Les éditeurs développent leurs contenus pour le jeune public durant le confinement 

Avec la fermeture des établissements scolaires dès le lundi 16 mars, puis les mesures de confinement prises le lendemain, des familles françaises se retrouvent confinées avec des enfants à occuper. Les éditeurs français ont adapté leur production éditoriale aux conditions du télétravail, en proposant notamment de nouvelles offres de contenus liées au divertissement en confinement (lire notre article sur certaines de ses initiatives). Ces dernières s’adressent aussi à leurs audiences jeunesse, habituelles ou nouvellement attirées par ces contenus. 

Karine Leyzin, directrice des contenus de Sybel, identifie trois types de contenus que les éditeurs peuvent diffuser pendant le confinement : “des programmes pour détendre les enfants dans ce contexte qui peut aussi être anxiogène pour eux ; d’autres pour accompagner les parents dans l’explication de la crise actuelle à leurs enfants ; ainsi que des contenus à vocation pédagogiques, l’audio étant reconnu comme un vecteur d’apprentissage”. L’application de contenus audio numériques a intégré dès son lancement une offre de podcasts et de récits audio pour les enfants jusqu’à 11 ans, qui compte actuellement une centaine de programmes, soit 700 épisodes au total. 

Le succès des podcasts jeunesse

Et elle profite en cette période d’un engouement autour des podcasts natifs – du moins dans un premier temps. Acast enregistrait ainsi lors du premier week-end de confinement, les 21 et 22 mars, une hausse de 25 %, par rapport au week-end précédent, des écoutes des contenus que la société héberge et diffuse (dont Binge Audio, Louie Media, 20 Minutes ou encore L’Équipe). Sur cette même période, l’augmentation pour les podcasts jeunesse atteint 191 %. Idem pour l’hébergeur français Ausha : du 16 au 31 mars, l’audience des plus de 2 600 podcasts a augmenté de 27 % sur sa plateforme, 350 % pour les contenus jeunesse. “Cette forte croissance de l’audience s’explique aussi par une croissance du nombre de contenus disponibles, beaucoup de particuliers ayant profité du confinement pour créer leur podcast”, souligne Maxime Piquette, cofondateur et PDG d’Ausha, qui a lancé un programme de formation en ligne dédié le 20 mars. 

Chez Sybel, son directeur marketing Franck Rossini a recensé une augmentation de 300 % (sans communiquer les chiffres habituels) du nombre d’écoutes des contenus enfant entre le 17 et le 29 mars. Cela a poussé la société a avancé la sortie de son podcast de vulgarisation scientifique “Chercheurs en herbe”, et à en préparer plusieurs autres pour les enfants et/ou leurs parents. 

Le nombre d’écoutes des programmes audio numériques pour la jeunesse sur Sybel a augmenté de 300 % la première semaine de confinement

Du côté de Bayard Jeunesse, les podcasts natifs produits par ses différents titres s’adaptent aussi à la situation exceptionnelle. Parmi eux, le programme de témoignages de collégiens “Ma vie d’ado” d’Okapi, lancé à la rentrée scolaire 2019, a diffusé dimanche 29 mars le premier épisode de sa version “Les ados confinés”, “Le jour où j’ai appris que je ne retournerai pas à l’école”. En septembre dernier également, Astrapi, qui s’adresse aux enfants plus jeunes, a commencé à diffuser chaque samedi le podcast d’actualité pour les 7-11 ans “Salut l’info !” conçu avec Franceinfo. Depuis le mercredi 25 mars, ce dernier est passé sur un rythme quotidien, a été rebaptisé “Salut l’info ! Tous à la maison”, et répond chaque jour aux questions posés par ses jeunes auditeurs sur son répondeur.

Les éditeurs accompagnent la continuité pédagogique

Face à la volonté d’assurer une continuité pédagogique durant le confinement de la part du ministère de l’Éducation, certains éditeurs mettent leurs ressources éducatives à disposition des familles, en particulier dans le service public. C’est le cas de France Culture, “qui a fait labelliser certains de ses contenus éducatifs par le ministère de l’Éducation Nationale, dans le cadre du dispositif “Nation apprenante”, pour qu’ils puissent être utilisés par les collégiens et les lycéens dans leur apprentissage de l’histoire, de la littérature, de la philosophie”, explique son directeur délégué au numérique Florent Latrive. Ce qui a permis à l’antenne de Radio France d’observer une multiplication par deux de la fréquentation de son site lors de la première semaine de confinement, “et d’élargir le profil de son audience habituelle”. 

Tout comme Lumni, l’offre commune de l’audiovisuel public français (France Télévisions, INA, Radio France, Arte…) et de l’Éducation Nationale rassemblée en novembre 2019 sur une plateforme unique en ligne. Cette dernière, “qui s’adresse à la fois aux écoliers, aux enseignants et aux associations, a été enrichie depuis le début du confinement, à la fois pour proposer un décryptage de l’actualité aux enfants, et pour maintenir voire développer leurs acquis scolaires”, détaille Amel Godard, directrice de l’offre éducative numérique Lumni.

Un programme de révision d’histoire en 20 vidéos animé par la YouTubeuse Manon Bril, “Histoire de réviser”, a par exemple été récemment ajouté. “Si l’on ne peut pas s’en réjouir étant données les conditions, force est de constater que ce type de contenu répond à une demande”, commente Amel Godard. La semaine du 23 mars, Lumni a en effet connu un pic à 650 000 visites quotidiennes, là où elle en enregistrait en moyenne 30 à 40 0000 avant le confinement. 

 

Si l’on ne peut pas s’en réjouir étant données les conditions, force est de constater que ce type de contenu répond à une demande

Amel Godard

Directrice de l’offre éducative numérique Lumni

Ce qui n’empêche pas d’autres éditeurs de mettre en place des dispositifs “qui n’ont pas vocation à se substituer à l’école, mais à apprendre autrement”, avance Corinne Vorms. Bayard Jeunesse a ainsi réorganisé toutes ses suggestions d’activités (bricolage, expérience, cuisine, éducation aux médias, activités créatives…) pour les rendre accessible via une newsletter quotidienne lancée le 18 mars et sur sa plateforme numérique dédiée Bayam. 

Avec des indicateurs de succès inattendus : “malgré le passage en gratuit d’environ 80 % des contenus proposés sur Bayam, les abonnements payants continuent de progresser, avec 2 500 nouveaux abonnés lors de la première semaine de confinement”, fait remarquer Corinne Vorms, directrice du développement de la marque de Bayard Jeunesse.