Accueil > Industrie > 9 tendances d’innovation dans les filières medtech, santé numérique et biotech 9 tendances d’innovation dans les filières medtech, santé numérique et biotech Le pôle de compétitivité Medicen a dévoilé jeudi 29 septembre son premier baromètre des tendances d’innovation en santé sur le territoire francilien. Ce Medi’Scope 2022, réalisé avec l’aide de la société Ayming, a passé au crible 4 filières (medtech, santé numérique, biotech et diagnostic/test in vitro) et 314 projets expertisés par le comité d’évaluation de Medicen entre 2019 et 2021 pour identifier 9 tendances à suivre et leur degré de maturité. Par Sandrine Cochard. Publié le 03 octobre 2022 à 15h05 - Mis à jour le 03 janvier 2023 à 14h52 Ressources Les points à retenir : La biotech est la filière la plus mature, devant la medtech, la santé numérique et le diagnostic L’oncologie est loin devant parmi les aires thérapeuthiques faisant l’objet d’un projet d’innovation 9 tendances d’innovation identifiées : 7 briques technologiques et 2 tendances de fonds, avec différents degrés de maturité et de délais d’arrivée sur le marché 9 tendances et une filière biotech plus mature et plus financée que les autres… Les résultats du Medi’Scope, dévoilés lors du Medicen Day le 29 septembre 2022 à Paris, soulignent à la fois les enjeux actuels de l’innovation en santé, mais aussi certaines disparités. Une filière biotech plus mature et mieux financée que les autres Des projets qui ont dépassé la POC Ce baromètre s’appuie sur 314 projets d’innovation R&D évalués par Medicen au cours des trois dernières années. Sur cette période 2019 – 2021, 268 projets ont été labellisés et 37% d’entre eux ont obtenu un financement public. En termes de maturité, 63% des projets labellisés et financés sont de TRL (Technology Readiness Level) supérieur à 4, ce qui signifie que les projets ont dépassé le stade de la preuve de concept. 11% d’entre eux ont même dépassé le niveau 6 correspondant aux tests en environnement réel. “Cet indicateur est intéressant car il corrobore un autre indicateur qu’on a pu collecter, qui est le temps avant que les principales tendances d’innovation n’arrivent sur le marché. Les différentes analyses que nous avons pu conduire montrent que dans deux tiers des cas, on estime que vos tendances d’innovation vont arriver sur le marché dans moins de cinq ans, ce qui va dans le sens de ce TLR”, explique Gwénaëlle Gilbert, expert innovation chez Ayming. Selon le baromètre que mind Health s’est procuré, ces projets d’innovation devraient arriver sur le marché entre 2 à 5 ans (pour 33%) voire dans les moins de 2 ans (36%). Le pourcentage de projets financés varie selon la filière… La filière biotech représente le plus grand nombre de projets d’innovation évalués par Medicen (34%). Elle est aussi plus financée comparativement puisque ces projets représentent 45% des projets financés totaux. La filière medtech représente le deuxième portefeuille de projets (32%) et de projets financés (30%). Les filières santé numérique et diagnostic in vitro représentent moins de projets évalués (20% et 14%, respectivement), et d’autant moins de projets financés (15% et 10%, respectivement). … et l’axe technologique Le taux de financement des projets varie énormément en fonction de l’axe technologique choisi, passant de 13% (biomarqueurs) à 66% pour la thérapie génique. Medicen a classé ces différents axes technologiques en 3 groupes, sur la base de leur taux de financement final. Le groupe I correspond à la filière biotech. Les axes technologiques thérapie cellulaire, thérapie génique et petites molécules représentent un nombre de projets et un taux de financement importants (supérieur à 50%). Dans le groupe II (filière medtech), les axes “imagerie diagnostique interventionnelle”, “dispositifs médicaux implantables” et “DM non implantables” représentent un nombre de projets important et ont un taux de financement de 35%. “Ces données semblent néanmoins relativement faibles au vu de la richesse du territoire francilien”, souligne Medicen. Enfin, dans le groupe III (filières Santé numérique et Diagnostic in vitro), les axes IA, Biomarqueurs, Produits Diagnostic, Données de santés représentent à la fois le plus grand nombre de projets et ceux qui sont les plus faiblement financés (~18%). La maturité de la filière biotech, plus importante, explique en partie les constats relatifs aux financements : les critères de notation des AAP sont mieux cernés et les dossiers de réponse sont mieux préparés, souligne Medicen dans son étude. “En moyenne, un projet sur deux de biotech est financé. Cela donne une indication sur les différents degré de maturité des filières et illustre le besoin de structuration de la santé numérique”, fait valoir Julien Ettersperger, Directeur Innovation de Medicen, alors que l’axe technologique “IA” reste peu mature. L’impact des aires thérapeutiques Les aires n’influent pas sur les chances de succès d’un projet. Quelle que soit la filière, le taux de financement est proche de 40%. L’oncologie est l’aire thérapeutique largement majoritaire, que ça soit en nombre de projets totaux (106) ou en termes de projets financés (42). 9 tendances d’innovation à surveiller “Pour définir les tendances, nous avons réalisé un deuxième set de données récoltées à partir de 19 entretiens d’experts, fin 2021, toutes filières confondues, institutionnels et privés, dévoile Gwénaëlle Gilbert. Nous avons recueilli environ 197 verbatim que nous avons rassemblés en 26 tendances d’innovation. Puis nous avons établi un score avec 2 critères quantitatifs et un critère qualitatif pour aboutir à ces 9 tendances, qui se composent de 7 briques technologiques et 2 tendances de fonds.” “Nous avons pris le parti de présenter ces tendances sur un Hype Cycle de Gartner, explique Julien Ettersperger. L’idée est de se dire que toute innovation, quelles que soient les filières, suit ce continuum : au début, on est au déclencheur de l’innovation, puis on monte la pente avec de plus en plus d’attentes, jusqu’à atteindre un pic de hype avant de retomber dans la vallée de la désillusion, où on s’aperçoit que l’innovation ne pourra pas tout résoudre. Plus tard, on se rend compte que l’innovation est utile, que tout n’est pas bon à jeter, jusqu’à atteindre le plateau de productivité, quand l’innovation devient un usage courant. Pour les placer sur le graphique, on s’est appuyé sur nos experts et sur l’enquête digitale qu’on a réalisée, ce qui nous a permis d’aboutir à ce classement des innovations, selon leurs différentes étapes de ce cycle.” Le BOPA en forte croissance Parmi les 9 tendances retenues, certaines manifestent déjà des signaux forts, comme le “bloc opératoire augmenté”, qui s’appuie sur les technologies de réalité virtuelle et de réalité augmentée. “On voit que les chirurgiens commencent à s’intéresser aux enjeux de la réalité virtuelle. Nous n’avons pas encore atteint le haut du pic et il faudra attendre 5 à 10 ans pour que ces innovations soient dans le bloc de demain”, selon Julien Ettersperger. Le marché des innovations au bloc opératoire est toutefois en pleine croissance. Le marché américain des systèmes d’affichage en bloc opératoire devrait par exemple doubler entre 2017 et 2025 pour dépasser le milliard de dollars. Pour 2026, la prévision des bénéfices annuels en applications technologiques en santé s’élève à 40 milliards de dollars pour la chirurgie assistée par la robotique, indique Medicen en citant Statista. BOPA : moderniser le bloc opératoire pour améliorer la chirurgie et la prise en charge des patients “La dynamique de publications, tant en littérature scientifique qu’en dépôt de brevets, montre une augmentation du nombre de parutions dans les dernières années. On constate, sur cette tendance spécifiquement, un ratio brevets / publications beaucoup plus fort que sur d’autres tendances”, souligne encore Medicen. Et comme le montre le schéma ci-dessous, la France fait partie des pays les plus avancés en matière de publications sur le sujet. Drug discovery : l’apport de l’intelligence artificielle Depuis l’explosion des techniques d’apprentissage statistiques, l’IA devient un outil incontournable de la drug discovery. Les principales limites concernent l’accès aux données et la sécurisation de ces données de santé très sensibles. “À l’instar des perspectives marchés, la dynamique de publications scientifiques est constamment en hausse depuis 2009 (x 2,4 en 10 ans). En revanche, le nombre de dépôt de brevets reste relativement stable sur la période. Le dépôt de brevets étant plus complexe dans le domaine de l’informatique, la tendance à la digitalisation en drug discovery, moins brevetable, se matérialise possiblement à travers ce plateau”, note Medicen. En clair, “on pense là aussi qu’il faudra 5 à 10 ans pour que cette innovation arrive à un plateau de productivité”, explique Julien Ettersperger. Novo Nordisk s’associe avec Microsoft pour découvrir des médicaments, grâce à l’IA Le temps de la désillusion pour les biomarqueurs ? Il y a quelques années, la digitalisation des biomarqueurs ouvrait grande la porte à de nouvelles promesses. “On pensait que les biomarqueurs pouvaient tout faire, tout l’aspect digital, les algorithmes pour les analyser. On avançait sans avoir forcément toute la signature mais en se disant qu’on la trouverait à la fin…, rappelle Julien Ettersperger. On s’aperçoit que ce n’est pas si simple et qu’il faut déjà avoir des hypothèses de départ pour y arriver.” Après avoir suscité de grandes espérances, les biomarqueurs digitaux entrent dans l’âge de raison et doivent structurer leur proposition de valeur et leur méthodologie. Pourtant, malgré son positionnement sur “la pente de la désillusion”, les biomarqueurs restent très prometteurs en oncologie, aire thérapeutique la plus étudiée. Le marché des biomarqueurs en cancérologie est ainsi en croissance sur différents segments (drug discovery, diagnostic, médecine personnalisée, autre), comme le montre les chiffres du marché américain (x 4 en 10 ans). Biomarqueurs digitaux : une opportunité en cours de développement Par ailleurs, la France est le 8e pays contributeur au niveau mondial en nombre de publications sur la période 2019 – 2021. Elle se place comme championne de la recherche clinique sur les biomarqueurs parmi les pays européens devant la Grande Bretagne et l’Allemagne, et juste derrière les États-Unis au niveau mondial. “Malgré le nombre de projets important, une attente forte des patients -notamment en oncologie-, une dynamique mondiale forte et un leadership européen autour des études cliniques, les biomarqueurs peinent à se développer et à atteindre le marché. Sur les 37 projets évalués par Medicen, seuls 4 projets ont obtenu des financements publics”, pointe Medicen. Plus précisément, plus précocement : les nouvelles façons de combattre le cancer Alors, quel avenir pour les biomarqueurs ? Selon l’analyse de Medicen, les biomarqueurs du futur seront digitaux et multiparamétriques. “Les biomarqueurs regroupent de plus en plus une grande diversité de types de prélèvement (sang, biopsie) ou/et de dispositifs d’acquisition de données (génomiques, transcriptomiques, protéomiques, imagerie médicale, regroupées sous l’appellation OMICs). Dans ce contexte, les biomarqueurs du futur visent à déterminer une “signature” basée sur l’assemblage de ces différentes typologies de données. Ainsi, leur traitement digital, et notamment l’utilisation de l’IA devient critique pour le succès de l’exploitation de ces biomarqueurs”, conclut Medicen. >> Retrouvez l’intégralité du Mediscope ici. Quelle définition de l’innovation ? Selon l’OCDE, “une innovation désigne un produit ou un processus (ou une combinaison des deux) nouveau ou amélioré qui diffère sensiblement des produits ou processus précédents d’une unité et a été mis à la disposition d’utilisateurs potentiels (produit) ou mis en œuvre par l’unité (processus).” Pour ce baromètre, Medicen a volontairement restreint ce périmètre à 3 types d’innovations : L’innovation technologique : mise au point et/ou intégration d’une technologie nouvelle; avancement significatif de technologies existantes L’innovation de procédé et organisation : introduction de nouveaux procédés de conception et/ou de production; transformations inédites dans l’organisation et le management d’entreprise, dans ses processus, dans sa logistique ou ses relations fournisseurs L’innovation de produit, service et usage : développement d’un nouveau produit ou service ; amélioration significative dans la nature, les fonctions ou dans la manière d’utiliser un produit ou un service existant. Sandrine Cochard Biomarqueurs digitauxBiotechscancerDiagnosticDonnées de santéFinancementsInnovationIntelligence ArtificielleMédicamentMedtechsRecherche Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind À lire Dans les coulisses du projet Phoenix, un POC pour améliorer le partage de données de santé analyses Quels usages pour la blockchain en santé ? Le nouvel enjeu des données de vie réelle