Accueil > Services bancaires > Open banking > Erwan Guigonis (BPCE) : “BPCE devrait lancer sa plateforme d’open banking au premier semestre” Erwan Guigonis (BPCE) : “BPCE devrait lancer sa plateforme d’open banking au premier semestre” BPCE lancera au premier semestre une plateforme mettant à disposition certains services et produits sous forme d’APIs pour des acteurs tiers, révèle à mind Fintech Erwan Guigonis, responsable de la plateforme partenaires chez BPCE. Pour le groupe, il ne s’agit pas seulement de se conformer avec la DSP2 mais aussi d’exporter ses produits sur de nouveaux canaux de distribution. Par Aude Fredouelle. Publié le 02 février 2018 à 9h53 - Mis à jour le 28 janvier 2025 à 16h01 Ressources Vous êtes responsable de la plateforme “partenaire” pour le groupe BPCE. De quoi s’agit-il ? Le Crédit Agricole avait initié, avec son CA Store en 2013, la pratique de mise à disposition d’un catalogue d’APIs pour développer des applications mobiles, mais le marché n’était pas encore mature. Dans une logique similaire, même si le fonctionnement sera différent, nous sommes en train de tester en interne une plateforme d’open banking baptisée 83C3 API. Pour nous, la question de l’ouverture ne se pose pas : elle est nécessaire, structurelle et non négociable. Seule reste à déterminer la vitesse à laquelle nous allons nous ouvrir. Conjoncturellement, nous devons adresser le sujet réglementaire de la directive européenne sur les moyens de paiement (DSP2), et cela va nous permettre d’accélérer sur le sujet et de le pousser au sein d’entités du groupe qui n’étaient pas les plus enthousiastes. Quels services seront proposés sous la forme d’APIs ? La plateforme intégrera en premier lieu les APIs nécessaires pour se conformer à la DSP2, bien que l’entrée en vigueur des standards techniques (RTS) ne soit fixée qu’à fin 2019 : consultation de solde, accès aux données, initiation de paiements. Mais au-delà de la mise à disposition de ces services, le but est aussi de développer la capacité du groupe à distribuer des offres bancaires différemment. Nous allons donc proposer des services, des produits bancaires plutôt que des “grains” technologiques : l’objectif n’est pas de publier 130 APIs comme l’Open Bank Project. Notre but est de proposer des cas d’usage, quelques unités qui font sens par rapport à un marché, puis peut-être que l’on pourra donner de la marge pour les élargir. Il faudra trouver la bonne granularité pour les APIs afin que les produits proposés soient tout de même assez généralistes pour pouvoir être adoptés largement, par de nombreux acteurs. Quels cas d’usage envisagez-vous de proposer ? Nous avons déjà au sein du groupe des APIs qui pourront y être intégrées, comme l’API d’encaissement pour compte de tiers de S-money ou bien celle de paiement e-commerce de Payplug. Ces acteurs, qui distribuent déjà leurs produits, pourront bénéficier d’une plus grande visibilité mais aussi de briques supplémentaires pour mieux gérer leurs APIs, appréhender leurs flux clients… Nous envisageons de proposer de tous les métiers spécialisés de Natixis, du crédit immobilier, de l’assurance… Cela nous permettra d’adresser de nouveaux marchés. Par exemple, un acteur tiers pourrait vouloir intégrer notre simulateur de taux d’assurance ou de crédit immobilier. Et à terme, nous pourrions même construire un parcours intégré permettant d’obtenir un taux qualifié puis de souscrire un crédit directement depuis l’application de cet acteur, de manière externalisée. C’est juste une question de temps. Selon quels critères la demande d’accès aux APIs sera-t-elle validée par le groupe au-delà de l’environnement de tests ? La demande d’accès aux produits dépendra de trois critères : il faudra que l’acteur ait le droit réglementaire pour accéder au service, qu’il respecte des critères techniques de performance et de sécurité, et enfin se posera la question de l’aspect commercial, de la relation partenariale, de possibles exclusivités ou partenariats. Il ne s’agira pas forcément de monétiser les APIs. Parfois, nous créerons une relation d’apporteur d’affaires. Allez-vous ouvrir une marketplace pour regrouper tous les produits ou services utilisant vos APIs ou bien une sélection d’entre eux ? Non, ce n’est pas prévu. Mais si une fintech veut utiliser les APIs du groupe, nous pouvons imaginer l’intégrer en la rachetant (comme Lepotcommun a été racheté par S-Money après l’avoir utilisé pour gérer ses flux), la distribuer en marque blanche via nos canaux, ou encore l’intégrer à la marketplace de produits financiers de Fidor, Finance Bay. Combien de collaborateurs travaillent sur cette plateforme ? L’équipe coeur est composée d’une bonne vingtaine de personnes. Tous les métiers du groupe seront-ils impliqués par l’ouverture de leurs services sous forme d’API ? Notre travail auprès des différents métiers du groupe est de faire découvrir à ceux qui ne l’ont pas encore envisagé la possibilité de bénéficier de canaux de distribution additionnels, souvent en complément ou en appui des canaux traditionnels. Certains métiers se positionneront très vite sur le sujet, d’autres ne sont pas encore mûrs pour se poser la question de la distribution par API et auront besoin de plus de temps, mais nous croyons que cette pratique est nécessaire. Quand la plateforme sera-t-elle lancée ? Notre objectif est d’ouvrir le plus vite possible, dès que l’on aura des APIs produits qui tournent, pour roder le dispositif et recevoir des retours des clients. Nous ne voulons pas attendre l’entrée en vigueur des RTS pour proposer les services liés à la DSP2. La plateforme devrait être lancée au premier semestre. Chez BPCE, notre démarche sur le sujet de l’API-sation s’opère de l’intérieur vers l’extérieur. Cette stratégie a débuté il y a quatre ans dans le cadre de la modernisation de nos systèmes d’information. Nous avons décidé de les passer en APIs REST en interne pour permettre aux différentes plateformes techniques des entités du groupe de communiquer plus facilement entre elles. Nous avons donc amélioré notre compréhension de ces sujets d’un point de vue technique, de la gestion des gateways en interne, des questions de sécurité… Et désormais, nous pouvons opérer la transition vers une API-sation externe. BPCE ET BBVA, deux stratégies d’api-sation différentes Le pionnier de l’open banking BBVA poursuit une stratégie différente de celle de BPCE : les 10 APIs proposées par le groupe espagnol sur BBVA API_Market constituent des outils pour les acteurs tiers qui seraient monétisés via une facturation en fonction de l’usage.BBVA propose par exemple un service de KYC, BBVA Connect, et l’API la plus utilisée, PayStats, met à disposition des statistiques d’achat avec des données anonymisées, pour aider les entreprises à affiner leur stratégie. Elle est utilisée par plusieurs start-up de géo-marketing. BPCE semble s’orienter au contraire, du moins pour l’instant, vers un modèle d’API-sation permettant d’intégrer plus facilement des produits ou des services bancaires du groupe, voire de les commercialiser. Aude Fredouelle APIDSP2innovationopen bankingpartenariattransformation digitale Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind À lire Pourquoi les banques doivent investir dans l’Open Banking Entretien Raúl Lucas (BBVA) : "L’API de BBVA pour accéder à des statistiques d’achats bénéficie d’une forte popularité"