Accueil > Services bancaires > L’application d’épargne Moka se lance dans les investissements ISR en France L’application d’épargne Moka se lance dans les investissements ISR en France La fintech canadienne Moka (ex-Mylo), arrivée dans l’Hexagone l’été dernier avec son service d’épargne à l’arrondi, lance une fonctionnalité d’investissement responsable pour ses utilisateurs français. Par Caroline Soutarson. Publié le 14 avril 2021 à 17h32 - Mis à jour le 14 avril 2021 à 17h32 Ressources L’application d’aide à l’épargne Moka s’est lancée en France en juillet 2020, trois ans après avoir démarré au Canada où elle revendique plus d’un demi-million de clients. Jusqu’à présent, les utilisateurs français ne pouvaient qu’économiser sans voir leur épargne rémunérée, au prix de 2,99 euros par mois (pas d’offre premium en France pour l’instant). “L’application mobile permet de créer des objectifs financiers et de les personnaliser en fonction du but, de l’échéance et de règles de financement, que ce soit via un dépôt unique, des dépôts récurrents ou notre fonctionnalité d’épargne à l’arrondi”, explique à mind Fintech Maxime Le Maître, responsable du marché France. À partir de ce jeudi 15 avril, les utilisateurs peuvent également investir l’argent économisé, sans augmentation du tarif, avec la particularité que les fonds proposés sont labellisés ISR (investissements socialement responsables). Une gamme de fonds 100 % ISR “Avant de nous lancer en France, nous avons réalisé une étude avec Opinion Way qui nous a appris plusieurs choses. Premièrement, que la moitié des 18-35 ans déclarent avoir du mal à mettre de l’argent de côté. Ensuite, qu’il y a un intérêt grandissant pour l’investissement : 71 % des jeunes aimeraient investir le plus tôt possible mais ne savent pas comment faire. 65 % estiment que les produits actuels proposés par les banques traditionnelles ne sont pas adaptés à eux. Enfin, 75 % n’envisagent l’investissement qu’à travers de l’ISR”, résume le responsable France. À partir de ces conclusions, Moka a donc décidé de proposer trois types de portefeuilles : “prudent, équilibré, audacieux”, composés de trois fonds en actions ISR d’Amundi et de deux fonds obligataires ESG gérés par PGIM (cf. schéma). Mais Moka ne se différencie pas seulement par son offre responsable : “il n’y a pas de montant minimum requis, les fonds investis sont récupérables sous une dizaine de jours et les retraits sont gratuits. Moka ne prend pas de commissions ni sur les montants investis ni sur les rendements. Seuls des frais de gestion externes sont appliqués, entre 0,27 % et 0,41 % des montants investis, en fonction des portefeuilles, par les fournisseurs de Moka (Amundi et PGIM)”, affirme le responsable France. Des investisseurs responsables et responsabilisés En pratique, les épargnants associent à leurs objectifs financiers le type d’investissement qu’ils souhaitent afin que les dépôts et les arrondis aillent directement dans le portefeuille souhaité. “En se basant sur les années passées, les rendements potentiels sont de l’ordre de 2,5 % pour le portefeuille prudent, 4 % pour l’équilibré et 5,5 % pour l’audacieux”, déclare Maxime Le Maître, bien que ces derniers ne prédisent pas les rendements futurs. Autre particularité de ce nouveau service, Moka ne définira pas le profil investisseur de ses clients. “Notre société de gestion Moka Asset Management Europe est responsable des investissements. Elle est enregistrée aux Pays-Bas et opère en France sous une licence “execution only” afin que les utilisateurs choisissent en fonction de leur tolérance au risque”, explique Dave Fortin, directeur de la conformité et des opérations financières au niveau global. Cette licence responsabilise donc les investisseurs en ne questionnant pas leur niveau d’éducation financière et en “exécutant” simplement leurs ordres. Pour Maxime Le Maître, cela a également un avantage en termes d’expérience utilisateur puisque “le processus d’onboarding est très rapide, il y a le moins de questions possibles pour inviter l’utilisateur à commencer. Si nous leur donnions une vingtaine ou une quarantaine de questions, les utilisateurs pourraient être stressés ou abandonner.” Face au paradoxe que peut représenter une cible jeune, dont “71 %” ne savent pas comment investir, devant décider de son propre niveau de risque, Maxime Le Maître répond par l’éducation financière. Via son blog et sa foire aux questions (FAQ), Moka énonce les principes de base de l’investissement comme la diversification, le risque de perte, ou le couple rendement/risque. En outre, “nous donnons quelques indications lorsque l’utilisateur choisit le portefeuille : la répartition des fonds, le terme, le niveau de risque et le rendement potentiel”, précise le directeur de la conformité. 500 000 clients dont 100 000 premium La fintech gère actuellement 250 millions de dollars d’encours pour un chiffre d’affaires de 6,5 millions de dollars au global pour l’année 2020 et comptabilise plus de 500 000 clients dont 100 000 membres premium au Canada. Grâce à une stratégie d’acquisition clients basée sur le bouche-à-oreille, les réseaux sociaux (Facebook, Instagram, Snapchat et TikTok) et un système de parrainage (5 euros offerts au parrain et au filleul), la fintech qui cible un public jeune (la majorité des utilisateurs français ont entre 20 et 34 ans) revendique à présent plusieurs dizaines de milliers d’utilisateurs en France, nous confie Maxime Le Maître. “Avec l’ajout de la brique investissement à la brique épargne, nous estimons être le seul acteur en France et en Europe à proposer ce type de service via une application mobile. Il y a quelques nouveaux entrants sur chaque brique mais nous avons acquis de l’expérience, tant en acquisition clients qu’en offre de produits”, assure le responsable France à mind Fintech. Côté épargne, Yeeld, Birdycent ou Monabanq proposent des solutions d’épargne à l’arrondi. Et sur le segment investissement, Yomoni, Nalo, Cashbee, Vivid Money ou encore les applications de trading sans commission qui arrivent progressivement en France (BUX, Trade Republic ou encore Freetrade) sont aussi de potentiels concurrents. Quant aux acteurs bancaires qui, eux, proposent des comptes d’épargne et des produits d’investissement, ce ne sont que des concurrents indirects puisque Moka s’est construit en réponse à leurs failles. “Les banques traditionnelles ont longtemps ignoré les jeunes. C’est la raison pour laquelle nous avons créé Moka : pour offrir un service simple, flexible et accessible qui permet à tous d’épargner et d’investir son argent”, explique Philip Barrar, fondateur et CEO de Moka. La fonctionnalité d’investissement de Moka au Canada “Au Canada, 100 % des clients utilisent la partie investissement” puisqu’il n’y a pas d’alternative : tous les montants épargnés sont investis, nous apprend Dave Fortin. “Mais l’un de nos portefeuilles est 100 % marché monétaire donc, au niveau du rendement, il n’y a presque pas de risque et cela rapporte un peu plus qu’un livret dans une banque.” Les modèles d’investissement sont effectivement différents de la gamme française : cinq types de portefeuilles sont proposés allant de “conservateur” à “agressif”. Ces derniers ne sont pas labellisés ISR mais l’investissement responsable est toutefois proposé en option. Autre différence, ce ne sont pas les épargnants qui décident vers quel(s) portefeuille(s) se dirigeront leurs économies. Des conseillers en gestion de portefeuille enregistrés au Canada chez Tactex Gestion d’actifs, une filiale de Moka Financial Technologies, sélectionnent le modèle d’investissement en fonction de la tolérance au risque des utilisateurs et de l’horizon temporel de leurs placements. Au préalable, les utilisateurs canadiens doivent donc donner quelques renseignements sur leur situation financière, leur profil de risque et leurs objectifs financiers. Les clients de Moka peuvent ainsi lire dans leur FAQ : “Comme votre compte d’investissement est entièrement géré par un gestionnaire de portefeuille inscrit au Canada, vous n’avez pas besoin de posséder des connaissances en placement pour utiliser Moka”. Au contraire, en France, le choix d’investir ou non est laissé à l’utilisateur puisqu’il sera son propre gestionnaire. Moka bientôt rachetée par Mogo Le 23 mars dernier, Moka a annoncé son rachat imminent par une autre fintech canadienne, Mogo, qui propose des solutions d’épargne et de paiement. Mogo est cotée en Bourse et affiche une capitalisation de plus de 500 millions de dollars. La société va racheter 100 % des parts de Moka en échange de 5 millions d’actions Mogo (soit une valeur de 52,5 millions de dollars au cours actuel) et la reprise d’une dette nette d’environ 3 millions de dollars. Le responsable du marché français nous explique que cette future opération est “une très bonne nouvelle car Mogo est coté à Toronto et à New York, qu’il a plus d’un million d’utilisateurs au Canada et que la société a développé un grand nombre de services innovants et diversifiés”. Selon lui, le rachat ne devrait pas faire obstacle à l’expansion de Moka au niveau européen et devrait même être un atout en termes de fonctionnalités complémentaires et d’innovation. “De l’ouverture de compte, à la compensation automatique de votre empreinte carbone, en passant par l’investissement en bitcoins, et plus encore… Les utilisateurs de Moka auront bientôt accès à une gamme encore plus large de services simples et abordables”, écrit dans une lettre aux utilisateurs Philip Barrar. Caroline Soutarson application mobilearrondisépargneinvestissement Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind À lire Le canadien Mogo va racheter l’application d’épargne Moka L’application canadienne d’aide à l’épargne Moka (ex-Mylo) se lance en France