Accueil > Services bancaires > Paiements > Pourquoi BNP Paribas, Banque Edel et Famoco ont misé sur Alipay Pourquoi BNP Paribas, Banque Edel et Famoco ont misé sur Alipay Le wallet Alipay s’est lancé en France en octobre 2016 avec une poignée de partenaires. Pour les acteurs hexagonaux, l’objectif est double : se positionner comme partenaires privilégiés des futurs entrants chinois, mais aussi être prêt en cas de lancement d'Alipay pour les clients français Par Aude Fredouelle. Publié le 14 décembre 2017 à 15h47 - Mis à jour le 14 décembre 2017 à 15h47 Ressources Depuis octobre 2016, Alipay est disponible dans quelques commerces français pour les touristes chinois de passage dans l’Hexagone. Mais seules quelques banques et fabricants de terminaux de paiement ont la possibilité de proposer cette solution de paiement à leurs clients commerçants. Deux couples se sont alliés à Alipay : d’abord, dès octobre 2016, la filiale du groupe Leclerc Banque Edel avec Famoco, pour les terminaux de paiement. Ensuite, en décembre de la même année, BNP Paribas et Ingenico. Tous ont dû effectuer un développement spécifique. Car Alipay ne fonctionne pas comme le wallet Apple Pay. Chez Apple, le numéro de carte bancaire est dématérialisé dans le wallet mais le paiement s’apparente à un règlement traditionnel par carte pour les schemes et pour les banques. Avec Alipay, le client doit montrer un QR code sur son mobile, lu au niveau de la caisse du marchand puis envoyé à la solution de paiement du terminal. La demande d’autorisation est ensuite transmise au centre d’Alipay puis une banque partenaire locale est chargée de transférer les fonds entre la banque du marchand et le compte d’Alipay. “Nous avons été les premiers à sortir une solution fonctionnelle, expliquait Richard Pouillaude, directeur général de Banque Edel, lors d’une interview en mai 2017. Nous avons travaillé avec Famoco pour le boîtier et Mobizel pour le logiciel et nous y avons ajouté notre expérience de la monétique. Il fallait réussir à faire dialoguer un wallet comme Alipay avec les systèmes bancaires français. L’un de nos collaborateurs, qui avait déjà développé les protocoles d’acceptation en France des cartes CUP, a mis au point le protocole d’échange entre les deux.” Lionel Baraban, CEO de Famoco, se souvient de son côté que “la solution a été développée en trois mois.” “On a créé un terminal de paiement, une application front-end et la partie serveur de connexion au back-end de Alipay et aux API de la banque Edel.” Deux cibles pour toucher tous les marchands Famoco est spécialisé dans les solutions à base de QR code comme Alipay. La solution est embarquée sur un petit terminal de paiement qui coûte 150 euros environ et le commerçant n’a donc pas besoin d’intégrer la solution à son système de caisse – il se dote simplement d’un TPE supplémentaire. Chez Famoco, la solution “est pure Android. Elle est donc très fluide puisque Alipay est une application Android”, vante le CEO. La société vend une licence d’utilisation de sa plateforme à 18 euros par an et les acteurs utilisant Alipay doivent s’acquitter d’une option à 10 euros par mois. C’est la banque Edel qui commercialise la solution auprès du commerçant et qui ponctionne une commission sur la marge de Alipay. Le couple Ingenico/BNP Paribas est arrivé sur le marché deux mois après Famoco et Banque Edel. Avec Ingenico, Alipay souhaite pouvoir être déployé plus facilement chez les commerçants, déjà équipés des terminaux du leader du marché. Alipay n’est cependant disponible que sur les dernières générations (Telium et Telium 2 Tetra) car il a fallu adapter les lecteurs EMV afin qu’ils puissent lire des QR codes. Surtout, dans ce cas de figure, Alipay doit être déployé dans les solutions de paiement des commerçants. “Les transactions Alipay sont donc intégrées directement dans le reporting des transactions cashless, au lieu de créer une nouvelle solution indépendante”, décrit Stéphane Jacquis, en charge des offres omnicanales chez Ingenico. Depuis début 2017, Ingenico propose aussi aux commerçants qui n’utilisent pas sa plateforme de services d’ajouter Alipay directement sur le terminal. Solution d’intégration dans la caisse Les commerçants français souhaitant proposer Alipay peuvent recourir à une dernière alternative : l’allemand Wirecard a développé une solution intégrable directement dans le système central de gestion et qui ne nécessite pas de changer leurs terminaux. C’est la solution choisie par Le Printemps en novembre 2016. La solution est plus lourde et plus compliquée à mettre en place mais elle fait sens pour des commerces brassant de gros volumes pour le compte de clients chinois. “Notre objectif est de nous adapter aux besoins des commerçants, indique Jean-Cyrille Girardin, country manager France d’Alipay. S’ils ont besoin d’une solution complètement intégrée à leur système de paiement, alors ils se tourneront vers Ingenico ou Wirecard. S’ils veulent une solution plus légère et facile à mettre en place, qui ne nécessite aucun développement, ils se tourneront vers Famoco. Par contre, ils auront un nouveau terminal à gérer dans ce cas.” Plus d’un millier de commerçants compatibles Alipay Depuis un an, Famoco a équipé “quelques centaines de terminaux” avec Alipay, révèle son CEO. Ils enregistrent des transactions “importantes en termes de volumes, qui montent parfois jusqu’à 7 ou 10 000 euros”, ajoute Lionel Baraban. En un an, Ingenico a effectué une quinzaine de déploiements en paiement centralisé, notamment chez SBM, Hotel Hermitage ou encore Lagardère Travel Retail. L’accord ne se limite pas à l’Hexagone : “nous avons aussi commencé des déploiements en Italie et nous en préparons un autre au Royaume-Uni”, précise Stéphane Jacquis. Ingenico signe aussi des partenariats avec des banques à l’étranger pour pouvoir étendre la solution Alipay. Le marché français est une priorité pour Alipay Jean-Cyrille Girardin Country manager France, Alipay En Europe, “plus de 30 000 commerçants dans 16 pays acceptent Alipay, assure Jean-Cyrille Girardin. Et en France, ils sont plus d’un millier, principalement à Paris et dans les aéroports.” Pendant la “Golden Week Holiday”, les vacances de la première semaine d’octobre pour les Chinois, les utilisateurs d’Alipay voyageant en France ont dépensé plus de 6 500 yuans (828 euros) en moyenne, contre 166 euros en moyenne sur tous les pays hors Chine (34 au total), dévoile le country manager France d’Alipay. Le volume cumulé de dépenses en France était le troisième en Europe, après l’Allemagne et le Royaume-Uni. “Nous pensons que la France surpassera bientôt les autres pays, puisque des commerçants supplémentaires sont en train de s’équiper.” Micro-marché “Le marché français est une priorité pour Alipay, commente Jean-Cyrille Girardin. La France est la première destination en Europe pour les touristes chinois, avec plus de deux millions de voyageurs par an.” Si Alipay veut pouvoir permettre à ses clients de payer partout dans le monde, l’intérêt est à première vue moins évident pour les acteurs français. “Alipay représente un micro-marché en France même si quasiment 100% des touristes chinois sont porteurs du wallet, reconnaît Lionel Baraban, de Famoco. Et ils achètent dans un nombre assez limité de commerces.” C’est peut-être la raison pour laquelle seules deux banques ont noué des partenariats avec Alipay pour l’instant, dont une seule appartenant au cercle des plus gros acteurs français. “J’ai l’impression que les banques françaises sont assez frileuses, commente le CEO de Famoco. Elles ont peur de la concurrence d’Alipay à terme et n’y voient pas tellement leur intérêt. Les flux ne sont pas suffisants pour qu’elles aient envie de se battre.” “Nous sommes en discussions avec d’autres partenaires, révèle pourtant par Jean-Cyrille Girardin. Nous communiquerons bientôt sur le sujet.” Reste à savoir si les nouveaux partenaires auront développé la solution en interne ou fait appel à l’un des pionniers en la matière. La banque Edel espérait par exemple pouvoir commercialiser sa technologie en marque blanche avec BNP Paribas avant que le groupe ne le fasse lui-même. D’autres discussions seraient en cours entre la filiale de Leclerc et d’autres acteurs. Des projets plus ambitieux en ligne de mire Malgré un marché réduit en France, les partenaires d’Alipay ont trouvé leur intérêt dans l’alliance avec l’acteur chinois. “Cela nous a apporté de la notoriété et amené des clients, se félicite par exemple Lionel Baraban. Et surtout maintenant nous parlons avec Alipay de projets plus larges et ambitieux.” Comme Ingenico, Famoco compte étendre le partenariat à l’étranger. “Nous travaillons sur une solution plus générique sur toute la zone EMEA, qui sera prête au premier semestre 2018. Une solution qui permettra à n’importe quel acteur bancaire en Europe de proposer une solution Alipay sans avoir à faire de développement.” Le CEO de Famoco évoque “une ambition africaine et paneuropéenne” – Famoco est déjà présent dans 35 pays avec d’autres applications. Les acteurs anticipent aussi le lancement d’Alipay hors de Chine. “Quand ils distribueront hors de Chine, nous aurons l’avantage d’être déjà compatible”, souligne par exemple Lionel Baraban. Et s’allier à Alipay, qui revendique plus de 520 millions de clients actifs, c’est aussi se placer en bonne position lorsque ses concurrents arriveront dans l’Hexagone… Comme WeChat et ses 600 millions d’utilisateurs. “WeChat nous a contactés car ils veulent que nous leur proposions une solution similaire”, nous expliquait Richard Pouillaude, DG de Banque Edel, en mai dernier. C’est finalement avec BNP Paribas que la filiale de Tencent s’est lancée dans l’Hexagone. Avec BNP Paribas, la solution est opérationnelle depuis le 25 septembre dans les deux flagships parisiens du groupe Galeries Lafayette, Galeries Lafayette Haussmann et BHV Marais, a indiqué le groupe dans un communiqué le 8 novembre. La solution sera déployée dans un second temps en Europe par le groupe. Des perspectives de développement qui devrait attirer d’autres acteurs traditionnels… Aude Fredouelle BATXpaiement en magasinterminal de paiementwallet Besoin d’informations complémentaires ? 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