Laia Crespo (Sanofi Ventures) : “Nos investissements peuvent varier de 800 000 € à 13 M€ par tour de table”

Quel est le positionnement de Sanofi Ventures ?

Laia Crespo : Ce fonds stratégique vise à relier l’innovation à un stade précoce à Sanofi. Nous investissons dans les aires thérapeutiques que couvre Sanofi : il s’agit de domaines essentiels comme l’oncologie, l’immunologie, les maladies rares, les vaccins et la santé digitale. L’intérêt de cette structure et ce qui nous différencie des autres fonds corporate est que nous offrons aux sociétés de notre portefeuille l’expérience et les compétences de Sanofi. Par exemple, si une société a besoin d’aide pour des modèles animaux en phase préclinique ou pour le développement clinique, nous sommes en capacité de trouver un expert dans notre organisation qui pourra l’aider. 

Pouvez-vous également détailler son organisation, son portefeuille et sa dotation ?

L.C. : Nous avons deux bureaux, à Boston (États-Unis) et à Paris (France). Le bureau français a ouvert à mon arrivée, en septembre 2018, avec pour objectif de se concentrer sur les opportunités européennes. L’équipe se compose au total de six experts en investissement, dont cinq à Boston, incluant Cris De Luca. Nous avons investi dans trente sociétés, dont un tiers dans le numérique (Voluntis, Evidation Health, Aetion… ndlr). Parmi elles, Voluntis est entrée en Bourse en 2018. Vingt-huit de ces start-up sont basées aux États-Unis et deux en Europe (Voluntis et NodThera depuis le mois de juin, ndlr), notre activité en Europe étant encore récente. Un nouvel investissement européen devrait être finalisé dans les prochaines semaines.

Un élément qui m’a également incitée à rejoindre la structure est que nous sommes très flexibles, nos investissements sont variables – de l’ordre de 800 000 € à 13 M€ par tour de table – et notre stratégie ne repose pas uniquement sur des exigences comptables. 

Quel impact a eu la crise de COVID-19 selon vous sur le marché de la e-santé ?

 Cris De Luca : La santé digitale frappe à la porte de l’industrie pharmaceutique depuis dix ans. La COVID-19 a fait tomber cette porte et nous observons désormais une pénétration complète du marché, avec des bonds technologiques que nous n’avions pas observés depuis des années, à l’instar de ces fournisseurs qui effectuent en une journée le nombre d’actes de télémédecine qu’ils réalisaient jusqu’ici en une année. La santé digitale s’est généralisée et cette nouvelle tendance ne fait que commencer. La question est maintenant de savoir comment intégrer et mettre en place la plateformisation du parcours de soins.

Par ailleurs, j’encourage les entreprises opportunistes qui modifient leurs solutions commerciales en faveur de la COVID-19 à veiller à ne pas trop s’éloigner de leur coeur de métier ou de leur modèle technologique. Trouver ce juste équilibre, je pense, relève de l’art mais sera crucial. Il faut que ce soit une décision commerciale intentionnelle. Avec cette maturité, les investisseurs continueront à exiger que l’on se concentre sur les entreprises fondées sur des données scientifiques et dotées de modèles commerciaux durables.