Shine revient à une offre freemium

Shine dévoile ce 5 mars le lancement d’une offre de base gratuite – ses tarifs démarraient jusque-là à 9 euros par mois HT avec sa formule Start. “Dans un contexte d’instabilité économique qui freine la création d’entreprise, Shine lance son offre de compte pro à 0 €”, indique l’entreprise. L’offre “se concentre sur les essentiels – une carte physique, des outils de facturation et d’encaissement, un service client primé”. “Il s’agit d’une offre d’appel pour découvrir les fonctionnalités et le produit. Il faut ensuite passer sur un plan payant pour accéder à l’estimation des charges URSSAF, à des commissions plus favorables et à de nouveaux paliers de volumes de transactions…”, détaille à mind Fintech Guillaume Aouad, VP Growth.

“Nous y réfléchissons depuis près d’un an car nous entendions de manière répétée des retours d’entrepreneurs souhaitant se lancer de manière simple et enregistrer un chiffre d’affaires avant de s’équiper d’un compte professionnel, poursuit Jean-Baptiste Sciandra, CEO. Nous avons réalisé que nous passions à côté de potentiels clients, alors que nous pourrions les capter avec un compte proposant l’essentiel pour démarrer. Et nous revenons ainsi à l’essence de Shine : démocratiser l’entrepreneuriat.”

Shine s’était lancée en 2018 avec une offre gratuite

Shine retrouve ainsi ses origines. La néobanque avait officialisé son lancement en février 2018 avec une offre de base gratuite – alors que son CEO avait initialement annoncé en 2017 une tarification évolutive, uniquement gratuite pour les petits chiffres d’affaires. “La tenue de compte ne nous coûte pas très cher (…), analysait alors le fondateur Nicolas Reboud, qui a quitté la néobanque en avril 2024. Nous voulons que les utilisateurs aient le temps de se rendre compte à quel point on peut les aider et que l’utilisation de Shine devienne évidente.” 

Mais un an plus tard, en janvier 2019, revirement : la néobanque facturait désormais son offre de base à 7,90 euros HT. “Beaucoup de gens se demandaient pourquoi le service était sans abonnement (“Où est l’arnaque ?”)”, justifiait alors le CEO, ajoutant que l’accompagnement administratif proposé à ses utilisateurs rencontrait un succès plus important que prévu, nécessitant de le facturer. 

De nouveaux concurrents émergent grâce à la finance embarquée

Il faut dire que l’environnement de taux est également désormais plus favorable à un modèle freemium. “Le contexte a beaucoup évolué depuis 3 ans, et les revenus sur les intérêts et ceux liés à notre offre de création d’entreprise nous permettent de diversifier nos recettes”, confirme Jean-Baptiste Sciandra. 

Shine doit aussi se démarquer et faire face à une concurrence de plus en plus rude. Car si Qonto et Blank facturent eux aussi leur compte pour les indépendants, d’autres acteurs ont depuis lancé des offres gratuites : Finom, Hello Bank! Pro, Vivid, N26… Le spécialiste de la comptabilité pour les freelances Indy propose aussi son compte pro gratuitement depuis 2024 en faisant appel à la plateforme de finance embarquée Swan, de même que la solution de gestion comptable et financière Tiime, qui a récemment modifié sa politique tarifaire pour convertir davantage de clients à son compte pro.

Avec Ageras, Shine s’oriente vers la comptabilité et la facturation

Tandis que certains acteurs de la comptabilité comme Indy lancent leurs comptes pro, Shine s’oriente vers la comptabilité grâce à son rachat par Ageras début 2025. “L’objectif est d’unir deux spécialistes ciblant les entreprises de 1 à 10 personnes, détaillait en novembre 2024 Jean-Baptiste Sciandra à mind Fintech : un spécialiste européen de la comptabilité et de la facturation, présent au Danemark, aux Pays-Bas et en Allemagne et avec de grandes ambitions pour la France, et un spécialiste du compte pro et de la banque, uniquement présent en France. Nous pourrons ainsi proposer l’offre la plus complète possible pour régler les problèmes des entrepreneurs sur ces quatre pays cibles. C’est un vrai projet industriel avec une ambition européenne.” Shine revendique plus de 120 000 clients – contre 70 000 en 2020 lors de son rachat par Société Générale. Ageras comptait lors du rachat 300 000 entreprises clientes en France, en Allemagne, aux Pays-Bas et au Danemark.