Accueil > Services bancaires > Bruno Van Haetsdaele (Linxo Group) : “La carte Linxo ne verra pas le jour en 2020” Bruno Van Haetsdaele (Linxo Group) : “La carte Linxo ne verra pas le jour en 2020” Linxo Group, racheté en début d’année par le Crédit Agricole, vient de lancer une solution BtoB d’initiation de paiement par virement baptisée Oxlin Payments. Son CEO Bruno Van Haetsdaele fait le point sur le développement de l’activité BtoB et sur l’impact de la crise et des travaux de mise en conformité avec la DSP2 sur son activité BtoC. Par Aude Fredouelle. Publié le 27 octobre 2020 à 14h24 - Mis à jour le 28 janvier 2025 à 15h54 Ressources Vous avez annoncé le 5 octobre le lancement d’Oxlin Payments, solution d’initiation de paiement par virement bancaire. Pouvez-vous nous en dire plus ? La solution est totalement indépendante de l’offre AIS d’accès aux comptes d’Oxlin, et elle se base uniquement sur les APIs DSP2 et non sur du web scraping pour une sécurité maximale. Nous avons travaillé conjointement avec les banques pour s’assurer de la qualité des APIs et nous couvrons environ 80 % des comptes bancaires français. Pour le cas d’usage du paiement simple, la plupart des banques proposent une API de bonne qualité. Mais c’est plus compliqué pour du paiement par batch, pour les virements instantanés… Ces options ne sont pas toujours couvertes. Cependant, les choses s’améliorent et l’EBA a clarifié les attendus en termes de parcours, comme la transmission de l’IBAN du compte utilisé au TPP (third party provider). Quel que soit le cas d’usage, notre client peut véhiculer la demande de paiement dans un parcours web ou mobile, et peut l’envoyer par e-mail ou QR code… L’utilisateur final peut ordonner un virement vers un bénéficiaire qui n’a pas été préalablement autorisé dans la liste des bénéficiaires de sa banque, en réalisant l’opération directement dans le parcours d’initiation de virements. Bridge (Bankin’), qui propose également l’initiation de virements en BtoC et en BtoB, revendique plus d’un milliard d’euros de virements initiés (un chiffre annoncé fin septembre par son CEO Joan Burkovic, lors d’un webinar). De son côté, Budget Insight indique avoir quelques cas d’usage en production en BtoB, dont le paiement par QR code avec Arkéa et les virements de compte à compte de Lydia. Qu’en est-il de votre côté ? L’initiation de virements via du web scraping est déjà proposée dans l’application Linxo depuis 2018, mais nous ne communiquons pas sur les volumes. En BtoB, nous avons réalisé quelques expérimentations sur l’initiation de virements mais nous n ‘avons pas encore déployé la solution. Puisque nous savons que le web scraping sera sûrement interdit à un certain moment par le régulateur, nous avons voulu privilégier une solution basée à 100 % sur des APIs. Un premier client sera annoncé dans les semaines à venir. Nous avons reçu des marques d’intérêt pour des cas d’usage variés : du paiement e-commerce ou de proximité, du paiement de factures ou de salaires, du paiement CtoC… Ainsi que pour le cas d’usage de virements sur un PFM, bien sûr. Pouvez-vous faire le point sur votre développement global, en BtoB et en BtoC ? Linxo Group compte un peu plus de 80 collaborateurs. Le Crédit Agricole est désormais actionnaire majoritaire, mais nous continuons de servir le marché dans son ensemble, de manière indépendante [En janvier 2020, le Crédit Agricole a annoncé le rachat de 85% du capital de l’agrégateur Linxo. Selon nos informations, l’opération aurait été bouclée pour une valorisation d’environ 20 millions d’euros (lire notre article), ndlr]. Nous comptons désormais 70 clients en BtoB, parmi lesquels Intuit, KPMG, Younited Credit, Meilleurtaux, Cegedim, Greenly… En BtoC, plus de trois millions d’utilisateurs ont téléchargé et lancé l’application à date [mais n’ont pas forcément agrégé un compte bancaire, ndlr]. Où en est le projet de lancement de cartes de paiement recourant à Xpollens, filiale de Natixis, annoncé pour 2020 ? La phase de mise en œuvre de la DSP2 qui traîne en longueur n’est pas favorable à l’activité BtoC. L’expérience utilisateur est perturbée, et nous avons essayé de migrer les utilisateurs sur les APIs DSP2 mais cela ne fonctionne pas toujours. L’authentification forte est un obstacle. L’activité BtoC de Linxo reste très importante pour nous en termes de stratégie et sur le long terme, mais nous avons considéré qu’en 2020, ce n’était pas le bon moment pour investir fortement sur ce volet. D’autant que nous avons été aussi accaparés par l’opération avec le Crédit Agricole et la crise du coronavirus. Nous travaillons toujours beaucoup sur la migration pour garantir la meilleure expérience possible. Tous ces impondérables ont consommé beaucoup de ressources et d’attention et le projet carte n’a pas pu avancer selon le planning prévu. Cela reste un sujet d’intérêt important pour nous, mais c’est un marché qui évolue rapidement et cela pourra donc avoir un impact sur la façon dont nous réaliserons le projet plus tard. Nous restons en veille active sur ce que propose le marché et nous voulons être sûrs que ce qui sera finalement lancé sera à l’état de l’art. Linxo Group a financé le rachat de la start-up spécialisée dans les cartes de paiement partagé Sharepay en 2018, sous forme d’une augmentation de capital par échange de titres avec les dirigeants à hauteur de 730 000 euros. Le service Sharepay a été fermé en septembre 2019 faute de modèle économique satisfaisant. Où en sont les projets d’intégration ? La stratégie a en effet été plutôt d’intégrer les équipes et le produit plutôt que de garder le service indépendant. Nous avons pris un peu de retard pour l’intégration du produit, liée au projet de carte, mais c’est toujours dans nos plans. Quelles synergies verront le jour avec le Crédit Agricole ? Nous avons identifié des collaborations possibles sur un certain nombre de sujets, au-delà de l’utilisation dans le cadre d’un PFM, cas d’usage déjà mis en place par le groupe. Par exemple, pour de la comptabilité en interne. Où en est votre déploiement à l’international ? Je ne peux pas en dire trop, mais nous investissons plutôt sur l’Europe du Sud aujourd’hui. L’un de nos partenaires commence la production sur un cas d’usage AIS dans un pays étranger et nous avons démarré les développements sur un deuxième pays. La filiale BtoB de Linxo Group, rentable, ne suffit pas à compenser les pertes en BtoC Linxo Group a transféré fin 2017 son activité commerciale à deux filiales : Oxlin (pour la commercialisation de logiciels et services agréés liés à la DSP2 en BtoB) et Linxo (PFM en BtoC). Linxo Group exerce une activité de recherche et développement et de holding et (re)facture des services support et l’exploitation de la licence Linxo à ses filiales. Cette entité a enregistré un chiffre d’affaires de 2,2 millions d’euros en 2019, stable par rapport à 2018, et une perte nette de 6 millions d’euros, contre 2,7 millions d’euros en 2018. En 2018, la revente de la licence Linxo aux deux filiales avait représenté 45 % du chiffre d’affaires, les prestations de développement 38 % et l’activité de holding 18 %. Linxo, la filiale BtoC, a enregistré une perte nette de 1,2 million d’euros, contre 2 millions l’année précédente. Le chiffre d’affaires n’est pas communiqué dans les comptes annuels – il s’élevait à 882 565 euros en 2018 (lire notre article), en croissance de 8,3 % par rapport à 2017, et provenait alors à 50% des abonnements Linxo Premium (ce qui représenterait environ 15 000 clients, selon nos calculs), à 30 % de la revente de données anonymisées, à 19 % d’affiliation de partenaires et à 1 % de Linxo Connect. Oxlin, la filiale BtoB, est rentable : elle enregistre un résultat net de 447 000 euros, contre 397 000 euros l’année précédente. En 2018, Oxlin avait dégagé un chiffre d’affaires de 4,06 millions d’euros, soit plus de 80 % du chiffre d’affaires cumulé de Linxo et Oxlin, mais son CA 2019 n’est pas connu. Par comparaison, Budget Insight a enregistré un chiffre d’affaires de 3,49 millions d’euros en 2019, contre 3 millions d’euros en 2018, pour une perte nette de près d’un million d’euros, contre une perte de 273 000 euros en 2018. Bankin’, de son côté, ne communique pas sur son chiffre d’affaires. Linxo Création : 2010 Activité BtoC (application PFM Linxo) et BtoB (agrégation, initiation de virements… via la filiale Oxlin) Actionnariat : rachat par le Crédit Agricole en janvier 2019 (valorisation de 20 millions d’euros) Nombre d’utilisateurs en BtoC : 3 millions (ont téléchargé et ouvert l’application au moins une fois) Clients BtoB : 70 clients, parmi lesquels le Crédit Agricole, Intuit, KPMG, Younited Credit, Meilleurtaux, Cegedim, Greenly… Effectifs : 80 Chiffre d’affaires 2019 : 2,2 millions d’euros pour la holding Linxo Group Résultat net : pertes de 6 millions d’euros pour la holding Linxo Group, de 1,2 million d’euros pour Linxo (BtoC), résultat net de 447 000 euros pour Oxlin (BtoB) Bruno Van Haetsdaele Depuis 2009 : fondateur et CEO de Linxo1999 – 2009 : CTO et chief architect de Wimba Formation 1999 : diplômé de Télécom Paris Aude Fredouelle banking-as-a-servicecarte bancaireDSP2open bankingrégulation Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind À lire Le Crédit Agricole rachète Linxo pour une valorisation de 20 millions d'euros Le BtoB joue un rôle prépondérant dans le modèle d’affaires de Linxo Linxo va lancer une carte de paiement grâce à l’offre “Payments in a box” de Natixis