Accueil > Services bancaires > Paiements > Paiement mobile : où en sont les banques avec Paylib, Apple Pay et Wa/Fivory ? Paiement mobile : où en sont les banques avec Paylib, Apple Pay et Wa/Fivory ? Six banques vont sortir en ce début d’année Paylib sur Android mais n’ont pas encore de proposition sur iOS, tandis que BPCE fait bande à part sur les deux systèmes. En parallèle, le wallet Wa/Fivory, soutenu par BNP Paribas et Crédit-Mutuel-CIC, mise sur un business model axé vers les retailers. Par Aude Fredouelle. Publié le 12 janvier 2017 à 19h00 - Mis à jour le 12 janvier 2017 à 19h00 Ressources Après le lancement d’Apple Pay en France cet été avec BPCE et Carrefour Banque, les stratégies des banques françaises dans le paiement mobile en magasin s’accélèrent. La sortie de la solution du consortium Paylib sur les terminaux Android est imminente. Objectif : “maîtriser la marque et ne pas se faire désintermédier par un acteur tiers”, explique Philippe Marquetty, directeur des moyens de paiements de Société Générale. Les trois membres historiques, la Société Générale, BNP Paribas et la Banque Postale, ainsi que les derniers arrivants, Crédit Agricole, Crédit Mutuel Arkéa et Boursorama, lanceront leur technologie de paiement NFC en magasin au premier trimestre 2017. Le Crédit Mutuel-CIC est en discussion avec Paylib mais les négociations n’ont toujours pas abouti. La plupart des membres intégreront la technologie à une application dédiée aux paiements (Crédit Mutuel Arkéa dans “CMB Paiement”, la Banque Postale dans “Mes Paiements”) et la Société Générale devrait dévoiler une nouvelle application spécifique. Les lancements seront accompagnés de campagnes publicitaires individuelles, en plus de celle groupée de Paylib. Si l’architecture “haute” de Paylib et le système de cartes sont communs, chaque banque a choisi son partenaire technique HCE. La start-up Antelop Payments, par exemple, qui propose un SDK (kit de développement) certifié Visa et Mastercard, travaille avec BNP Paribas et Crédit Mutuel Arkéa. D’autres font appel à Worldline. Compenser l’échec de Paylib sur le paiement en ligne Si Paylib NFC rencontre le succès, le groupement pourra enfin rentabiliser les sommes investies dans le projet. Car la solution de paiement en ligne proposée depuis 2013 est loin d’être un succès. Les banques revendiquent un demi-million de comptes créés alors que le consortium englobe environ 40 millions de porteurs de carte et elles refusent de préciser la part de clients actifs ou le nombre de transactions par jour. Par comparaison, en 2014, quand le Crédit Agricole a abandonné son propre portefeuille électronique Kwixo, estimant que c’était un échec, pour rejoindre Paylib, il avait déjà atteint 600 000 utilisateurs en trois ans. En créant plus d’usages avec Paylib NFC (et aussi avec le paiement peer-to-peer, qui verra le jour fin 2017), les banques espèrent enfin faire décoller leur wallet. Le paiement mobile NFC n’est pas dans les projets d’ING Direct Le paiement mobile en magasin, déjà proposé par des services comme Orange Cash, par la start-up Lydia ou par S-Money via du QR code, peine à décoller en France. D’ailleurs, selon une étude paneuropéenne réalisée par la banque en ligne ING en mars 2016, près de 60% des Français n’ont pas l’intention d’utiliser leur mobile comme moyen de paiement. Résultat : ING Direct, qui ne propose toujours pas le NFC sur ses cartes bancaires, indiquait en août sur son forum étudier les projets Apple Pay et le paiement sans contact mais qu’ils “ne font pas partie des lancements prévus dans les mois à venir.” Les banques discutent avec Apple Avec Paylib, les banques du consortium offriront une solution de paiement en magasin à leurs clients détenteurs de smartphones sous Android (plus de 75% du parc français). Difficile cependant de priver leurs 20% de clients possesseurs d’iPhone d’un moyen de paiement similaire en continuant de refuser un partenariat avec Apple. D’autant que, le directeur des paiements de la Banque Postale Régis Folbaum le reconnaît, “les banques ont reçu des réclamations et des remarques sur les réseaux sociaux” même s’il n’y a pas “de pression démesurée”. Les banques françaises seraient quasiment toutes actuellement en discussion avec Apple, qui refuse d’ouvrir sa puce NFC et propose une solution propriétaire. “Il faut peser les commissions, les coûts de mise en place d’infrastructures, de fonctionnement et de communication, ainsi que le problème de désintermédiation, assure Régis Folbaum, de la Banque Postale. En lançant Apple Pay cet été, BPCE a fait un pari, mais les autres banques ont estimé que ce n’était pas le bon moment.” En acceptant les conditions d’Apple, BPCE a en effet décidé de faire cavalier seul. La commission serait de 5 centimes par transaction – un montant que BPCE refuse de confirmer. Mais les dirigeants se disent ravis des résultats. “Quasiment tous nos clients possédant iPhone 6 ou plus se sont inscrits sur Apple Pay”, assure Cédric Mignon, directeur du développement de la Caisse d’Epargne. Les réseaux d’acceptation cartes en concurrence La décision de BPCE n’a en tout cas pas seulement attisé la concurrence dans le secteur bancaire. C’est Visa qui traite les flux issus des paiements Apple Pay des clients de BPCE, et non le GIE CB. Carrefour Banque fait de son côté appel à Mastercard. Un coup dur pour le réseau de paiement français qui traitait jusqu’ici tous les flux de paiement par carte en France. BPCE a choisi Visa pour une question de “time-to-market” : l’acteur savait traiter les flux Apple Pay pour l’avoir déjà fait aux Etats-Unis alors que le groupement français n’était pas prêt. Le groupe ne s’interdit pas de rebasculer vers l’acteur français, selon nos informations. Les flux de Paylib NFC passeront d’ailleurs quant à eux par le GIE CB. Concernant les terminaux Android, BPCE est toujours en discussions avec Paylib. “Au vue de l’évolution récente du projet Paylib vers le paiement mobile de proximité, nous sommes désormais très ouverts à cette solution, révèle Nicolas Chatillon, directeur des paiements du groupe. Lors d’une conférence de presse sur la nouvelle application Banxo de la Caisse d’Epargne, Cédric Mignon a révélé qu’une application de paiement mobile NFC sur Android serait lancée dès 2017. La technologie est basée sur l’expérimentation lancée en 2015 avec Visa et trois autres grandes banques françaises. Philippe Marquetty, de Société Générale, reconnaît qu’elle est aussi l’ancêtre de Paylib en proximité. Reste à savoir si l’application BPCE sera finalement lancée sous l’égide Paylib ou non, pour maximiser les chances d’adoption en s’appuyant sur une promotion commune et une marque forte. Le wallet commerçant Wa/Fivory soutenu par BNP et CM-CIC En parallèle de ces initiatives, les wallets commerçants Wa (créé par BNP Paribas) et Fivory (soutenu par le Crédit Mutuel-CIC) ont annoncé leur fusion en octobre dernier. La nouvelle marque sera dévoilée début 2017. Alors que Paylib ou Apple Pay dématérialisent la carte bancaire dans le mobile et ne modifient pas le flux financier, Wa/Fivory est un système trois coins (comme Paypal) qui fait ouvrir au client un compte de monnaie électronique qu’il alimente par divers moyens de paiement. Quand le client paye en magasin, le flux financier passe par Wa/Fivory qui paye ensuite le marchand et prélève une commission sur chaque transaction. Des accords doivent donc être signés avec tous les retailers partenaires, et ceux ci doivent disposer d’un lecteur code-barres ou QR code car c’est par ce biais que s’effectue le paiement. Wallet commerçant contre wallet bancaire L’avantage incontestable de ce wallet retailer est qu’il intègre les cartes de fidélité et des offres spéciales. Par ailleurs, Wa/Fivory est disponible sur tous les terminaux, Android et iOS, puisqu’il ne passe pas par la puce NFC. Mais il n’est pas, comme les wallets Paylib et Apple Pay, disponible automatiquement chez les millions de commerçants qui disposent d’un terminal NFC. “Ce wallet destiné aux commerçants et qui permet d’agréger des services spécifiques aux enseignes (fidélité, coupons) et des solutions de paiements n’a pas la même fonction que le nôtre”, assure Jean-Luc Dubois, directeur offre moyens de paiement chez Crédit Mutuel Arkéa. “Il peut avoir sa place aux côtés de Paylib”, renchérit Philippe Marquetty, de Société Générale. Mais alors que les possesseurs de smartphones utilisent de moins en moins d’applications, les deux systèmes de paiement risquent bel et bien de se retrouver en concurrence. Les banques françaises délaissent la fidélisation Si la plupart des acteurs de wallets internationaux comme Apple Pay et Android Pay commencent à intégrer des programmes de fidélisation pour gagner en valeur ajoutée, les banques françaises n’en sont pas encore là. Les réflexions sont menées en interne et non au sein du collectif Paylib. Au Crédit Mutuel Arkéa, “des fonctionnalités complémentaires ont été étudiées pour préparer la roadmap Paylib mais la priorité 2017 reste le paiement en magasin et peer-to-peer”, note Jean-Luc Dubois. “Paylib n’est pas un wallet marchand et ne collecte pas d’éléments liés au CRM ou à la fidélisation”, analyse de son côté Régis Folbaum, de la Banque Postale. Car de son côté la solution Wa/Fivory “se branche à la caisse des commerçants et s’enrichit de toutes les informations de paiement”, explique Romain Labourée, responsable du projet Wa chez BNP Paribas. La Banque Postale “réfléchit à des éléments de fidélisation ou de couponing qui pourraient être liés au paiement, mais pas pour tout de suite et pas forcément dans Paylib”, ajoute son responsable des paiements. Paylib pourrait devenir un moyen d’approvisionnement sur Wa/Fivory Un accord avait été signé avec Wa pour que Paylib soit l’un des moyens d’approvisionnement du wallet et des discussions seraient en cours avec le Crédit Mutuel-CIC afin qu’il en soit de même pour la nouvelle marque unifiée avec Fivory.“Cela pose presque plus de questions que cela n’en résout, dans l’univers compliqué des paiements, note cependant Régis Folbaum, de la Banque Postale. Car dans ce cas Paylib gère le KYC (connaissance client, ndlr) et en cas de problème la responsabilité n’est pas très claire.” En intégrant Paylib à Wa/Fivory, le consortium pourrait cependant espérer dynamiser l’utilisation de sa solution de paiement en ligne. Coopérer avec Samsung et Google ? Les banques du groupement Paylib espèrent populariser leur application avant que des acteurs étrangers comme Android Pay et Samsung Pay ne viennent s’emparer du marché. Mais elles vont devoir décider de coopérer ou non avec ces deux acteurs en pleine expansion qui ne prélèvent pas de commissions, contrairement à Apple Pay, mais qui présentent un risque de désintermédiation. “Nous essaierons plutôt de conseiller notre solution Paylib à nos clients car nous avons investi pour la développer, indique-t-on du côté du Crédit Mutuel Arkéa. Accepter une nouvelle solution signifierait s’engager dans des développements et des coûts supplémentaires.” En précisant toutefois : “on ne dit pas qu’on ne proposera jamais d’alternative à Paylib NFC”. Même discours à la Société Générale : “Cela doublonne avec Paylib, mais nous restons ouverts et regardons toutes les solutions.” À la Banque Postale, Régis Folbaum souligne la question de la responsabilité (“s’il y a un problème sur Samsung Pay ou Android pay, c’est vers la banque que se retourneront les clients”) et la nécessité de “ne pas perdre le client” avec une offre pléthorique. Des résultats de Paylib dépendra en fait la stratégie des banques en la matière… Cliquez sur le tableau pour l’agrandir (fichier PDF) Aude Fredouelle paiement en magasinpaiement mobilepaiement sans contact Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind