Accueil > Services bancaires > Open banking > Mathieu Bottausci (LinkCy) : “Les difficultés réglementaires de Railsr nous ont poussés vers le Belge Paynovate” Mathieu Bottausci (LinkCy) : “Les difficultés réglementaires de Railsr nous ont poussés vers le Belge Paynovate” Lancée en 2022, l’API de finance embarquée LinkCy s’appuyait exclusivement, jusqu’à récemment, sur la plateforme de Banking-as-a-Service Railsr pour proposer des comptes et cartes de paiement à ses clients. À la suite des déboires rencontrés par Railsr en février 2023, LinkCy s’est tournée vers le Belge Paynovate. Son CEO Mathieu Bottausci revient sur cet épisode et expose sa stratégie de développement. Par Aude Fredouelle. Publié le 03 mai 2023 à 17h13 - Mis à jour le 28 janvier 2025 à 15h49 Ressources LinkCy s’est récemment lancée sur le créneau de la finance embarquée. Quels produits proposez-vous ? LinkCy a été créée en juillet 2019 et nous avons lancé la solution il y a environ un an. Il s’agit d’une plateforme publique, dont l’API est visible sur la section documentation de notre site. Nous fournissons des services financiers en marque blanche ou grise, pour permettre à n’importe quel type de société, quel que soit le secteur – tant que c’est dans notre liste d’activités autorisée – de proposer des services de comptes et/ou de cartes… Par exemple, pour un club de foot qui souhaite proposer une offre bancaire pour ses supporters. Nous nous occupons de toute la partie réglementaire/compliance. Avez-vous décroché ces licences en direct ? Non. Jusqu’ici, nous passions exclusivement par PayrNet [filiale de Railsr, ex-Raislbank, Ndlr], qui dispose de deux licences de monnaie électronique : l’une en Lituanie, passeportée en Europe, et l’autre au Royaume-Uni, auprès de la FCA. En février, la banque centrale lituanienne a en effet lancé une enquête sur PayrNet pour violation des réglementations AML et depuis, PayrNet ne peut plus onboarder de nouveaux clients. Depuis, Railsr, en difficulté, a été racheté en catastrophe par un consortium d’investisseurs existants. Comment cela vous impacte ? Ça n’a pas été un bon signal dans l’écosystème, surtout que dans la foulée Solaris s’est aussi vue imposer des restrictions par la BaFin, donc la plupart des plateformes de BaaS se sentent dans le viseur du régulateur. Nous avons dû rebondir et nous allons donc travailler avec une deuxième licence en parallèle, pour éviter que ce genre de faits se reproduisent. Il s’agit de Paynovate [institution de monnaie électronique belge également partenaire de Mooncard, Ndlr], qui nous permettra de proposer des IBAN belges dès le 30 avril et des IBAN français dès la rentrée, ce qui n’était pas le cas jusqu’à présent et qui peut être important pour les cas d’usage BtoB – avec Railsr, nous proposions des IBAN britanniques, estoniens et lituaniens. Par ailleurs, Paynovate est en mesure de faire de l’acquisition, à la fois pour le prélèvement et la carte. Quels impacts cela aura sur votre produit et votre organisation ? La plateforme de Paynovate est différente de celle de Railsr, qui était “all-in-one”, ce qui est une qualité mais aussi un défaut car elle était moins flexible. Paynovate apporte la licence et le BIN sponsorship mais est moins globale, donc cela change un peu notre organisation. Mais c’est important d’avoir un “dual track” et notre structure technique était prévue pour. Les développements sont presque terminés et, d’ici un mois et demi, nous aurons retrouvé le même périmètre de services qu’avec Railsr. Resterez-vous un client de Railsr ou allez-vous migrer tous les clients vers Paynovate ? Nous allons rester clients de Railsr, au moins pour nos clients historiques. Si certains de nos clients souhaitent migrer vers Paynovate, nous aurons la discussion au cas par cas – cela peut être assez simple pour ceux qui n’ont que des comptes mais plus complexe pour ceux qui ont des cartes. Railsr a un plan de remédiation réglementaire et espère exercer pleinement de nouveau d’ici juin dans l’Union européenne – les activités au Royaume-Uni ne sont pas affectées. Mais il est certain que Paynovate prendra désormais beaucoup plus de place dans LinkCy tandis que Railsr sera mis en retrait, car les clients préfèrent des IBAN belges et français que lituaniens. Ce qui s’est passé avec Railsr, ça crée aussi des opportunités business : certaines entreprises clientes auront désormais davantage envie de se tourner vers une plateforme de finance embarquée qui nécessite moins de développements que les plateformes de BaaS traditionnelles. Qu’avez-vous développé en interne, au-delà de vos plateformes partenaires ? Notre différenciation, par rapport à des concurrents comme Swan, qui a développé beaucoup de choses en interne, c’est que nous nous appuyons principalement sur différents fournisseurs que nous agrégeons au sein de LinkCy [par exemple, LinkCy travaille avec Entersekt pour l’authentification forte, et avec l’acteur estonien Salv pour la conformité, Ndlr]. Notre travail consiste à agréger de la tuyauterie et faire travailler des API qui ne sont pas censées travailler ensemble. Nos API s’adressent à des profils tech mais aussi et surtout à des équipes dirigeantes, et lorsque nous discutons avec des prospects nous essayons d’ailleurs d’avoir toujours un décisionnaire non tech dans les discussions, qui puisse comprendre notre API. Grâce à nos partenaires, nous sommes équipés avec des outils 2.0 alors que d’autres plateformes du secteur ont déjà des lacunes technologiques. Cela nous permet de proposer un produit dont la maintenance est très bien gérée et qui gagne rapidement de nouvelles fonctionnalités, car nous nous appuyons sur des partenaires importants, avec de grosses équipes de développeurs. Chez LinkCy, nous sommes 15 collaborateurs, mais nous pouvons donc fournir des services élaborés. Et en termes de tarifs, nous sommes à des niveaux équivalents à ceux de nos concurrents. Concernant la conformité, que gérez-vous en interne et qu’est ce qui est pris en charge par des partenaires ? Les outils externes sont des aides à la mise en forme des données et à la prise de décision. Cela permet de réduire drastiquement les erreurs. Mais nous n’avons pas de contractant externe traitant des opérations de compliance. En interne, nous prenons en charge le KYC ou KYB, le scoring de risque, le traitement des screenings et du transaction monitoring, la supervision des clients… Proposez-vous des développements personnalisés à la demande ? Non, c’est un produit sur étagère. Outre la plateforme, LinkCy met à disposition une application mobile en marque blanche complètement personnalisable par le client pour accélérer son go to market. Vous indiquez sur votre site proposer des services de conservation de cryptoactifs. Quelle est votre offre en la matière ? Le volet crypto est l’une des spécificités de LinkCy : au début, nous voulions d’ailleurs proposer un produit uniquement tourné vers les crypto, avec un agrégateur de comptes crypto et un compte bancaire lié à une carte. Nous nous sommes donc tournés vers des fournisseurs “crypto friendly” et nous acceptons donc de prendre comme clients des sociétés liées à la crypto. Est-ce que ce sera encore le cas avec votre nouveau prestataire Paynovate ? Les discussions sont en cours. Mais disposez-vous de l’enregistrement PSAN et proposez-vous des services de conservation ? Nous demandons à être enregistrés, mais notre modèle BtoBtoX pose beaucoup de questions à l’AMF. Nous espérons cependant l’obtenir prochainement. Aujourd’hui, nous pouvons proposer à des clients liés à la crypto d’utiliser les produits euros de nos services, par exemple pour permettre à leurs clients d’agréger leurs comptes euros et d’avoir un compte en euros. Lorsque nous aurons l’enregistrement PSAN, nous pourrons proposer d’ouvrir un wallet, de stocker des crypto, de faire du change crypto-euros… Combien de clients comptez-vous ? Nous avons aujourd’hui une dizaine de clients, et plusieurs centaines en cours de négociation. Parmi les clients signés, nous avons lancé une néobanque pour les réfugiés ukrainiens en Europe, Global Ukraine. Nous sommes aussi derrière Extra Card, dans le secteur crypto. Dans le domaine de la santé, MyHealthy, application d’e-paiements pour les professionnels du secteur, passe par Linkcy. Nous avons des clients en Angleterre, Lituanie, Allemagne, France et Italie. Nous adressons plusieurs verticales : à la fois des cas d’usage “fintech” avec des acteurs de comptabilité, paiement des salaires ou facturation et des cas d’usage de communauté, comme des clubs de foot. Le segment de la finance embarquée compte désormais plusieurs acteurs actifs en France. Comment vous différenciez-vous des autres plateformes de BaaS ? Avec les BaaS traditionnels comme Xpollens, Railsr, Treezor ou Bankable, vous devez devenir agent et ils vous délèguent pas mal de responsabilités. Avec la nouvelle vague d’acteurs comme Swan, LinkCy ou Weavr, dans l’embedded finance, nos clients ne veulent pas de ces contraintes. Nous ne leur proposons pas le même service : ils sont souvent très soulagés qu’on ne leur fasse pas une proposition fintech core business, avec laquelle ils auraient par exemple besoin de monter une équipe dédiée à la conformité. Nous apportons des solutions plus simples que les BaaS, avec qui il faut compter 12 à 18 mois pour un déploiement. Chez les plateformes nouvelle génération, il peut se faire en moyenne en deux mois. Comment êtes-vous financés ? Nous avons bouclé une levée de fonds en décembre 2021, auprès de particuliers, pour se lancer. Nous souhaitons bientôt en réaliser une seconde. Quelles sont vos ambitions ? En 2023, nous souhaitons signer une trentaine de clients supplémentaires, pour arriver autour d’une quarantaine de clients à gérer. L’objectif est aussi d’embaucher une cinquantaine de personnes en deux ans et demi. Aude Fredouelle APIbanking-as-a-servicefinance embarquéeopen banking Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind À lire Mooncard lève 37 millions d’euros Swan ouvre un bureau en Espagne et propose des IBAN locaux