Accueil > Services bancaires > Comment Digital Asset Holdings se différencie des autres plateformes DLT Comment Digital Asset Holdings se différencie des autres plateformes DLT Plus discret que R3 ou Ripple, Digital Asset Holdings développe une technologie de registre distribué (DLT) spécialisée dans les infrastructures de marché financiers. mind Fintech dévoile les spécificités de son approche et les principaux projets en cours. Par Aude Fredouelle. Publié le 18 avril 2018 à 10h27 - Mis à jour le 11 mai 2022 à 16h11 Ressources Alors que le marché ne fait qu’émerger, plusieurs acteurs éditant des plateformes basées sur une technologie de registre distribué (DLT) destinées aux entreprises commencent à se positionner. Aux côtés des très connues Hyperledger fabric ou Corda, le discret Digital Asset Holdings (DAH) a décidé de se faire une place sur le créneau des marchés de capitaux. Son objectif : améliorer les infrastructures existantes du marché financier, actuellement constituées de “silos de données maintenus indépendamment par chaque participant” et dont les activités de réconciliations sont “chères et prennent beaucoup de temps”, indique DAH dans son white paper datant de décembre 2016. La DLT doit permettre de “réduire les erreurs, les délais, les risques et l’inefficacité du capital” en créant “des structures de marché plus flexibles, augmentant le niveau d’innovation et permettant un reporting bien plus simple”. La société dirigée par Blythe Masters, ancienne de JPMorgan se concentre principalement sur des applications post-trade des marchés de capitaux comme le règlement et la compensation, décrit un porte-parole de DAH à mind Fintech. “Nous avons réalisé les premiers tests des APIs de la plateforme”, indique Emmanuel Viale, directeur du laboratoire de R&D d’Accenture à Sophia Antipolis. Le groupe de services aux entreprises a pris une participation minoritaire dans Digital Asset Holding et a noué un partenariat technologique privilégié. “Ces APIs couvraient déjà plusieurs champs d’application : treasury et cash management ; compensation et règlement pour les bourses, et enfin OTC trading”, ajoute Emmanuel Viale. Sur son site, Digital Asset évoque aussi des applications pour les crédits immobiliers ou encore l’automatisation de remboursements dans la santé. Opérateurs boursiers, repos et prêts syndiqués Digital Asset a annoncé publiquement trois projets avec trois institutions financières. Le premier et le plus avancé : proposer à des opérateurs boursiers de remplacer une partie ou l’ensemble de leur infrastructure vieillissante par la plateforme DAH. Un premier pilote a été lancé en 2016 avec l’Australian Securities Exchange (ASX), la principale bourse australienne, pour remplacer une partie de son infrastructure de gestion de la compensation et du règlement-livraison des ordres sur les actions (lire l’encadré ci-dessous). Selon nos informations, des bourses dans d’autres zones géographiques travaillent avec DAH, sur le continent américain et au Moyen Orient. Un PoC a aussi été conduit avec Six Securities Services, l’opérateur d’infrastructure post-trade suisse, sur le traitement des titres post-marché… Mais le projet n’est pas allé plus loin. Si Six Securities assure que travailler avec DAH a eu “de grands bénéfices pour les deux sociétés” et que le PoC a été achevé avec succès, le groupe a “décidé d’aller dans une autre direction”. Il travaille désormais avec Nasdaq pour développer une DLT, en collaboration avec la société technologique Chain, pour ses produits structurés OTC (gré à gré). Digital Asset s’est aussi penché sur les repos ou pensions livrées (sale and repurchase agreement, transaction dans laquelle deux parties s’entendent simultanément sur deux transactions : une vente de titres au comptant suivie d’un rachat à terme à une date et à un prix convenus d’avance). Un PoC a été bouclé en février 2017 par la chambre de compensation américaine DTCC. En janvier 2016, DAH avait aussi annoncé travailler avec JPMorgan sur les prêts syndiqués, mais aucune annonce n’a depuis été publiée. “Le volet avec les bourses permet à Digital Asset de traiter l’ensemble du marché sur un cas d’usage très précis et d’aller vite, alors que sur les prêts syndiqués et les repos, l’écosystème est plus large et il faudra rassembler la majorité des acteurs”, explique Philippe Denis, Chief Anticipation Officer chez BP2S. Une solution spécialisée et clé en main “Les accès par API de Digital Asset permettent de définir la structure, la logique et de prendre en compte la confidentialité, le mapping des processus, etc…”, décrit Emmanuel Viale. En trois ans, raconte le directeur d’Accenture, “Digital Asset a évolué vers une mentalité produit avec des applications ciblées et spécifiques, pour être davantage clé en main pour le client, entreprise-ready.” De quoi se distinguer d’autres plateformes DLT moins spécialisées comme Hyperledger fabric, qui nécessitent dans ce cas des développements supplémentaires. Digital Asset Holdings mise sur sa spécialisation pour développer plus rapidement sa technologie que des acteurs qui couvrent davantage de cas d’usage. La société facture sa solution sous licence mais ses tarifs restent confidentiels. Blythe Masters évoque des réductions de coûts allant de 30% à 50% selon les cas d’usage. Confidentialité des données Au coeur de la proposition de valeur de Digital Asset Holdings réside l’assurance de la confidentialité des données. Les différentes parties impliquées stockent chacune de leur côté les informations contractuelles confidentielles et ne partagent dans un registre distribué que les empreintes ou “hash” des données sensibles et des engagements, explique DAH dans son livre blanc. Les “hash” ne contiennent aucune information sur la donnée confidentielle ou les parties prenantes. DA est un registre soumis à autorisation (“permissionned”) : seuls les participants pré-approuvés peuvent y accéder. Concrètement, la couche DLT de la plateforme repose sur deux composants : le “Private Contract Store” (PCS), présent chez chacun des participants et qui contient tous les contrats validés dont il est partie prenante. Il inclut les paramètres des transactions, les droits et obligations, les accords légaux entre les participants… et il est stocké de manière locale. Le deuxième composant de la technologie de registre distribué, le “Global Synchronization Log” (GSL) est un registre d’engagements et de notifications garantissant l’intégrité et l’auditabilité des données. C’est une couche de communication qui garantit les engagements des participants en opérant des correspondances avec les données privées stockées dans le PCS. “S’il y a une dispute juridique, chacun amène la preuve de la transaction et on compare les signatures des données pour reconstituer la vue globale si besoin, raconte Emmanuel Viale. La performance technologique, c’est de ne pas avoir besoin de stocker les données des autres parties prenantes.” Un porte-parole de Digital Asset Holdings souligne que la plateforme “ne repose pas sur de multiples réseaux isolés pour la confidentialité ou sur des registres bilatéraux indépendants qui doivent être coordonnés”. Au contraire, “DAH utilise la blockchain comme méthode pour synchroniser des smart-contracts off-chain et s’assurer de notifier tout changement qui affecte une partie prenante sans compromettre l’intégrité du réseau entier”. DAML, un langage de programmation spécialisé pour le secteur financier L’autre pilier fondamental de Digital Asset est le protocole d’écriture créé pour rédiger la couche “Business Logic”, c’est-à-dire les règles commerciales et les contrats intelligents. Baptisé “Digital Asset Modeling Language” ou DAML, c’est un langage adapté au secteur financier qui poursuit des objectifs de “sécurité juridique, exécution distribuée, confidentialité, capacité d’analyse et de simplicité d’usage”, selon le livre blanc de la société. “DAML n’est pas un langage aussi libre que Go ou Java mais un framework contrôlé pour écrire des contrats dans le monde de la finance, avec une sémantique définie”, note Philippe Denis. Un porte-parole de la société évoque “la capacité de DAML à analyser et prédire toutes les issues possibles de n’importe quel accord”. La technologie est propriétaire mais Digital Asset avait annoncé en 2016 que DAML serait passé en open-source dans le futur. Dans ce cas, d’autres plateformes pourraient utiliser le protocole pour écrire des smart contracts. “La plateforme est unique car elle utilise un langage de programmation construit pour modéliser les processus financiers complexes, DAML, combiné avec une blockchain d’entreprise pour assurer l’intégrité des données du réseau en ne partageant les informations contractuelles sensibles qu’avec les parties autorisées”, résume un porte-parole de Digital Asset. Les autres marchés en ligne de mire Digital Asset a levé plus de 110 millions de dollars depuis sa création début 2014. L’entreprise compte 135 salariés dans six pays, dont plus de deux tiers de postes d’ingénierie. Et sa vision va au-delà des premiers cas d’usage dévoilés. “Digital Asset Holdings se concentre principalement sur l’industrie des services financiers mais la plateforme et le langage DAML sont applicables sur d’autres marchés”, souligne le porte-parole de la société, qui indique que Digital Asset “travaille avec ses partenaires stratégiques pour les aider à développer des applications pour d’autres industries”. Digital Asset compte en effet 15 “investisseurs stratégiques” censés l’aider à se développer dans le monde, dont plusieurs sont déjà clients comme ASX et DTCC. Les autres : Goldman Sachs, IBM, BNP Paribas, JP Morgan ABN Amro, Citi, Santander, PNC, Deutsche Borse Group, NEX, Broadridge, Citi Ventures. ASX, premier chantier d’envergure pour Digital Asset Holdings ASX a commencé en 2015 à évaluer des solutions de remplacement pour CHESS (Clearing House Electronic Subregister System), le système de sous-registres de la chambre de compensation. “Ce type de systèmes post-trade est remplacé tous les 15 à 20 ans”, explique ASX. En janvier 2016, après avoir étudié trois candidats, ASX a arrêté son choix sur Digital Asset en tant que partenaire technologique pour déployer un prototype d’une plateforme post-trade, qui a été terminé mi-2016. En décembre 2017, après avoir analysé le projet, ASX a tiré des conclusions positives et décidé d’engager le déploiement. L’opérateur a par ailleurs pris une participation dans la société. ASX va engager une consultation des acteurs du marché au second semestre 2018 afin de leur présenter le plan de déploiement et le périmètre prévu avec Digital Asset Holdings. Des développements additionnels seront alors probablement programmés pour répondre aux exigences business de l’industrie quant au remplacement de CHESS, indique ASX à mind Fintech. La date de déploiement sera alors fixée par ASX. En février dernier, ASX a indiqué que sur l’exercice 2018, ses dépenses technologiques atteindront environ 50 millions de dollars australiens et incluront notamment le coût du remplacement de CHESS, sans en préciser le montant exact. 50 collaborateurs chez ASX travaillent sur le projet. Aude Fredouelle banque privéeblockchainDLTopérateur boursier Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind