Accueil > Marques & Agences > Le dynamisme du marché de la communication russe Le dynamisme du marché de la communication russe De nombreux acteurs de la communication ont annoncé se retirer du marché russe en réaction à l’invasion de l’Ukraine. Si son poids dans l’activité des acteurs étrangers demeure limité, le marché de la communication a généré l’équivalent de 11,8 milliards d’euros en 2021. Par . Publié le 24 mars 2022 à 16h28 - Mis à jour le 24 mars 2022 à 16h28 Ressources Ces dernières semaines, les annonces d’acteurs publicitaires (agences, annonceurs, sociétés technologiques) suspendant leurs activités ou se retirant de la Russie, suite à l’invasion par l’armée du pays de l’Ukraine le 24 février, se sont multipliées. Les six principaux groupes de communication mondiaux ont ainsi tous indiqué vouloir fermer ou transférer à des partenaires locaux leurs bureaux russes, tandis que 75 % des annonceurs membres de la WFA disent vouloir revoir leurs budgets marketing destinés à ce marché. En raison des spécificités de ce pays, son poids dans l’activité des grands groupes internationaux semble relativement limité : chez les Big Six, la Russie ne représenterait qu’1 à 2 % des revenus. Un marché de la communication équivalent à 11,8 milliards d’euros Le marché de la communication russe n’en demeure pas moins dynamique. En 2021, les dépenses de communication des annonceurs y ont progressé 20,5 % par rapport à 2020, mais aussi de 14,9 % par rapport à 2019 selon les données de l’association d’annonceurs russe AKAP, preuve que la hausse n’est pas liée qu’au rebond mécanique observé après la crise sanitaire et économique. À titre de comparaison, les budgets communication des annonceurs français ont connu une croissance de 24,4 % en 2021, mais ils restent encore 11,7 % en-deçà du niveau de 2019, selon les données du BUMP ajustées par mind Media pour se rapprocher du périmètre de l’étude de l’AKAP (voir méthodologie à la fin de l’article). En volume, le marché de la communication russe représentait 11,8 milliards d’euros en 2021, selon les chiffres de l’AKAP convertis par mind Media au taux de conversion au 31 décembre de l’année dernière. C’est moins qu’en France, où 16,2 milliards d’euros de dépenses de communication ont été enregistrées l’an dernier selon le périmètre retenu par mind Media, alors que la Russie compte trois fois plus d’habitants que l’Hexagone. Mais sa contribution à l’activité économique du pays est plus importante : le poids du marché de la communication russe dans le PIB du pays était de 0,82 % en 2021, année lors de laquelle cet indicateur a atteint 1439,92 milliards d’euros selon les données publiées par le FMI et converties en euros. En France, cette activité pesait 0,61 % des 2652,58 milliards d’euros du PIB – soit près de 2 fois plus que le PIB russe. Supports médias : des spécificités propres à la Russie Outre les volumes d’investissement, le marché de la communication est marqué par quelques particularités des usages médias russes. Comme sur la plupart des marchés, le numérique est le premier poste d’investissement, en ayant absorbé 54,26 % des investissements médias des annonceurs russes en 2021. Ce segment est marqué par la présence de médias locaux forts. Citons par exemple le moteur de recherche russe Yandex, qui s’il est désormais devancé par Google en termes d’usages dans son propre pays (13,73 % contre 73,52 % en février 2022 selon Similarweb), demeure important dans le paysage médiatique. C’est aussi le cas pour les médias sociaux. Le réseau social russe Vkontakte, équivalent de Facebook, était la première plateforme utilisée par les internautes russes en 2021 avec 73 % de parts de marché selon Statista. L’application de messagerie cryptée Telegram, créée par les fondateurs de Vkontakte, qui revendique 500 millions d’utilisateurs dans le monde, y est aussi très utilisée. Elle est néanmoins menacée de blocage par le gouvernement russe ces derniers mois, et plus récemment dans le cadre du conflit opposant la Russie à l’Ukraine. Depuis ce contexte, les principaux médias sociaux étrangers (Facebook, Instagram, Youtube, Twitter) ont d’ailleurs été interdits par le gouvernement russe. La télévision demeure un média très consommé en Russie, et très investi en publicité avec 34,12 % des budgets médias consacrés en 2021. À noter également, la radio y est plus puissante que la presse dans les mix medias : 2,42 % contre 1,42 %. Un grand nombre de ces médias sont directement ou indirectement détenus par l’État. Quel potentiel impact de la crise sur le marché de la communication ? Le conflit russo-ukrainien risque cependant d’avoir un impact notable sur l’activité publicitaire de la Russie, comme en témoigne une première étude de l’IAB Russie réalisée le 10 mars, soit deux semaines après le début du conflit, auprès de près d’une centaine d’agences, plateformes technologiques, régies et annonceurs locaux. Un tiers des répondants s’attendent ainsi à une contraction du marché de la publicité en ligne de 26 à 50 % en 2022. En réaction, les entreprises locales prennent des mesures pour préserver leur trésorerie : 25 % des entreprises interrogées par l’IAB Russie réduisent les salaires, 21 % retardent leurs paiements, et 11 % procèdent à des réductions d’effectifs. Méthodologie Les chiffres des marchés publicitaires russe et français mentionnés dans l’article ont été collectés dans les études de l’AKAP pour le premier et dans le BUMP pour le second, puis ajustés par mind Media pour faciliter la comparaison : Pour comparer le volume des marchés de la communication des deux pays, le chiffre de l’AKAP retenu est celui du total du marché, l’étude détaillant les investissements médias des annonceurs russes. Pour le marché français, le chiffre retenu est celui du total du marché auquel ont été retirés les segments “autres leviers” (marketing direct, relations publiques, événementiel…) qui ne figurent pas dans le périmètre de l’AKAP. Les investissements des annonceurs russes ont été convertis du rouble à l’euro selon le taux de conversion au 31 décembre de l’année concernée. Les montants des PIB sont ceux publiés par le FMI. Ils ont été convertis du dollar américain à l’euro selon le taux de conversion du 31 décembre 2021. Crise avec la RussieStratégies annonceursSurmonter la crise Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind À lire La pression s’accentue sur les grands groupes français encore présents en Russie Les grands annonceurs américains accentuent leur retrait du marché russe Analyses [Mise à jour] Crise avec la Russie : les principales décisions dans le secteur des médias et du marketing dentsu va quitter la Russie, Omnicom et Havas y travaillent Malgré un rebond en 2021, le marché de la communication français est encore en-deçà de 8,3 % du niveau de 2019 Publicis quitte la Russie IPG stoppe ses activités en Russie Amazon cesse ses activités en Russie Condé Nast suspend ses activités en Russie 75 % des grandes marques mondiales veulent réduire leurs investissements marketing en Russie L'IAB suspend ses antennes locales russe et biélorusse RT France n’est plus accessible WPP annonce cesser ses activités en Russie La Russie oblige les services de streaming vidéo à diffuser des chaînes locales En Russie, Google et Facebook sanctionnés pour ne pas avoir modéré des contenus jugés illégaux essentiels Nos synthèses et chiffres sur les principales thématiques du marché Les mutations du search à l'ère de l'IA générative L'application inaboutie de la loi sur les droits voisins Google vs DOJ : tout ce qu'il faut savoir sur le procès qui pourrait redéfinir l'adtech L’essentiel sur les identifiants publicitaires La transformation du marché publicitaire en 2024 2023 : le marché publicitaire doit se préparer à la fin du tracking utilisateur Comment l’intelligence artificielle générative bouleverse les médias Les enjeux réglementaires des médias en 2023 analyses Les articles d'approfondissement réalisés par la rédaction Adtech : pourquoi la Commission européenne sanctionne Google de près de 3 milliards d’euros Retail media : une consolidation indispensable des régies pour répondre aux attentes des acheteurs publicitaires IA et monétisation des contenus : comment l’IAB Tech Lab veut contrôler les robots crawlers Droits voisins : l’Apig veut introduire une plainte contre Meta devant l'Autorité de la concurrence Paul Boulangé (Starcom France) : "Nous sommes en train de déployer Captiv8 en France, notre solution d'automatisation du marketing d'influence" Claire Léost devient DG de CMA Média, WPP Media promeut Stéphanie Robelus… Comment les SSP généralistes investissent le secteur du retail media Bénédicte Wautelet (Le Figaro) : “Toute solution qui utilise de l’IA en rapport avec nos contenus doit y être autorisée et nous rémunérer” Aides à la presse : combien les éditeurs ont-ils perçu en 2024 ? 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