Happydemics lève 13 millions d’euros pour développer ses solutions de mesure du brand lift

La société française Happydemics, spécialisée dans la mesure du brand lift (mesure de l’efficacité sur les indicateurs de marque) des campagnes plurimédias (OOH, DOOH, CTV, audio, in-game, display…), a annoncé mardi 3 décembre une levée de fonds en série B de 13 millions d’euros, auprès du family office suisse Wille Finance, et de son partenaire historique Adelie Capital, qui a déjà investi dans Equativ et Teads. La société avait levé 1,8 million d’euros en 2017, puis 2 millions en 2018, et 8 millions en 2020. Ce dernier financement est réalisé à 100 % en capital, et pourra éventuellement être complété en 2025. 

La technologie de Happydemics repose sur la comparaison des écarts déclaratifs entre consommateurs exposés et non exposés, s’appuyant sur de courts sondages. Après analyse, elle suggère des pistes d’optimisation.

Un investisseur suisse pour s’étendre en Europe

Le tour de table a pris environ neuf mois, entre le début du roadshow en mars et le closing en novembre. La société n’a pas spécialement éprouvé de difficultés à mener l’opération à bien. “Nous sommes rentables depuis fin 2023, cela facilite la lecture du dossier pour les investisseurs. Notre croissance – 107 % en 2023, environ 70 % en 2024 –  est très régulière mais maîtrisée, déclare Tarek Ouagguini, fondateur et CEO d’Happydemics, à mind Media. Le marché de l’adtech présente quand même un challenge pour les investisseurs. Il y a certes de très belles réussites sur ce marché, mais ils sont très regardants en raison des craintes vis-à-vis de la régulation, du RGPD. Les choses s’améliorent sur l’amorçage, mais les séries A et B ont du mal à redémarrer. Nous avons la chance d’être nés de l’opportunité de la fin des cookies.” 

L’entrée au capital du suisse Willie Finance, bien implanté sur l’Allemagne, la Belgique, la Suisse et l’Autriche, a été guidée par la volonté d’internationaliser le conseil d’administration, et facilitée par la nationalité française de son directeur des investissements, qui a travaillé chez Ipsos dans le domaine des post-tests. 

Développer l’analyse prédictive

Happydemics compte profiter de ce nouveau financement pour poursuivre ses investissements dans sa suite de solutions, en s’appuyant notamment sur l’IA pour délivrer des analyses prédictives de performance, sur la base des performances de 25 000 campagnes publicitaires, qui lui servent aussi de benchmark. La start-up veut également avancer sur l’intégration de sa solution dans les grandes plateformes adtechs. Elle l’a déjà fait avec The Trade Desk, et Amazon devrait bientôt suivre. Parmi les dernières évolutions de sa plateforme figure aussi l’automatisation des recommandations faites aux clients, lancée en novembre. 

L’autre axe stratégique de développement est l’internationalisation. Happydemics prévoit de déployer des équipes dédiées au Royaume-Uni, marché sur lequel elle dégage la plus forte croissance, et en Amérique du Nord, où se situe plus de 15 % de son portefeuille de clients. Cela ne passera pas par la création de bureaux. “Cela a plus de sens d’avoir une organisation décentralisée aux États-Unis, notamment, où le retour en présentiel se fait difficilement”, commente Tarek Ouagguini. Les autres grands pays européens, Allemagne, Italie et Espagne, sont gérés depuis Paris. En tout, Happydemics compte recruter une soixantaine de personnes, pour atteindre un effectif d’une centaine de collaborateurs en 2025. 

Convaincre les GAFAM

Happydemics, qui a notamment gagné au second semestre des clients comme GroupM EMEA, Canal+ pour l’ensemble de ses campagnes digitales, ClearChannel, Amazon Ads et Uber, a déjà mesuré la performance des campagnes pour 2 000 annonceurs dans 60 pays. Son prochain défi consiste à convaincre les GAFAM de s’appuyer sur un tiers de confiance comme lui pour leurs solutions de mesure du brand lift. 

“Pour des questions de crédibilité, il faut qu’ils s’ouvrent à des acteurs tiers. Et il faut une norme pour comparer les performances de chacun de leurs leviers. Ce qu’ils ont déjà fait sur la visibilité, avec DoubleVerify et IAS, par exemple”, indique Tarek Ouagguini. La société discute notamment avec DV360, et tente de passer par ses clients annonceurs, tels que McDonald’s et Adobe, pour sensibiliser les plateformes à cette problématique de mesure d’efficacité indépendante et cross-channel.