Le Forum économique mondial mise sur le modèle de “supermarché” des services financiers

Le Forum économique mondial a publié le 22 août un rapport de près de 200 pages sur le potentiel de disruption dans les services financiers. Intitulé “Beyond fintech : a pragmatic assessment of disruptive potential in financial services”, ce document réalisé en collaboration avec Deloitte passe en revue de nombreux domaines d’activité : paiement, assurance, banque digitale, prêt, investissement, crowdequity et infrastructure de marché (dont la blockchain). Plus de 150 experts, aussi bien au sein des acteurs établis que des acteurs innovants, ont été sondés au cours des dix derniers mois et 10 ateliers de travail ont été organisés. De ce travail, on peut retenir trois affirmations majeures :

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  Les plateformes qui offriront un point d’entrée unique triompheront

 

“Les plateformes qui seront en mesure d’interagir avec différentes institutions financières depuis un seul canal deviendront le modèle dominant pour la fourniture de services financiers”, assure le rapport. Cette “plateformisation” est déjà en marche, poursuivent  les auteurs qui citent un certain nombre d’exemples. Une plateforme de distribution de produits BtoC comme Webank (Tencent) propose déjà à des clients particuliers d’acheter des produits et services (crédit, gestion d’actifs)  auprès de plusieurs fournisseurs concurrents. Autre évolution : des plateformes pré-existantes qui répondent à des besoins et des publics spécifiques étofferont leur gamme de produits. C’est le cas de Wave, une plateforme d’affacturage et de reporting pour les TPE, qui offre désormais des services de paiement ou de crédit, en direct ou via des partenariats avec ADP et RBC. Enfin, de plus en plus de plateformes agrégeront des donnés client provenant de différentes institutions financières.

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  Les institutions financières s’inspirent des géants de la tech mais dépendent aussi d’eux

 

La transformation numérique, qui se matérialise par la multiplication des interfaces digitales et des données, pousse les établissements financiers à muscler fortement leurs capacités technologiques. Certains d’entre eux ont pris pour modèles de grands acteurs de la technologie afin de bâtir et tirer des revenus de leurs plateformes ou améliorer l’expérience digitale. D’un autre côté, ce mouvement a aussi tendance à renforcer leur dépendance vis-à-vis des grands acteurs technologiques. Un prestataire cloud comme Amazon Web Services s’est ainsi imposé auprès d’acteurs financiers (JPMorgan, Xignite) pour assurer le stockage et le traitement de données.

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  Les chaînes de valeur traditionnelles seront bouleversées

 

L’offre technologique et les partenariats vont permettre aux organisations de contourner les chaînes de valeur traditionnelles, et donner lieu à une redistribution des centres de profit. Ces bouleversements se produiront à l’intérieur des chaînes de valeur existantes mais également entre elles. Dans le premier cas, les intermédiaires classiques sont éclipsés par la recherche de partenariats directs avec des start-up. Le rapport cite ainsi le cas du réassureur allemand Munich Re qui, en s’associant à Bought by Many et Trōv, entre en concurrence frontale avec ses partenaires assureurs habituels. Dans le deuxième cas, la technologie offre la possibilité aux consommateurs de changer facilement de produits dans différentes chaînes de valeur. C’est le cas d’un robo-advisor comme Betterment dont l’offre de fonds indiciels cotés (ETFs) détourne les consommateurs de comptes d’épargne bancaire. Cette réorientation des centres de profit, liée aux mouvements des chaînes de valeur, sera un défi considérable pour des acteurs établis qui vivent de leur positionnement sur la chaîne de valeur.

Crédit photo : World Economic Forum