Accueil > Médias & Audiovisuel > Aides à la presse : combien ont touché les éditeurs en 2023 ? Aides à la presse : combien ont touché les éditeurs en 2023 ? Un changement de périmètre et une aide exceptionnelle destinée à soutenir les éditeurs face à la hausse du prix du papier ont fait sensiblement augmenter les montants versés et le nombre de bénéficiaires en 2023. Découvrez les détails de ces évolutions et de la nouvelle répartition. Par Aymeric Marolleau. Publié le 04 juillet 2024 à 15h09 - Mis à jour le 05 juillet 2024 à 12h26 Ressources Le 21 juin, le ministère de la Culture a publié le tableau des titres et des groupes de presse aidés en 2023. Comme les années précédentes, mind Media a analysé ces chiffres. Il ressort que 808 titres ont reçu une aide à la presse en 2023, pour 194 millions d’euros (204,7 millions au total, en incluant les montants qui n’ont pas été ventilés par titres et ne figurent donc pas dans le tableau – voir méthodologie). Les montants et le nombre de bénéficiaires ont donc doublé par rapport à 2022. Le détail des aides à la presse, aide par aide, catégorie par catégorie et titre par titre, depuis 2012 Deux nouvelles aides Cette évolution tient à deux raisons principales. La première est méthodologique. Pour “inciter à un recours accru au portage de la presse”, une aide à l’exemplaire des titres de presse postés a été instaurée l’année dernière. Elle s’est élevée à 73,3 millions d’euros à partager entre 334 titres. Mais il ne s’agit pas tout à fait d’une nouveauté, puisqu’elle se substitue notamment à l’avantage tarifaire postal, une aide indirecte qui ne figurait pas dans les précédents tableaux des aides, et était estimée à 83 millions d’euros en 2022. La deuxième raison est l’aide exceptionnelle de 30 millions d’euros, dite “aide papier”, décidée en mai 2023 pour soutenir les entreprises de presse face aux conséquences économiques et financières de la guerre en Ukraine, en particulier la hausse du coût du papier. 504 publications en ont bénéficié, dont 307 qui n’avaient reçu aucune aide directe l’année précédente. Baisse sensible des aides au pluralisme et à la modernisation Dans le détail, le aides versées l’année dernière se composent à 65 % d’aides au transport et à la diffusion (132,9 millions d’euros), à 11 % d’aides au pluralisme (22,7 millions d’euros, en baisse de 18 % par rapport à 2022) et 9 % d’aides à la modernisation (19,1 millions d’euros en incluant 4,4 millions non ventilés dans le tableau publié le 21 juin, – 40 % par rapport à 2022). L’aide exceptionnelle représente les 15 % restants. La baisse des aides au pluralisme tient surtout à la division par deux (de 8 à 4 millions d’euros) de celle destinée aux services de presse tout-en-ligne, instaurée en 2021. Mais cette baisse n’est que technique, puisqu’elle avait été versée pour deux années en 2022. La baisse des aides à la modernisation s’explique, quant à elle, par un retour à la normale du fonds stratégique pour le développement de la presse (FSDP). Initialement doté de 16,5 millions d’euros, il avait vu ses crédits augmentés de 25 millions d’euros par an à l’occasion du plan d’aide à la presse d’août 2020, décidé en pleine crise sanitaire. 32 millions avaient ainsi été versés en 2021 et 30,8 millions en 2022, contre 12,3 millions seulement l’année dernière. Quelles sociétés ont reçu le plus d’aides ? Étant donné que les aides à la distribution, qui représentent une part non négligeable des aides à la modernisation, n’alimentent pas le compte d’exploitation des éditeurs, nous avons réalisé un premier classement ne tenant compte que des aides au pluralisme, des aides au portage et postage, et des aides à la modernisation (FSDP et fonds de soutien à l’émergence et à l’innovation dans la presse (FSEIP)). L’inclusion de l’aide au postage dans les aides directes change l’ordre des groupes par rapport à l’année dernière. Ceux qui dépendent beaucoup des aides au pluralisme (Bayard Presse, Groupe L’Humanité, Libération) reculent mécaniquement dans la hiérarchie au profit de ceux qui détiennent des titres très diffusés, en particulier Sipa Ouest France (628 000 exemplaires diffusés en moyenne par mois en 2023 pour son quotidien régional, selon l’ACPM), le Groupe Le Monde (494 500 de diffusion totale pour son quotidien l’année dernière, selon l’ACPM), et le Groupe EBRA (150 000 de diffusion totale pour Le Dauphiné Libéré, 130 000 pour Le Progrès, 114 000 pour les Dernières Nouvelles d’Alsace, etc.). Comme les années précédentes, inclure les aides à la distribution de la presse quotidienne nationale d’information politique et générale fait remonter le Groupe Les Echos – Le Parisien (LVMH) au classement, puisque l’édition nationale du Parisien, Aujourd’hui-en-France (260 000 exemplaires de diffusion totale en 2023), a perçu 12,7 millions d’euros dans ce cadre. Certains titres non liés à un groupe ou une société de presse ont perçu des sommes importantes. Le Canard Enchaîné a ainsi reçu 1,3 million d’euros aide à l’exemplaire posté, Charlie Hebdo 455 000 dans le même cadre et 238 000 d’aide au pluralisme, Le Quotidien de la Réunion et de l’Océan Indien 589 000 euros d’aide au pluralisme et 60 000 euros d’aide à l’exemplaire posté. A qui “l’aide papier” a-t-elle bénéficié ? Les 30 millions d’euros d’aide exceptionnelle décidés pour aider les éditeurs à faire face à la hausse du prix du papier ont surtout profité au groupe Vivendi, avec un total de près de 2,3 millions d’euros. Paris-Match a par exemple reçu 920 000 euros à ce titre, Télé Loisirs 245 600 euros, Gala 146 000 euros et Maisons Côté Sud 136 000 euros. Le deuxième bénéficiaire est le groupe Centre France La Montagne, avec 1,1 million d’euros au total, dont 270 000 euros pour L’Yonne Républicaine et 170 000 euros pour La République du Centre. Citons aussi 1 million d’euros pour Le Point et presque autant pour Le Télégramme et Le Figaro. Si 482 titres ont reçu un montant au titre de cette aide, selon le tableau des titres publié par le ministère de la culture, trois sur quatre ont eu moins de 19 000 euros et un sur deux moins de 1 935 euros. Consultez l’ensemble des aides directes attribuées en 2023 dans notre tableau : Méthodologie Nous nous sommes appuyés pour cette étude sur le tableau des titres de presse aidés publié par le ministère de la culture le 21 juin 2024. Certaines aides attribuées en 2023 n’ont pas été ventilées dans ce tableau. C’est notamment le cas des projets communs et collectifs du FSDP (4,4 M€ en 2023), l’aide temporaire aux réseaux de portage (2,4 M€ en 2023), et la deuxième section des aides à la distribution de la presse. Plusieurs aides ne figurent pas dans le périmètre des “aides directes à la presse” : Les relations financières avec l’AFP (134,98 M€ budgétés en 2021). Les dispositifs fiscaux. La presse bénéficie d’un taux de TVA dit “super réduit” de 2,1 %. Le ministère des finances estime la dépense fiscale afférente à 60 M€ en 2023 contre 150 M€ en 2022 du fait de changement de modalités de calcul. À cela s’ajoutent des dispositifs fiscaux spécifiques, notamment en faveur des diffuseurs de presse, des vendeurs-colporteurs et des porteurs (24 M€). La presse, IPG et non IPG, bénéficie de tarifs postaux privilégiés. Les dispositifs sociaux (114 M€ budgétés en 2021). Dans notre rubrique Data, consultez le détail des aides depuis 2012. Une remarque, une question ? Contactez-nous : datalab@mind.eu.com Aymeric Marolleau Aides à la pressePQNPresse magazine Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind À lire Le détail des aides à la presse, année par année Le classement des éditeurs français qui ont le plus d'abonnés purs numériques Quels groupes ont bénéficié des aides à la presse en 2022 ? 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