Accueil > Services bancaires > Eric Lassus : “Treezor pourra désormais être utilisé par des établissements financiers” Eric Lassus : “Treezor pourra désormais être utilisé par des établissements financiers” Quelques mois après le rachat de la plateforme de Banking-as-a-Service par Société Générale, son CEO Eric Lassus dévoile les synergies en cours de développement. Treezor travaille à son expansion européenne, à l’intégration de services de crédit et d’assurance, mais aussi à une offre pour les établissements financiers. La start-up se positionne ainsi face à Arkéa Banking Services. Par Aude Fredouelle. Publié le 14 juin 2019 à 14h24 - Mis à jour le 28 janvier 2025 à 15h58 Ressources Le rachat de Treezor par Société Générale a été annoncé fin septembre 2018. Depuis, quelles synergies ont été mises en place ? L’objectif de cette acquisition est de doper les capacités industrielles de Treezor tout en laissant la plateforme suivre sa stratégie sur le marché. Nous avons simplement désormais davantage de moyens pour bâtir une plateforme paneuropéenne de paiement dotée des meilleurs services possible. Les moyens apportés sont financiers mais aussi techniques ; nous bénéficions de l’expertise de Société Générale sur les métiers que nous couvrons. Cela nous permet d’être rapides et plus pertinents dans notre feuille de route, mais aussi de proposer des services que l’on n’aurait pas pu élaborer sans le groupe, comme du crédit ou de l’assurance. Pour cela, nous nous appuyons sur les capacités de Société Générale en matière d’open banking. Nous sommes en train d’intégrer ces nouveautés qui aideront nos clients à se monétiser. Autre nouveauté : jusqu’ici, Treezor n’avait dans son panel de clients que des “fintech” qui se font agréer en tant qu’agents prestataires de services de paiement de Treezor. Concrètement, nous ne gérions des comptes qu’avec des IBAN Treezor. Grâce à Société Générale, la plateforme pourra être multi-bancaire et donc gérer les IBAN d’autres clients : un établissement de paiement pourra par exemple utiliser certains services de Treezor, comme son core banking. Cela signifie que vous pourrez désormais compter des établissements financiers parmi vos clients, et que vous concurrencez ainsi Arkéa Banking Services ? Exactement. Notre modèle de “one-stop shop” permet à un établissement régulé d’aller chercher des briques de la plateforme APIsée Treezor. Dans ce cas, nous devenons un “service provider” et nous assurons le processing et le core banking. Pour les établissements non régulés, Treezor prend en charge la partie réglementaire des comptes en plus. Une fintech pourra donc se connecter à Treezor, croître, puis aller chercher son propre agrément mais continuer à utiliser Treezor [Qonto, client de Treezor, a par exemple obtenu l’agrément d’établissement de paiement en septembre 2018, ndlr]. Et nous pouvons désormais nous adresser à des établissements régulés – des banques souhaitant lancer un produit particulier rapidement, par exemple. Avez-vous déjà signé des établissements régulés ? Oui, mais je ne peux pas encore en dire plus. Société Générale deviendra-t-elle cliente de la plateforme ? Nous y travaillons, bien sûr. Il y a forcément des synergies entre les deux systèmes et il serait logique d’utiliser la plateforme Treezor pour lancer des projets un peu différents. Lors du rachat, l’un des objectifs affichés était le soutien de Société Générale au développement de Treezor à l’international. Un aspect très important pour accompagner vos clients : le CEO de Qonto, Alexandre Prot, nous expliquait par exemple en janvier 2019 avoir demandé l’agrément d’établissement de paiement pour avoir “plus de flexibilité pour étendre le service à l’étranger, puisque Treezor n’est pour l’instant actif qu’en France”. Où en êtes-vous du déploiement ? Nous sommes agréés dans 31 pays européens et nous allons donc construire petit à petit une plateforme paneuropéenne. Nous avons des correspondants réglementaires dans plusieurs pays pour nous aider à développer notre capacité à respecter les règles AML et nous nous appuyons aussi sur Société Générale. Nous devons également déclarer nos clients en tant qu’agents de paiement dans chaque pays. Nous sommes en cours de déploiement en Italie, au Portugal et en Espagne, où plusieurs clients sont déjà en train de se connecter à la plateforme. Le Royaume-Uni suivra rapidement et nous travaillons aussi sur la Belgique, les Pays-Bas, l’Allemagne… Proposerez-vous des IBAN localisés ? Pour le moment nous proposons des IBAN français mais nous aurons en effet des IBAN localisés. Quels autres services allez-vous développer dans les prochains mois ? Nous allons renforcer encore la valeur ajoutée de la plateforme. D’abord, via le déploiement européen, pour permettre aux fintech de s’étendre dans toute l’Europe avec la même offre de services si elles le souhaitent. Ensuite, nous avons vocation à simplifier la monétique au sens large, en étant capable de gérer tous les services de paiement possibles dans une plateforme de bank-as-a-service. Et enfin, nous allons greffer de nouveaux services à la plateforme, dont le crédit mais aussi par exemple du cashback, des services liés à la sécurité, la biométrie… Natixis et Visa ont annoncé ont lancé officiellement début juin une offre baptisée Xpollens, une plateforme de services de paiements en marque blanche concurrente à Treezor. Comment voyez-vous cette entrée sur le marché ? Le marché est profond. Nous y sommes présents depuis quatre ans et cette annonce prouve que le marché est très dynamique, c’est plutôt rassurant. Je vois d’un bon oeil que plusieurs acteurs se positionnent. Combien de clients revendiquez-vous ? 40 sociétés sont connectées à Treezor, parmi lesquelles Qonto, Lydia, Xaalys, Shine… Nous nous approchons des 500 000 cartes de paiement émises [contre 200 000 en juin 2018 et 300 000 en septembre 2018, ndlr]. Nous gérons au bas mot 500 millions d’euros de transactions par mois. Quels résultats revendiquez-vous ? Notre chiffre d’affaires a été multiplié par six l’an dernier pour atteindre 6,4 millions d’euros, mais nous ne sommes qu’au début de l’aventure. Le plus important pour nous est de montrer notre capacité à bâtir rapidement la plateforme paneuropéenne avec des services additionnels, et de contribuer à l’essor de nos clients en Europe. Quand espérez-vous atteindre la rentabilité ? Tout dépendra de nos choix d’investissements mais d’ici deux ou trois ans, Treezor devrait avoir franchi cette étape. Combien de collaborateurs comptez-vous ? Près de 70 et nous devrions être une petite centaine d’ici la fin de l’année. Vendredi 7 juin, une interruption de service de Treezor a pénalisé plusieurs de vos clients. Dans un post de blog revenant sur l’incident, le CEO de Shine, Nicolas Reboud, indique vouloir “réduire sa dépendance à l’égard de Treezor”. Que s’est-il passé ? Nous avons eu un problème avec l’un de nos hébergeurs, dont nous ne souhaitons pas communiquer le nom. Aucunes données ni opérations n’ont été perdues et le jour même une partie des opérations était à nouveau disponible, mais 6% des porteurs de cartes chez nos clients ont été impactés. Nous analysons actuellement notre comportement face à cet incident et nous tiendrons informés nos agents des conclusions. L’équipe Treezor est déterminée à continuer de soutenir ces agents en améliorant sans cesse ses niveaux de service et fonctionnel. Pour aller plus loin, voir notre dossier “Pourquoi le marché français du Banking-as-a-Service est à l’aube d’une accélération“ Eric Lassus Depuis 2015 : COO puis CEO de Treezor 2006 – 2015 : CEO Ameliste 2004 – 2007 : International group manager chez Euroclear BANK 1998 – 2004 : manager chez SOFIM International 1988 – 1998 : architecte IT chez IBM France Formation Diplômé en physique de l’université de Bordeaux Treezor Plateforme de Banking-as-a-Service Création : 2015 Rachat par Société Générale en septembre 2018 Clients : 40, dont Qonto, Shine, Lydia Chiffre d’affaires 2018 : 6,4 millions d’euros Effectifs : 70 CEO : Eric Lassus Aude Fredouelle banking-as-a-service Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind À lire Comment Treezor, petit frère d’HiPay, veut s’emparer du marché des solutions de paiement Société Générale rachète la plateforme de Banking-as-a-Service Treezor