Accueil > Services bancaires > Paiements > En pleine transition, Lemon Way divise son chiffre d’affaires par 2 en 2018 En pleine transition, Lemon Way divise son chiffre d’affaires par 2 en 2018 La société évoque notamment des pertes liées à l’abandon de son activité auprès de sites e-commerce considérés comme risqués. Après avoir longtemps poursuivi une stratégie d’auto-financement, elle souhaite lever une vingtaine de millions d'euros avant la fin de l’année pour accélérer. Par Aude Fredouelle. Publié le 21 août 2019 à 16h27 - Mis à jour le 31 mars 2021 à 11h47 Ressources Lemon Way a vu son chiffre d’affaires divisé de près de la moitié en 2018, passant de 10,88 millions d’euros en 2017 (et environ 6,5 millions en 2016) à 5,5 millions d’euros, selon les comptes annuels de la société consultés par mind Fintech. Il faut dire que plus d’un tiers du chiffre d’affaires 2017 avait été alimenté par la vente d’une licence à une grande banque française pour 4 millions d’euros. Cette activité d’édition d’un logiciel de paiement et d’optimisation de trésorerie a rapporté 368 000 euros seulement cette année. “Depuis les débuts de Lemon Way, nous avons vendu deux fois les codes sources du logiciel pour 4 millions d’euros à des banques, pour qu’elles continuent de le développer de leur côté, raconte Damien Guermonprez, président exécutif. Mais nous ne souhaitons plus le faire car cela leur permet de créer des concurrents, à l’image de BPCE avec S-Money.” Lemon Way pourrait plutôt commercialiser sa licence en SaaS par la suite. Abandon des sites e-commerce risqués Le métier principal de la société, celui d’établissement de paiement, a rapporté un CA de 5,13 millions d’euros en 2018, contre 7 millions l’année précédente. En cause : l’abandon de “l’e-commerce high margin”, les sites e-commerce risqués avec lesquels les banques refusent de travailler en direct (sites de voyance, de compléments alimentaires, de rencontres…). “Cette activité à fort rendement représentait 3 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2017, note Damien Guermonprez. Mais nous avons décidé de l’abandonner car elle n’est pas notre coeur de métier stratégique, et qu’elle peut même comporter des risques pour la licence de Lemon Way.” La levée de fonds bouclée l’année passée par la start-up lui a permis de disposer d’assez de fonds pour prendre cette décision. Lemon Way indique donc avoir, malgré la baisse du chiffre d’affaires, “poursuivi la forte croissance de son activité d’établissement de paiement en collectant un volume d’affaires de 946 millions d’euros, en progression de 34% par rapport à 2017 (706 millions d’euros)” et avoir ouvert 1,7 million de comptes de paiement (+43%), grâce à la croissance organique de ses clients existants principalement. Elle en compte désormais six millions, pour 130 agents de paiement enregistrés à l’ACPR (dont October par exemple). “Nous avons recentré l’activité sur la marketplace, qui est notre métier historique : les places de marché financières comme les plateformes de crowdfunding, mais aussi les places de marché BtoC et BtoB”, décrit Damien Guermonprez. Selon les comptes annuels de la société, la “perte de chiffre d’affaires importante sera compensée par la croissance du chiffre d’affaires sur le secteur places de marché lors des deux prochaines années.” Objectif 2019 : dépasser le chiffre d’affaires 2017 (près de 11 millions d’euros) puis le doubler chaque année. Une perte nette de 6,89 millions d’euros La perte nette de Lemon Way s’établit à 6,89 millions d’euros en 2018 (contre un bénéfice net de 215 600 euros en 2017 grâce à un résultat exceptionnel de plus de 460 000 euros), alors que la société l’anticipait plutôt aux alentours de 1,6 million d’euros dans ses comptes annuels 2017. “Nous avons fait l’erreur de ne pas faire appel à un cabinet de consultants pour remplir notre dossier de Crédit Impôt Recherche, qui devait nous rapporter 1,5 million d’euros et a finalement été retoqué car mal rédigé, ce qui a accru nos pertes d’autant”, raconte le président exécutif. Lemon Way, qui n’avait jamais été très déficitaire et avait longtemps choisit de s’auto-financer plutôt que de faire appel à des fonds extérieurs, a par ailleurs modifié sa stratégie : elle a ouvert son capital l’année passée pour accélérer plus rapidement au niveau européen sur la cible des marketplaces. En juillet 2018, la start-up a annoncé une augmentation de capital de 10 millions d’euros conduite par les fonds de capital-risque Breega et suivie par l’allemand Speedinvest – elle n’avait jusqu’ici réalisé qu’une levée de 500 000 euros en janvier 2017, auprès de Damien Guermonprez. Les comptes annuels révèlent qu’il s’agit plus précisément d’une levée en equity de 8,5 millions d’euros en série A bouclée en octobre 2018 et mars 2019, qui a permis d’améliorer ses ratios de fonds propres pour assurer son activité d’établissement de paiements. Et la société a également obtenu un prix de 863 000 euros de Bpifrance et un prêt à taux zéro de 500 000 euros. Un autre prêt de 1,5 million a été signé auprès de Bpifrance en décembre 2018 et débloqué en janvier. Un deuxième tour en série A de 3 millions d’euros auprès de Breega et SpeedInvest a par ailleurs été bouclé en mars 2019, nous apprend le président exécutif. Les deux investisseurs détiennent désormais chacun 20% du capital – ce qui signifie que la série A a valorisé la société aux alentours de 28,8 millions d’euros. La société annonce vouloir boucler une série B avant la fin de l’année “afin de se doter des moyens de ses ambitions, tout en satisfaisant aux exigences du régulateur en matières de fonds propres prudentiels.” Selon nos informations, elle cherche à lever une vingtaine de millions d’euros. La transition a été accompagnée de nombreux changements au comité de direction. Antoine Orsini a été nommé CEO il y a un an et demi, tandis que Damien Guermonprez, ex-CEO, a pris le statut de Président exécutif. Le fondateur Sébastien Burlet a quant à lui quitté la société. Les effectifsde la société se sont stabilisés à 75 collaborateurs. Accélérer à l’international Environ 50% du chiffre d’affaires de Lemon Way est actuellement réalisé à l’étranger, en Espagne, Italie, Royaume-Uni et Allemagne. Au Royaume-Uni, la société a conclu en octobre 2018 un partenariat avec la division NBFI (non-bank financial institutions) de Barclays qui devrait lui permettre de se développer en s’appuyant sur les ressources du groupe bancaire : services bancaires électroniques, comptes d’exploitation, comptes courants, accès à SWIFTNet, Faster Payments, paiements en ligne Barclaycard… “Barclays nous permet d’être compétitif pour les paiements en livres sterling”, assure le président exécutif. Cette stratégie est en fait adoptée sur tous les marchés : “Partout en Europe, nous nous allions avec des banques pour répondre aux appels d’offres des places de marché des grands groupes, comme ceux du CAC 40 en France”, explique-t-il. Lemon Way travaille notamment avec BNP Paribas, Crédit Mutuel CIC et Banco Sabadell. La start-up assure avoir déjà signé deux clients du CAC 40 dans l’Hexagone et avoir été chargée par une banque Française et une banque Américaine de gérer les flux de leurs places de marché clientes. Aude Fredouelle paiement en lignePSP Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind