TENDANCES 2024 – Cap sur la prévention

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mind Health décrypte 10 tendances qui marqueront l'année 2024. De nouveaux dispositifs de prévention font leur apparition avec la loi de financement de la Sécurité sociale pour l'année 2024. Mais pour faire émerger un écosystème de start-up dédié à la prévention reste à résoudre l'équation du modèle économique.
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La prévention est le premier axe de la feuille de route du numérique en santé 2023-2027. Le 11 décembre dernier lors de son point d’étape sur le plan d’investissement France 2030, le président de la République, Emmanuel Macron, a souligné l’intérêt de la médecine prédictive et de la prévention, indiquant qu’elle devait être “au cœur de nos priorités”. 

Signaux forts et faibles

  • Le Centre Léon Bérard a annoncé l’ouverture en 2025 d’un lieu dédié à la prévention du cancer.
  • L’AIS prépare une feuille de route dédiée à la prévention en lien avec les ministères.
  • Mon bilan prévention est lancé à l’échelle nationale en janvier 2024. Ce dispositif a pour objectif de dépister les facteurs de risque et de proposer un parcours de prévention aux patients à des âges clés. Il est pris en charge à 100% par l’Assurance maladie.
  • En 2024, l’agenda de Mon espace santé intégrera des rappels pour des examens de prévention (bucco-dentaire, vaccins, dépistages, grossesse, etc.), ainsi que des messages ciblés de prévention personnalisée.
  • Le Groupe Pasteur Mutualité, le groupe mutualiste d’assurance des professionnels de santé, a annoncé le 10 janvier le lancement d’une plateforme dédiée à la prévention.
  • PariSanté Campus et Bpifrance ont présenté la première promotion en décembre 2023 d’un accélérateur dédié à la prévention, composée de 20 start-up du secteur de la santé.
  • SNCF Gares & Connexions, filiale de SNCF, a annoncé en novembre dernier qu’elle allait installer des espaces de télémédecine et des services de soins complémentaires dans près de 300 gares d’ici 2028. Les espaces permettront d’accéder à des consultations à distance, des campagnes de dépistage, de prévention santé et de vaccination.
  • L’incubateur Prevent2Care Lab, dédié à la prévention, a sélectionné, en avril 2023, 19 start-up et 6 associations pour rejoindre sa 5e promotion.

Pourquoi c’est important :

Avec 157 400 décès estimés en France en 2023, le cancer est la première cause de mortalité prématurée avant 65 ans. Chaque année, 40 % des cancers détectés (près de 1200 cancers par jour) sont attribuables à des facteurs accessibles à la prévention selon INCa. Ces cancers sont évitables grâce à des changements de comportements individuels sur les facteurs de risques connus (tabac, alcool, alimentation déséquilibrée, surpoids-obésité, défaut d’activité physique, etc.) et ceux liés à l’environnement (agents infectieux, expositions professionnelles, pollution de l’air, etc.) Ces facteurs de risque jouent également un rôle dans l’apparition d’autres maladies chroniques (diabète, maladies cardiovasculaires, etc.) d’où l’importance de la mise en place d’une politique de prévention. D’autant que le vieillissement de la population – en 2030 un Français sur trois aura plus de 60 ans – aura un impact sur les occurrences de ces maladies. Une prévalence qui a un coût. « Sur les 168 milliards d’euros de dépenses de santé, 98 milliards se concentrent sur dix pathologies. Spécifiquement sur cette part de la dépense, en contrôlant les facteurs de risque, nous pourrions économiser 45 milliards”, indique Chahra Louafi, directrice du fonds Patient Autonome de Bpifrance. 

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Le 11 décembre, Emmanuel Macron a indiqué que l’Agence de l’innovation en santé (AIS) préparait une feuille de route dédiée à la prévention en lien avec les ministères. Elle intégrera notamment le financement de “nouveaux programmes de recherche” ainsi que “d’algorithmes d’IA” afin “d’accroître la connaissances des nouveaux facteurs de risques et des biomarqueurs” a annoncé le président de la République. Le consortium MEDITWIN, financé dans le cadre de France 2030 et dédié aux jumeaux numériques, est un premier exemple concrétisant cette ambition en matière de recherche. Lise Alter, la directrice générale de l’AIS, a dévoilé davantage d’éléments de la feuille de route lors de l’événement GenAI4care, le 19 décembre : “Nous allons lancer un projet ambitieux de contribution d’innovations pour mettre en place une politique de prévention. Il faut considérer la prévention dans son ensemble depuis les enjeux de dépistage, de diagnostic précoce et travailler à l’échelle des territoires, c’est un des éléments fondamentaux de notre projet. Ces innovations doivent être étroitement liées à des besoins exprimés, ressentis et travaillés à l’échelle territoriale.” Elle a également souligné que pour que les patients puissent bénéficier d’outils de prévention personnalisé, “il faut que le système de santé et les professionnels soient formés et outillés au niveau culturel.” Thomas Schmit, CEO de Numa Health, confirme à mind Health qu’un changement de culture est nécessaire : « Il faut sortir de l’idée qu’il n’y a que deux états : un état de bonne santé où il n’y a rien à faire et un état de maladie où l’on rentre dans le cadre médical. Nous sommes dans la prévention pure et nous répondons à des patients ayant des troubles fonctionnels mais étant en bonne santé car leurs examens biologiques sont dans les normes et qu’aucun diagnostique n’est posé par le médecin traitant. En revanche, ils ont des symptômes, comme des troubles du sommeil, allergiques, immunitaires ou de la fertilité. Près de 50% des consultations d’un médecin est causée par des patients souffrants de symptômes fonctionnels. Nos algorithmes permettent d’identifier les éventuelles causes de ces troubles physiologiques grâce aux résultats de biologie. ” La start-up a signé des partenariats avec le groupe Inovie ainsi qu’avec le Groupe France Mutualité. Pour Thomas Schmit, c’est le signe “qu’une mobilisation des acteurs de la santé et de la prévoyance commence pour essayer d’intégrer dans le parcours du patient des outils de prévention.” 

Analyse et perspectives 2024

Afin de faire émerger un écosystème de start-up axé sur la prévention numérique, Bpifrance s’est associé à PariSanté Campus pour créer un accélérateur. « Dans la prévention, le marché est neuf, voire inexistant. Il n’y a pas de modèle économique à ce jour, mais nous savons qu’il est essentiel aujourd’hui de se positionner sur le sujet. Par ailleurs, la nomenclature d’entreprise en prévention n’existe pas encore, les entreprises ont une première activité dans la collecte de la donnée en réalisant des services par exemple de télésurveillance, de digitalisation, de collecte dans le cadre d’essais cliniques, d’applications de mesure des risques auprès du grand public par exemple, de suivi des risques psycho-sociaux sur les lieux de travail, etc. Cette donnée collectée s’exploite par la suite en valeur prédictive dans le cadre d’un deuxième modèle économique. Il faut donc aller chercher les entreprises qui développent ce type de sujet via des appels à projet”, souligne Chahra Louafi. Vingt start-up ont été sélectionnées afin d’intégrer l’accélérateur et bénéficier d’un accompagnement annuel.

Le rôle de l’accélérateur est notamment de les aider à identifier un modèle économique. “Quand je parle de modèle économique, je parle de ROI, de productivité qu’il faut apporter à un client. Dans le cadre de la prévention, le client peut être un assureur, une mutuelle, un hôpital, un industriel pharma ou l’Assurance Maladie. Il faut donc aider les entreprises à pouvoir formuler cette valeur », précise Chahra Louafi. Thomas Schmit convient qu’apporter les preuves de scientifiques et médico-économique des bénéfices de leurs solutions est le principal défi des start-up en prévention. Numa Health mise sur son partenariat avec Inovie pour progresser sur ce plan : « Notre partenariat nous permet d’utiliser nos outils de machine learning sur près de 10 millions de biologies. Notre objectif est de rendre nos outils encore plus performants et personnalisés. Les études cliniques que nous allons débuter vont nous permettre de consolider notre approche scientifique et de valider le modèle médico-économique de notre approche”, ajoute-t-il.

L’accélérateur n’est que la première étape de la stratégie de Bpifrance pour soutenir des solutions de prévention. “Un fonds de 100 millions d’euros dédié à la prévention est en structuration, il sera lancé en 2024 et financera une quinzaine de dossier avec des tickets équivalents à ceux du fonds Patient Autonome, entre 2 à 8 millions d’euros en cumulé par ligne”, indique Chahra Louafi.

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