Accueil > Services bancaires > Paiements > Houssem Assadi (Dejamobile) “La démocratisation du m-paiement passera par la convergence des usages” Houssem Assadi (Dejamobile) “La démocratisation du m-paiement passera par la convergence des usages” Fondée en 2012 par trois anciens d’Orange Labs, Dejamobile fournit sa technologie de paiement mobile en magasin à deux grandes banques françaises. Son président, Houssem Assadi, présente la solution pour mind Fintech et décrit sa vision du futur marché du paiement mobile en magasin. Par Aude Fredouelle. Publié le 17 février 2017 à 9h00 - Mis à jour le 28 janvier 2025 à 16h04 Ressources Quelles banques ont recours à votre solution ? Elle a notamment été choisie par le Crédit Agricole pour l’un des premiers pilotes HCE [Host Card Emulation, soit l’émulation de la carte bancaire dans le cloud et non sur une puce, ndlr] en 2015. Il a été peu médiatisé mais cet exercice a permis de tester la technologie, d’auditer sa sécurité et de l’expérimenter avec des clients et commerçants à Lyon. Le Crédit Agricole a ensuite décidé de se placer sous la houlette de Paylib et de commercialiser une solution basée sur notre technologie. Le service est en cours d’homologation définitive et sortira prochainement. Selon nos informations, vous êtes aussi derrière la technologie de paiement NFC du Crédit Mutuel-CIC ? Je ne peux pas le confirmer. Mais je peux vous dire qu’outre le Crédit Agricole, nous avons signé avec deux autres clients, une banque en France et une autre en Europe. D’autres prospects sont en cours de signature. Comment vous distinguez-vous de vos concurrents, comme Worldline, qui fournit la solution NFC de BNP Paribas, Société Générale, la Banque Postale et BPCE, ou Antelop Payments, derrière celle du Crédit Mutuel Arkéa ? Nous avons une approche industrielle. Nous sommes connectés aux trois TSP français, ces “Token service providers” qui créent le token associé à la carte bancaire : Visa, Mastercard et la Stet. De notre côté, nous faisons office de “token requestor” ou “plateforme HCE”, c’est-à-dire que notre plateforme demande le token et réalise l’opération de tokenisation. Nous fournissons aussi le pendant côté mobile, un SDK (kit de développement, ndlr) intégré dans le wallet de paiement quel qu’il soit. Pour l’instant, Worldline semble n’être qu’un projet Visa tandis que le Crédit Mutuel Arkéa et Antelop Payments semblent s’orienter vers Mastercard uniquement. À terme ils évolueront probablement vers des systèmes multi-TSP. En ce qui nous concerne, nous avons misé sur l’industrialisation immédiate et un élargissement maximal. Quel est votre business model ? Nous sommes un éditeur de solution, c’est donc un système de licence. Il n’y a pas de coût lié au nombre de transactions. Comment êtes-vous financés et quels sont vos résultats ? L’entreprise est autofinancée depuis sa création, hormis des subventions de bpifrance. Notre équipe R&D en France compte une vingtaine de collaborateurs -absolument tous nos produits sont développés en interne, pour que nous ayons une grande maîtrise de notre outil- et nous employons des commerciaux en Irlande et au Royaume-Uni. Nous ne communiquons pas nos résultats. Combien ont coûté les projets de création d’applications de paiement NFC pour les banques françaises ? Un projet global se chiffre en millions d’euros car il dépasse largement la solution technique, dont le déploiement en tant que tel prend entre trois et six mois. Il faut aussi compter le projet d’intégration dans les SI existants et le processus de mise en conformité. C’est un gros projet de transformation. Dans le cas de Paylib, il faut enfin intégrer les coûts d’investissements sur la marque, par exemple. En lançant leurs propres applications de paiement mobile sur Android, les banques françaises font le pari de se développer avant l’arrivée de concurrents étrangers comme Samsung Pay et Android Pay. Si elles échouent, votre activité risque d’en prendre un coup… Je pense qu’il y a peu de chances pour qu’un client final utilise à la fois Android Pay et l’application de sa banque. À moins peut-être s’ils apportent des services différents et spécialisés… Bien sûr, l’arrivée de Samsung Pay et d’Android Pay peut nous nuire car notre solution en marque blanche dépend de l’usage des applications des banques. Mais d’un autre côté, on travaille sur le paiement mobile et de tels acteurs peuvent aider à en démocratiser l’usage. Si les banques ont décidé d’investir et de lancer des services, c’est à cause de l’apparition d’Apple Pay. C’est bénéfique pour nous car cela rend l’usage plus visible. Si le gâteau grossit, ce sera toujours positif pour nous ! Nous sommes en tout cas satisfaits de voir qu’aujourd’hui certaines banques, dont les banques françaises, sont très volontaristes et investissent massivement sur des alternatives. Dans d’autres pays, elles baissent les bras. Aux États-Unis, c’est manifeste. Travaillez-vous sur des moyens permettant aux banques de proposer une solution sur les terminaux iOS malgré le refus d’Apple d’ouvrir l’accès à son NFC ? Nous faisons partie des acteurs qui pensent que la décision d’Apple est très dommageable et anticoncurrentielle et nous réclamons l’ouverture de l’accès NFC. Mais on n’abandonne pas, on étudie différents sujets… Il est encore trop tôt pour en parler cependant. Les études sur Apple Pay aux États-Unis montrent que l’adoption est mauvaise et que l’usage ne prend pas. Est-ce que ça ne présage pas un échec pour le paiement mobile en magasin en France également ? Effectivement, même si Apple ne donne pas de chiffres officiels on sait que l’usage est décevant. Mais le cas des États-Unis est spécifique. Le retard d’équipement des marchands en lecteurs NFC est évident, et c’est un premier découragement à l’usage. Et puis ce qui peut maintenir l’usage, c’est une vraie proposition de valeur. Il va falloir créer des services supplémentaires qui manquent encore aujourd’hui. Selon moi, la démocratisation va aussi passer par la convergence : payer sans contact dans un magasin, c’est “fun”, mais on le fait déjà avec la carte NFC. En revanche, l’expérience utilisateur du paiement in-app et en ligne va s’améliorer et la combinaison des deux, avec Paylib par exemple, va aider au développement. L’expérience utilisateur va s’améliorer Houssem Assadi Président de Dejamobile Pourtant jusqu’ici Paylib en tant que solution de paiement en ligne a plutôt été un échec… Je pense qu’il ne faut pas sous-estimer la valeur d’un service de paiement convergent offert par la banque. Jusqu’ici Paylib était juste une marque de paiement en plus sur les sites marchands. Ce n’est pas la même démarche et la même proposition de valeur de dire aux utilisateurs qu’ils ont un moyen de paiement qui fonctionne partout de la même façon. Tout le pari, c’est de se dire que Paylib devient une solution universelle, pour payer en ligne (un gros point d’achoppement pour le client actuellement) et chez le commerçant. Comment voyez-vous se développer les services supplémentaires censés apporter de la valeur ajoutée aux wallets ? Il s’agira soit de services liés directement à l’usage du paiement, comme le font les néo-banques, soit liés à la notion de crédit ou de suivi de dépenses. Le commerce est aussi clairement un axe de développement. Une bataille de wallets se profile car l’utilisateur n’en utilisera pas beaucoup. Il y aura probablement une répartition du marché. Les grandes banques réussiront à capter une partie de l’usage et une autre partie ira aux nouveaux entrants. Android pay ne pourra pas tout capter car les banques ont quand même des capacités en national, par exemple en nouant des partenariats avec des grands marchands. Les banques travaillent-elles déjà sur ces services ? Il y a des travaux en cours et quasiment tous les acteurs observent et testent des services, mais c’est difficile de savoir quand ça va être lancé… Les banques ont beaucoup de contraintes réglementaires et organisationnelles. Disons que dans les 2 à 3 prochaines années il y aura des nouveautés. Aude Fredouelle paiement en magasinpaiement mobile Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind