Accueil > Services bancaires > Banque au quotidien > Quels usages et perspectives pour les sous-comptes des néo-banques? Quels usages et perspectives pour les sous-comptes des néo-banques? Courant 2018, Revolut a lancé Vaults, N26 Espaces et Lydia ses sous-comptes. A terme, ces sous-comptes courants pourraient permettre de créer bien plus que de simples projets d’épargne non rémunérée. Par Aude Fredouelle. Publié le 12 février 2019 à 15h35 - Mis à jour le 12 février 2019 à 15h35 Ressources Plusieurs néo-banques et challengers ont lancé en 2018 des fonctionnalités de sous-comptes, c’est-à-dire la possibilité de créer des sous-comptes courants dédiés à des projets distincts et de les alimenter. Pour l’instant, la nouveauté relève surtout de l’expérience utilisateur, ces sous-comptes n’étant pas rémunérés. Mais les acteurs ont en ligne de mire bien d’autres innovations et développements. Revolut a été le premier à dégainer avec Vaults, en avril 2018. Les sous-comptes (15 maximum par client) peuvent être alimentés par paiements récurrents ou ponctuels ou bien par une fonctionnalité d’épargne à l’arrondi (liée aux dépenses de la carte Revolut). Le client peut aussi convertir automatiquement les montants épargnés en achetant une crypto-monnaie. 40 millions d’euros dans les Vaults de Revolut Le 8 juin 2018, à peine deux mois après le lancement de Vaults, Revolut annonçait dans un post de blog que 5 millions de livres (dont 3,1 millions d’euros, 2,1 millions de livres, 1,1 million de zlotys et 500 000 leus roumains) avaient déjà été mis de côté dans des sous-comptes par ses clients. “Plus de 3 000 Vaults sont créés chaque jour”, indiquait alors Revolut. Un tiers des utilisateurs avaient choisi de recourir à l’épargne par arrondi et 1 000 utilisateurs avaient mis en place des virements hebdomadaires ou mensuels. Les noms de sous-comptes les plus utilisés : vacances, épargne puis crypto. Emmanuel Boulade, responsable communication France, Suisse et Belgique, indique désormais que 600 000 Vaults ont été créés. 400 000 sont actifs. Parmi eux, 200 000 ont été paramétrés pour une alimentation régulière et 300 000 pour l’épargne à l’arrondi. Le montant total déposé dépasse les 40 millions en euros, dont 20 millions d’euros et 15 millions de livres. “L’objectif était d’apprendre aux plus jeunes générations à épargner petit à petit sans que l’argent ne soit complètement bloqué et en ayant la possibilité de créer plusieurs poches dédiées à des fins précises”, estime Emmanuel Boulade. Un tiers des clients de N26 se servent des Espaces Chez N26, Espaces a été lancé en août 2018. Les clients peuvent créer des sous-comptes dédiées à des dépenses précises, comme le loyer ou un projet de voyage, et les alimenter par virement depuis leur compte courant N26. Les comptes gratuits permettent de créer deux Espaces, les comptes Black et Metal 10. Un tiers des clients de la néo-banque (qui en revendique plus de 1,5 million en Europe) s’en servent et plus de 200 millions d’euros ont été stockés sur les Espaces depuis leur création, révèle Jérémie Rosselli, country manager France Inconvénient : pour dépenser les fonds d’un Espace ou d’un Vault, l’utilisateur doit d’abord les reverser sur son compte courant (de manière instantanée) puis effectuer un virement ou paiement carte. Chez Lydia : sous-comptes partagés, cagnotte, cartes virtuelles… Chez l’application de paiement Lydia, l’offre est plus aboutie. Les sous-comptes lancés fin 2018 ne permettent pas seulement de mettre de l’argent de côté pour des projets donnés. Ils peuvent être partagés pour créer des comptes-joints, des comptes de colocation… Celui qui crée le sous-compte accorde des permissions : qui peut l’alimenter, qui peut le dépenser… Et les fonds peuvent être dépensés via des cartes virtuelles (attribuées à des sous-comptes au choix). “Par exemple, raconte le CEO Cyril Chiche, on peut imaginer créer des cartes virtuelles Lydia Mastercard, les attribuer à un sous-compte puis donner les numéros de cartes virtuelles à ses enfants pour qu’ils les mettent dans Google Pay et payent en sans contact.” La création de plusieurs cartes virtuelles est réservée aux abonnés Lydia Premium (2,99 euros par mois, +1 euro pour la carte plastique agrégatrice). L’outil de cagnotte proposé par Lydia est aussi basé sur cette technologie de sous-compte. “Nous avons conçu la cagnotte comme un compte avec des propriétés adaptées : qui peut participer, voir les montants, dépenser…”, analyse Cyril Chiche. Plusieurs administrateurs peuvent suivre les participations et acheter le cadeau avec l’argent collecté. “Nous avons en fait créé ces comptes partagés en 2016, pour deux partenaires (Captain Train et Take Eat Easy), dans l’optique de réaliser des partages d’addition, se souvient le CEO. Mais l’un a été racheté et l’autre a disparu. Finalement, nous avons donc sorti le produit dans Lydia. C’est un produit plateforme qui va servir à de multiples usages, mais il a fallu prendre le temps de concevoir le workflow et de s’assurer qu’il n’y aurait pas de faille, notamment dans la gestion des permissions.” Bémol : Lydia a du mal à mettre en avant auprès de ses utilisateurs ces fonctionnalités et a communiqué auprès d’eux le 21 janvier dernier, sur son blog et dans une newsletter, pour évangéliser. Sous-comptes partagés et rémunérés N26 devrait en fait s’orienter vers ce type de développements dans le futur. “Nous avons créé toute une mécanique derrière Espaces pour avoir la capacité de créer des sous-comptes qui sont en réalité des vrais comptes, commente Jérémie Rosselli. C’est une plateforme construite de façon modulable que l’on va pouvoir faire évoluer au fur et à mesure.” Premier développement à venir : le lancement d’Espaces partagés, prévu initialement pour 2018 mais pas encore déployé. “Revolut a prévu un sous-compte mieux rémunéré que le livret A” Emmanuel Boulade Responsable communication chez Revolut Jérémie Rosselli précise aussi que “l’épargne va arriver sur N26 France, mais nous n’avons pas encore défini si cela sera lié aux Espaces ou non”. Chez Revolut, la rémunération des Vaults est bel et bien prévue à terme, et elle sera “supérieure à celle du livret A”, dévoile Emmanuel Boulade : “quand nous serons établissement de crédit, nous pourrons rémunérer ces comptes.” La licence bancaire, obtenue en décembre dernier, sera déployée dans les six mois. Mais la plateforme de trading et le robo-advisor, annoncés pour le début de l’année, sont davantage prioritaires pour la néobanque. Les sous-comptes évolueront aussi en ce sens chez Lydia. Le CEO évoque par exemple des sous-comptes connectés à des produits d’épargne ou d’investissement, qui devraient voir le jour en 2019. “Le produit n’est pas encore complètement mature, nous allons en sortir d’autres déclinaisons”, assure Cyrile Chiche. La start-up a aussi pour projet de proposer et facturer le service à des commerçants. “Une fois que l’utilisateur aura payé sur le site e-commerce, on pourra lui proposer de se faire rembourser sur un compte partagé Lydia par ses amis.” Cyril Chiche espère déployer des premiers partenariats dès cette année. utiliser les données des sous-comptes pour un meilleur ciblage ? En créant des sous-comptes attribués à des projets de dépenses précis, les utilisateurs pourraient également donner des informations précieuses aux néo-banques, qui pourraient leur permettre de pousser des offres adaptées. C’est ce qu’a prévu la start-up Yeeld, dont le lancement public de l’application mobile dédiée à l’épargne est imminent. Yeeld permet à ses clients de créer des sous-comptes dédiés à des projets, baptisés des capsules. “Nous pourrons leur proposer des offres correspondant à leurs projets afin de leur permettre de les réaliser dans de meilleures conditions”, explique le CEO, Nagib Beydoun. “Chez Lydia, il n’est pas prévu dans notre business model de faire de la publicité, rappelle Cyril Chiche. Par contre, analyser les sous-comptes pour proposer nos produits ou ceux de partenaires, comme de l’assurance mobile [lancée avec CNP Assurances, ndlr] ou du prêt instantané [lancé en décembre avec Banque Casino, ndlr], pourquoi pas. Nous utiliserons les données des sous-comptes au même titre que les autres, pour améliorer l’expérience client.” Chez N26, “rien n’est décidé mais nous faisons très attention dès que l’on aborde les données personnelles, abonde Jérémie Rosselli. Notre objectif est d’apporter une expérience personnalisée et de proposer les bons services et produits à nos clients, qu’ils s’agissent des nôtres ou de ceux de partenaires.” sous-comptes : état des lieux N26 : 200 millions d’euros stockés sur les Espaces Revolut : 40 millions d’euros stockés sur 600 000 Vaults Lydia : NC Aude Fredouelle application mobilecagnottechallengerépargnenéobanquepaiement entre particuliers Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind