Accueil > Financement et politiques publiques > Interopérabilité : l’ANS dresse un premier bilan à 2 ans lors de son 4e projectathon Interopérabilité : l’ANS dresse un premier bilan à 2 ans lors de son 4e projectathon Dans le cadre de la présidence française du Conseil de l’Union européenne (PFUE), l’Agence du numérique en santé (ANS) organisait du 14 au 16 mars 2022 à PariSanté Campus un “projectathon multi-volets du Cadre d’Interopérabilité des Systèmes d’Information de santé” (CI-SIS). Objectif : permettre aux éditeurs des secteurs sanitaire et médico-social de tester en situation réelle leur conformité aux spécifications d’interopérabilité du CI-SIS, via notamment des tests de bout en bout entre éditeurs. À cette occasion, l'agence a également dressé un premier bilan de l'avancée de l'interopérabilité au sein de l'écosystème. Par Camille Boivigny. Publié le 17 mars 2022 à 14h40 - Mis à jour le 18 mars 2022 à 11h17 Ressources “En santé numérique, l’interopérabilité consiste à structurer des données de santé afin de pouvoir en spécifier les démarches d’échange et de partage”, définit Marc Loutrel, Directeur Expertise, Innovation et International à l’ANS. Dans ces données, on retrouve des éléments de codification, les terminologies, qui peuvent être différentes selon les cas d’usage métiers. Leurs standards internationaux sont “profilés” en fonction de ces derniers à l’IHE (pour Integrating Healthcare Enterprise). “Toutes ces spécifications s’appuient sur des standards internationaux -HL7 avec FHIR- qui évoluent sans cesse et font partie intégrante d’une politique industrielle pour tout acteur qui souhaite percer sur ce marché domestique”, insiste Marc Loutrel. Le fait de pouvoir travailler sur des standards permet ainsi aux entreprises françaises de s’exporter sur d’autres marchés, en Europe et outre-Atlantique. “De nombreux États, via leurs industriels et leurs organismes publics, participent à la définition de ces standards, pour développer leur industrie et leur politique industrielle”, souligne-t-il. Tester sa conformité Ce 4e projectathon de l’ANS permet aux éditeurs -volontaires malgré les travaux en cours du Ségur du numérique pour lesquels ils travaillent sur le référencement de leurs logiciels- de tester la conformité de leur système par rapport aux spécifications CI-SIS de l’agence. Accompagnés par des moniteurs de l’ANS et des GRADeS (Groupements d’appui au développement de la e-santé), les industriels peuvent vérifier leurs preuves “en vie réelle”. “Le SIB et Lifen par exemple ont pu échanger avec leurs pairs et ont témoigné leur intérêt pour cet événement qui leur permet d’améliorer leurs propres logiciels et interopérabilité”, illustre Marc Loutrel. Un arrêté dote les ARS de 3 M€ pour le Ségur numérique, l’ENS et la cybersécurité Le Ségur du numérique offre l’opportunité de disposer d’une interopérabilité à une grande échelle puisque tous les domaines sont concernés : biologie, hôpital, médecine de ville mais également l’imagerie, les pharmacies et plus récemment le médico-social. Les éditeurs sont incités financièrement à assurer leur mise en conformité et leur déploiement dans les établissements de santé et chez les professionnels de santé, leurs clients. Garante du cadre d’interopérabilité des SI de santé, l’ANS publie depuis 2009 des spécifications d’interopérabilité au sein du CI-SIS sur les aspects services, transports, et métiers. Le projectathon a permis de tester un ensemble de cas d’usage métier, en : anesthésie-réanimation, compte-rendu de biologie, télémédecine, informations de liaison d’urgence et vaccination, gestion du cercle de soins (échange des coordonnées de l’équipe de soins, ndlr], cahier de liaison, agenda partagé, médico-social, SaaS Une vingtaine de start-up ayant rejoint PariSantéCampus la semaine dernière ont pu échanger avec 26 éditeurs participant à ce projectathon labellisé PFUE. Sur les 178 tests réalisés, 87 ont été validés. L’ANS publie la liste des premiers logiciels conformes aux référentiels Ségur Un laboratoire d’interopérabilité pour simuler la vie réelle “Avec un maximum d’échanges croisés, on simule ce qui se passe dans la vraie vie en réalisant des tests concrets avec des validateurs experts”, relate Marc Loutrel. Avant même le projectathon, “dès la fin 2020” précise le directeur, l’ANS avait mis des espaces de test configurés à disposition en ligne pour les éditeurs. Cette plateforme est utilisée pour valider les réalisations développées. Elle reste accessible hors projectathon pour que les industriels puissent l’intégrer dans leur processus de test de logiciels dès qu’ils en ont besoin. Cela réduit leur coût d’implémentation et permet de détecter les non-conformités aux standards au cours du développement et avant leur déploiement. Sur ces espaces de test, l’ANS héberge un ensemble de validateurs, ainsi que des associations comme InterHop santé. “Cette plateforme est utilisée pour valider l’ensemble des critères d’interopérabilité qui figurent dans les dossiers de spécifications du Ségur du numérique dont c’est la fin de la première vague. Beaucoup d’éditeurs sont actuellement à la manœuvre”, précise Marc Loutrel. L’ANS publie un mois avant la fin de la concertation les règles d’interopérabilité des logiciels de télémédecine De l’utilité des terminologies Le projectathon permet de mettre en lumière le développement, la traduction et la diffusion des terminologies de santé réalisés par l’ANS. “Dans l’optique de sécuriser les échanges, certaines données sont structurées avec des terminologies de référence souvent liées à un métier particulier”, explique le directeur. Fin 2019, l’ANS a mis en production un serveur multi terminologique à cet égard, pour faciliter l’intégration dans les logiciels des professionnels de santé. Premier bilan pour le serveur multi terminologie À date, douze terminologies sont publiées dans des formats du web sémantique permettant aux éditeurs de les télécharger et de les intégrer directement dans leurs logiciels. “Plus de 900 téléchargements cette année, un véritable succès sur un domaine certes encore confidentiel mais important et amené à se développer”, se félicite Thierry Dart, Directeur du pôle Données interopérabilité à l’ANS. “Nous avons déjà référencé 26 éditeurs : 7 dossiers patients informatisés, 11 référentiels d’identité, 4 plateformes d’intermédiation, 1 RIS (Radiology information system), 3 transcodeurs LOINC (pour “Logical Observation Names and Codes”, terminologie de santé internationale et commune utilisée pour coder les analyses de biologie, ndlr]”, abonde Marc Loutrel. Le contenu des recommandations finales sur l’interopérabilité des données de santé aux États-Unis Ce projectathon permet d’œuvrer à la diffusion de l’interopérabilité dans tout l’écosystème. “Cela s’inscrit dans une démarche européenne puisque nous avons des échanges avec nos homologues européens, notamment allemand, suédois, luxembourgeois, afin d’assurer des références croisées des éditeurs ciblés. Ce sont des premiers travaux aujourd’hui, il faudra passer à l’échelle pour ces éditeurs qui une fois reconnus pourront l’être au-delà des frontières françaises”, conclut Marc Loutrel. Prochaine étape : la terminologie Snomed CT Alors que la France se dirige vers l’adoption de la terminologie Snomed CT, des travaux, notamment juridiques, portant sur son intégration sont en cours avec Snomed International. Les premières concertations ont été lancées pour l’introduire dans le cadre des travaux de la vague 2 du Ségur numérique. “Notamment sur des enjeux de valeur de la prescription d’analyses de biologie. Les cas d’usage sont en anatomie et en microbiologie et une prochaine concertation est à venir sur le volet synthèse médicale l’international patient summary conforme aux spécifications européennes auxquelles l’ANS contribue”, précise Marc Loutrel. La Snomed CT sera intégrée au serveur multi terminologies en 2022. Pour se conformer à ses exigences, l’ANS va mettre en place un centre de compétences national, le NRC (National Release Center), pour la diffuser en France. “En parallèle, pour pouvoir la diffuser en français, on travaillera à la traduction automatique avec des technologies qui s’appuient sur du deep learning issues de travaux avec l’Ecole polytechnique et validées par d’autres pays de la Francophonie”, souligne Marc Loutrel. Au niveau européen, des financements permettent de financer jusqu’à 60 % de l’adhésion à Snomed International à la différence d’autres terminologies ouvertes et gratuites. “Il existe une volonté de maîtriser son déploiement à travers des points nationaux, les NRC. Aujourd’hui une quarantaine de pays ont rejoint Snomed International. C’est un premier pas vers des travaux qui s’inscrivent dans l’espace européen des données de santé, donc qui viennent structurer cette démarche”, détaille Marc Loutrel. Camille Boivigny dossier patient informatisééditeurHôpitalInteropérabilitéLaboratoiresLogicielmessagerie sécuriséeRèglementaireSécuritéTélémédecine Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind À lire Le HDH candidat avec 15 autres acteurs pour une version test d’un Espace Européen des Données de Santé État des lieux et enjeux du cloud souverain ou "de confiance" Entretien Stéphanie Combes (HDH) : “La présidence française du Conseil de l'Union européenne est une opportunité pour avancer sur les données de santé” Hébergement des données de santé : que révèle l’analyse des entreprises certifiées ? Dotations 2022 : 61,2 M€ pour l'ANS et 12,6 M€ pour le HDH L’ANS met à jour sa doctrine du numérique en santé Et les lauréats de l’édition 2021 des Talents de la e-santé sont... La France, 4e meilleur écosystème e-santé d’Europe (Institut Sapiens, Qare) Lancement d'un accélérateur de standardisation des données de santé