Accueil > Services bancaires > Open banking > Partage de données personnelles : MiTrust joue le tiers de confiance Partage de données personnelles : MiTrust joue le tiers de confiance MiTrust, qui a séduit le fonds corporate de CNP Assurances, entré au capital en 2021, propose une solution de partage des données personnelles via l’open banking ou la connexion à un opérateur télécom ou un service étatique. Sa promesse : se positionner comme un tiers de confiance et ainsi faciliter la récolte de données, notamment dans les parcours d’octroi de crédit. Par Aude Fredouelle. Publié le 15 janvier 2024 à 10h32 - Mis à jour le 19 janvier 2024 à 14h48 Ressources Si l’open banking est désormais autorisé et réglementé, le partage de données bancaires n’est pas encore entré dans les habitudes de tous les Français. Les taux de complétion des parcours restent donc encore perfectibles. Créée fin 2018, la start-up française MiTrust promet à ses clients de les améliorer en agissant comme “un intermédiaire de confiance pour le partage de données personnelles et professionnelles”. La plateforme propose aux utilisateurs finaux de se connecter à leur banque, mais aussi à un opérateur télécom, un fournisseur d’énergie ou à des services étatiques, pour partager leurs données de manière sécurisée. Et face aux plateformes d’open banking, MiTrust met en avant “le rôle joué par la société pour mettre en œuvre le droit à la portabilité électronique des données avec le principe de minimisation”. Quels cas d’usage ? “Les services financiers représentent la majorité de nos clients, mais nous travaillons aussi avec des plateformes RH et avec les secteurs de l’immobilier, de la conformité, ainsi que des sites de jeux et paris en ligne”, note Xavier Drilhon, cofondateur et président de MiTrust. Ses principaux cas d’usage : “les situations d’onboarding ou les points de relation client pour lesquels il y a un besoin de collecter des données personnelles ou professionnelles fiables [via un questionnaire, la collecte de justificatifs, Ndlr] puis de les contrôler et de les saisir dans le SI”, ajoute Jean-Gaston de Lassus, directeur général. MiTrust propose de supprimer les frictions, qu’il s’agisse de documents peu lisibles, incomplets ou inexacts, en allant chercher les données à la source avec le consentement de l’utilisateur. MiTrust permet d’accéder aux données bancaires, mais aussi de vérifier l’identité et de confirmer la majorité d’un utilisateur sans dévoiler son identité au client… “Nous servons aussi le secteur de la gestion locative, pour les garanties loyers impayés, poursuit Jean-Gaston de Lassus. La loi ne leur permet pas d’accéder au relevé bancaire, mais MiTrust peut le collecter, y récupérer les revenus et charges liées au loyer, et les partager avec l’assureur de manière filtrée pour l’aider à prendre sa décision.” Un cas d’usage déployé par Verlingue Immobilier, filiale du courtier en assurances spécialisée sur les risques pour les professionnels de l’immobilier. La solution a été intégrée dans les parcours de souscription d’assurances loyers impayés, pour permettre à un locataire de compléter son dossier en quelques minutes, tout en délivrant une certification d’assurance loyer impayé en instantané à l’administrateur de bien. “Nous avions échangé avec plusieurs sociétés, mais l’une ne permettait pas de connexion directe à la donnée source [des services gouvernementaux ou bancaires, Ndlr] et demandait l’upload de documents, tandis que l’autre nous semblait plus intrusive et donc moins protéger les données que MiTrust”, se souvient Alexandre Cohen, directeur de Verlingue Immobilier. Partenariats avec Tink et Algoan MiTrust revendique plus de 250 sources de données et des connexions à 3 400 banques. Pour les données bancaires, la société passe par des plateformes d’open banking – même si elle-même est agréée AISP auprès de l’ACPR – il s’agit de Tink en France et dans d’autres pays d’Europe. La société prévoit aussi, à terme, de profiter du projet de règlement de la Commission européenne Fida (Financial data access), proposant d’ouvrir encore davantage l’accès aux données financières via des API premium. Enfin, elle a noué un partenariat avec Algoan, spécialisé dans le scoring de crédit, pour proposer aux clients qui le souhaitent un enrichissement des données brutes. “Dans la majorité des cas, nous partageons uniquement les données brutes. Mais parfois, nous pouvons ainsi aller chercher des technologies tierces pour proposer des fonctionnalités supplémentaires”, détaille le président. Par exemple, Verlingue Immobilier bénéficie de ce partenariat. Dans son parcours open banking, “nous livrons quatre types d’informations, explique Jean-Gaston de Lassus : les nom et prénom du titulaire du compte, les revenus constatés sur les comptes bancaires synchronisés avec une catégorisation par types de revenus, les loyers payés les mois précédents et mensualités de crédit immobilier, et enfin un scoring de comportement bancaire à partir de l’ensemble des transactions observées. Ce dernier est calculé par Algoan, pour ne livrer que le strict nécessaire.” D’autres, comme Sofinco, ont choisi de ne proposer que le parcours permettant de se connecter au site gouvernemental Impots.gouv, sans l’alternative open banking. Le projet a été mis en production en juillet 2023, d’abord de manière facultative, puis a été généralisé au bout d’un mois. Intermédiaire de confiance et minimisation des données “Outre nos agréments DSP2, nous serons également bientôt agréés prestataire de service d’intermédiation de la donnée, au sens du Data Governance Act, ce qui viendra institutionnaliser le rôle de MiTrust en tant qu’intermédiaire de confiance”, se réjouit Xavier Drilhon. “Pour les clients à qui nous demandons l’avis d’imposition, nous passons par MiTrust pour fluidifier le parcours et leur éviter d’avoir à scanner le document, explique Ophélie Robin, directrice digital innovation et RSE chez Crédit Agricole Consumer Finance. Sans compter que l’on évite toute falsification.” Ces intermédiaires ont pour but de fonctionner comme des tiers neutres qui mettent en relation individus et entreprises avec des organisations utilisant leurs données. Pour convaincre ses clients, MiTrust mise sur la protection de l’utilisateur et la transparence : une fois le consentement accordé et l’accès aux données effectué par MiTrust, la société permet à l’utilisateur de visualiser celles (minimisées au maximum) qui seront partagées au client, et lui demande un second consentement. Après le partage des données, MiTrust les efface directement. Un positionnement qui a séduit CNP Assurances, dont le fonds venture est entré au capital de la société en 2021 puis a réinvesti en 2023. La société a levé 5 millions d’euros depuis sa création, auprès du management, de business angels et d’Open CNP. Taux de complétion plus élevés que sur les parcours open banking Selon Jean-Gaston de Lassus, “les utilisateurs sont plus enclins à partager leurs données lorsqu’un intermédiaire les filtre”. Un postulat confirmé par deux enquêtes menées par des banques partenaires, assure-t-il. Dans le cas de Verlingue Immobilier, le parcours de souscription du contrat d’assurance loyers impayés propose deux alternatives à l’utilisateur : connecter son compte bancaire ou bien se connecter au site des Impots, de la CAF ou de l’URSAFF (une dernière alternative, en cas de refus, consiste à uploader ses documents via le dispositif gouvernemental “dossier facile” et de les certifier). “Sur les 6 000 locataires qui ont utilisé le parcours depuis juillet 2023, 40 % ont choisi le parcours bancaire et moins de 3 % “dossier facile”. Tous les autres se sont connectés directement à l’un des sites gouvernementaux”, décrit Alexandre Cohen. Les abandons en cours de parcours sont “plutôt dus à des clients qui ne veulent plus l’appartement en question”, ajoute-t-il. En cas de bugs sur les parcours open banking, souligne le directeur – l’utilisateur est invité à passer sur le second parcours. “Initialement, 50 % des utilisateurs cliquent sur le parcours open banking, mais la performance étant bien meilleure pour l’accès aux documents officiels, la proportion finale est moindre, ajoute le directeur général de MiTrust. Il ne faut pas penser que l’open banking est la panacée, mais tenir compte des usages pour proposer ce qui est le plus pertinent selon les situations.” En effet, le double parcours proposé par MiTrust permet des taux de complétion des parcours de justification des revenus grimpant jusqu’à 80 %, selon ses dirigeants, “bien meilleurs que ceux des parcours purs open banking, qui oscillent entre 20 et 70 % selon les cas d’usage”. Chez Sofinco, Ophélie Robin assure que “les clients n’ont aucun mal à se connecter pour partager leur avis d’imposition. Ceux qui ne finissent pas le parcours sont ceux qui ne souhaitent de toute façon pas le partager”. Surtout, elle évoque “un gain de temps dans l’analyse des dossiers, notamment dans les contrôles sur la validité et la certification du document, et un bénéfice lié à la qualité des informations que nous collectons : nous n’avons plus besoin de redemander aux clients de nous renvoyer un volet ou une page oubliés – ce qui arrivait dans la moitié des cas auparavant.” Lors du pilote, elle a évalué un gain de près de 10 jours sur le délai de réception d’un dossier client au complet. “Parfois aussi, cela nous permet d’accepter des clients qui avaient omis de déclarer certains revenus et auraient reçu un refus sans avoir partagé l’avis d’imposition”, ajoute-t-elle. Chez Verlingue Immobilier, la réduction de la fraude est aussi l’un des objectifs poursuivis. “Au-delà du parcours rapide et fiable pour les locataires, cela nous permet de ne pas avoir de fraude, sachant que les études montrent qu’un locataire sur deux se dit prêt à monter un faux dossier pour accéder à un logement”, assure Alexandre Cohen. Tarification à la transaction réussie MiTrust facture un coût d’installation puis une tarification à la transaction réussie – lorsque les données sont livrées au client. Verlingue Immobilier s’acquitte par exemple d’un forfait qui se compte en centimes d’euros pour chaque appel d’API lui apportant des données – prix qui varie selon les cas d’usage et les volumes. De son côté, la société facture aux professionnels de l’immobilier 149 euros par an pour accéder à l’outil Good Loc’ (qui contient aussi un service d’agenda immobilier, notamment) et se rémunère bien sûr via une commission sur les contrats d’assurances. 20 % de l’activité à l’étranger MiTrust revendique une vingtaine de clients, parmi lesquels Sofinco, Verlingue mais aussi PSA Finance et Cegedim SRH. La moitié des volumes proviennent du secteur financier, puis suit celui de l’immobilier. La société a permis de partager plus de 4 millions de points de données depuis sa création. La société, qui compte une quinzaine de collaborateurs, est présente en France, en Allemagne et aux Pays-Bas et sa plateforme est disponible en six langues. Elle enregistre environ 20 % de son activité à l’étranger. “Nous avons pour ambition d’être un acteur paneuropéen et nous regardons avec beaucoup d’intérêt les clients présents à l’international que l’on peut accompagner, comme ceux du crédit à la consommation”, assure Xavier Drilhon. En ligne de mire, l’Italie, l’Espagne et le Royaume-Uni, “cibles naturelles puisque les acteurs français y sont très présents”. Objectif : enregistrer 50 % de l’activité à l’étranger d’ici deux à trois ans. MiTrust ne précise pas son chiffre d’affaires et ses dirigeants indiquent cibler la rentabilité “dans les deux années à venir”. Aude Fredouelle données personnellesopen bankingprotection des données Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind À lire Portabilité des données : Open CNP réitère son soutien à MiTrust Open CNP mise sur la portabilité des données personnelles