Florence Dupré (Medtronic) : “Quatre contrats ont été signés avec les start-up de la saison 2020 de notre accélérateur”

Vous présidez Medtronic France depuis février 2021. Quelle est votre stratégie sur l’innovation ?

La vision 2020-2022 de Medtronic France est d’être un “agit’acteur” de la santé. Je découvre une intelligence collective qui a déjà construit des ponts. Quand je regarde la façon dont l’entreprise s’est structurée, je vois cette volonté de codévelopper avec l’écosystème de santé à trois niveaux : autour de nos solutions, sur l’organisation des soins et sur le financement de l’innovation et de nos solutions pour que les patients puissent avoir accès au plus grand nombre d’entre elles. Nous allons continuer sur la ligne tracée et la porter encore plus loin. Depuis mon arrivée, je veux la peaufiner, l’actualiser et lui donner une orientation encore plus numérique.

Comment prévoyez-vous d’aller plus loin ?

Medtronic France est très intégrée à l’écosystème de l’innovation santé. Depuis mon arrivée, je m’attache à rencontrer tous nos partenaires tant au niveau de nos clients établissements de soins que d’autres comme Bpifrance. D’autres axes sont en train de se mettre en place. Pour l’open innovation, nous voulons aller un cran plus loin en allant chercher d’autres partenaires : au niveau académique, chez les clients qui ont des projets… Nous voulons aussi nous ouvrir aux start-up “à impact sociétal”. Et nous avons des discussions pour aller vers d’autres industriels.

Sur le numérique, Medtronic a initié un programme auprès de start-up qui s’est notamment matérialisé par un accélérateur avec une 1re saison débutée en janvier 2020. Comment s’intègre-t-il dans cette stratégie ?

L’accélérateur est un bel exemple de ce qui a été réalisé depuis maintenant quatre ans, ce travail continu dans une même direction : changer la relation de Medtronic avec les start-up et l’innovation externe. Ce qui est remarquable, c’est d’être parti de cette idée et d’avoir élargi jusqu’à la création de cet accélérateur. 

Quel bilan dressez-vous de la saison 2020 ?

Je constate un bénéfice mutuel. Pour les sept start-up sélectionnées (Maela, H4P, SimForHealth, Invivox, Deepsen, WeCare@Work et Ama XpertEye, ndlr), cela passe par le mûrissement de leur projet. Nous sélectionnons des entreprises déjà en phase de commercialisation et nous les accompagnons pour passer toutes les fourches caudines d’un industriel de la santé afin d’accélérer la commercialisation. La start-up va ensuite pouvoir s’appuyer sur son expérience au sein de l’accélérateur pour travailler avec d’autres clients. Elles sont accompagnées par 15 transformers, des volontaires issus de Medtronic. Ces collaborateurs ont acquis des compétences autour de l’intraprenariat, l’innovation, les techniques de design thinking… Et il y a une équipe projet qui accompagne les transformers et les start-up.

Vous avez également signé des contrats avec certaines de ces start-up…

Depuis l’année dernière, nous sommes passés de l’intention à la réalisation. Quatre contrats ont été signés avec les start-up de la saison 2020. Nous sommes aussi les clients de nos start-up. Nous avons acheté à des start-up des prestations, des systèmes pour notre usage interne ou pour les ajouter à notre offre. Ce sont des solutions codéveloppées avec les transformers (collaborateurs de Medtronic impliqués dans l’accélérateur pour accompagner les start-up, ndlr). Par exemple, nous sommes aujourd’hui en mesure d’intégrer les lunettes connectées de Deepsen dans notre offre. Par ailleurs, la crise de la COVID-19 a accéléré le besoin d’outils de formation, notamment au format numérique. Nous travaillons ainsi avec Invivox pour pouvoir offrir des formations de qualité aux professionnels de santé. Nous avons également signé des contrats commerciaux avec Health4People (H4P) et Maela. 

Pouvez-vous présenter la nouvelle saison de l’accélérateur ?

Pour cette nouvelle saison, beaucoup ont souhaité continuer l’aventure. Des transformers sont devenus des alumni, c’est-à-dire des mentors des nouveaux transformers. Et des start-up restent avec nous, car elles ont d’autres projets à mener pour aller encore plus loin : comme l’ouverture à l’international, à d’autres champs thérapeutiques…Cette année, nous avons donc 15 transformers, des alumni, et 10 start-up sélectionnées : Maela, H4P, Invivox, Deepsen, WeCare@Work, Ama XpertEye. Deuxiemeavis.fr, Doc&Co, Safeteam Academy, CareLine Solutions. Les transformers bénéficient également d’une formation certifiante à l’open innovation et au design thinking.

Comment communiquez-vous auprès des collaborateurs de Medtronic sur cet accélérateur ?

Cette idée de l’accélérateur fait grandir les équipes. C’est une richesse collective. Les transformers représentent la diversité de l’entreprise. Ils occupent différentes fonctions :  certains travaillent sur le terrain, d’autres au siège. Ce sont des volontaires pour qui cela répond à un souhait de développement personnel. Cette année, durant toute une semaine, des start-up ont présenté pendant l’heure du déjeuner leur entreprise et leurs besoins. Cela a permis aux gens de se reconnaître dans les projets par exemple et déposer ensuite leurs candidatures pour participer à programme.

Comment cette initiative de la France est-elle perçue au niveau du groupe ?

La France est assez précurseur sur la région “Europe” du groupe. Nous voyons des extensions à l’international tant pour faire grandir les équipes internes que pour le positionnement innovant. Et pour les start-up de notre accélérateur, cela ouvre des perspectives à l’international. De la même façon que les transformers aident les start-up au développement sur la France, ils les accompagnent à l’international. Quand une entreprise est déjà référencée en interne en France, cela lui ouvre des portes, lui permet de faire des rencontres, etc. On parle bien là d’une véritable accélération !