Accueil > Services bancaires > Banque au quotidien > Comment Treezor, petit frère d’HiPay, veut s’emparer du marché des solutions de paiement Comment Treezor, petit frère d’HiPay, veut s’emparer du marché des solutions de paiement BJ Invest, actionnaire majoritaire de Treezor, est aussi le premier actionnaire de HiPay et les deux sociétés partagent d‘ailleurs le même CEO. Treezor a bâti une API capable d’offrir des solutions de paiement et de gérer à la fois l’acquisition, le cantonnement et le paiement. Par Aude Fredouelle. Publié le 17 mai 2017 à 8h30 - Mis à jour le 17 mai 2017 à 8h30 Ressources Si le poste de Grégoire Bourdin en tant que CEO d’HiPay depuis décembre 2016 est de notoriété publique, sa double casquette est moins connue : il dirige également la start-up de solutions de paiement Treezor depuis début 2015. Il faut dire que BJ Invest, dont Grégoire Bourdin a été le directeur financier entre 2012 et 2015, détient 70% de Treezor et est aussi le premier investisseur d’HiPay avec 28% du capital.Aux origines de Treezor, on retrouve Ameliste, un service de cagnotte pour les listes de mariage fondée en 2006 par Eric Lassus et Xavier Labouret, et qui permet aux jeunes mariés de recevoir une carte Mastercard prépayée dotée du montant recueilli.En 2013, les fondateurs décident de faire pivoter leur activité vers une nouvelle offre BtoB, comme l’a fait Leetchi en lançant Mangopay la même année. Treezor est créé en 2014 et BJ Invest entre au capital début 2015 pour financer la demande d’agrément d’établissement de monnaie électronique (EME) et développer des fonctionnalités permettant de proposer la plateforme en marque blanche. “Nous avions besoin d’un investisseur pour industrialiser et aller chercher de gros volumes”, raconte Eric Lassus, désormais COO de Treezor. La start-up a été financée à hauteur de 4 millions d’euros par le fonds et par ses fondateurs. “One stop shop” Treezor a bâti une solution “one stop shop” de Bank-as-a-Service, qui propose à la fois de faire de l’acquisition de fonds (par carte bancaire, prélèvement…), de gérer le cantonnement et aussi d’effectuer des paiements (par carte, entre particuliers, virements…). Elle intègre des fonctionnalités d’analyse des documents KYC (connaissance client), ainsi que de de lutte contre la fraude et le blanchiment sur l’ensemble de la chaîne du paiement.Ses clients cibles : les marketplaces, notamment, mais aussi les néo-banques. Son offre se rapproche de celles de Wirecard, Fidor ou solarisBank ou le français Bankable, par exemple, et bénéficie avant tout aux petites et moyennes entreprises. Mais, souligne Eric Lassus : “on s’adresse aussi aux banques, assureurs ou chaînes de magasin qui souhaitent mettre en place des programmes de fidélité digitalisés, de cashback ou des offres de paiement.” 70 000 cartes émises depuis octobre 2016 Treezor brasse encore peu de volumes. La mue peut prendre du temps quand on sait que Mangopay vient seulement de finaliser la séparation technique avec Leetchi. La société compte une dizaine de clients, parmi lesquels l’application de paiement Lydia (pour l’émission de cartes), la néo-banque pour PME Qonto, encore en phase de tests (qui utilisera l’ensemble de l’offre Treezor), l’agence Peoplestay, le réseau Passeport Escale (pour lequel Treezor gère 25 000 cartes)… La société revendique avoir émis 70 000 cartes depuis octobre 2016 et compte terminer 2017 en franchissant la barre des 250 000. Ses activités sont d’ailleurs encore très ciblées sur les cartes cadeaux. Et Treezor gère les flux pour Ameliste, bien sûr, ainsi que pour le groupe de micro-paiement GibMedia (dont BJ Invest est aussi actionnaire).“Nous avons aussi des projets en cours avec deux banques sur des initiatives en mode start-up, pour un service pour les jeunes par exemple, et avec des assureurs et des voyagistes”, raconte Eric Lassus. Treezor propose en effet notamment une application mobile en marque blanche pour gérer les comptes et cartes de paiement.Les tarifs dépendent de la palette de services utilisés par le client ainsi que des volumes. Les services de cartes prépayées associées à un wallet coûtent au moins 10 000 euros pour la mise en place, sans les frais d’usage, précise Treezor sur son site. Quant aux services de paiement pour une marketplace, la société annonce un coût de 2,4% HT maximum sur chaque transaction, sans frais fixe. Chef de file Mastercard Etablissement de monnaie électronique, Treezor s’adosse à deux banques : BNP Paribas, vers qui les dirigeants se sont tournés dans un premier temps car c’est aussi le partenaire d’HiPay, mais aussi Arkéa Banking Services (ABS). Treezor est affilié ABS pour Step2 mais est chef de file Mastercard. Un statut qui lui permet notamment d’être une société de “BIN Sponsorship”, c’est à dire de pouvoir attribuer des numéros de cartes ainsi que d’émettre des cartes dans les autres pays de l’Union européenne. Intégration de modules HiPay Grâce aux liens d’actionnariat avec HiPay, Treezor a aussi pu bénéficier des capacités techniques de l’acteur de paiement. “Nous avons intégré les modules d’acceptation d’HiPay pour notre solution marketplace”, raconte Eric Lassus. Sans compter que HiPay pourrait devenir client de Treezor. “HiPay cherche à renforcer son offre liée aux paiements SEPA et nous sommes en train de mener les tests pour leur mettre à disposition la solution Treezor pour les virements, les prélèvements et les IBAN”, décrit le COO. Le système de paiement HiPay a réalisé un chiffre d’affaires de 30,7 millions d’euros en 2016 (dont 19,2 millions dans la monétique et 11,5 dans le micro-paiement) et a géré 1,6 milliard d’euros de transactions. “HiPay estime que le paiement SEPA va progresser pour représenter un volume de transactions significatifs et cela serait une très belle vitrine”, imagine Éric Lassus. Améliorer le niveau fonctionnel “Nous proposons un hub de paiements et nous avons l’avantage d’être un one-stop shop, mais je ne pense pas que ce soit une garantie de succès, commente Éric Lassus. Ce qu’il faut, c’est que le niveau fonctionnel soit au rendez-vous”. Treezor planche donc sur Instant payment, pour intégrer les virements instantanés, mais aussi sur la tokenisation des cartes pour le paiement mobile : la société va travailler avec Antelop Solutions pour pouvoir vendre la version virtuelle de ses cartes bancaires, en plus de la version physique. “Nous sommes aussi en discussions avancées avec Apple pour que les cartes bancaires Treezor soient reconnus dans Apple Pay, annonce le COO. Cela devrait être finalisé en septembre.”Treezor va désormais accélérer sa commercialisation. La société qui a enregistré un chiffre d’affaires de 250 000 euros en 2016 vise 2 millions d’euros pour 2017. Treezor va chercher à boucler une nouvelle levée d’ici la fin de l’année, de 5 millions d’euros environ. L’équipe compte une quinzaine de collaborateurs et la société enregistre environ 100 000 euros par mois de frais de fonctionnement. Si l’activité est encore exclusivement française, Eric Lassus assure travailler sur des projets “qui touchent la Pologne, l’Espagne et l’Italie”. En France, les concurrents de Treezor sont plus spécialisés Treezor se positionne sur un marché déjà encombré mais c’est le seul français à proposer un éventail aussi large de services, assure Eric Lassus. Bankable “propose une offre similaire mais il s’agit d’un plateau technique britannique qui ne s’appuie pas sur la même régulation et qui a recours à un partenaire pour émettre des cartes”, PPS, racheté par Edenred “se rapproche de Treezor sur la partie cartes mais ne propose pas encore une solution complète avec les différents moyens de paiement digitaux, couvrant l’acquisition et l’émission des flux”. Mangopay ou Lemonway “sont spécialistes des marketplaces et ne proposent pas de business unit cartes prépayées”. Tout comme S-Money, “solution de paiement qui ne se positionne pas sur le Banking-as-a-service, ne propose pas d’offre d’émission de cartes et ne fait pas de paiement en marque blanche”. Reste que le français est encore très loin de ses concurrents étrangers comme Wirecard qui a géré 61,7 milliards d’euros de transactions en 2016. Aude Fredouelle banking-as-a-serviceKYCtokenisation Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind