Accueil > Services bancaires > Paiements > Paylib veut prendre son envol avec le P2P Paylib veut prendre son envol avec le P2P Paylib, le service de paiement des banques françaises qui revendique 15 millions d’utilisateurs, donne un coup d’accélérateur à Paylib entre amis. Le service peer-to-peer (P2P) couvre 95 % des Français majeurs depuis le mois de novembre. Son CEO Vincent Duval revient pour mind Fintech sur le développement des trois outils de Paylib. Par Aude Fredouelle. Publié le 08 janvier 2021 à 14h56 - Mis à jour le 22 juillet 2021 à 12h13 Ressources Crédit Mutuel, CIC et la BRED ont annoncé fin novembre 2020 rejoindre le réseau de paiement entre particuliers de Paylib, “Paylib entre amis”. Cette décision fait de ce service la principale vitrine de la société et son moteur de croissance en lui permettant de couvrir 95 % des Français majeurs, contre 80 % auparavant. “Paylib a lancé un service de paiement en ligne, puis de paiement mobile sans contact en magasin, puis de paiement entre particuliers [en 2013, 2016 et 2018, ndlr], raconte Vincent Duval, CEO. Mais les usages se sont plutôt développés dans l’autre sens. Le service de paiement peer-to-peer Paylib entre amis enregistre la plus forte croissance”. Aujourd’hui, le paiement en magasin, qui a “beaucoup augmenté avec la crise sanitaire”, représente quasiment 60 % des transactions Paylib, et les échanges entre particuliers (lancés plus récemment) un peu moins de 40 % des transactions environ. Le reste, quelques pourcents seulement, sont des transactions e-commerce – le service historique de Paylib, désormais proposé par plus de 4 000 sites marchands. Les 4,5 millions d’utilisateurs réalisent en moyenne 8 transactions par mois, dont environ 1,5 par mois pour Paylib entre amis et 6,5 pour le paiement mobile en magasin (qui n’est proposé qu’aux utilisateurs Android), contre 16,5 en moyenne par mois pour l’usage d’une carte bancaire physique. Si le paiement en magasin, lancé en 2017, pèse pour l’instant plus lourd dans ses volumes, c’est donc bien sur le paiement P2P, en forte croissance, que mise désormais Paylib pour stimuler sa croissance. La société a lancé de grandes campagnes de communication pour populariser Paylib entre amis, dont une campagne diffusée pendant l’émission Koh Lanta, sur TF1, suivie en moyenne par 5,52 millions de personnes selon Médiamétrie. “Nous avons choisi des canaux très grand public, car nous avons maintenant dépassé le stade du public de pionniers et nous avons changé d’échelle. Nous voulons maintenant généraliser l’adoption auprès de tous les Français”, rapporte le CEO. À ses débuts, Paylib entre amis nécessitait de renseigner son IBAN, comme pour un virement classique. Mais le service a progressivement évolué : d’abord, en permettant aux utilisateurs de passer par les numéros de téléphone plutôt que par les IBAN, puis en remplaçant les virements traditionnels par des virements instantanés SCT Inst, offrant ainsi une expérience utilisateur similaire à celle d’acteurs comme Lydia, avec l’avantage de recevoir les fonds directement sur son compte courant. 15 millions d’inscrits mais 4,5 millions d’utilisateurs Paylib revendique actuellement 15 millions d’inscrits mais ne compte que 4,5 millions d’utilisateurs. La société ne précise pas le degré d’activité mais évoque une utilisation “régulière ou occasionnelle”. Avec le paiement entre particuliers et son “effet boule de neige”, la société espère enfin convertir davantage d’inscrits en utilisateurs. “Nous avons vu les cas d’usage s’enrichir, notamment pendant le confinement : Paylib entre amis est aussi utilisé pour l’encaissement par de petits commerçants, par exemple”, raconte Vincent Duval. L’application Paylib revendique 5 000 téléchargements par jour et se classe première au rang des applications P2P les plus téléchargées en France, selon App Annie – cette application représente 20 % du recrutement des utilisateurs, les 80 % restants s’inscrivant directement dans l’application de leur banque (voir encadré). Le paiement mobile en magasin se heurte à la concurrence des GAFAM Après l’échec de sa solution de paiement en ligne, Paylib avait d’abord misé sur le paiement sans contact déployé en 2017. Mais ses volumes restent faibles, car le paiement mobile sans contact peine à se développer en France. Il a représenté 0,18 % du total des transactionstransactions cartes en valeur et 0,38 % en volume en 2019, selon le rapport de l’Observatoire sur la sécurité des moyens de paiement. Outre le faible développement du paiement mobile au global, Paylib se heurte à la concurrence des X-Pay des GAFAM, dont l’expérience client est plus fluide. Résultat : le groupe BPCE a annoncé à l’été 2020 que Paylib sans contact ne serait plus disponible pour les clients des réseaux Caisse d’Épargne et Banque Populaire. Le groupe, précurseur pour proposer Apple Pay, Google Pay et Samsung Pay, a préféré abandonner Paylib sans contact dont la fluidité de l’expérience de paiement ne peut égaler celle des constructeurs ou des systèmes d’exploitation. Vincent Duval le reconnaît : “les GAFAM, par la maîtrise du téléphone ou du système d’exploitation, s’octroient des privilèges par rapport à leurs concurrents, comme l’antenne NFC iOS pour Apple Pay ou le bouton d’accès rapide d’Android à Google Pay. Il faut que le système soit ouvert de manière équitable pour que les consommateurs aient un choix non biaisé et nous observons des initiatives prises en ce sens par les législateurs.” Du côté d’iOS, qui interdit purement et simplement l’accès à la fonctionnalité de NFC et se place donc en situation monopolistique pour le paiement mobile sans contact sur iPhone, la Commission européenne a ouvert une enquête et aurait, selon Bloomberg, conclu à des pratiques déloyales. Elle voudrait interdire aux constructeurs de smartphones ou montres connectées de limiter l’accès au NFC. Et pour ce qui est des boutons rapides sur Android, ou du “swipe vertical” sur Samsung donnant accès à Samsung Pay (tandis que Paylib doit pousser l’utilisateur à configurer son application en choix par défaut pour le NFC) le député LREM Pierre-Alain Raphan a déposé le 17 novembre une proposition de loi visant à réguler le paiement mobile sans contact qui prévoit que “tout fournisseur de système d’exploitation garantit des conditions de concurrence équitables entre sa propre activité de services de paiement et les activités concurrentes” et que cela implique notamment “un égal accès ergonomique au consommateur”. “Nous nous félicitons que des initiatives soient prises par des parlementaires en France, dans l’attente d’un mouvement plus global d’ouverture des plateformes dans le cadre du Digital Markets Act au niveau européen”, commente Vincent Duval. Le texte a été dévoilé en décembre par la Commission européenne. Et même si la croissance de Paylib entre amis dépasse celle du paiement sans contact, le CEO de Paylib assure que ce service continue de croître, notamment sous l’effet de la crise sanitaire. “Après une baisse liée au confinement et à la diminution globale des achats en magasin, nous avons observé une augmentation de la proportion des paiements en magasin par Paylib par rapport aux paiements par carte physique, puisque le paiement sans contact est parfaitement adapté d’un point de vue sanitaire”, fait remarquer Vincent Duval. EPI : bientôt des synergies européennes Dans quelques années, Paylib migrera probablement vers un service paneuropéen, qui pourrait lui donner d’autant plus de puissance. EPI, l’initiative de banques européennes qui vise à faire émerger une solution de paiement paneuropéenne et concurrencer Visa et Mastercard, a en effet vocation à unifier les services déjà existants. Les membres se sont engagés à migrer vers EPI et/ou à mettre fin aux marques et initiatives déjà engagées au niveau local (lire notre dossier). “Dans de nombreux pays européens, il existe un équivalent à Paylib : Kwitt en Allemagne, Bizum en Espagne, Payconiq en Belgique…, égrène Vincent Duval. Nos actionnaires et leurs actionnaires ont créé la structure EPI pour travailler à une convergence des services et nous participons à la réflexion.” Les décisions concernant la future marque et organisation ne sont pas encore arrêtées. “Nous aurons à définir comment et à quelle échéance ses marques cohabiteront, seront co-labelisées avec EPI ou bien convergeront de manière fluide pour les consommateurs.” Paylib accède à davantage d’autonomie vis-à-vis des banques “À ses débuts, la société Paylib était conduit en mode projet par les banques et la société juridique n’avait qu’un rôle de facturation, raconte Vincent Duval. Mais avec le fort élargissement du nombre de banques, nous avons fait évoluer notre mode de fonctionnement en dotant la société d’une équipe exécutive pour accélérer le développement.” Début 2018, Paylib est donc enfin doté d’un exécutif et de forces vives. La société compte désormais 25 personnes (conception de services, chef de produit, design thinking, développement…). La stratégie est maîtrisée par les banques et les développements reposent aussi sur leurs effectifs. Un double déploiement inspiré de Zelle et Swich Paylib poursuit un double modèle de développement : la société propose une application Paylib, et le service est aussi intégré dans les applications des banques. Selon leur stratégie, certaines banques incorporent Paylib à leur application de banque au quotidien, comme chez BPCE, BNP Paribas, Société Générale, la BRED et LCL, et d’autres le proposent dans une application dédiée aux paiements, comme le Crédit Agricole (Ma Carte CA), la Banque Postale (Mes Paiements), Arkéa (CMB Paiements) et le Crédit Mutuel et CIC, qui l’ont intégré à l’application Lyf Pay. Et chacune a le choix de pousser les solutions qu’elle souhaite à ses clients, parmi les trois services de Paylib (paiement en ligne, en magasin et entre particuliers). “Nous nous inspirons des modèles de développement de Swich en Suède et de Zelle aux États-Unis, qui ont choisi cette approche de double implémentation avec une application en propre et celles des banques membres, explique Vincent Duval. Aux États-Unis, de nombreux utilisateurs créent leur compte à partir de l’application Zelle puis ont plutôt tendance à utiliser le service dans leur application bancaire par la suite. Même si nous avons moins de recul, nous observons la même chose avec Paylib. L’application Paylib a vocation à faciliter l’inscription et les premiers usages.” Aude Fredouelle paiement en lignepaiement en magasinpaiement entre particulierspaiement mobile Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind À lire Le Crédit Mutuel rejoint la communauté Paylib Société Générale lance Paylib entre amis Quel bilan tirer un an après le lancement de Paylib sans contact ?