Accueil > Services bancaires > Open banking > Comment la MAIF se voit en tiers de confiance numérique face aux GAFA Comment la MAIF se voit en tiers de confiance numérique face aux GAFA Début juin 2019, la MAIF annonçait à ses sociétaires vouloir devenir une entreprise à mission. Mais voilà un certain temps que la mutuelle poursuit une démarche qu’elle juge d’intérêt public : aider ses sociétaires et les citoyens qui le veulent à reprendre en main leur vie numérique, à rebours de l’approche des géants technologiques américains. Par . Publié le 02 juillet 2019 à 10h53 - Mis à jour le 02 juin 2022 à 16h00 Ressources “L’un des buts de la MAIF, c’est de permettre à chacun de devenir acteur de ses usages numériques”, affirme Yoann Monnat, chargé de projet communication digitale à la MAIF. A ce titre, il pilote la plateforme mesdatasetmoi.fr qui publie notamment les résultats d’un observatoire pour comprendre les usages et comportements liés au numérique. De ce travail d’étude ressort un constat : 53% des consommateurs interrogés déclarent avoir déjà été victimes d’un risque numérique, au sens large. “Paradoxalement, la plupart d’entre eux ne sont pas prêts à dépenser fortement pour s’assurer contre le risque cyber”, souligne Yoann Monnat. C’est l’une des raisons pour lesquelles la mutuelle propose désormais des services gratuits et des solutions complémentaires à ses offres assurantielles. Car la MAIF a un mot d’ordre, inscrit dans son ADN mutualiste et revendiqué par son directeur général adjoint Nicolas Boudinet : “contribuer au mieux commun”. L’assureur compte même l’inscrire dans ses statuts, en 2020, ce qui lui permettra de devenir une “entreprise à mission”, un statut défini dans la loi Pacte. Mais elle soigne ce projet depuis longtemps, et a décidé depuis quelques années de s’adresser aussi à ceux qui ne sont pas ses clients, en les aidant sur un sujet précis : le numérique, à propos duquel la MAIF s’est dotée de sa propre charte. L’objectif consiste à “casser la boîte noire de la technologie”, selon son chief digital officer Romain Liberge, qui chapeaute le numérique, l’innovation et l’expérience client. L’accent est porté sur la recherche de transparence afin de permettre aux citoyens qui le veulent de gérer leurs données et leur empreinte numérique, y compris vis-à-vis d’acteurs mondiaux pas forcément réputés pour leur respect de la vie privée. Self Data et cybersécurité La MAIF promeut donc le self data, tendance consistant à donner à chacun le contrôle de ses données. Elle travaille sur le sujet avec le think tank Mes Infos, et s’appuie sur CozyCloud, une start-up dans laquelle la mutuelle a investi via son fonds MAIF Avenir, et qui permet de se créer un “domicile numérique” où stocker et gérer ses données. Depuis 2016, la MAIF développe aussi le site mesdatasetmoi.fr, “un assemblage de plusieurs briques pour sensibiliser et rendre service à l’utilisateur”, explique Yoann Monnat. On y trouve les chiffres de l’Observatoire, mais aussi des tests pour mieux comprendre quelles données “cède” un utilisateur au fil de la journée, et une bibliothèque de conseils allant de la réduction de son empreinte carbone grâce au numérique à la protection des plus jeunes contre les usages dangereux de TikTok. Le tout a pour finalité de réduire le risque auquel peuvent s’exposer les citoyens. Le projet a aussi un versant cybersécurité : Mesdatasetmoi.fr permet de vérifier si une adresse mail a été exposée dans une attaque, et “si l’utilisateur a téléchargé l’application, celle-ci le préviendra dès que ses données auront fuité, le cas échéant”, précise Yoann Monnat. L’assureur a aussi conclu des partenariats avec F-Secure, pour sécuriser la navigation et les transactions en ligne, ainsi qu’avec Darty pour les besoins en assistance informatique (que la personne soit sociétaire ou non). La MAIF est enfin membre de l’initiative gouvernementale cybermalveillance.gouv.fr, un projet qui vise “aussi bien à montrer nos bonnes intentions qu’à participer à la démarche d’accompagnement et de sensibilisation sur ce sujet encore méconnu”, estime Nicolas Boudinet. Open Source et gestion de communautés Avec son MAIF numérique tour, l’assureur va aussi sur le terrain, et déploie depuis trois ans tout un ensemble d’ateliers, d’expériences en réalité virtuelle et d’animations pour faire comprendre les enjeux du numérique. Sur ses deux premières années de mise en oeuvre, le camion de ce tour s’est arrêté dans 106 communes et a attiré plus de 75 000 visiteurs, de tous les âges. Une attention particulière y est tout de même portée aux enfants, pour la simple et bonne raison que “notre public historique de sociétaires est le monde enseignant”, rappelle Yoann Monnat. La prochaine étape, d’ailleurs, sera d’intégrer au site mesdatasetmoi.fr et au MAIF numérique tour des modules de partage de contenus et de bonnes pratiques à destination des professeurs, pour que ceux-ci puissent guider facilement les plus jeunes vers un usage raisonné d’internet. La logique de contre-pied envers les traditionnels fournisseurs de services s’applique aussi en interne, où la MAIF se tourne de plus en plus vers l’open source. François Desmier, ingénieur en charge des initiatives numériques, explique : “en 2017, le directeur général a demandé que l’on déploie un outil permettant de créer facilement des applications dans le cloud”. Se penchant sur le sujet avec une petite équipe, il finit par se tourner vers des solutions au code ouvert, à la fois pour leur intérêt, pour des raisons de coûts, “et parce que c’était parfaitement cohérent avec le mutualisme promu dès 1934”. Au fil du temps, la MAIF sort plusieurs projets en open source, parmi lesquels otoroshi, une plateforme de gestion de l’interopérabilité entre des microservices, nio, une boîte à outils pour implémenter le RGPD, ou plus récemment Melusine, un package développé avec Quantmetry permettant la classification automatique des mails. “Côté IT, ça a fait gagner beaucoup de points à notre marque employeur”, assure François Desmier. Un atout non négligeable vu les difficultés que peut poser le recrutement d’informaticiens de talent. Le datalab se rallie aussi au projet, et prend l’habitude de venir voir si des outils open sources ne pourraient pas mieux l’aider que d’autres, plus chers et propriétaires. “Quant à la communauté, l’animer demande du temps, mais cela s’avère payant car les personnes extérieures à la MAIF peuvent avoir des regards différents, faire remonter des bugs que nous n’aurions pas vus, etc.”, souligne François Desmier. Design system Pour autant, les GAFA sont aussi une source d’inspiration. A propos du design system dont les premières briques ont été sorties début juin, Romain Liberge, Chief Data Officer de la MAIF, se réfère à Google : “nous avons une trentaine de sites et une dizaine d’applications, et nous souhaitons rationaliser le tout. Proposer un design system, c’est harmoniser les dispositifs techniques et éditoriaux aux yeux de tous.” Ou le pendant graphique, côté interface, de la plateformisation interne. Un peu comme le font les géants de la technologie, dont la charte graphique est “extrêmement simple à réutiliser, ce qui facilite l’intégration de nouvelles applications dans un outil comme le Play Store, par exemple”. À terme, il espère pouvoir concentrer les dispositifs dans seulement trois sites sur lesquels les applications nécessaires pourraient venir se greffer simplement, via une interface unifiée. Mais dans les démarches techniques, de construction d’outils en open source, de gestion des données, et de relation client, la MAIF se positionne au maximum en protectrice des données personnelles – et, quand nécessaire, en animatrice de communauté où l’entraide est valorisée. Bref, lance Romain Liberge : “en tiers de confiance numérique”. APIassurance dommagesdonnées personnellesopen sourceplateformisationprotection des données Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind À lire Entretien Nicolas Boudinet (MAIF) : “Nous cherchons à réconcilier les opportunités business avec un impact économique et social” Pratique RH : la MAIF embarque tout son corps social dans la transformation numérique Entretien Guillaume Rincé, Emmanuel Sorel (MAIF) : “L’open source est la vitrine de la plateformisation de l’entreprise” Les Français inquiets mais désinvoltes face à leurs données personnelles