Accueil > Services bancaires > Banque au quotidien > Comment SG a opéré la fusion informatique de Société Générale et Crédit du Nord Comment SG a opéré la fusion informatique de Société Générale et Crédit du Nord Le groupe bancaire a opéré deux migrations de 48 heures, mi-mars et mi-mai, pour basculer les clients du Crédit du Nord sur le système Société Générale. Le retour sur investissement devrait être atteint en trois ans. Par Aude Fredouelle. Publié le 20 juin 2023 à 18h22 - Mis à jour le 21 juin 2023 à 18h22 Ressources Quelques mois après avoir migré plus de deux millions de clients Crédit du Nord sur le système de Société Générale, Marie-Christine Ducholet, directrice du réseau SG en France, et Bruno Delas, COO du réseau SG en France, reviennent sur ce qu’ils qualifient d’une opération réussie. “La migration a été réalisée en deux fois, les 11 et 12 mars et 13 et 14 mai, sur des plages horaires de 48 heures”, décrit le COO. Si la migration est loin d’être la première dans l’univers bancaire, “elle est inédite par son ampleur, car elle concerne l’intégralité de deux réseaux nationaux, et parce qu’avec le temps, les systèmes des banques retail se sont enrichis avec le poids de la réglementation, poursuit-il. Il y a quelques années, une migration reposait sur 15 000 données unitaires par client. La nôtre a nécessité 27 000 données unitaires.” Et ce alors même que l’historique des données de transactions du Crédit du Nord, lui, a été archivé mais pas migré, hormis pour des cas d’usage de lutte contre la fraude par exemple. Travail préalable d’adaptation de la plateforme Société Générale Autre particularité : le groupe ne s’est pas contenté d’extraire les données de la plateforme source (Crédit du Nord) pour les migrer vers la plateforme Société Générale. “Des changements ont été apportés au niveau de la plateforme cible au préalable”, explique Bruno Delas. Une conséquence de l’ambition du groupe de créer une nouvelle banque, SG, s’appuyant sur les points forts des deux anciennes entités. “Par exemple, nous avons dû intégrer des produits Crédit du Nord que ne proposait pas Société Générale, comme l’assurance vie chez Cardif”, ajoute le COO. Autres nouveautés : la décision d’octroi des crédits pour les professionnels, jusque-là prise par le back office chez Société Générale, sera progressivement faite au niveau du front, en agence. Et SG adoptera le modèle de conseiller unique pour les clients professionnels, quand Société Générale proposait un conseiller particulier et un conseiller professionnel distincts. “Nous avons aussi dû travailler sur la nouvelle marque, régionalisée, et ainsi modifier tous les écrans et imprimés clients”, ajoute Marie-Christine Ducholet. En parallèle des travaux concernant les clients, le groupe a également dû intégrer les éléments relatifs aux ressources humaines et les 5 000 collaborateurs du Crédit du Nord dans ses systèmes RH, tout comme les systèmes comptables et financiers centralisés. “Cela inclut les obligations de calculs de liquidité, de risque autour des RWA… Il a fallu démontrer que nos modèles comprenant le Crédit du Nord étaient toujours en phase avec le régulateur”, raconte Bruno Delas. Tests statiques et dynamiques En parallèle de l’adaptation de la plateforme cible SG, le groupe s’est donc préparé à la migration technique. “Dans un premier temps, nous avons rapproché les données de la plateforme source et celles de la plateforme cible, par domaines – comme celui des données clients”, énumère le COO. Une fois les correspondances définies, le groupe a fait appel à Capgemini (qui a déjà géré des migrations similaires pour d’autres banques) pour coder les programmes de migration, en commençant par le cœur de la banque (données clients, contrats) et en terminant par les données moins critiques, comme celles liées à la lutte anti-blanchiment. Pour s’assurer de la conformité des programmes, des certifications statiques ont été mises en place (des testeurs ont vérifié ligne à ligne les informations) puis la plateforme a été testée de manière dynamique, avec production bancaire, dans un environnement de test (pour vérifier le bon fonctionnement des virements, par exemple). “Enfin, pour s’assurer de pouvoir réaliser la migration en 48 heures, il a fallu la répéter à plusieurs reprises et optimiser les traitements”, commente Bruno Delas. Plus de 50 000 tâches réalisées par 2 000 personnes en l’espace de 48 heures ont été organisées dans un chronogramme (extraction de données, migration, contrôle, diffusion dans le système…). Blackout de 48 h Les clients ont été prévenus de l’inaccessibilité des services pour 48 heures et les relations interbancaires suspendues (les virements et la monétique entrante étant stockés sur les serveurs pendant ce laps de temps), afin que les données source ou cible ne soient pas altérées pendant la migration. Les paiements cartes des clients du groupe ont, eux, été maintenus. Les dirigeants se félicitent d’une migration réussie mais reconnaissent “quelques anomalies, en cours de correction”. “Le mode projet sera abandonné fin juin pour passer en mode “run””, prévoit Marie-Christine Ducholet, tandis que le COO assure que le retour sur investissement sera atteint en trois ans. 3 700 suppressions de poste d’ici 2025 et 450 millions d’euros d’économies En parallèle de la migration, les collaborateurs SG ont été accompagnés sur le changement d’outil. Au global au cours des deux bascules, plus de 3 000 salariés historiques Société Générale ont passé trois semaines dans les agences Crédit du Nord pour former leurs collègues, sur la base du volontariat. “Ils ont dû prendre en main les outils pour savoir comment accompagner l’onboarding d’un client, la souscription de prêts…” explique Marie-Christine Ducholet. Désormais, si la migration technique est finalisée, la réorganisation et fusion des équipes et des agences n’a pas encore eu lieu. Les nouveaux principes de SG impacteront progressivement l’organisation, par exemple avec le transfert des clients patrimoniaux du Crédit du Nord au sein de la banque privée du groupe Société Générale, la mise en place du conseiller unique pour les clients professionnels… SG se veut aussi être une banque plus décentralisée que ne l’était Société Générale, donnant plus de pouvoir aux agences et centres d’affaires – d’où la décision de frontalisation des crédits. Ce pan de la transformation débutera à la fin du mois de juin. Les agences seront rapprochées d’ici 2025 (à commencer par 30 % d’entre elles dès cette année et 50 % en 2024) et 3 700 suppressions de postes sans départs contraints auront lieu sur la période, y compris au siège. “Au global, 7 000 personnes changeront de poste”, ajoute la directrice du réseau SG en France, qui promet un plan de formation et d’accompagnement. Grâce à la fusion, Société Générale avait annoncé en 2021 vouloir réaliser 450 millions d’euros d’économies annuelles à horizon 2025. Lire aussi : Société Générale s’attaque à la prévention des RPS dans un climat tendu Aude Fredouelle banque de détailsystème d'informationtransformation digitale Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind À lire Société Générale est la banque de 68 % des start-up du Next 40 Société Générale-Forge lance son stablecoin Société Générale et le Crédit du Nord deviennent SG