M6 vise 200 millions d’euros de revenus publicitaires annuels issus du streaming en 2028

M6 se montre très ambitieux. Nicolas de Tavernost, pour quelques semaines encore PDG du groupe M6, a présenté avec ses équipes, mercredi 6 mars, la transformation de 6Play. La nouvelle version de la plateforme vidéo du groupe, qui sera lancée le 15 mai ou peu après, sera rebaptisée M6+ et proposera “un volume de programmes disponibles doublé, soit 30 000 heures dans l’année”, dont 15 000 heures exclusives.

Objectif : 1 milliard de vidéos vues par an

La plateforme proposera 300 films, 11 000 heures de séries issues de partenaires américains (Disney, CBS, Sony, Paramount), 4 000 heures de téléréalité, 200 marques jeunesse et 300 séries, a indiqué Guillaume Charles, directeur des programmes. Elle s’appuiera sur la technologie de Bedrock – une filiale de la maison mère commune RTL Group -, et sur un enrichissement des offres publicitaires, des données propriétaires et des données retail, a rappelé Hortense Thomine-Desmazures, directrice générale adjointe chargée du digitale chez M6 Publicité.  

Sur ce point, la régie s’appuiera sur le partenariat existant avec Unlimitail, la co-entreprise de Carrefour et Publicis Groupe, dont le CEO Alexis Marcombe a annoncé une centaine de campagnes sur les 12 derniers mois et plus de 40 déjà bouclées pour 2024. Enfin, la technologie de mesure et d’optimisation des performances publicitaires de la start-up française Xpln.ai, fondée par Fabien Magalon et Edouard Letort, sera utilisée.

David Larramendy, actuel directeur général de la régie et prochain PDG du groupe à partir de fin avril, a indiqué les objectifs : “Doubler le nombre de vidéos vues pour atteindre 1 milliard par an, et tripler les revenus publicitaires pour passer de 70 millions à 200 millions d’euros par an en 2028, soit 20 % des revenus du groupe”.

La bataille TF1-M6

M6 comme TF1 – qui a lancé sa plateforme début janvier – tentent de s’adapter aux nouveaux usages autour de la télévision, davantage délinéaires, en misant sur des refontes en profondeur de leurs offres vidéo, pour passer du simple rattrapage au streaming avec previews, sport, exclusivités, enrichissements, chaînes partenaires, FAST… 

Pour cela, 40 millions d’euros seront investis dès 2024 par M6 dans sa nouvelle plateforme ; un montant important qui progressera chaque année pour atteindre 100 millions d’euros par an en 2028.

Du côté de TF1, son PDG Rodolphe Belmer s’était montré plus discret concernant les investissements pour la nouvelle offre TF1+, se limitant à communiquer à court terme sur “un investissement assez considérable pour le groupe, financé par un plan d’économies et une partie de la croissance des revenus publicitaires qui seront apportés par TF1+, tout en maintenant un niveau de marge constant”. TF1 compte investir 10 à 15 millions dans un premier temps sur la plateforme et dit s’appuyer sur des actifs déjà bien installés. TF1+ propose depuis son lancement “15 000 heures de contenus avec des droits à durées longues, de quelques mois à plusieurs années, avec 200 séries disponibles en permanence, notamment des fictions françaises et des séries étrangères”, selon le groupe, auxquelles s’ajoutent 200 films, 200 téléfilms, 50 chaînes FAST, une offre jeunesse, l’intégralité de ses programmes de flux, et une offre d’informations. 

TF1 doit composer avec ses efforts financiers. Le groupe doit maintenir voire améliorer sa rentabilité. La marge opérationnelle courante des activités de TF1 s’est élevée en 2023 à près de 12 %, celle de M6 à 22,9 %.

La concurrence sera importante entre les deux groupes et avec les différentes plateformes vidéo, pour augmenter le temps passé par les utilisateurs sur leurs services et pour attirer davantage d’investissements publicitaires. D’ici quelques mois, le marché français du streaming vidéo réunira notamment M6, TF1, France Télévisions, Canal+/OCS, Netflix, YouTube, Disney, Amazon, Paramount, Warner.

^{Crédit photo : Nicolas Gouhier / M6}