Bernède, directeur général de Be-bunk et ancien responsable de Credit.fr. Là encore, des particularités locales peuvent rendre la lutte contre la fraude plus ardue. Ainsi, la pratique des coutumes qui consiste lors d’événements importants à offrir un cadeau, notamment de l’argent, peut générer des alertes et des gels de comptes. Les virements sont gratuits entre utilisateurs Be-bunq, ce qui en fait une solution attrayante. La néobanque travaille avec Xpollens sur l’adaptation des règles de suivi des comptes et de lutte contre la fraude et le blanchiment aux us et coutumes locales. 

6 000 comptes ouverts

Aujourd’hui, Be-bunk revendique près de 19 000 téléchargements de l’application et 6 000 comptes ouverts. “Nous recrutons environ 400 nouveaux clients payants par mois”, précise Leila Solomita. Le modèle économique est classique pour une néobanque : les frais d’interchange et des revenus d’abonnement. Trois forfaits sont proposés : une offre gratuite sans carte et avec une facturation à l’usage, un forfait standard (Visa Classic) à 1 400 francs pacifiques par mois (11,7 euros) et une offre premium (Visa Premier) à 2 500 francs pacifiques par mois (20,9 euros). La néobanque assure être moins chère que les acteurs traditionnels qui prélèvent des frais élevés. A titre d’exemple, Banque de Nouvelle Calédonie facture 1 314 francs pacifiques (11 euros) par virement SEPA-COM-Pacifique en euro occasionnel, contre 400 francs (3,35 euros) par opération chez Be-bunk dans le cadre de l’offre gratuite.

La néobanque, qui se finance entièrement sur ses fonds propres, revendique un positionnement hybride, avec une proposition numérique pour l’onboarding et la tenue de compte, mais aussi un accueil physique des clients. L’entreprise compte des bureaux à Moorea et Nouméa et prévoit d’en ouvrir d’autres à Tahiti et Wallis-et-Futuna. Ne disposant pas des autorisations nécessaires, elle ne peut néanmoins pas accepter les dépôts de chèques et d’espèces. Grâce à cet ancrage local et au bouche-à-oreille, “notre coût d’acquisition est très faible”, témoigne Laurent de Bernède. Parmi les projets, Be-bunk développe des partenariats avec des associations locales pour développer l’inclusion sociale et prévoit de servir les professionnels. Une extension de l’offre est aussi en cours avec des produits d’assurance. Pour cela, Be-bunk a créé une filiale pour devenir courtier en assurance.