Accueil > Services bancaires > Lyf Pay : un an après le lancement, l’industrialisation de la solution se fait attendre Lyf Pay : un an après le lancement, l’industrialisation de la solution se fait attendre L’application de paiement en magasin ne dispose encore que d’un réseau d’acceptation restreint. Mais son CEO Christophe Dolique assure que de gros chantiers d’intégration aux logiciels de caisse touchent à leur fin et que l’industrialisation de la solution est désormais possible. mind Fintech dresse un premier bilan du déploiement de la solution. Par Aude Fredouelle. Publié le 01 juin 2018 à 12h13 - Mis à jour le 19 juillet 2021 à 11h08 Ressources Lyf Pay est né en mai 2017 de la fusion de Fivory (lancé en 2014 par Crédit Mutuel puis ralliée par Auchan, Total, Mastercard et Oney) et de Wa ! (soutenu par BNP Paribas et Carrefour mais jamais sorti de la phase de test). 105 millions d’euros ont été investis dans le projet, annonçaient alors les actionnaires. L’application en propre a fait son apparition dans les app stores le 18 mai 2017 mais la solution est également destinée à être intégrée directement dans les applications des commerçants partenaires qui le souhaitent. Paiement en magasin via QR code et P2P Lyf Pay dispose d’un agrément d’établissement de monnaie électronique et d’une extension services de paiement. La société “s’appuie sur le Crédit Mutuel pour certaines opérations”, indique son CEO, Christophe Dolique. L’utilisateur peut alimenter son wallet via divers moyens de paiement (carte Visa, Mastercard, virements). D’autres seront ajoutés, assure le CEO : les cartes American Express, les options de paiement à crédit d’Oney, Paylib… L’application permet aussi aux utilisateurs de s’échanger de l’argent entre eux. La solution peut être plus ou moins intégrée : chez Auchan, le paiement prend automatiquement en compte la carte fidélité du client et simplifie l’expérience. Mais la plupart du temps, l’application permet uniquement de digitaliser la carte de fidélité et le client doit la faire scanner en plus du QR code de paiement. Plusieurs banques membres de Paylib, une solution alternative, proposent également le scan de carte de fidélité, en plus du paiement NFC en magasin. Programmes de fidélité Les commerçants partenaires peuvent quant à eux se connecter à des “API merchandising”, des outils en marque blanche leur permettant de créer des programmes de fidélité ou des coupons ciblés – la société n’a par contre pas prévu d’animer un programme global de cashback et laisse la main à chacun des commerçants partenaires. C’est, selon Lyf Pay, ce qui doit différencier la solution des autres wallets de paiement en magasin. “Lyf Pay n’est pas uniquement une solution de paiement”, assène Christophe Dolique, CEO, qui souligne qu’elle permet “d’améliorer la connaissance client pour le commerçant”. De quoi se démarquer des wallets de paiement comme Lydia ou Apple Pay… et aussi des wallets de retailers alliant paiement et fidélité, car “Lyf Pay une application multi-marque et multi-service. Nous avons une démarche industrielle, de solidité et de crédibilité”. Lyf Pay prélève ensuite une commission sur chaque transaction aux commerçants (“un pricing en ligne avec le marché”, se contente de préciser Christophe Dolique), ainsi qu’un abonnement par magasin ou par utilisateur, mensuel ou annuel, pour la gestion et l’animation commerciale. La société refuse pour l’instant de communiquer le nombre de campagnes déjà réalisées par ses clients ou sur leurs résultats. Sur l’application, les offres doivent être pré-activées par l’utilisateur avant le paiement. Fin mai 2018, une quinzaine seulement sont proposées, parmi lesquelles des réductions dans trois enseignes de la chaîne Bagelstein, trois points de vente du chocolatier Gagao, une école d’équitation à Strasbourg ou encore trois offres du stade du Toulouse Football Club. Intégration dans les caisses des commerçants L’une des principales conditions de succès de Lyf Pay réside dans la création d’un large réseau d’acceptation côté commerçants – tandis que les wallets de paiement sont quant à eux automatiquement acceptés partout où le paiement sans contact est disponible. “Nous avons travaillé sur l’intégration de Lyf Pay dans les systèmes de caisse, et nous sommes désormais compatibles avec les éditeurs de caisse industrielle, les principaux PSP et CMS, fournisseurs des acteurs du e-commerce, et les start-up proposant des solutions clé en main”, raconte Christophe Dolique. Le site de la société affiche ainsi des partenariats avec Tiller, Toshiba, Wincor Nixdorf et Cylande ainsi que Magento, Prestashop, et Monetico côté e-commerce. Les développeurs de logiciels de caisse peuvent d’ailleurs utiliser le SDK (kit de développement) de Lyf Pay pour rendre la solution accessible à leurs clients. Les petits commerçants et vendeurs à domicile peuvent également télécharger l’application professionnelle sur iPhone ou sur Android pour accepter les paiements via Lyf Pay (Lydia ou EasyTransac proposent des solutions similaires). La solution est aussi “intégrée dans les nouveaux terminaux de paiement Ingenico, qui peuvent accepter les QR code”. Déploiement lent chez les commerçants fondateurs Le déploiement chez les membres fondateurs prend du temps. Lyf Pay a certes été déployé dans les hypermarchés Auchan en novembre 2017 et touche plus de 600 points de vente de la grande distribution. Mais chez Carrefour, la solution n’est toujours pas acceptée. “Nous sommes en train de finir les travaux d’intégration et les premiers tests en magasin sont en cours”, assure le CEO. “Le déploiement progressif dépend du format des magasins et débutera à la rentrée de septembre”, ajoute le dirigeant. L’enseigne a par contre déjà déployé, en février 2018, sa propre solution baptisée Carrefour Pay, intégrée à l’application du programme de fidélité Carrefour & Moi et qui mise sur du paiement sans contact, contrairement à Lyf Pay. En revanche, Casino (qui n’est pas actionnaire de Lyf Pay) a annoncé en avril 2018 le déploiement de la solution dans l’ensemble de ses enseignes Géant et Casino soit 110 hypermarchés et 396 supermarchés, après une phase d’expérimentation dans quelques magasins de la région de Saint-Etienne. Mais l’enseigne promeut surtout en magasin sa propre application, Casino Max, qui intègre le programme de fidélité, des promotions ponctuelles, permet de régler en caisse et de payer ses courses à crédit. “Avec Casino et Auchan, nous sommes en train de terminer la mise en production, avec la formation du personnel et de l’affichage pour évangéliser les clients”, indique Christophe Dolique. En parallèle, l’enseigne du groupe Franprix a tout de même signé avec Lydia, concurrent de Lyf Pay, en juin 2017 pour installer la solution dans 400 magasins. La décision aurait été prise avant la fusion Wa/Fivory, glisse le CEO… 10 000 points d’acceptation En tout, Lyf Pay revendique 10 000 points d’acceptation, dont 30% environ de grandes enseignes. Mais le site de la société ne référence encore qu’un millier de points de vente, dont une écrasante majorité d’associations et bureaux étudiants, qui utilisent la solution pour recueillir les dons et cotisations. “L’ensemble des 10 000 points d’acceptation est constitué des caisses déployées dans les points de vente de la grande surface alimentaire (120 hypermarchés Auchan, plus de 500 hypermarchés Géant et supermarchés Casino,…) et spécialisés (Citadium, Marionnaud – dont le démarrage est prévu avant l’été pour un déploiement progressif tout au long de l’année 2018 – …) mais aussi les commerces de proximité, les enceintes évènementielles, les associations sportives et étudiantes et encore des techniciens, les vendeurs à domicile équipés de l’application Lyf Pro, etc”, détaille Christophe Dolique. Par comparaison, Lydia (lancé en 2013) compte 30 000 comptes professionnels, contre 10 000 mi-2016, parmi lesquels les 400 magasins Franprix mais aussi des sociétés comme Tupperware, qui invitent tous leurs vendeurs à s’y connecter. En tout, 200 000 vendeurs individuels utilisent ainsi l’application pour les professionnels. De son côté, la solution Easytransac, créée en 2015 et qui permet de transformer un mobile en TPE et cible donc uniquement les petits commerçants et professionnels en mobilité, compte 22 000 clients. Et les solutions de paiement comme Paylib, Android Pay (lancée récemment par BPCE), Apple Pay et bientôt Google Pay sont quant à elles compatibles avec tous les terminaux disposant du NFC. “Lyf Pay a effectué un travail de standardisation et d’industrialisation de sa solution” Christophe Dolique CEO de Lyf Pay “Nous avons fait un gros travail d’intégration avec Auchan, Casino et Carrefour pour produire une solution générique en termes d’expérience, avec une implémentation robuste, complète et de plus en plus rapide et standardisable”, raconte Christophe Dolique, qui assure que la solution va désormais pouvoir “monter en puissance” en termes de déploiement. BNP Paribas n’a pas intégré Lyf Pay Du côté des banques, le Crédit Mutuel, seule grande banque qui n’est pas membre du consortium Paylib (même si des discussions sont en cours depuis plusieurs années) et ne propose donc pas la solution de paiement mobile en magasin sur NFC, s’est empressé d’intégrer Lyf Pay aux applications du groupe pour pallier le manque. Le paiement P2P est mis en avant via une icône “Payez vos amis” aux couleurs de Lyf Pay, mais elle permet aussi de régler en magasin dans les magasins partenaires. Le banque propose également à ses clients de télécharger Lyf Pay en propre. Par contre, chez BNP Paribas, qui propose Paylib et y a rajouté une fonction de paiement P2P récemment, la solution n’a pas été intégrée. “C’est prévu”, se contente de rassurer Christophe Dolique. 2 500 téléchargements par jour Côté utilisateurs, Lyf Pay ne communique que sur un nombre de téléchargements : 600 000 depuis le lancement, et le rythme actuel serait de 2 500 téléchargements par jour, selon le CEO. Aucune donnée n’est cependant divulguée sur les créations effectives de wallets ni sur le rythme d’activité des clients. L’acquisition client de Lyf Pay doit reposer sur les commerçants mais, comme des déploiements massifs sont en cours de finalisation, peu de campagnes d’envergure ont déjà été lancées. L’application est notée 3,3 sur 5 sur l’App Store (253 notes) et 3,4 sur 5 sur Google Play (978 notes) – des problèmes de manque de formation du personnel en magasin et d’échecs de paiement sont évoqués par les mécontents. Si Lyf Pay veut se différencier en mettant l’accent sur le volet fidélisation, la société compte aussi travailler sur l’expérience de paiement. “Nous allons ajouter des fonctionnalités pour couvrir toutes les expériences de paiement”, dévoile le CEO, évoquant par exemple le règlement d’une addition au restaurant. En combinant quelques déploiements massifs sur de grandes enseignes et en étendant le réseau d’acceptation grâce au travail de standardisation effectué dans l’année, Lyf Pay espère ainsi se démarquer de ses concurrents, de plus en plus nombreux. Lyf Pay mise sur le QR code Lyf Pay nécessite de scanner un code barres ou un QR Code à la caisse, contrairement à ses concurrents qui misent sur le NFC. “Le QR code est générique et tout le monde sait l’utiliser, argue Christophe Dolique. C’est un réflexe qui commence à se démocratiser. Quand Lyf Pay était proposé en tant que solution de paiement à un festival il y a deux ans, cela représentait 10% des payeurs. Aujourd’hui, cela monte à 30%.” La société a tout de même prévu d’intégrer la fonction de paiement NFC dans l’application Lyf Pay pour les clients du groupe Crédit Mutuel. Pour cela, “il faut avoir accès à la banque et à la tokenisation de la carte via un accord bilatéral”. Pas sûr, donc, que les clients des autres banques puissent en bénéficier un jour. Aude Fredouelle application mobilecashbackpaiement en magasinpaiement entre particulierswallet Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind À lire Quel bilan tirer un an après le lancement de Paylib sans contact ? Samsung Pay se lance avec BPCE et concurrence Paylib La fusion Wa !/Fivory donne naissance au wallet commerçant Lyf Pay