Accueil > Industrie > [Étude exclusive mind Health] Quels industriels se sont le plus emparés des technologies numériques dans leurs essais cliniques ? [Étude exclusive mind Health] Quels industriels se sont le plus emparés des technologies numériques dans leurs essais cliniques ? Technologies d’analyse et de pilotage, objets connectés et télémédecine prennent une place croissante dans les essais cliniques. Mais quels industriels de la santé s’en sont le plus emparés ? Selon notre étude réalisée à partir des données de ClinicalTrials, GSK, Boehringer Ingelheim et Pfizer sont particulièrement en pointe. Ceci est le deuxième volet de notre étude sur les essais cliniques incluant du numérique dans le monde. Par Sara Chaouki avec Aymeric Marolleau et Aurélie Dureuil. Publié le 04 octobre 2021 à 7h45 - Mis à jour le 14 décembre 2021 à 15h11 Ressources Cet article est le deuxième d’un dossier en trois parties consacré à l’analyse de la base ClinicalTrials. 1- Quelles technologies innovantes ont été les plus adoptées dans les essais cliniques depuis 2000 ? 2- Quels industriels se sont le plus emparés des technologies dans leurs essais cliniques ? 3- Quels acteurs français incluent le plus le numérique dans leurs essais cliniques ? Le statut des entités ou des personnes commanditaires des essais (les “sponsors”) ne sont malheureusement pas toujours renseignées dans la base ClinicalTrials. Mais lorsqu’ils le sont, il s’agit en majorité d’industriels (laboratoires pharmaceutiques, fabricants de matériel médical…). Ainsi, 16 % des essais cliniques avec une dimension numérique ont eu pour sponsor un acteur de l’industrie, soit 10 600. L’autorité de santé américaine (NIH) a quant à elle été le commanditaire de 1 988 essais cliniques, soit 3,1 % des résultats, suivie de près par les agences fédérales des États-Unis (Agency for Healthcare Research and Quality, US Department of Veterans Affairs, VA office of Research and Development, etc.), qui en ont lancé 1 143. Dans la catégorie “Autres” figurent des particuliers, des organisations ou encore des universités. Les industriels aux chiffres d’affaires les plus importants sont ceux qui ont lancé le plus grand nombre d’essais cliniques avec une dimension numérique Plus de 2 600 industriels différents à travers le monde ont déclaré sur ClinicalTrials.gov au moins un essai clinique mettant en œuvre un outil numérique. Le britannique GlaxoSmithKline (43,26 milliards de dollars de CA en 2019), qui a investi 7,7 milliards de dollars en R&D en 2020, soit 16,1 % du chiffre d’affaires de la même année, arrive en tête, avec plus de 378 essais cliniques incluant du numérique, dont 70 % mettent en oeuvre au moins une technologie d’analyse. Il est suivi de près par le laboratoire allemand Boehringer Ingelheim (21,28 milliards de dollars de CA en 2019), qui a lancé 312 essais cliniques répondant aux critères que nous avons recherchés, dont 81 % impliquent des outils connectés. Il a d’ailleurs annoncé en mars dernier investir 1 Md € dans le numérique et l’oncologie. Viennent ensuite Pfizer (295 essais cliniques, et 51,75 milliards de dollars de CA en 2019) et Novartis Pharmaceuticals (280 essais cliniques, et 47,45 milliards de dollars de CA en 2019). La part des technologies d’analyse est plus importante dans les essais cliniques de ces deux derniers. Avec une prédominance des biomarqueurs, utilisés par exemple pour mieux détecter les signes prédictifs ou précoces de certaines maladies, qui ont été déployés dans environ 200 de leurs essais. Bien sûr, tous les biomarqueurs ne sont pas numériques, mais le big data et la modélisation ont considérablement augmenté le nombre de ceux découverts ces dernières années. Notre étude a permis d’identifier 266 essais à dimension numérique commandités par l’américain Johnson & Johnson, ce qui lui vaut une cinquième position, bien qu’il soit premier par le chiffre d’affaires du classement mondial des laboratoires pharmaceutiques. Sanofi, huitième du classement mondial, arrive en neuvième position avec 144 essais, dont 38 utilisant l’eCRF, ou recueil électronique de données patients. Le graphique ci-dessous donne une indication quant à l’importance du numérique dans les essais cliniques des grands laboratoires, rapporté à leur chiffre d’affaires. Plus les laboratoires sont éloignés de la ligne, plus le nombre de leurs essais à dimension numérique sont décorrélés de leur chiffre d’affaires. En positif pour Boehringer Ingelheim, Eli Lilly et AstraZeneca, de façon plutôt négative pour les deux plus grands laboratoires mondiaux, J&J et Roche. Investissements des grands laboratoires pharmaceutiques dans la R&D Comparer leurs investissements en recherche et développement avec le nombre de leurs essais dits numériques apporte une vision relativement similaire. Ainsi, le britannique GlaxoSmithKline, qui a lancé le plus grand nombre d’essais répondant à nos critères (378), n’a investi que 7,7 milliards de dollars en R&D tandis que Roche, qui a investi près de deux fois plus dans la recherche (13,9 milliards de dollars), a lancé près de deux fois moins d’essais numériques. Méthodologie Pour mener cette étude, nous-nous sommes appuyés sur la base de données du site ClinicalTrials.gov. Depuis février 2000, l’autorité sanitaire américaine, le National Institutes of Health (NIH) et la Bibliothèque nationale américaine de médecine (NLM) y archivent les essais cliniques conduits aux États-Unis et dans 220 pays dans le monde, avec pour chacun une grande richesse d’informations : sujet de l’étude, commanditaire, pays où elle est menée, aires thérapeutiques concernées… Les informations de chaque essai sont fournies et mises à jour tout au long de l’étude par le promoteur ou le chercheur principal. Fin mars 2021, nous avons donc collecté les données attachées aux 369 926 études qui y figuraient – les plus anciennes datent de juin 1931 – afin d’étudier la montée en puissance de l’utilisation du numérique par le biais de quatre grandes catégories de technologies : celles de pilotage des essais, celles d’analyse, celles connectées et celles de télémédecine. Pour cela, nous avons commencé par sélectionner uniquement les essais cliniques interventionnels (les essais observationnels ne sont pas inclus dans l’étude) pour ensuite rechercher dans l’ensemble des informations associées à chaque essai (titre de l’étude, résumé, etc.) des mots clés définis. Par exemple, pour les technologies de pilotage des essais : CTMS (clinical trial management system), e-CRF, eCOA et econsent. Pour les technologies de télémédecine : telehealth, teleconsultation, telecare, homecare et remote site monitoring. Ces mots clés ne sont peut-être pas toujours aussi exhaustifs que nous l’aurions souhaité, et certains termes peuvent être communs à des essais cliniques qui n’incluent pas de numérique. Mots clés recherchés dans les études : Pilotage des essais : CTMS (clinical trial management system), e-CRF, eCOA et econsent. Analyse : artificial intelligence, machine learning, deep learning, algorithm, computational, bioinformatic, software, blockchain, electronic health record, biomarker, big data, RWD – “real-world data” – “real world data”, RWE – “real-world evidence” – “real world evidence”. Technologies connectées : wearable(s), connected, watch – watches, smart watch – smart watches, activity watch” – activity watches, mobile devices, mobile applications – mobile app, Bluetooth, Internet, IoT, smartphone – iPhone – Android, remote – remotely, “continuous blood glucose monitor” – “continuous glucose monitor”, real-time, portable. Télémédecine : telehealth, teleconsultation, telecare, homecare, remote site monitoring. Afin d’établir les classements des industriels et non-industriels, nous-nous sommes fondés uniquement sur le nombre d’essais cliniques à dimension numérique où ils sont promoteurs principaux. Certains d’entre eux participent également à des essais cliniques en tant que collaborateurs, mais cette dimension est précisée uniquement en commentaire et n’a pas été inclue dans les classements. Certains industriels ont plusieurs filiales qui mettent en œuvre des essais cliniques. Nous avons affecté les résultats des filiales au groupe mère afin d’établir les classements. Vous pouvez consulter la liste des filiales prises en compte pour chaque groupe dans ce tableau. Un commentaire ? Une question ? Contactez-nous : datalab@mind.eu.com — Crédits Récupération des données, analyse, dataviz et rédaction : Sara Chaouki Supervision éditoriale : Sandrine Cochard, Aurélie Dureuil et Aymeric Marolleau Sara Chaouki avec Aymeric Marolleau et Aurélie Dureuil Application mobileDonnées de santédonnées de vie réelleEssais cliniquesLaboratoiresobjets connectésOutils numériquesTélémédecine Besoin d’informations complémentaires ? 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