Accueil > Services bancaires > Open banking > Comment Obendy accompagne les banques vers le Banking-as-a-Platform Comment Obendy accompagne les banques vers le Banking-as-a-Platform Obendy opère pour des banques, et bientôt des assureurs, des plateformes de services extra-bancaires dédiées à des segments de clientèle : les jeunes, les seniors, les professionnels… La start-up fournit la plateforme technique et les partenaires et les intègrent aux systèmes d'information de la banque. Sa promesse : augmenter la conquête et le multi-équipement et diminuer le churn en fidélisant la clientèle. Par Aude Fredouelle. Publié le 07 juin 2023 à 16h11 - Mis à jour le 08 juin 2023 à 12h21 Ressources Les points clés Obendy est née de la diversification vers le BtoBtoC de Wizbii, plateforme de services pour les jeunes. Elle s’adresse à des banques et assureurs souhaitant se positionner sur le Banking-as-a-Platform. La société fournit déjà sa plateforme à BNP Paribas, La Banque Postale, Société Générale ou encore au groupe BPCE. Elle assure participer à fidéliser leurs clients et favoriser le cross-sell. Obendy souhaite se diversifier sur d’autres segments dès 2023, dont ceux des professionnels et des seniors. Obendy est née de la diversification vers le BtoBtoC de Wizbii. Cette plateforme créée en 2011 propose des services de recherche de stages et d’emploi pour les jeunes, ainsi que des offres périphériques développées au cours du temps : code de la route, demandes d’aides financières… À partir de 2016, la société lance une activité BtoBtoC en construisant des plateformes de services extra-bancaires tournées vers les jeunes. “Aujourd’hui, nous travaillons avec quasiment toutes les plus grandes banques françaises”, assure Benjamin Ducousso, cofondateur et président de la société. En 2022 naît la marque Obendy, anagramme de “Beyond” faisant référence au “beyond banking”. Et derrière cette marque, la volonté d’aller plus loin sur le créneau du Banking-as-a-Platform en proposant d’accompagner les banques sur d’autres cibles que celle des jeunes : “les seniors, les professionnels, la clientèle vulnérable…”, égrène le cofondateur. Plateforme technologique Obendy apporte d’abord une plateforme “plug and play”. “Nous pouvons la déployer directement au sein de l’application mobile de la banque, ou bien sur une vitrine complètement séparée”, explique le président de l’entreprise. Par exemple, les utilisateurs de l’application et du site La Banque Postale peuvent accéder directement à la plateforme Pass Jeunes opérée par Obendy. “Certains clients préfèrent un site à part, comme Job+ pour le Crédit Agricole”, poursuit le dirigeant. Les plateformes permettent de distinguer différents niveaux d’utilisateurs et d’adapter la vitrine en fonction : par exemple, donner accès à des services différents pour des utilisateurs seniors, jeunes ou professionnels, pour des prospects, des clients standards ou des clients premiums. “L’interconnexion est forte avec les systèmes bancaires, car l’objectif est de proposer des parcours fluides pour l’utilisateur où il n’a pas besoin de se reconnecter. Il est renvoyé vers la plateforme de services et y poursuit son expérience”, décrit Benjamin Ducousso. Concrètement, plusieurs schémas d’intégration sont possibles et il peut y avoir une redirection chez le partenaire, mais Obendy pousse pour “une intégration de bout en bout, sans redirection ni nouvelle création de compte”. Si les premières plateformes développées ne portaient pas l’intégration aussi profondément, “toutes les banques ont commencé à développer du SSO [Single Sign-on, service permettant d’accéder à plusieurs applications via une seule authentification, Ndlr], assure le cofondateur. La Banque Postale a ouvert la marche et Société Générale et BNP Paribas ont suivi.” Contacté par mind Fintech, le groupe BNP Paribas confirme : “Nous travaillons actuellement sur l’ouverture des inscriptions à Campus Services directement depuis nos interfaces Mabanque et Mes comptes. Ce projet devrait aboutir à la rentrée de septembre 2023”. En plus d’assurer la qualité de l’expérience client, cette interconnexion “permet aussi la remontée des données d’utilisation. Par exemple, il est intéressant de savoir que l’utilisateur consomme le service du code de la route pour lui proposer un crédit auto”. Concrètement, les banques peuvent avoir accès aux données via un fichier Excel sécurisé ou des API qui peuvent être appelées par les services de relation client. Partenaires extra-bancaires Outre la plateforme technologique, Obendy propose les services de “plus d’une centaine de partenaires, pour différentes cibles”, pointe le président. Trois critères entrent en jeu dans le choix des partenaires : la qualité de l’expérience utilisateur, la remontée des données auprès de l’établissement bancaire, et enfin le niveau de prix. Généralement, la banque prend en charge les services pour ses clients, à des tarifs préférentiels négociés par Obendy. Parfois, les services peuvent être facturés au client final. A terme, l’objectif est d’aller jusqu’à la distribution de services financiers “au bon moment dans la vie du client”, selon le dirigeant, directement sur la plateforme de services. Obendy a initié une première étape en permettant de renvoyer l’utilisateur vers un parcours de souscription de la banque. “La vision, c’est que cela soit complètement intégré. Par exemple, pour l’entrée en relation de prospects ayant accès à quelques services, ou bien pour un crédit auto, via des parcours décentralisés avec une expérience la plus immersive possible.” Troisième volet de l’offre : un accompagnement par les équipes Obendy, “pour faire en sorte que la plateforme soit vraiment utilisée par les clients finaux”, raconte Benjamin Ducousso. En plus de l’accompagnement technique, les équipes émettent des préconisations sur l’animation de la communauté, voire administrent en direct le relationnel. “En moyenne, 20% des clients de nos partenaires bancaires recourent aux services sur la plateforme, contre en moyenne 5% sur les services déjà mis en place auparavant”, précise le dirigeant. Selon lui, cette popularité s’explique par la nature des services apportés, qui misent plus sur l’utilité (trouver un travail, un financement, passer son permis) que sur les bons plans. “C’est aussi dû aux parcours très fluides que nous mettons en place”, ajoute Benjamin Ducousso. La Banque Postale et BNP Paribas ont élargi la cible initiale Obendy opère les plateformes pour les jeunes de Société Générale (Boost, lancée en septembre 2019), BNP Paribas (Campus Services, lancée en février 2020 pour les étudiants puis élargie en décembre 2021 pour les 12-24 ans), BPCE (Buddy Pop et Privilej), La Banque Postale (Pass Jeune, lancée en mai 2022) et de la Banque Française Mutualiste. BNP Paribas réfléchit par ailleurs “à la possibilité d’ouvrir la plateforme aux jeunes entrants dans la vie active afin de les accompagner au mieux dans ce changement de vie qui est un cap important”, indique la banque à mind Fintech. De son côté, Pass Jeune (La Banque Postale), initialement dédiée aux 18-29 ans, a ouvert ses portes aux mineurs (15-17 ans) en juin 2023. Obendy travaille aussi avec deux caisses régionales du Crédit Agricole, pour éditer les plateformes Job+. Ces deux caisses promeuvent également en paralèlle Youzful, plateforme du groupe développée en interne par Crédit Agricole e-Développement, structure entrepreneuriale au service des caisses régionales. Wizbii assure d’ailleurs la gestion du module évènementiel de la plateforme Youzful et organise les évènements de recrutement, les Youzful job dating, pour 37 caisses régionales. Les assureurs en ligne de mire La société mise désormais sur deux nouveaux axes de développement : d’abord, s’étendre sur tous les segments de clients au sein des banques – deux à trois plateformes d’extension de cibles seront lancées en 2023 sur les seniors et les professionnels, prévoit Benjamin Ducousso. Travailler avec les assureurs, ensuite. “Plusieurs projets sont déjà lancés avec des assureurs et mutuelles. Puisqu’ils ont une approche par produit, et non par marché, cela implique de créer des plateformes différentes”, explique le dirigeant. Autre différence avec le secteur bancaire : “les assureurs ont déjà des écosystèmes de services, mais ils ne savent pas quels sont les partenaires qui apportent vraiment de la valeur. Nous rationalisons donc les services existants et analysons leurs performances pour faire en sorte que cela serve le coeur assurantiel.” Au-delà du revenu incrémental, créer des opportunités commerciales Pour les banques clientes de Wizbii, lancer une plateforme de services dédiée aux jeunes visait souvent avant tout à fidéliser une clientèle de plus en plus volatile et attirée par de nouveaux acteurs type néobanques. “Le marché des jeunes représente plus de 25 % des entrées en relation à la banque commerciale en France de BNP Paribas, explique ainsi un porte-parole du groupe à mind Fintech. Cette population est très volatile même si, dans plus de 50 % des cas, le premier compte est ouvert dans la banque des parents.” La banque a donc “souhaité répondre aux moments de vie clés en se positionnant sur les enjeux majeurs des jeunes : l’accès à l’information, la recherche de stages et d’emploi, le permis de conduire, l’apprentissage des langues étrangères, l’aide au financement des études”. Pour le président de la start-up, les services extra-bancaires n’ont en effet pas seulement pour objet de générer une nouvelle source de revenus pour la banque ou l’assureur, qui se rémunèrent en tant qu’apporteur d’affaires auprès des partenaires. “Notre conviction, c’est qu’il faut que ces plateformes de services profitent à l’activité cœur de la banque, en créant des opportunités commerciales. Nous faisons du “beyond banking” mais au service du “core banking”, relève Benjamin Ducousso L’objectif est de satisfaire les clients, d’augmenter la conquête et le multi-équipement en proposant les bons services au bon moment, mais aussi d’améliorer la rétention en apportant davantage de valeur. Obendy assure que ses clients ont enregistré 25% de ventes additionnelles sur un an (crédit, assurance…). Il faut cependant noter que cette hausse n’est pas uniquement réalisée par le biais du site de services. Selon l’entreprise, en parallèle de la souscription de produits au sein de sa plateforme, elle favorise cette hausse “en améliorant l’attractivité des produits bancaires et assurantiels” et en contextualisant les approches commerciales grâce à l’exploitation de la data de consommation des services. La société revendique aussi 18% de réduction d’attrition en moyenne sur un an. “C’est un micro point de gagné, tempère Benjamin Ducousso, mais cela représente une valeur forte sur la cible des jeunes”. La Banque Postale, qui a lancé la plateforme Pass Jeune en mai 2022, compte désormais plus de 230 000 utilisateurs. La plateforme propose dix services “attractifs et gratuits autour de la mobilité, de la recherche d’aide financière, des missions de bénévolat, du perfectionnement en langue étrangère, des tutos pour réaliser son CV, un moteur de recherche d’emploi, des séances de psychologie, etc…”, expose La Banque Postale. Plusieurs indicateurs de succès ont été évalués. D’abord, la plateforme a permis de convertir 30 000 clients “opt-out” (qui refusent de recevoir les informations de la banque) en “opt-in”. Ensuite, Obendy revendique avoir permis de doubler le taux de traitement des motifs de contact (grâce à l’exploitation des données collectées sur Pass Jeune, le service client génère des motifs de contact plus performants que les motifs de contacts habituels et parvient donc deux fois plus souvent à engager la conversation avec le client). La Banque Postale a par ailleurs augmenté de 47 % la souscription de formules de comptes (offres groupées de services payantes) lors d’une entrée en relation avec un jeune et au total, la banque a augmenté de 12% ses entrées en relation sur la cible des jeunes, assure la start-up. 25% de ses clients jeunes sont des utilisateurs réguliers mensuels de la plateforme. Chez BNP Paribas, on recense 45 000 étudiants inscrits, qui utilisent principalement Wizbii Money, Wizbii Jobs et Global Exam, et 17 000 clients mineurs inscrits, qui plébiscitent les services de soutien scolaire et de cours professionnels Skilleos et l’auto-école Stych. Wizbii Money va remplacer Swan par un établissement bancaire pour se rémunérer Wizbii Money, proposé sur le site BtoC historique de Wizbii, permet aux jeunes d’évaluer les aides financières auxquelles ils ont droit, puis de déposer directement leurs dossiers, et de recevoir les fonds grâce à un compte de paiement. Pour ce faire, Wizbii passait jusqu’ici par la plateforme de Banking-as-a-Service Swan. Mais la société a d’autres ambitions en tête : elle a lancé un appel d’offres auprès des banques. Le ou les établissements choisis seront en charge de créer les comptes, bénéficiant ainsi des flux sur le service. “Actuellement, nous ouvrons 250 comptes bancaires par jour sur Wizbii Money, se félicite Benjamin Ducousso. Toutes les banques de la place se sont positionnées sur l’appel d’offres pour récupérer ces flux. “Nous avons fait notre choix à la fois selon la rémunération proposée à nos utilisateurs, mais aussi la qualité de parcours.” La banque sélectionnée rémunèrera Wizbii en tant qu’apporteur d’affaires. “Cela devrait nous permettre de générer une vingtaine de millions d’euros de revenus en 2024”, prévoit le cofondateur. Dans l’ensemble, Wizbii revendique 11 millions d’utilisateurs, inscrits à l’un de ses services. Wizbii job demeure le plus sollicité, suivi par Wizbii Money puis Wizbii Drive (permis de conduire). Obendy représente 90 % du CA de la société La société Wizbii, qui regroupe à la fois l’activité BtoC et Obendy, compte 115 collaborateurs. Obendy génère 90 % du chiffre d’affaires de la société. “Désormais, nous monétisons aussi Wizbii Money, qui va nous permettre de doubler notre chiffre d’affaires d’ici 2024”, commente Benjamin Ducousso (voir encadré). A horizon 2024, le président envisage de créer deux structures distinctes. Obendy facture des contrats SaaS avec un coût lié à l’abonnement à la plateforme et un “pay as you go”, selon l’utilisation des services partenaires par les clients. La société devrait atteindre la rentabilité en 2023. “Nous avons rationalisé les investissements en 2022 et opté pour un chemin de rentabilité forte, pour atteindre un Ebitda positif en 2023 et un Ebitda de plus de 25 % en 2024”, assure le cofondateur. Obendy prévoit de doubler son chiffre d’affaires à une vingtaine de millions d’euros en 2024 pour 4 à 5 millions d’euros d’Ebitda. En 2021, selon des documents consultés par mind Fintech, la société avait enregistré près de 8 millions d’euros de CA pour une perte nette de près de 3 millions d’euros. La société a levé 15,5 millions d’euros depuis sa création, auprès de Cap Horn et Oddo BHF et de petits actionnaires. Aude Fredouelle banking-as-a-platformpartenariat Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind