Accueil > Services bancaires > Open banking > Qui est la SFPMEI, société régulée qui se cache derrière Lydia, Spendesk et Kard ? Qui est la SFPMEI, société régulée qui se cache derrière Lydia, Spendesk et Kard ? Alors que la plupart des néobanques françaises ont choisi de s’appuyer sur l’agrément de Treezor, certaines lui ont préféré une autre société : la SFPMEI émet ainsi des services de paiement pour Lydia, Blank, Spendesk ou encore Kard. Détenue par BlackFin Capital Partners, elle pourrait bientôt changer de mains. Par Aude Fredouelle. Publié le 14 septembre 2021 à 14h20 - Mis à jour le 20 septembre 2021 à 15h19 Ressources Lydia, Spendesk, Blank, Kard ou encore Limonetik : tous ces acteurs sont agents de la SFPMEI et se reposent sur son agrément. Cet établissement de monnaie électronique se fait pourtant discret dans l’écosystème, alors même que les plateformes de Banking-as-a-Service Treezor, Solarisbank, Xpollens ou Swan tentent de gagner en notoriété. Quand a été créée la SFPMEI ? En 2010, la société de capital-investissement BlackFin Capital Partners rachète Moneo, système de porte monnaie électronique créé en 1999 par les plus grandes banques françaises, ainsi que la société financière du porte-monnaie électronique interbancaire (SFPMEI), entité agréée chargée d’émettre la monnaie électronique pour Moneo. “L’objectif était alors de continuer à développer le paiement de petits montants et aussi d’avoir dans le portefeuille une activité régulée par l’ACPR”, explique Serge Ragozin, operating partner chez BlackFin et directeur général de la SFPMEI depuis 2015. À l’époque, la SFPMEI est un établissement de crédit. En 2012, BlackFin décide de modifier le modèle économique de la SFPMEI, jusqu’alors uniquement tourné vers Moneo, pour s’ouvrir à des clients externes. “Le but était de permettre à des entreprises n’ayant pas d’agrément d’exercer les métiers du paiement, sans avoir à prendre en charge les questions de surveillance, de contrôle, la relation avec le régulateur…”, détaille Serge Ragozin. Par la suite, BlackFin se séparera de Moneo : Moneo Applicam est finalement revendu en 2016 à Docapost, puis Moneo Resto (porte monnaie électronique permettant de payer des petits montants) à Edenred en 2017. Lydia, client historique Un premier contrat est rapidement signé avec Lydia, application de paiement lancée mi-2013, pour lui permettre de proposer ses services de paiement entre particuliers et en magasin. En 2016, lorsque la start-up lance son offre de cartes, elle fait cependant appel à la plateforme de Banking-as-a-Service Treezor, car la SFPMEI ne dispose pas encore d’agrément pour émettre des cartes. La société l’a finalement intégré à son offre en 2020 et Lydia est repassée chez elle pour l’émission de cartes. En 2012, la SFPMEI signe aussi avec le prestataire de services de paiement Limonetik. “Nous permettons à Limonetik de signer des contrats avec des moyens de paiement alternatifs comme Wechat ou Alipay par exemple, en nouant des accords tripartites”, décrit Serge Ragozin. Le segment des PSP n’est pourtant pas une priorité pour la SFPMEI : “cela demande beaucoup de rigueur dans l’onboarding des marchands, notamment s’ils sont situés en dehors de l’Union européenne, pour assurer une bonne maîtrise du risque.” Ont ensuite suivi Cash Sentinel, application suisse permettant d’éviter de faire des chèques de banques, qui passe par la SFPMEI pour opérer dans l’Union européenne, puis la plateforme de crowdlending Unilend. En 2015, la SFPMEI abandonne son agrément d’établissement de crédit pour un agrément de monnaie électronique, moins exigeant en fonds propres et plus agile. “Nous n’avions pas l’intention de proposer des produits de crédit”, résume le directeur général. Partenariat avec Bankable La SFPMEI marque un tournant en nouant un partenariat avec la plateforme de core banking Bankable. Jusque-là, la société ne proposait pas de plateforme technologique et ne pouvait donc pas rivaliser avec des acteurs comme Treezor, qui commercialise à la fois un core banking et son agrément. “Nous ne pouvions toucher que les clients qui avaient une plateforme de core banking, longue et coûteuse à construire”, raconte Serge Ragozin. Avec Bankable, la SFPMEI propose une offre packagée permettant la tenue et la gestion des comptes. Surtout, la société fait ainsi de Bankable une source de prospects. Le partenariat avec Bankable n’est pas exclusif mais “tant que les prospects acceptent de travailler avec, nous n’avons pas besoin d’aller chercher d’autres partenaires”, résume le directeur général. Résultat : la SFPMEI cible aujourd’hui à la fois des acteurs sans core banking et ceux qui le bâtissent eux-mêmes. La plateforme de gestion des notes de frais Spendesk est la première à signer avec le binôme. Suivent la néobanque pour les adolescents Kard puis celle pour les indépendants Blank (groupe Crédit Agricole). “C’était pour nous un choix pertinent car Bankable est un BaaS très reconnu sur le marché et la SFPMEI un acteur avec une ancienneté et des clients renommés, mais aussi parce que ce sont des acteurs indépendants”, explique Antoine Collé, chief legal and compliance officer chez Blank, néobanque pour les pros créée au sein de la Fabrique by CA, start-up studio du Crédit Agricole. Autrement dit : ils n’appartiennent pas à une banque concurrente, contrairement à Treezor, racheté par Société Générale. Des ambitions limitées Alors que des acteurs comme Treezor montent en puissance et multiplient les signatures (la plateforme compte ainsi 115 clients, dont 85 % en France et 40 % de néobanques), la SFPMEI se satisfait de ses sept clients. “Nous avons peu de clients et nous n’en voulons pas tellement davantage, notamment pour assurer la maîtrise de la gestion des risques, assure Serge Ragozin. Une société comme Treezor a industrialisé ses process et son onboarding, notamment en s ‘appuyant sur le groupe Société Générale. De notre côté, nous sommes 10 collaborateurs et n’avons pas l’intention d’en recruter beaucoup plus.” Notre dossier “Le Banking-as-a-Service gagne la finance embarquée” Le directeur général évoque “un modèle économique compliqué. Dans le secteur du paiement, les marges sont faibles. Nous travaillons avec des sociétés en création, dont certaines peuvent échouer. Nous ne pouvons pas nous permettre d’onboarder énormément de start-up, car elles rapportent peu, et nous misons sur quelques sociétés à gros potentiel, comme Spendesk ou Kard.” Contrairement aux autres acteurs de ce créneau de plus en plus disputé, la SFPMEI mise donc sur une croissance raisonnable. “Nous avons géré 1,3 milliard d’euros de flux en 2021, contre 800 millions d’euros en 2019. Nous estimons pouvoir aller jusqu’à 3 à 4 milliards environ, selon la complexité des programmes et les contraintes de ressources que nous nous sommes fixées, résume le directeur général. Sinon, cela nous obligerait à changer de taille. Notre objectif serait donc de parvenir à une dizaine de clients”. Une stratégie liée à son actionnaire. BlackFin, qui a en effet racheté la société via son premier fonds, closé en 2011, évalue désormais les possibilités de sortie. “BlackFin est au capital depuis quelques années déjà, et il faut gérer la croissance en respectant les objectifs de l’actionnaire et en conservant notre actif principal : la crédibilité auprès du régulateur”. Depuis sa création, la SFPMEI a “toujours été à l’équilibre” et son actionnaire n’a pas eu à réinjecter de fonds dans sa croissance, révèle le directeur général. En 2018, derniers comptes accessibles publiquement, la société a ainsi enregistré un PNB de 3 millions d’euros et un résultat net de 1,3 million d’euros. La SFPMEI se concentre donc plutôt sur le développement de nouveaux services auprès de ses clients existants que sur la chasse de nouveaux clients. Par exemple, la société veut proposer d’ici 12 à 18 mois des IBAN dans d’autres pays (Bénélux, Espagne, Italie ou Allemagne). Aude Fredouelle banking-as-a-servicecarte bancaireopen bankingrégulation Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind À lire Le Banking-as-a-Service gagne la finance embarquée