Accueil > Services bancaires > Nicolas Benady : “Swan est une solution packagée de Banking-as-a-Service déployable en un jour” Nicolas Benady : “Swan est une solution packagée de Banking-as-a-Service déployable en un jour” Swan, solution de Banking-as-a-Service née au sein du start-up studio eFounders, se lance officiellement ce 15 septembre. Son CEO, Nicolas Benady, décrit sa stratégie et ses spécificités. Contrairement aux solutions déjà disponibles sur le marché, Swan est une solution sur étagère, moins modulable mais plus simple, qui vise en priorité les acteurs non financiers. Par Aude Fredouelle. Publié le 15 septembre 2020 à 11h00 - Mis à jour le 06 janvier 2021 à 16h19 Ressources Vous lancez officiellement Swan, projet initié au sein du start-up studio eFounders il y a près de deux ans. Pouvez-vous nous en dire plus ? Swan est une plateforme de Banking-as-a-service (BaaS), une solution qui permet à n’importe quelle société de créer des comptes, des cartes et des IBANs pour ses propres clients. Mais la proposition de valeur est très différente de celle des BaaS du marché. Elles visent avant tout les fintech. Nous partons sur une autre thèse : n’importe quelle société peut devenir une fintech. Lorsque nous observons ce qu’il se passe sur le marché de la banque de détail, nous voyons que des néobanques ont réussi à se positionner sur des créneaux de niche, comme Nickel sur les populations fragiles, Qonto sur les PME, Shine sur les freelances. En ciblant une clientèle précise, elles apportent une valeur ajoutée pertinente pour cette cible et leur acquisition est plus efficace et moins chère que celles des banques de détail. Nous pensons que la banque de détail va de plus en plus devenir de niche. Et dans ce contexte, de plus en plus d’acteurs non financiers vont pouvoir ajouter des services bancaires à leurs services existants pour décupler leurs valeur : Uber pour devenir la banque des chauffeurs, Shopify pour devenir la banque des sites marchands… Ce type d’acteurs est notre cible principale. En quoi cette différence se traduit-elle dans le produit ? Comme nous ne visons pas avant tout des fintech, notre produit est plus simple et moins ouvert que celui de Treezor, par exemple. Il sera beaucoup plus simple de devenir client de Swan que d’un autre fournisseur de BaaS. Notre mission est de permettre de devenir client et de créer une banque en marque blanche à son image, avec des comptes et des cartes, en un jour – contre souvent au moins 6 mois pour les autres solutions. En contrepartie, forcément, Swan sera moins modulable : les cartes seront soit noires, soit blanches, avec le logo du partenaire, mais il n’y aura pas de possibilité d’obtenir une carte dédiée, ce qui implique une relation avec Mastercard . Par ailleurs, nous ne déléguerons pas les opérations risquées à nos clients, comme la validation avec authentification forte et le KYC avec récolte des pièces. Treezor accorde cette délégation à son client et vérifie que la procédure est bien effectuée. Nous privilégions la simplicité, avec une approche moins modulaire pour la rapidité d’exécution. Déléguer son KYC ne serait probablement pas acceptable pour un acteur comme Qonto, mais pour une société dont la banque n’est pas le coeur de métier et qui veut simplement ouvrir des comptes à ses clients, ce n’est pas gênant. Swan est un produit sur étagère, packagé, quand les autres BaaS proposent des offres sur mesure [XPollens, l’offre de Natixis, promet par exemple un déploiement en 90 jours, ndlr]. Cela peut se rapprocher des outils d’émission de cartes, à l’image de ce que Stripe propose à ses clients, pour l’instant aux États-Unis [lire notre article “Adyen rejoint Stripe sur le terrain de l’émission de cartes”, ndlr]. Comment vous positionnerez-vous en termes de prix ? Nous ne facturerons pas de frais d’implémentation mais un abonnement mensuel dont nous pensons qu’il sera un peu moins cher que chez les autres acteurs du BaaS existants sur le marché. Surtout, les tarifs seront plus simples : ils ne dépendront pas des volumes d’opération ou de carte, avec un forfait mensuel tout compris. De quel agrément disposez-vous ? Nous avons fait le choix de demander l’agrément d’établissement de monnaie électronique, alors que plusieurs acteurs comme Bankable au Royaume-Uni ou Synapse aux États-Unis choisissent plutôt de s’appuyer sur les agréments d’autres établissements et de ne développer que la technologie. De notre côté, notre vision est similaire à celle de Stripe dans le paiement, qui gère l’acquisition et se veut un “one stop shop”. Nous avons fait le choix d’être une institution financière, comme SolarisBank ou Treezor, afin de maîtriser l’intégralité de la chaîne et de pouvoir gérer certaines opérations. Nous prenons le risque de conformité, car nous faisons le choix d’ouvrir ou non un compte. Cela peut nous permettre par exemple d’accepter des profils qui auraient été refusés par un partenaire, comme des ressortissants étrangers. Travailler avec des acteurs bancaires, comme Bankable le fait, complique le processus de connaissance du client puisque le client doit donner son KYC à Bankable qui le transfère ensuite à la banque. C’est donc un choix de liberté et d’efficacité. Bien sûr, il y a un revers de la médaille. Cela a été plus compliqué et nous ne pouvons pas offrir tous les produits d’une banque. Ainsi, nous ne proposerons pas de produits de crédit. Qu’avez vous développé en interne et pour quels éléments passez-vous par des partenaires ? Nous avons développé beaucoup de choses en interne. Nous passons aussi bien sûr par des fournisseurs pour certains sujets, comme Ubble pour le KYC, Monext pour la connexion à Mastercard, BNP Paribas comme chef de file SEPA, Antelop [société cofondée par Nicolas Benady, ndlr] pour l’authentification forte (le système sera d’ailleurs imposé aux clients, ndlr), etc. Mais nous avons bâti notre propre core banking system et toutes nos APIs. Nous sommes membre principal de Mastercard, et non pas un membre affilié. Quelle sera votre stratégie d’acquisition et combien visez-vous de clients en 2020 ? Nous allons mettre en place une stratégie commerciale classique pour cibler des sociétés qui ont déjà des clients, ont la capacité d’ouvrir des comptes et pour qui ça a du sens – par exemple, dans l’immobilier, la comptabilité… Des discussions sont déjà en cours. Et même si ce n’est pas notre cible privilégiée, nous allons tout de même enrôler des fintech, car certaines nous ont déjà approché. L’objectif est de signer au moins cinq clients en 2020 et bien davantage l’année prochaine. Notre positionnement est de recruter davantage de clients que les autres plateformes de BaaS, vu qu’ils nous rapporteront moins unitairement. On sent qu’il y a un intérêt : même si nous n’avons encore réalisé aucun effort de communication, une centaine de sociétés nous ont contactés. C’est la preuve qu’il y a une demande forte pour ce type de solutions. Comment vous-êtes vous financés ? Nous avons levé 5 millions d’euros depuis notre création, notamment auprès du start-up studio eFounders [au sein duquel Swan a été créé, ndlr] mais aussi d’autres acteurs comme le fonds de capital-risque suédois Creandum [aussi présent chez Trade Republic, Tide, Klarna…, ndlr] et Bpifrance. Quelles sont vos ambitions à l’international ? Notre ambition est européenne dès le départ – d’ailleurs, notre offre sera présentée en anglais. Notre agrément a été obtenu en France mais nous l’avons déjà passeporté en libre prestation de services. Notre prospection commerciale visera toute l’Europe. Proposerez-vous des IBANs étrangers ? Non, nous ne proposerons que des IBANs français la première année. Par contre, nous aurons la faculté d’émettre des cartes dans tous les pays. Quels sont vos objectifs en termes de chiffre d’affaires ? Je regrette que la plupart des gros acteurs du numérique soient américains alors que nous disposons de si bons ingénieurs en Europe. Notre ambition à terme, c’est de devenir une licorne. Nous pensons que le marché de la banque en marque blanche est énorme et qu’il pèse plusieurs milliards d’euros. Il n’y a pas encore d’offre idéale car les solutions actuelles sont assez compliquées à mettre en oeuvre. Aujourd’hui, pour travailler avec un BaaS, il faut déjà avoir une certaine expertise sur le paiement. Si l’on démocratise le BaaS, nous allons permettre de toucher des acteurs qui n’y pensaient pas. Combien de collaborateurs compte Swan ? Nous sommes 15, dont deux tiers de profils tech. Swan Création : 2019 Lancement : 2020 Activité : solution de Banking-as-a-Service permettant de créer des comptes bancaires et d’émettre des cartes Effectifs : 15 collaborateurs Fonds levés : 5 millions d’euros Investisseurs : eFounders, Creandum, Bpifrance Nicolas Benady 2019 – : cofondateur et CEO de Swan 2014 – 2019 : cofondateur d’Antelop Solutions 2012 – 2014 : chef de produit V.me pour Visa Europe en France 2007 – 2012 : président et cofondateur de Limonetik 2003 – 2006 : chef de projet IT chez AXA Cessions 2000 – 2001 : cofondateur de PriceMinister Formation 2000 : diplôme d’ingénieur de l’ENSIMAG 1999 : diplôme d’ingénieur de l’ENSGI Aude Fredouelle banking-as-a-servicecarte bancairepaiement en ligne Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind À lire Confidentiel [Info mind Fintech] Après sa banque mobile, Ditto met un terme à son activité BtoB Pourquoi le marché français du Banking-as-a-Service est à l’aube d’une accélération Le start-up studio eFounders va lancer Swan, plateforme de Banking-as-a-Service