Accueil > Services bancaires > Pierre-Antoine Vacheron : “Natixis Payments crée une filière transversale dédiée à la donnée” Pierre-Antoine Vacheron : “Natixis Payments crée une filière transversale dédiée à la donnée” Création d’un wallet marchand avec Casino, construction de l’offre autour d’Instant Payment, analyse des données de transactions bancaires, nouvelle équipe de management… Pierre-Antoine Vacheron, directeur du pôle paiement de Natixis nommé en janvier 2018, dévoile les chantiers structurants en cours au sein de l’entité. Par Aude Fredouelle. Publié le 17 décembre 2018 à 10h29 - Mis à jour le 28 janvier 2025 à 15h59 Ressources Vous avez annoncé une alliance avec Casino pour créer un wallet sur Cdiscount puis le commercialiser en BtoB auprès d’autres marchands. Casino affiche de grandes ambitions sur ce projet. Qu’en est-il de votre côté ? Ce n’est pas très coûteux à émettre mais il faudra quand même de l’usage ; il ne devrait donc pas subsister pléthore de wallets sur le marché français… Cdiscount a le potentiel, la loyauté client et la récurrence d’achat pour s’imposer et trouver sa place sur le marché français. Nous avons donc de grandes ambitions autour de ce wallet qui sera intégré à Dalenys et proposé à ses clients commerçants. BPCE propose les virements instantanés SCT Inst depuis quelques mois à ses clients, via Natixis Payments. Pouvez-vous dresser un premier bilan ? Quels cas d’usage voyez-vous émerger ? Cela fonctionne assez bien mais nous ne communiquons pas sur les volumes. Le virement instantané est souvent utilisé sur des paiements de 10 000 euros environ, pour payer la facture d’un artisan par exemple. BPCE facture un euro par virement instantané aux particuliers. Le virement instantané est aussi utilisé pour l’indemnisation des sinistres par Natixis Assurance ou pour le crédit à la consommation. Cela permet une mise à disposition immédiate des fonds et dans ce cas, c’est gratuit pour le particulier. En BtoB, le système concerne la trésorerie des entreprises. Il y a aussi de l’intérêt sur le paiement dans le commerce – nous avons d’ailleurs annoncé un premier partenariat en ce sens avec Air France. Mais je suis un peu mesuré sur ce que cela va donner car le bénéfice client n’est pas énorme. Cela va fonctionner de pair avec l’initiation de paiement de la DSP2, donc il faudra rentrer son IBAN, passer par une mécanique d’initiation de paiement et donc d’authentification… Le parcours client ne sera pas spontanément très fluide et il y aura des risques de perte de clientèle. “Natixis Payment Solutions va commercialiser des services autour d’Instant Payment pour les entreprises” Pierre-Antoine Vacheron Directeur du pôle Paiement de Natixis En CtoB ou en BtoB, pour le paiement e-commerce ou inter-entreprises par exemple, nous allons intégrer des services comme l’authentification, la prévention contre la fraude ou l’initiation de paiement, qui sont très importants puisque le paiement est irrévocable. Nous allons proposer une suite avec ces briques pour offrir de la valeur ajoutée. Elle pourra être vendue par Natixis Payments ou par les réseaux et c’est un sujet pour 2019. Plusieurs banques ont prévu de proposer les virements instantanés gratuitement en BtoC. BPCE va-t-il devoir s’aligner ? Ce sont les réseaux qui peuvent prendre cette décision, mais selon moi l’expérience digitale compte plus dans la guerre entre les banques que le coût du virement instantané. Quel budget a été investi par Natixis Payments pour être opérationnel ? Cela a représenté un gros budget mais qui s’inscrivait dans un projet plus large de convergence des plateformes de paiement des réseaux Banque Populaire et Caisse d’Épargne. Ils sont ainsi passés du batch au paiement online et ont opté pour le standard ISO 20022. La rationalisation des plateformes permet d’amortir les coûts. Travaillez-vous sur la valorisation des données bancaires et notamment un programme de cashback lié au compte ou à la carte bancaire ? Nous avons fait des pilotes qui ont bien fonctionné et ont été bien reçus mais il s’agit d’un domaine assez sensible qui suppose d’être très pointu et de pousser des offres extrêmement adaptées aux besoins des clients. Nous avons déjà beaucoup de travail et le marché français est très prudent sur les offres de cashback. C’est un sujet qui reste donc à l’arrière-plan pour nous. Concernant l’analyse des données, nous sommes en train de créer une filière data très forte et structurée pour être en mesure d’exploiter la donnée afin d’optimiser nos opérations de paiement : diminuer la fraude, augmenter le taux de conversion, automatiser les processus de contestation, etc. Quand on fait le processing comme chez Natixis Payments, on dispose de la donnée pure côté émetteur et acquéreur et c’est un atout important. Cette filière transversale dirigée par un chief data scientist s’appuie sur les données liées à la fraude, l’animation des réseaux, le processing… L’équipe compte une douzaine de personne et le responsable de la filière arrivera en février 2019. Quels sont les autres projets de transformation structurants de Natixis Payments ? Outre la data, nous avons pour projet de finir l’intégration des fintech en mettant en place davantage de synergies avec le groupe. Par exemple, le PSP PayPlug passe désormais par Dalenys pour l’acquisition [la société travaillait avant avec Lemonway puis BNP Paribas, ndlr] et Dalenys s’appuie sur la plateforme de processing de Natixis Payments. Nous avons aussi créé un pôle regroupant Comitéo [solutions innovantes pour les comités d’entreprises parmi lesquelles un service de billetterie, de chèque cadeau, de création d’un site ou d’une application, ndlr], Le Pot Commun, les cartes CADO, etc. On peut imaginer beaucoup de synergies entre ces entités. Le Pot Commun connaît en ce moment une traction significative sur le paiement partagé en marque blanche ou grise lancé cette année, notamment avec Decathlon, le site de la SNCF ou Relais & Chateaux : c’est un élément de différenciation par rapport à ses concurrents. “S-Money pourra bientôt émettre des cartes virtuelles à la volée” Pierre-Antoine Vacheron Directeur du pôle paiement de Natixis Nous travaillons aussi sur d’autres chantiers structurants en termes d’offre, comme l’émission digitale de moyens de paiement chez S-Money. Nous voulons avoir la capacité de faire de l’émission de cartes virtuelles à la volée, ou encore de proposer un parcours self-care de façon très industrialisée aux acteurs qui souhaitent émettre des moyens de paiement pour le grand public, comme les e-commerçants Côté acquisition, l’enjeu est d’étendre notre proposition de valeur sur l’omnicanal pour mieux servir les commerçants du mid-market [Natixis a confirmé en octobre son intérêt pour un rapprochement industriel de ses activités de paiement avec celles du groupe Ingenico, ndlr]. Comptez-vous créer une solution de banking-as-a-service concurrente de Treezor ou PPS ? Nous avons les briques pour le faire : ce serait un alliage de PayPlug et S-money. Mais le marché auquel s’adresse Treezor est encore émergent et nous ne comptons pas nous positionner sur ce créneau de la tenue de comptes ou de l’émission de moyens de paiement pour l’instant. Nous voulons déjà nous concentrer sur l’amélioration de PayPlug, pour rester au même niveau que la proposition de valeur de Stripe, notamment dans le paiement de proximité [Stripe s’est lancé sur le marché des terminaux de paiement en septembre dernier, ndlr]. L’enjeu est aussi de distribuer l’offre de PayPlug via les réseaux Banque Populaire et Caisse d’Épargne. La création du pôle dédié au paiement en 2017 chez Natixis puis votre nomination au comité de direction générale ont marqué un tournant stratégique. A quoi ressemble désormais Natixis Payments ? Le pôle Payments compte 1240 collaborateurs, dont un quart dans les équipes des fintech que nous avons rachetées. L’équipe de management a été profondément remaniée. Elle est notamment composée de trois patrons de business units : Jean-Luc Thérond sur le processing, Nicolas Chatillon sur le pré-payé et l’émission, et Ludovic Houri [ex-Ingenico, ndlr] arrivera début janvier sur la partie marchands. Antoine Leclercq, qui vient de l’extérieur [il est passé par Axway et Nexway, ndlr], a été nommé CTO en novembre 2018. Chloé Mayenobe, ex-Ingenico, a pris la tête du pôle transversal “Croissance et Transformation”, qui englobe toutes les équipes qui s’appuient sur la data et travaillent sur la fraude, l’animation des ventes, la croissance et le marketing. Ludovic Houri, ex-Ingenico, arrivera début janvier et prendra la tête de la business unit “merchant solutions” Pierre-Antoine Vacheron Directeur du pôle paiement de Natixis Avec la création d’un pôle de paiement autonome, Natixis montre qu’il faut gérer les paiements comme une activité en tant que telle et pas seulement comme une usine de traitement. Nous gérons 7 milliards de transactions par an, nous travaillons avec 400 000 marchands et nous représentons 20% du marché de l’acquisition et de l’émission. Les volumes de processing pour le groupe et les clients tiers sont en hausse de 6 à 7% par an, alimentés par la substitution du cash et des chèques ces dernières années, et les revenus tirés de cette activité sont en hausse de 4 à 5% par an. L’acquisition (avec Dalenys, Payplug et e-Cotiz) et l’émission connaissent de leur côté des croissances de 20% à 30% par an. L’objectif d’accélération de la croissance passe par la combinaison réussie entre les activités de processing et les offres innovantes provenant de nos fintechs. Natixis Payment Solutions Effectifs : 1240 collaborateurs Activités : acquisition, émission, paiement de compte à compte SCT et SDD… 36 millions de résultat net par an Enveloppe de 2,5 milliards d’euros prévue pour des acquisitions d’ici 2020 Pierre-Antoine Vacheron 2018 : CEO Natixis Payments 2017 : CEO Ingenico ePayments et vice-président exécutif Retail chez Ingenico 2015-2017 : vice-président exécutif chez Ingenico ePayments 2009- 2015 : CFO fonctions support puis directeur exécutif Ingenico Europe (SEPA) puis CFO chez Ingenico Group 2006-2009 : CFO chez ETAM 2005-2006 : CFO Chantiers de l’Atlantique chez Alstom 1998-2004 : directeur exécutif chez Airbus 1994-1998 : directeur adjoint d’une section à la Direction Générale du Trésor Formation 1994 : Diplômé de l’ENA 1990 : Sciences Po 1988 : master à Assas (commerce international et droit fiscal) Aude Fredouelle acquisitioncashbackinstant paymentpaiement en lignepaiement en magasinpaiement mobilePSP Besoin d’informations complémentaires ? 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